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Par Yichard Muni, barde Elfe
Rencontrons-nous en vrai! Mon nom: Richard Trigaux. Nom d'artiste: Yichard Muni
Tous les vendredis à 12pm SLT (Heure de Californie, PT ou PDT) (France: 21h), rencontres elfiques et histoires
Dans notre region virtuelle Lysaer (Comment entrer)
Dans notre region virtuelle Daur Anarie dans Alternate Metaverse! (Comment entrer)
Elf Dream a son site, il est actif dans dans les mondes virtuels Sovaria, Alternate Metaverse, et présent dans Blue Sky Web, Discord, Facebook. Mewe, Second Life,
Ce texte s'insère dans une intrigue plus vaste. Il vaut donc mieux lire d'abord «Le Baiser des Mondes».
Index des histoires: ordre chronologique, ou par ordre de création
Cette histoire se déroule 24 ans après la bataille du Horiathon. Elle recoupe le récit de L'Or des Elfes, aux mêmes endroits: Tyron, la principale ville du pays de Kondo, un pays humain du Nyidiath, généralement plus tolérant envers les Elfes. C’est pourquoi on en trouve beaucoup là, vivant à découvert.
Le vieux quartier de Tyron, autour de la place Aymar, avec ses maisons en torchis et ses locations bon marché, attire toutes sortes de pauvres, jeunes, étudiants et même quelques Elfes. Mais c'est aussi un terreau fertile pour les conspirationnistes, les escrocs, les aventuriers, les marginaux, les semi-clochards, les faux hippies se faisant passer pour évolués et des vrais «gauchistes» rêvant de prendre le pouvoir.
Bien sûr ces «gauchistes» ne sont ni marxistes ni communistes comme sur Terre, et les étiquettes «droite» ou «gauche» ne servent qu'à donner une idée du type de discours ou d'actions que peuvent tenir les différents politiciens. Dans le récit, ils sont une des idéologies les plus redoutables de la Révolution, qui comptent encore quelques adeptes malgré les massifs démentis historiques. Et, tout comme nos gauchistes sur Terre, ils ont développé un état d’esprit arrogant, se croyant les seuls honnêtes, ne voyant que magouilles, répression et injustice partout ailleurs. Et ils le font très vite, comme le dit le proverbe: prenez deux gauchistes au hasard et mettez-les sur une île déserte: ils déclenchent une lutte de classe l’un contre l’autre dès le premier jour.
Tant qu'ils ne font rien de mal, ils sont libres. Mais le gouvernement garde un œil sur eux, au cas où un agent de la République Populaire Scythienne s'immiscerait dans ce milieu propice pour fomenter des troubles. Mais la plupart du temps, après quelques manifestations, ces militants comprennent que la matraque des flics fait mal, et ils se spécialisent dans l'art de trouver des ennemis de classe entre eux.
Une autre dissuasion est la prison de Tyron. La ville avait hérité d'horribles geôles médiévales, sombres, humides, tout en pierre froide, couleurs brunes, trous de toilettes répugnants, odeurs nauséabondes, clochards, grilles en fer noir grinçantes: tout ça était vraiment dégoûtant et déprimant. Mais le gouvernement avait compris que les clochards et les gauchistes se sentaient à leur place dans un endroit aussi sale, et que c'était pour eux un moment de répit, pour être prêts à re-semer la pagaille avec une énergie renouvelée dès leur sortie. Le gouvernement avait donc construit une prison ultramoderne, aux murs blancs, cellules insonorisées, serrures électroniques, caméras, hygiène absolue, masques, vêtements blancs d'hôpital, programme éducatif, séances de relaxation, nourriture végan, musique cosmique, etc. Ce qui fait de cette prison moderne un véritable cauchemar pour tous ces marginaux et clochards crasseux. Mais la vieille geôle est toujours utilisées, pour les personnes de la «bonne société» prises les mains sales. Dans les deux cas, le style carcéral est donc plus dissuasif que la prison elle-même. (Une rumeur dit que l'idée de la prison propre était une suggestion des Elfes. Mais le gouvernement de Kondo répugne à admettre avoir suivi des conseils extérieurs. Les Elfes ne confirment donc pas. Mais ils ne nient pas non plus, faisant des «prisons elfiques» un sujet de plaisanterie.)
Le milieu gauchiste de Tyron se prend pour une minorité éclairée, luttant contre les riches bourgeois qui monopolisent richesse et pouvoir. Il est facile de démentir cette idée, car cette concentration du pouvoir ne peut se produire qu'avec le consentement d'une majorité manipulable, empêtrée dans son fouillis d'opinions, de préjugés et de dépendance à l'alcool et à la télévision. Mais il est toujours plus facile de désigner un bouc émissaire que de travailler sur ses propres défauts de personnalité. C'est ainsi que ces gauchistes sont, finalement, les fossiles vivants d'une époque révolue.
La récente législation sur le tabac a cependant apporté quelques changements. Au début, l’idée était d'interdire de fumer dans tous les pubs. Mais la plupart des propriétaires de pubs ont boycotté cette loi, venant ostensiblement fumer chez eux. Le gouvernement a donc dû reculer. Résultat: si la majorité des tavernes fument encore beaucoup, des pubs non-fumeurs ont fait leur apparition, plus propices aux personnes en quête d'une vie plus agréable et améliorant considérablement l'ambiance générale dans le vieux Tyron. Mais vous avez deviné, les gauchistes fréquentent toujours les pubs fumeurs. Le tabac est la drogue de la pensée binaire, n'est-ce pas?
C'est là que nous rencontrons Ruslan. C'est un jeune homme agréable, sérieux et plutôt idéaliste. Mais son attirance pour la justice sociale l'a poussé à négliger des études pourtant prometteuses, pour participer à des discussions et manifestations gauchistes. C'est un piège dans lequel beaucoup de jeunes honnêtes tombent, malheureusement, et perdent plus ou moins de temps. De plus ces militants ont l’art de créer un sentiment d’urgence, justifiant de «tout laisser tomber», puisque d’après eux «la Révolution» est imminente. Ainsi les affaires ne marchent pas fort pour Ruslan, qui vit de petits boulots, espérant trouver une communauté de bonnes personnes à laquelle s'intégrer.
Et bien sûr, il rêve d’une compagne, il y tient!
Au cours de ces discussions, Ruslan a entendu parler de plusieurs fermes et coopératives gauchistes où il pourrait apporter son aide et vivre. Mais lorsqu'il les visita, il découvrit de simples façades, des gens prétendant créer une meilleure société, mais incapables de la plus élémentaire vie ensemble sans se disputer violemment. Le proverbe de l'île déserte est plus que juste…
De plus, ces gauchistes ont des manières très sournoises de se montrer particulièrement désagréables. Ils remarquèrent rapidement le désir de Ruslan pour une compagne. Ils le qualifièrent donc de «phallocrate», et cette étiquette lui resta, malgré tous ses efforts pour aborder les femmes avec honnêteté et respect.
Il est difficile d'imaginer, de l'extérieur, à quel point ces milieux peuvent être toxiques, surtout pour des personnes sincères et idéalistes comme Ruslan, qui les aborde avec toutes ses défenses abaissées. On y trouve toutes sortes de sociopathes et de femmes sexistes, qui se piétinent les uns les autres pour garder chacun une haute opinion d'eux-mêmes. Mais Ruslan, honnête et direct, ne comprenait pas cette duplicité, et il a essayé et insisté encore et encore. Il passait des soirées tardives dans des pubs enfumés, assistait à des réunions politiques tumultueuses, en vain. Il en résulta un grave manque de confiance en lui et un sentiment d'être mauvais. Ainsi s'achevait le sale boulot de ses parents maltraitants, qui lui criaient après et le fessaient sans cesse. Pourtant, il s'accroche encore à son espoir d'une meilleure société, car dans ce monde, rien d'autre n'a de sens.
Ruslan avait essayé bien des choses dans cet environnement hostile: la drogue (Une fois, il était tombé malade et n'avait plus jamais réessayé), les débriefings de manifestations dans les cellules répugnantes des vieilles prisons de la ville, sans oublier les poux, la gale et toutes ces maladies culturelles que ces gens entretiennent soigneusement. Sa seule expérience amoureuse avait tourné au désastre lorsqu'il avait découvert à quel point cette femme était sale. Finalement, quinze de ces types avaient squatté sa chambre, l'empêchant de dormir, salissant toutes ses affaires et volant l'argent du loyer pour acheter de la came. La propriétaire, lassée des plaintes des voisins, avait mis tout le monde dehors, et Ruslan est maintenant déprimé, sans abri, sans un sou, avec pour seul bagage son sac à dos. Dans ces conditions, on comprend qu'il en ait finalement assez de cet environnement cruel.
Bon, c'est un type bien, pas un clochard ni un vaurien. Mais il devait faire son expérience. Et maintenant qu'il a vu, il commence à décrocher.
Bon point.
Le problème toutefois, c'est que Ruslan ne voit pas d'autre solution. Et il en a besoin d’une d'urgence, maintenant.
Soudain, il aperçoit des Elfes dans la rue. Beaux, propres, joliment habillés, l'air joyeux et amicaux, des arcs-en-ciel de couleurs et de gaieté dans les bruns sales de la vieille ville et les regards renfrognés des passants. En bref, il représentait son véritable idéal, dont les gauchistes et les marginaux l’avaient frustré. Il n'est pas rare de croiser des Elfes dans le vieux quartier de Tyron, profitant des loyers modestes, des épiceries exotiques et, bien sûr, des nouveaux pubs non-fumeurs. L'un d'eux s'est même rebaptisé «Elath», ce qui peut se traduire par «Lieu des Elfes». En fait, la plupart des clients sont des humains, mais de la sorte qui n'a pas peur de s'asseoir à côté d'un Elfe.
Dans un paradoxe apparent, mais en réalité très logiquement, les vrais gauchistes et les faux hippies de Tyron sont hostiles aux Elfes, qu'ils considèrent comme de riches bourgeois ou des «barjots mystiques». Bien sûr, il ne s'agit là que de pure jalousie, présentée comme une analyse politique. La véritable raison de cette haine est que les succès personnels et sociaux des Elfes renvoient ces misérables à leur incapacité totale à faire quoi que ce soit d'utile, pas même à vivre en paix entre eux.
Fasciné, Ruslan les suit un moment, et finalement, il a le déclic: toutes les mauvaises choses qu'il a entendues sur les Elfes viennent de ses hypocrites fréquentations, gauchistes et marginaux! Bon, la télévision les critique aussi, mais ce n'est pas non plus une source crédible. ((Note de l'auteur: quand j'ai créé cette histoire, le public a ri ici.))
Il perd bientôt de vue les Elfes, dans le dédale des ruelles du vieux quartier. Mais il ressent soudain une forte envie de quitter ce monde pourri! Instinctivement, il marche, marche, vers la campagne, malgré la pluie. Il est récupéré par un camion (le chauffeur le met dans la benne, ce qui lui fait réaliser qu'il n'est peut-être pas très propre). Puis l'homme le dépose au pied des montagnes du Shamal, où il a entendu parler d'une communauté elfique. Ruslan marche toute la nuit pour atteindre le sommet, avec une bâche en plastique protégeant son sac à dos de la pluie.
Au matin, il aperçoit les fermes à vaches. Pas très elfique!
Il demande à un fermier où sont les Elfes. Mauvaise idée: il se fait crier après comme du poisson pourri, sans que le type ne lui donne la moindre information. Mais tout en grommelant, il fixe la route qui mène au nord-est, faisant des gestes hostiles dans cette direction. On se souvient que le Shamal est un plateau découpé en «pétales» par de profondes vallées. Il est donc important de commencer dans le bon pétale, sinon il lui faudrait faire demi-tour après une journée de marche inutile.
Alors Ruslan suit cette route.
Il marche, marche…
Il a tout le temps d'admirer le paysage. Bien sûr, il ignore à quel point le Shamal des Elfes Sylvains était beau avant les fermes à vaches, mais il ressent quand même l'atmosphère apaisante de l'herbe et des arbres verts sous le ciel encore humide et gris. Il a tout le temps d'en profiter, et de constater à quel point la nature paraît pure, comparée à la vieille ville brun sale. Enfin, il espère trouver au moins un abri, car il ne pourrait pas passer une nuit de plus à marcher sous la pluie sans dormir. Mais les fermes semblent si hostiles, derrière leurs barbelés, et les rares passants le regardent avec colère.
Finalement, il aperçoit des chevaux elfiques dans un pré avec une clôture de bois, et il comprend que c'est ici. Il suit une route de terre avec des chevaux elfiques d'un côté et des vaches de l'autre.
Il sait instinctivement comment parler aux chevaux, et il tend la main vers eux. Ils le snobent d'abord, mais au bout d'un moment, ils viennent à lui. Ils «discutent» ainsi un moment, et même ils le suivent, le long de la clôture en bois et du chemin.
Jusqu'à l'entrée de la ferme elfique.
Bon, à première vue, ça a l'air mal barré.
Portail télécommandé. Caméras.
Joli portail, en fer forgé avec rinceaux, feuilles et motifs elfiques, peint en blanc avec des glands pastel. Mais solide, et bien fermé.
Et ce n'est que la première ligne de défense. Derrière, se cachent les serpents tueurs, les ronces sauteuses, le radar, les lunettes infrarouges et bien d'autres choses qu'on lui avait racontées.
Avant de continuer, il est bon de savoir ce qu'est cette ferme elfique et ce qu'elle représente.
Bien sûr, les Elfes de Kondo rêvent de récupérer leurs terres sur le plateau du Shamal Humak, où vivaient autrefois les Elfes Sylvains, avant l'Exode. Mais il est actuellement occupé par une cinquantaine de fermes à vaches (qui ont causé des dommages écologiques considérables au Shamal). Et, dans ce Nyidiath démocratique mais capitaliste, le seul moyen pratique de récupérer ces terres est d'acheter toutes les fermes une par une. Cela s'est avéré plus facile que prévu, car personne ne veut vraiment de ces fermes: elles ne sont pas rentables, compte tenu du climat froid et de la pauvreté des sols du plateau. Mais le pire problème est l'hostilité des fermiers à vaches, exaspérés par cette idée même. Plus le gouvernement de Kondo, qui a pour politique de «protéger les fermes à viande» sur le plateau afin de «maintenir la montagne en vie». De ce fait, la seule façon d'acheter une ferme est de la conserver comme ferme animale.
Ainsi, les Elfes ont réussi à acheter une première ferme il y a quelques années (dont nous avons entendu parler dans L'Or des Elfes). C'est celle que Ruslan tente maintenant d'intégrer. Pour se conformer aux exigences du gouvernement, les Elfes ont amené de leurs chevaux elfiques, ceux qui vivaient ici autrefois, et qui avaient été sauvés dans le Dauriath avant l'Exode. Peu nombreux, car la ferme ne fait que dix hectares. Mais le véritable objectif de cette ferme est de créer un centre elfique pour entraîner les humains souhaitant devenir Elfes.
Le premier problème fut que les chevaux n'aiment pas les clôtures.
Surtout les chevaux elfiques.
Ils ont une façon de les abattre en les piétinant.
Même les clôtures électriques. Ces sacrés bourrins avaient remarqué que l'électricité ne passe pas par leurs sabots. Alors, blamm, les clôtures électriques.
Blamm
Blam Blammm
Blam Blam Blammm
Ce qui causa un sacré problème, pour cohabiter ainsi avec les autres fermiers.
Les chevaux elfiques s'échappaient et batifolaient dans les fermes environnantes, abattant les clôtures des vaches, si bien que celles-ci erraient partout, y compris sur la route. Il fallait faire quelque chose avant que l'administration ne ferme le centre elfique.
Les Elfes «parlèrent» à leurs chevaux.
C'est des trucs que seuls les Elfes peuvent faire, difficile à décrire en langage humain. Mais ils ont finalement réussi à faire en sorte que les chevaux restent à la ferme elfique. Les Elfes ont dû payer de lourds dommages, mais la situation s'est calmée et il ne leur reste que quatorze chevaux elfiques, tous sous contraception.
Bien sûr, les Elfes abattirent toutes les vilaines clôtures de barbelés à l’intérieur de leur domaine. Mais pour les chevaux, ils durent conserver des clôtures en bois tout autour, et des murets ou des haies pour leurs jardins. Dix hectares, c'est très étroit pour quatorze chevaux.
Bon, ces chevaux n'étaient qu'un prétexte. Leur objectif officiel est, avec les écologistes de l'Université de Tyron, de reconstruire l'écosystème du Shamal. Bien qu'ils préfèrent parler de restaurer sa beauté et sa magie.
En effet, six siècles de vaches avaient totalement modifié la composition de l'herbe elle-même. En bref, les prairies étaient composées de… mauvaises herbes. Ce qui est très ennuyeux pour une prairie. Les Elfes ont dû littéralement labourer et réensemencer les bonnes herbes. Heureusement, ces bonnes herbes avaient tendance à l'emporter sur les mauvaises. Mais il leur a fallu tout labourer au moins une fois. Oui, les herbes elfiques supplantent les herbes moldues, ha ha ha!
Le véritable but de la ferme est de former des candidats Elfes avancés. Plusieurs Elfes du Dauriath y vivent en permanence, plus d'une vingtaine de candidats en courts ou longs séjours. De nombreuses cellules, petites mais confortables, ont été installées dans une ancienne grange, et de nouvelles sont en construction. Il y a beaucoup de candidats sérieux à Kondo, si bien que dès que l'un d'eux quitte sa cellule, un autre la prend dans les heures qi suivent. Les critères d'admission des responsables Elfes sont inconnus, mais ils sont probablement liés à l'utilité de cette expérience pour les candidats. Tout cela fait que, lorsque Ruslan arrive, cette ferme est une communauté merveilleuse où la vie est agréable et très instructive. Tout le monde considère que c'est une grande chance d'être admis ici!
Inutile de préciser que les éleveurs de vaches n'aiment pas les Elfes, non violents, chevelus et végans. Qu'attendre d’autre de gens occupés à tuer des animaux, et même subventionnés pour cela (leur viande et leur lait finissant par être détruits, à cause de la surproduction et des prix trop bas pratiqués par d'autres agriculteurs également subventionnés. C'est illogique. Mais quand on met des gens illogiques au gouvernement, ils font des choses illogiques, c'est logique.)
Ajoutons à cela les serpents. Les terribles serpents du Shamal Humak, qui semblent se multiplier au fur et à mesure que les agriculteurs les massacrent. Les serpents évitent les Elfes, mais la nuit, ils s'infiltrent dans les maisons des fermiers malavisés. Et lorsqu'ils en trouvent un, on peut l'entendre hurler à un kilomètre.
Heureusement, les scientifiques ont trouvé un sérum. Il y a donc maintenant des survivants. Mais ces survivants ont permis de savoir pourquoi les victimes hurlent tant de terreur: le venin neurotoxique manipule le cerveau, créant une sensation d'horreur intense, avec de terribles hallucinations et une douleur atroce. Plus tard, les survivants souffrent d'une grave dépression pendant plusieurs mois. À tel point que la procédure médicale standard est désormais un mois de coma artificiel, le temps d'éliminer les toxines des synapses, suivi d'un séjour en hôpital psychiatrique pour se reconstruire. On comprend que, après une telle épreuve, les victimes ne veulent plus rester sur le Shamal.
C'est ainsi qu'un des fermiers avait finalement jeté l'éponge et a mis sa ferme en vente. Et hop, les Elfes l'ont achetée. De toute façon, personne d'autre ne veut prendre les fermes de Shamal: pauvres, solitaires, froides, non rentables, dangereuses.
Une deuxième ferme a suivi de manière inattendue, achetée également par les Elfes. Enfin, pas officiellement par les Elfes, car cela aurait fait grimper les prix, que les serpents avaient judicieusement fait baisser.
La deuxième ferme est officiellement un centre agronomique, chargé d'étudier les plantes qui pourraient y être cultivées. Mais tout le monde sait qu'avec le changement climatique, l'endroit est désormais trop froid. Seuls les topinambours et les arbres à meilo elfiques poussent encore, mais le gouvernement s'en fiche. Cette ferme cultive donc des topinambours et plusieurs autres légumes qui poussent assez vite pour les courts étés. Il reste quelques arbres à meilos, et ils en plantent activement d'autres. Mais il leur faut avoir au moins 30 ans pour démarrer une production significaive.
Cette deuxième ferme a également une fonction secrète: un temple abritant le hoxar, le point de contrôle de leur égrégore défensif, où les Elfes méditent pour en reprendre le contrôle. Elle héberge aussi des retraitants spirituels, que personne ne remarque puisqu'ils ne sortent jamais.
Autrefois, cet égrégore défensif avait été créé contre les puissants raids de bandits et d’esclavagistes, en leur jetant des pierres, en les poussant dans les abîmes, en leur envoyant des serpents, des chevaux piétinant, des sangliers furieux, etc. Mais dans le Nyidiath moderne, cela ne fait plus partie des méthodes légitimes: si vous souhaitez promouvoir la paix et le respect des personnes, commencez par vous comporter en conséquence. C'est pourquoi les Elfes déploient tant d'efforts pour apprivoiser leur égrégore protecteur. Ils obtiennent des résultats, mais revenir en arrière après 6 000 ans de travail prendra du temps, peut-être des siècles.
L'un des exploits les plus marquants de ce nouvel égrégore défensif non violent eut lieu lorsqu'un fermier, préparant une action en justice contre les Elfes, jeta au feu une boîte contenant tous ses documents, qu'il avait confondue avec une boîte contenant des papiers usagés. Lorsqu'il réalisa son erreur, il hurla «**** d’Elfes!», clairement conscient qu’ils étaient responsables de cette erreur, par quelque ruse! Et il se plaignit à tout le monde, faisant la réputation de la magie elfique, au lieu de la nier.
Bientôt, un troisième centre elfique apparut, avant que les gens ne remarquent le second.
Mais dans la troisième ferme, ils firent quelque chose de totalement inattendu: du miscanthus. On l'utilise pour fabriquer de l'essence E85 neutre en carbone. Bon, ils ne l'appelaient pas E85, mais la chimie étant la même partout, il y a aussi 85 % d'éthanol. Les Elfes l'appellent l'Essence Shelenaë, ha ha ha! La raison est que le miscanthus pousse en rhizomes, comme le topinambour, la plante symbole de Shelenaë, et la première plante qu'elle avait réussi à cultiver lorsqu'Elle vivait dans les Montagnes Bleues.
Mais le miscanthus pousse à profusion sur le Shamal, une des rares cultures à se contenter du sol pauvre d'ici. Ainsi, lorsqu'ils achetèrent la troisième ferme, les Elfes y cultivèrent directement du miscanthus. Ils avaient enlevé toutes les clôtures, sans même chercher à faire des animaux symboliques comme alibi. L'administration rétrograde s'y est opposée, mais personne d'autre ne voulait reprendre cette ferme, il leur a donc fallu composer avec cette situation.
Voyant cela, un des éleveur de vaches s'est également converti au miscanthus, comprenant que c'était l'avenir!
Quatre lieux ont donc été libérés, sur une cinquantaine de fermes. Face à cette reconquête silencieuse, l'administration a commencé à préempter les fermes dont les propriétaires étaient décédés ou avaient abandonné. Mais chacun sait que ces fermes ne sont pas rentables, et personne ne veut donc en plus payer un loyer pour une terre non rentable. De plus, les Elfes ont soigneusement fait savoir qu'ils n'avaient reçu aucune des subventions auxquelles ils avaient droit pour leurs chevaux, malgré des demandes valables. Ainsi, ces deux fermes possédées par l’état retournent lentement à l'état sauvage de l'ancien Shamal, sans que les Elfes ne déboursent un seul sou. Bravo les Elfes! L'administration ne recommencera probablement pas cette cascade. Mais quoi alors? La situation est bloquée pour eux, et ils pourraient bien finir avec les Elfes seuls maîtres de facto de tout le plateau, sans débourser davantage d’argent!
Bien sûr, personne ne mentione que cette situation pourrait être l'effet du nouvel égrégore du Shamal, tel que les Elfes l'ont arrangé. Ces derniers nient de toutes façon, disant que «l'on ne peut pas piloter un égrégore comme une machine ou une voiture». Il faut donc admettre que c'est l'administration qui s'est mise toute seule dans le pétrin.
Il faut absolument voir un champ de miscanthus. Il peut atteindre trois mètres de haut et pousse grâce à ses rhizomes. Il n'est donc pas nécessaire de labourer ou de semer chaque année. Il suffit de récolter chaque automne, avec une moissonneuse spéciale. Le transport en vrac étant peu pratique, ils étudient une machine qui comprime directement la récolte en une matière dense et sèche. C'est ainsi que l'ancien éleveur de vaches s'est retrouvé à concevoir cette machine avec des Elfes, ignorant qu'ils étaient des Elfes. Il l'a vite découvert, mais il a compris qu'il devait faire avec. Et que les Elfes sont des personnes, tout comme lui.
Le but principal du premier groupe d'Elfes n'est cependant pas l'agriculture. Ils possèdent en effet plusieurs fermes bien plus productives ailleurs à Kondo. Leur objectif principal est que de plus en plus d'Humains deviennent Elfes, ce qui pose un problème: beaucoup se trouvent dans des états intermédiaires, où ils sont vulnérables aux escrocs, aux sectes, et à d'autres erreurs spirituelles comme l'excès d'ego ou l'avidité pour les résultats. Les escrocs et les sectes sont nombreux, se faisant passer pour des Elfes et prétendant être les seuls véritables, ou espérant les plier à leurs façons. D'autres politiciens malhonnêtes répandent des mensonges dans les médias, et maintenant sur Internet. C'est pourquoi deux anciens Hauts Elfes du Shamal, Iraën et Amaleen, ont rejoint la communauté elfique locale de Tyron, organisant des conférences et des séances de méditation pour guider les candidats.
Et ils ont beaucoup de travail: guider, conseiller, expliquer, dissiper les mensonges et attiser les énergies. Ils sont très efficaces dans ce domaine, permettant aux Elfes locaux de passer d'une collection de petits groupes disparates se méfiants les uns des autres, à un réseau fort, confiant et organisé, doté de plusieurs lieux publics et privés. Ils ont également efficacement trié les pommes gâtées. Et désormais, quiconque souhaite devenir Elfe sait où aller et comment s'y prendre.
Dissiper les mensonges était également un excellent service rendu à Kondo, car les aspirants mal guidés peuvent devenir antisociaux de plusieurs manières. D'un autre côté, la Voie Elfique peut guérir même les délinquants ou les extrémistes politiques, dès lors qu'ils acceptent la transformation. Preuve en est que plusieurs anciens délinquants ont rejoint le mouvement et sont devenus des membres dignes et fiables. Pourtant, peu reconnaissent leur travail, et de nombreux politiciens critiquent les Elfes, les présentant comme des «immigrants» dangereux pour Kondo. Or, les véritables immigrants ne sont qu'une douzaine. «Mais très actifs», disent leurs détracteurs.
C'est dans ce monde complexe que Ruslan tente maintenant de pénétrer, en commençant par le top: la communauté des candidats expérimentés!
Avant de sonner, il réfléchit à la manière de se présenter. Vêtements usés, pas peigné, sale, un sac plastique sur les épaules, il a vraiment l'air d'un clochard. Pas idéal pour entrer dans ce monde de beauté, de propreté et de doux parfums. Il retire le plastique et se peigne les cheveux avec les doigts. Cela lui prend vingt minutes, car ils se sont transformés en feutre. Oui, c'est ce qui arrive quand on ne s'est pas peigné depuis longtemps.
Il y a une sorte d'abribus, près du portail.
Sur lequel un grand panneau indique «Porteurs de listal, veuillez lire ceci d'abord».
Il avait souvent entendu parler des listals: un homme portant un listal demande l'amour d'une Elve, et il l'obtient en quelques heures ou quelques jours.
Trop simple, pensa-t-il.
Il doit y avoir une attrape.
L'histoire du listal est désormais bien connue à Kondo, et de nombreux amateurs, des gens superficiels ou pornos, s'imaginent pouvoir se taper une Elve simplement en portant un foulard blanc.
Sauf que...
Les Elfes ont 3 000 ans d'expérience en la matière. Et il existe des histoires terribles, qui se sont vite révélées vraies: quiconque abuse d'une Elve ou d'un Elfe, par la force ou par la tromperie, n'a jamais l'occasion de recommencer.
Bon, pour la simple drague naïve, la punition n'est pas si grave. Mais les malins ont vite appris à ne pas jouer avec les listals, et ceux qui ont insisté ont fini par goûter à la vieille médecine. Mieux vaut ne pas dire ce que c’est.
Alors, Ruslan, debout devant le portail, intimidé comme s'il devait se déclarer à une femme, ne sait que penser. Il craint surtout d'être mal compris, vu son apparence. Mais comment faire? Il n'a ni maison pour se laver, ni argent pour s'acheter des vêtements. Même la faim devient un problème: son dernier repas était un sandwich hier midi.
En regardant l'abribus, Ruslan découvre des traces de tags et autres actes de vandalisme. Il réalise qu'il n'est pas le premier et que les précédents n'ont pas laissé une bonne impression. Pire encore, tout le monde est sous le choc d'un braquage de voiture à main armée survenu quelques jours auparavant. Après un tel incident, tout le monde sur le plateau doit avoir le doigt sur la gâchette, pense-t-il. (Cela est raconté dans l'histoire «L'Or des Elfes».) Selon la loi de Kondo, le procès des coupables doit avoir lieu dans trois mois maximum.
Bon, il s'assoit et commence à lire les instructions pour le listal, non sans jeter un coup d'œil à la caméra.
«Le listal est une coutume elfique ancienne et authentique. Son but est de permettre à un humain d'exprimer son désir de devenir un Elfe.»
Oh, il avait toujours entendu dire que c'était pour demander du sexe, ha ha ha!
«Cependant, il y a beaucoup de désinformation à propos de cette coutume.»
Tu parles.
«Pour commencer, beaucoup de gens pensent encore que porter un listal garantit de coucher avec un Elfe le soir même. Rien n'est plus faux, et toute tentative en ce sens pourrait attirer de graves ennuis. Si les châtiments cruels du passé ne sont plus pratiqués, tenter d'abuser un Elfe ou une Elve peut encore avoir des conséquences douloureuses. Sans parler de ce que toute femme, Elve ou Humaine, peut faire lorsqu'elle réalise que sa vie est sur le point d'être détruite.»
Bon, pense Ruslan, ce n'est pas encourageant. Mais plus logique, au fond, que ces histoires de sexe en libre-service.
Pire encore, son désir de rencontrer une compagne ne sera pas exaucé immédiatement. Il craint même que les Elfes ne soient des bigots méprisant l'amour.
«Le listal est utilisé pour indiquer que celui qui le porte désire devenir Elfe par le processus rapide, c'est-à-dire en attirant l'amour d'un partenaire Elfe. Mais ce n'est pas le seul processus, ni le plus simple. Le processus lent vous permettra plutôt de construire une personnalité elfique originale.
«Deuxième problème: cette coutume fonctionnait bien lorsque peu d'humains voulaient devenir Elfes. Mais aujourd'hui, nous avons plus de 2 000 candidats sérieux à Kondo, pour quelques visiteurs du Dauriath tous les trois mois. Vos chances de réussite avec cette méthode sont donc très minces, et le processus lent peut s’avérer finalement plus rapide.
«C'est pourquoi nous organisons des cours et des méditations pour tous ceux qui souhaitent devenir un elfe par le processus lent.
«Nous avons dû ajouter d'autres règles, la principale étant qu'un porteur de listal ne doit pas faire lui-même de demande en mariage. Sinon, chacun de nos résidents en recevrait dix par jour. De toute façon, ils savent parfaitement ce que vous recherchez, et s'ils sont intéressés, ils n'hésiteront pas à vous le faire savoir.»
Ruslan reste planté là un instant, devant le portail fermé, incertain de la marche à suivre. Mais l'un des chevaux elfiques l'observe en ronflant amicalement. Ruslan tend la main pour lui caresser le museau à travers le portail.
Quand soudain…
Le portail s'ouvre!
D'après tous les avertissements qu'il a reçus, il s'attendait à ce que quelqu'un essaie de sortir, et non de l'inviter à entrer!
L'un des chevaux elfiques semble apprécier sa présence (ces magnifiques chevaux blancs, légèrement tachetés de gris perle ou de beige, à la longue crinière blonde, ocre ou gris clair).
Enfin, Ruslan voit une Elve s'approcher.
«Bonjour», dit-elle, qu'est-ce qui nous vaut le plaisir de votre visite?» Il n'en a aucune idée, mais il ne s'agit de personne d’autre que Daureen Amaleen, prêtresse de Shelenaë et l'une des Hautes Elves de la communauté des Elfes de Kondo. Nous l'avions déjà rencontrée dans l'histoire d'Iraën à l'époque moderne, et nous avions vu comment elle parvenait à débusquer les «pommes gâtées», c'est-à-dire les candidats hypocrites ou ceux se faisant passer pour des Elfes. Avant la bataille du Horiathon, il y avait tellement de faux hippies et de vrais cinglés se faisant passer pour des Elfes que les vrais étaient timides, se méfiaient les uns des autres, se cachaient, vivaient seuls ou en petits groupes. Iraën et Amaleen réussirent à éliminer ces escrocs, permettant aux véritables Elfes de bâtir un réseau fiable et prospère de communautés et de groupes, capables d'investir dans des activités de grande envergure. Et comme ils n’ont plus besoin de conseils, Amaleen et son mari Iraën guident désormais les candidats Elfes à travers les divers pièges et obstacles de l'obtention de l'état Elfique.
Et Amaleen en sait instantanément plus sur Ruslan qu'il n'en sait lui-même. C'est une grande chance, car, vu son allure de clochard, presque tous les autres Elfes l'auraient rejeté catégoriquement.
À première vue, elle ne ressemble pas vraiment à une Elve non plus: salopette en jean, bottes, chapeau de paille, âge indéterminé. Mais contrairement aux paysans aux regards obliques, elle plante ses yeux droit dans les siens.
«Je suis venu pour… découvrir les Elfes…»
Elle a un sourire qu'il trouve moqueur (les milieux gauchistes sont si toxiques qu'il n'ose même pas lui parler, rongé par la culpabilité d'années de fausses accusations de phallocratie, qui le font se sentir totalement inepte avec les femmes).
Elle finit par l'aider:
«Nous avons une petite chambre disponible. Vous pouvez aider la communauté et faire connaissance.»
Ainsi, contre toute attente, il est accepté!
Alors que des milliers avaient été refoulées sans ménagement devant cette même porte! Et des centaines attendaient leur tour pour une petite chambre! Mais il n'en avait aucune idée, aussi il ignorait a quel point il avait de la chance.
Il a appris plus tard que à la suite d'une émission de télévision, plus de trois cents porteurs de tissu blanc s'étaient présentés à cette porte le même jour, s'imaginant avoir du sexe facile, voire pire. Ils avaient fait la queue sur des centaines de mètres le long de la route de terre, sous les rires moqueurs des éleveurs de vaches qui les observaient de l'autre côté de leur propre clôture. Ces derniers durent finalement appeler la police, quand des bagarres éclatèrent dans la file d'attente.
Il est donc compréhensible que les Elfes soient méfiants. Pire, toutes sortes de marginaux, de clochards et de malades se présentent aussi, pensant que les Elfes toléreraient leur délabrement mental, qui est refusé partout ailleurs.
Mais les plus dangereux sont ceux qui se prétendent spirituels ou évolués, s'imaginant commander aux Elfes et les soumettre à leurs idéologies. Bien sûr, ils n'ont aucune emprise sur les Elfes confirmés, ce qui fait qu'ils ciblent les aspirants ignorants et facilement manipulables. Certains avaient même formé des groupes de «vrais Elfes», trompant des candidats sincères, ou parlant à la télévision au nom des Elfes.
Amaleen montre sa chambre à Ruslan, petite, aux murs en plâtre brut et à la décoration minimaliste, mais qui lui semble un véritable palais après ces années d'errance. Dès qu'il pose son sac, elle lui montre la salle de bain, lui faisant comprendre d'un sourire et d'une légère tape sur l'épaule qu'il doit commencer par là. Malgré sa timidité et sa culpabilité, cette franchise ne le blesse pas: Amaleen a une façon de présenter les choses sans éveiller de ressentiments (elle possède des pouvoirs spéciaux pour faire taire les émotions négatives avant qu'elles ne perturbent la personne. Mais elle ne les utilise que rarement, et seulement pour sauver des situations, comme avec Ruslan).
En fait, il est tellement intimidé d'être dans une maison elfique qu'il n'ose même pas se déshabiller! Même avec la porte verrouillée. Amaleen doit revenir et lui demander s'il va bien. Mais à partir de ce moment, sa timidité se dissipe, «comme par magie», pense-t-il! Elle lui tend des vêtements propres, de style commun, mais d'une jolie couleur, ce qui lui donne déjà l'impression d'être un Elfe, ha ha ha ha!
Cela lui épargne la honte de se montrer avec ses vêtements sales à tout un groupe arrivé entre-temps. Il y a des Elfes et des Humains, probablement des candidats. À leurs expressions, il sait qu'ils ne l'auraient pas laissé entrer. Mais Amaleen le présente comme un «bon candidat qui est passé par de rudes épreuves», ce qui suscite leur sympathie.
Amaleen se montre maternelle pendant trois jours. Puis elle s'arrête, pour parler d'égal à égal. Ce que peu savent, c'est qu'un de ses propres enfants, Anglar, a vécu dans les grottes juste derrière la ferme. Ses écrits émouvants ont été retrouvés quelques jours plus tôt (voir l'histoire de L'Or des Elfes), ainsi qu'un ensemble d'instruments de musique et d'autres objets personnels inestimables. Ruslan comprend également qu'elle a quelque chose de plus que les autres Elfes, car ils ont accepté sa déclaration sans poser de questions.
En fait, à partir de ce moment, Ruslan se sent différent, libéré de ses anciennes mauvaises fréquentations. Il trie ses vêtements, lave ceux qui peuvent être récupérés et jette les mauvais au feu.
Bien sûr, il dépend entièrement du groupe, logé et nourri gratuitement. Mais cela ne lui a jamais été reproché. Il faut dire qu'après quelques jours de repos et de repas bien mérités, il s'est pleinement investi dans toutes les tâches utiles de la petite communauté, et elles sont nombreuses.
Il découvre également qu'il existe de nombreuses autres communautés elfiques, disséminées dans la campagne de Kondo ou dans la banlieue de Tyron. La plupart sont habitées par des candidats, souvent accompagnés d'un véritable Elfe ou d'une Elve pour mettre l'ambiance. Ces communautés se réunissent souvent pour organiser des fêtes et de la musique. Mais la plupart du temps, ils travaillent à diverses activités: réparation de maisons, jardinage, agriculture, ou autour d'un atelier.
Certains travaillent même dans des entreprises, ou ont créé la leur. En effet, contrairement aux gauchistes qui se prétendaient «purs» (ce qui les empêchait de faire quoi que ce soit d’utile), le réseau elfique est intriqué dans l'économie humaine de Tyron. Bien sûr, cela nécessite de nombreux compromis, mais c'est bien plus efficace pour diffuser la vision d'une Vraie Economie égalitaire.
L'une des activités du réseau des Elfes est la confection de vêtements. Ces magnifiques tuniques elfiques, si belles et confortables, mais que personne d'autre ne veut coudre. Mais aussi des coupes plus classiques, pour le travail. Certains Elfes souhaitent passer inaperçus, mais pour cela, il leur suffit d'acheter des vêtements ordinaires. Personne ne soupçonne donc leur appartenance à la communauté elfique (sauf les sociopathes, qui les repèrent instantanément comme leurs cibles. Ces pouvoirs apparemment surnaturels les apparentent à des démons).
Comme ils ne trouvaient pas de vêtements convenables dans les magasins traditionnels, les Elfes achetaient des vêtements blancs et ils les teignaient. Comme cela exigeait des installations et un savoir-faire, ils avaient créé un atelier informel, qui est aussi un lieu de rencontre, de célébration et de fraternisation.
La répression leur est tombé dessus brutalement: en quelques semaines, il devint impossible de trouver des vêtements blancs dans tout Kondo. Bien sûr, personne ne revendiquait ouvertement cette action, les commerçants se contentant de dire que «la mode avait changé», «ils vendent ce que les gens demandent», ou encore «il ne faut pas être paranoïaque», cette dernière réponse valant aveu.
Les Elfes s'organisèrent donc différemment: ils achetaient du tissu et cousaient leurs propres vêtements. Il était bien plus difficile d'interdire le tissu blanc! Au pire, ils pouvaient le commander directement aux producteurs, dans d'autres pays si nécessaire. Par exemple, Rhondo, au nord, entretenait généralement des relations amicales et n'était pas hostile aux Elfes. Leurs besoins croissants leur permettaient de grosses commandes.
Le résultat est un «style elfique» plutôt joli et coloré, contrastant avec les gris et les bruns de la foule ordinaire. Non pas que les Elfes cherchent à se démarquer, ils veulent juste être eux-mêmes et vivre leur vie sans entraves. La télévision les accuse de «revendiquer une identité elfique» et certains politiciens parlent d'interdire les «signes ethniques ostentatoires», allant même jusqu'à proposer une liste de couleurs à bannir. Cependant, un événement inattendu se produisit: le «style elfique» a séduit de nombreuses personnes, et ils s’est répandu dans les rues! Résultat: de nombreuses machines à coudre furent vendues, une acquisition que personne ne regrette jamais.
Pendant deux ans, Ruslan travaille pour aider la communauté, se faisant peu à peu une place et se liant d'amitié avec les autres habitants.
Sans aucune accusation de phallocratie.
Mais sans aucune touche non plus.
Effectivement, Il n’y a qu'une vingtaine d'Elves, toutes mariées.
S'il maîtrise mieux son désir, celui-ci est toujours là, et souvent, la nuit, il rêve d'une Elve merveilleuse qui vient le chercher. Quand cette idée le hante le jour, il fait les méditations sur la patience et l'acceptation de la situation. En effet il a appris dans ses leçons que l’avidité et le désir de contrôle sont les pires ennemis du bonheur et de la réalisation de nos désirs.
Mais parfois, malgré cet entraînement, il est triste. Il comprend que ce monde vit une situation inédite: l'éveil de la conscience, avec encore une majorité d'individus vides et intéressés par rien. Les choses vont aussi vite qu'elles le peuvent, mais pour un individu isolé, les jours et les nuits passés seul sont douloureusement longs.
Enfin, pas vraiment seul: les gens dans la ferme des Elfes du Shamal sont très gentils et faciles à vivre! Ce qui compense en grande partie le manque d’une compagne. Il se fait de nombreux amis, avec lesquels il gardera longtemps le contact.
Et il apprend beaucoup, et s'entraîne lentement pour devenir Elfe.
Parfois, lors de fêtes ou de cérémonies, il porte un listal, ou à l'arrivée de nouveaux Elfes de Dauriath. On ne le lui reproche jamais. Mais à ce rythme, comme on l'avait prévenu, il achèverait le processus lent avant de rencontrer une compagne! Il finit par accepter cette idée: seul un mâle juste et de haute vibration peut rendre une Elve heureuse. Tenter de contourner les étapes intermédiaires la rendrait malheureuse, voire pourrait faire tourner la relation à la catastrophe. Il a toutefois un point positif: a plusieurs occasions il peut vérifier qu'ils ne sont pas des bigots!
Jusqu'au jour où, à l'improviste, Weena arrive d'un autre lieu elfique du Shartan. C'est une belle blonde aux formes harmonieuses, à la voix et aux manières douces, et l'énergie passe bien entre elle et Ruslan.
Weena est une personne tout à fait extraordinaire. Quelques jours avant de quitter le Dauriath, elle n'avait jamais vu de voiture ni même de tracteur, vivant dans une forêt féerique du Nouveau Terallion. Trois mois après son arrivée, elle obtient son permis de conduire et utilise Internet comme si elle l'avait toujours fait. C'est une véritable Elve, pas une empotée!
De plus, venant de l'Undar (la partie «fantazy» du Dauriath, dépourvue de technologie), elle possède de véritables pouvoirs magiques. Non pas de léviter ni rien de ce genre, mais en sa présence, tout s'arrange toujours spontanément, les maladies guérissent plus vite, les fleurs étouffent les ronces et l'atmosphère prend toujours un ton féerique. Tous les Elfes font cela plus ou moins, mais Weena y excelle particulièrement. Le plus étrange, c'est qu'elle ne «fait» rien, juste que sa simple présence rend les choses meilleures.
Cela ne correspond pas à l'image traditionnelle du magicien exerçant la magie et soumettant instantanément les choses à sa volonté. La raison est que la magie ne peut se produire que lorsque l'ego est débranché, précisément. De sorte que la simple pensée «Je veux que cela se produise» bloque la magie, aussi sûrement que débrancher la prise électrique bloque votre ordinateur. C'est pourquoi la magie est si rare! En réalité, la magie se produit spontanément dans le non-ego et la non-action. Et Weena ne «fait» rien, elle est simplement elle-même, elle est dans l'énergie de la situation, dans l'énergie du groupe, sans se laisser perturber par ses opinions ou ses attentes, sans chercher à diriger ou à contrôler quoi que ce soit. Même sur Terre, lorsqu'un groupe est dans cette énergie, on peut observer des événements magiques. Mais cela s'arrête brusquement dès qu’un égo le remarque, bloquant toute manifestation ultérieure. Sur Terre, même les scientifiques favorables aux phénomènes parapsychologiques les interdisent dans leurs expériences, par leur simple façon de penser. Et ils concluent que cela n'existe pas. C'est très amusant, car si ces scientifiques voulaient démontrer l'affirmation «le soleil rend les gens joyeux» avec un tel état d'esprit de contrôle et d'hostilité, les sujets de test seraient simplement irrités, même soumis au soleil brûlant du Sahara. Alors que la chose réelle se produit spontanément pour tout le monde.
Bon, nos scientifiques ne sont pas stupides, et ils ont bien repéré cet effet contraire, le qualifiant de «psi-missing»: une expérience donne un résultat statistiquement significatif, mais opposé à celui attendu. Simplement, ils n'ont pas encore de théorie derrière. Le Bouddhisme et la plupart des voies spirituelles conseillent de «ne pas rechercher les pouvoirs», car les rechercher avec l'ego les bloque, précisément. C'est pourquoi la spiritualité cherche d'abord la destruction de l'ego. Les pouvoirs spirituels arrivent ensuite spontanément, sans qu’on cherche à les provoquer.
Note de l’auteur: J'ai commencé à publier une telle théorie de la conscience en 2003, sous le nom de «théorie de l'autogénération logique», qui mène également à la physique connue. Nous verrons cela dans d'autres histoires, comme L'Estrellar, où les scientifiques Elfes de l’Arlit ont également réussi à comprendre cela.
Donc, Weena ne pratique pas la magie comme Gandalf dans le film. En fait, elle serait tout aussi incapable que vous et moi de faire comme ça! Son talent réside dans la vacuité mentale: en l’absence d’opinions, d’attachement, de frustration, d’attentes, de jugement ou de contrôle, elle ressent simplement l’énergie, dans le flux des situations. C’est ainsi que la Transcendance, véritable et unique source de magie, peut s’exprimer sans entrave à travers elle.
Et à travers quiconque le fait.
Même à travers vous, si vous faites comme elle.
Au cours de ces deux années, Ruslan a également fait la connaissance d’Amaleen, et il a appris qu’elle était prêtresse de Shelenaë, responsable des candidats Elfes dans plus de vingt centres autour de Tyron.
Elle lui avait demandé, entre autres tâches, de lui servir de secrétaire lors de ses conférences sur la vie elfique. C’est important, car parmi les aspirants, il existe des choses peu connues et de nombreux préjugés à dissiper. L’amour elfique, en particulier, est assez déconcertant pour les hommes qui le découvrent sans préparation. Grâce à ce travail, et «comme par hasard», Ruslan sait maintenant tout ce qu’il faut pour s’engager dans une relation amoureuse éclairée.
Mais il ignore encore que les prêtresses de Shelenaë sont aussi des conseillères en amour. Aussi, lorsqu'il la vit parler à voix basse avec Weena, il pensa qu'il c’était pourleurs affaires, sans du tout imaginer qu'il s'agissait de lui.
Ce soir-là, après le repas, il se retira dans le jardin pour méditer. Le coucher de soleil du Shamal est magnifique, avec les châteaux de pierre brumeux dessinant d'étranges silhouettes dorées et mauves. Un des sommets du mystérieux Arounal est visible depuis ici, incitant à la rêverie. S'il n'a pas renoncé à son projet de compagne, il avait réussi à contrôler son attachement à cette idée et à accepter les exercices de la voie lente, sur lesquels il médite assidûment. L'exercice actuel consiste à se plonger dans la puissante énergie du coucher de soleil sur le Shamal, plutôt que de se plonger dans des projets et des réflexions.
Soudain, il sent Weena s'approcher de lui. Elle ne fait pas cela d'habitude, et l'instant paraît magique.
«Portes-tu toujours le listal ?» est son entrée en conversation.
Il reste bouche bée de surprise. Au moins, elle est directe! Ah, il croyait connaître les Elfes! Bien sûr, elle ferait une excellente compagne, et il ressent une forte attirance pour elle, si gentille et, en même temps, moralement forte, une vraie femme.
Elle le regarde et rit!
De ce doux rire d'Elve qui ne vous met pas mal à l'aise.
«Gunma Amaleen a compris dès le début que tu es un candidat sérieux. Même les chevaux l'avaient remarqué, ha ha ha!»
On soupçonne que leur soirée a été magnifique…
Et que Ruslan est finalement devenu un Elfe par la voie rapide.
Le lendemain matin, lorsque Ruslan se réveille, elle était déjà debout depuis longtemps, car les Elfes ont besoin de moins de sommeil. Pendant une minute ou deux, il se demande si ce n'était qu'un rêve, trop beau pour être vrai. Puis il découvre sa délicate broderie, qu'elle avait laissée sur l'oreiller, toute imprégnée de son délicieux parfum. Sa façon de lui dire qu'elle est toujours avec lui. Ce n'est donc pas un rêve, ce qui s'est passé était réel!
Ruslan réalise à quel point c'était extraordinaire. Tout d'abord, le listal fonctionne, ce n'est pas une histoire. Mais surtout, Weena est vraiment une personne exceptionnelle, tant par son tempérament agréable que par la puissante force magique qui émane d'elle. Soudain, il ressent le syndrome de l'imposteur: et si elle avait tort? Et si il ne méritait pas une compagne aussi fantastique? Et si il s’avérait incapable de devenir un véritable Elfe? Et si il les trahissait par quelque erreur ou défaut maladroit?
Ces questions le perturbèrent… jusqu'à ce qu'il se lève et arrive dans la salle commune. Là, Weena l'embrasse devant tout le monde, déclenchant une vague d'applaudissements! Peut-être pour la première fois de sa vie, Ruslan est fier de lui! Tous les visages, Elfes et candidats, se tournent vers lui, exprimant joie et félicitations!
Bien sûr, le soutien d'un amour aussi pur et d'une reconnaissance sociale aussi parfaite ont un effet puissant et immédiat sur Ruslan, qui ne s'était jamais senti aussi plein d'énergie. Mais surtout, il ne lui faut que quelques jours pour réaliser qu'il se transforme rapidement et que tout le mal en lui, physique ou moral, se dissipe, par la magie des Elfes, par le sourire de Weena, sans qu'il ait à faire d’effort ni d’actions particulière. Non, il ne les trahit pas, il est en train de devenir un véritable Elfe lui-même!
Mieux encore, ce qui avait déclenché cette incroyable transformation avait été, des années auparavant, sa propre décision de rechercher une vie meilleure, à une époque où, enfant, il entendait la télévision déblatérer contre les Elfes et se lamenter sur la bataille du Horiathon perdue et le Traité de Reddition et de Contrition. Et il s'était accroché à son choix, malgré les réprimandes et le dénigrement constants de ses parents, malgré tous les bizutages et les mauvaises notes à l'école, malgré toutes les accusations et la culpabilité de sa période gauchiste. En effet, au-delà de toutes les méthodes, c'est finalement notre seul choix qui guide notre évolution. Un bon choix peut surmonter tous les obstacles, tandis qu'un mauvais choix ne mène nulle part, même avec les meilleures méthodes et conditions.
Trois semaines seulement après leur mariage informel, le visa de Weena pour Kondo est sur le point d'expirer. Elle peut demander un renouvellement, mais cela survient au milieu d'un énorme tapage médiatique autour de «l'immigration», qui avait permis à deux ministres d'extrême droite, ennemis déclarés des Elfes, de faire adopter une mesure interdisant aux «étrangers» de séjourner à Kondo pendant plus de cinq ans. Un brouhaha bienvenu pour détourner l'attention des graves difficultés économiques causées par leurs politiques d'austérité, ou pour en imputer la responsabilité aux Elfes.
Amaleen et son mari Iraën étant quasiment les seuls dans cette situation, il est clair que cette loi les visait personnellement. Eux qui avaient servi silencieusement la communauté elfique de Kondo pendant plus de dix ans, sans jamais de mêler de la politique du Kondo, sans même répondre aux innombrables attaques dont ils étaient victimes.
En réalité, la loi de Kondo n'étant pas rétroactive, elle ne peut s'appliquer à eux. Mais tant de gens l'ignorent, et les politiciens et les médias avaient monté l'affaire ridiculement hors de proportion, en parlant tous les soirs à la télévision, en organisant des «débats», à grand renfort de gesticulations, de fanfaronnades, d'accusations de «revendications identitaires», etc.
En théorie, la magie des Elfes pourrait facilement faire taire tous ces idiots (une minorité, en tout cas). Mais ils doivent faire face au terrible pouvoir manipulateur de la télévision: des millions de personnes pensant à la même chose au même instant créent une force négative immense, tel un grand rituel satanique invoquant les démons majeurs de la pensée binaire et de la peur des autres. Le bruit des télévisions, des voitures, des bavardages et de la musique sans vibrations sont plus puissants que la magie des Elfes, étouffant les vibrations et tuant la magie. La seule défense des Elfes est d'agir discrètement, voire secrètement. Mais avec les paparazzis surveillant désormais les alentours de la ferme des Elfes, même cette défense est compromise.
Iraen et Amaleen n'ont donc d'autre choix que d'obtempérer. Mais ce n'est qu'une retraite tactique! D'autres Hauts Elfes et prêtres sont tout à fait capables de prendre le relais, même avec la limitation de cinq ans. De toute façon, ils savent pertinemment que cette mesure serait annulée par le prochain gouvernement. Ou qu'on leur demanderait de revenir avant, pour leur rôle positif dans la société. En effet, les candidats Elfes n'étaient pas les seuls à assister aux cours de méditation, et leur impact positif se fait sentir dans toute la société.
Amaleen annonce donc que «leur service à Kondo» touche à sa fin, et qu'ils partiront «par avion», «dans quelques semaines». Sans indiquer de date précise, afin de ne pas donner lieu à des spéculations.
Ce départ est néanmoins une grande tristesse pour toute la communauté des aspirants, qui craint une interruption de leur formation. Amaleen les rassure: ils resteront en contact avec elle via leurs forums Internet et leurs mondes virtuels, et de toute façon, d'autres Hauts Elfes tout aussi compétents sont déjà présents. Sans compter qu'au cours de ces douze années, ils ont clarifié bien des choses et créé une véritable culture elfique, protégée des mensonges les plus courants. La nouvelle communauté elfique peut désormais être autonome.
Iraen va même jusqu'à prononcer un discours d'adieu, remerciant chaleureusement tout Kondo et ses habitants fantastiques qui les ont si bien accueillis et tant aidés. Ainsi, dans une sorte de judo spirituel, il renvoie toutes les énergies hostiles à leurs agresseurs. Mais ces derniers ne voient rien, continuant leurs gesticulations sous le regard amusé de la majorité. C'est ainsi que la magie elfique poursuit son chemin même parmi des forces plus puissantes, tel un judoka qui renverse des ennemis bien plus forts que lui.
La revanche des Elfes est arrivée bien plus vite que prévu: Nellie Eolidas, «marshi» de la clinique des Cèdres et chirurgienne de haut niveau, avait elle aussi dépassé la fameuse limite depuis plusieurs années. Elle se permit de commenter, un sourire condescendant aux lèvres: «Si je reçois une injonction, je partirai. Mais alors, plus de deux cents patients par an seront privés de soins vitaux uniques. Réfléchissez avant.» Personne ne commenta.
Sans compter que désormais, avec tout son temps libre, Amaleen pouvait aussi «arranger» les choses, afin de compliquer l'activité de ces politiciens corrompus. Ils se retrouvèrent avec des problèmes de santé mineurs, mais très gênants, qui leur valurent rapidement d'être expulsés du gouvernement.
Les paparazzi apprirent également à ne pas empiéter sur les terres des éleveurs de vaches. Ces derniers n'appréciaient guère ces étrangers bizarres brandissant des appareils photo comme des armes, pénétrant partout avec une incroyable impudence, et allant même jusqu'à couper des clôtures (le pire péché pour les fermiers à vaches). Et ces producteurs de viande n'ont que faire de la non-violence. Plusieurs envahisseurs furent molestés et leurs appareils photo «réquisitionnés». Les fermiers amenèrent également un taureau vicieux dans le pré devant l'entrée des Elfes, confinant ainsi les paparazzis sur l'étroit chemin!
Les marchands de farces, quant à eux, se frottèrent les mains: jamais autant de faux serpents n'avaient été vendus. Modèle Shamal bien sûr, avec même des mini-moteurs électriques pour les animer!
Le jour convenu, Amaleen et Iraen quittèrent discrètement le Shamal, accompagnées de Weena, empruntant l'ancien chemin de circumambulation de MakTar pour éviter les paparazzis. De là, elles quittèrent le plateau par le sentier nord, celui-là même qu'ils avaient emprunté lors de l'Exode huit siècles plus tôt. Une camionnette ordinaire les attendait sur un petit parking, près d'un panneau commémoratif de l'Exode (ce lieu avait servi de centre d'enregistrement administratif pour les déportés). De là, elles évitèrent l'aéroport de Tyron (lui aussi infesté de paparazzis) et s'éclipsèrent par la route passant par la frontière nord de Kondo, en direction de la Principauté de Rhondo, où leurs poursuivants n'avaient pas pensé à les attendre. Leur évasion ne fut découvert que deux jours plus tard.
Les lois de Rhondo leur autorisaient un séjour de trois mois. En effet, le pays étant moins favorable aux Elfes, il est préférable de ne pas s'y attarder trop longtemps et de ne pas se montrer trop ouvertement Elfes dans la ville principale de Skylan. La police des frontières leur a dit que, «vu la controverse», ils devaient s'abstenir de toute déclaration publique. Ils ont répondu qu'ils n'en avaient pas l'intention, prévoyant simplement de visiter les montagnes Tonnar en toute intimité. Ce qu'ils ont fait, mais pas en simples touristes!
Ces événements ont également eu un impact sur Ruslan, à travers sa nouvelle union avec Weena. Pire, il avait lui aussi une raison sérieuse de fuir discrètement: sa famille, qui le rejetait depuis longtemps, mais qui continuait de le surveiller et lui envoyait de temps en temps des lettres hostiles. Ils avaient appris son union, par un moyen inconnu, ce qui les a mis en colère, avec des menaces de mort à peine voilées. Ruslan avait encore peur d'eux, de par son enfance de brimades et de violence, de sorte qu’il a pris ces menaces au sérieux.
Pour cette raison, Ruslan n'est pas parti avec Weena, pas même par l'aéroport. Il est parti en voiture vers Tyron, sans attirer l'attention des paparazzis qui scrutaient les visages à travers les vitres (malgré le risque de recevoir des sprays d’auto-défense, cela s'est produit à plusieurs reprises. Et l’ancien gauchiste ne cacha pas sa joie d’en asperger plusieurs à bout portant, au point de les faire crier). Il passa une nuit chez des Elfes discrets (habillés en Humains), puis continua son voyage dans une autre voiture, pour traverser également la frontière nord de Kondo, en direction du Rhondo. De là, il rejoignit Weena, Amaleen et Iraen dans un centre de méditation elfique discret, pour les trois mois qu'ils prévoyaient de passer dans ce pays. N'étant pas encore officiellement Elfe, il pouvait entrer dans le Rhondo sans entrave et y rester autant qu’il avait envie, sans même qu'on lui demande de motif.
Il se demanda s'il devait vraiment se déclarer, puisque les Elfes devraient avoir les mêmes droits que les Humains. En effet, toutes les discriminations à l'encontre des Elfes sont basées sur des critères bidons, comme les vêtements ou les cheveux, de sorte qu'aucune n'est valable en droit. Et nombreux sont ceux qui ont été «accusés» à tort d’être des Elfes, sur la base de tels critères arbitraires. Mais Ruslan avait encore son visage humain, car la transformation prend des années.
Ils passèrent trois mois merveilleux dans les paysages extraordinaires de la chaîne du Tonnar, où vivent plusieurs communautés elfiques bien organisées, qu'ils visitèrent. L'hébergement ne posa aucun problème: il y avait des chambres partout, alliant beauté elfique et confort moderne.
Pour Ruslan en particulier, être si proche des Hauts Elfes fut une expérience fantastique, où il découvrit la magie elfique et commença même à sentir la sienne.
La plaine côtière du Rhondo ressemble beaucoup à celle du Kondo, qu'elle prolonge vers le nord, avec plusieurs pôles industriels parsemant un paysage agricole. Mais la partie montagneuse est plus vaste et plus variée, avec des sommets plus élevés: la chaîne des monts Tonnar. Elle offre une variété de paysages époustouflants, peuplés de manière très diversifiée: agriculteurs, écologistes, touristes et, bien sûr, Elfes, amoureux de ces paysages fantastiques. Elle est également réputée pour ses charmants trains de montagne à voie étroite, qu'ils purent emprunter à l'occasion.
La chaîne des monts Tonnar se trouve au nord de l'Arounal Humak, d'où elle offre un paysage fantastique. Le Honsho est également visible depuis le versant est du Shamal Humak, tandis que le Barabundar et le Stendek sont cachés par l'Arounal.
En fait, chaque vallée a son propre style, et les Elfes avaient réutilisé ou reconstruit de magnifiques maisons traditionnelles en bois, ornées de piliers, de galeries et de jardinières suspendues ornées de fleurs rouges et blanches. Ces maisons sont suffisamment spacieuses pour accueillir plusieurs familles. Ils satisfaisaient ainsi le gouvernement de Rhondo, qui avait édicté des normes architecturales strictes pour préserver ce précieux patrimoine culturel. Mais ils avaient également enrichi ce patrimoine, au point qu'une sorte de compétition amicale s'était instaurée entre Humains et Elfes pour construire les plus belles maisons de ce style. Les Elfes y ajoutèrent notamment des jambes de force courbées et sculptées soutenant les balcons.
Les trois sommets les plus importants de la chaîne de Tonnar sont le Barabundar, le Stendek et le Honsho.
Le Barabundar est en fait un massif calcaire, jalonné de marbres colorés, de pics, de grottes et de tout un réseau de refuges de randonnée, pour quiconque explore ce paysage fantastique et diversifié, peuplé de rochers étranges, d'arbres trapus et parfumés, ou de ravissants vallons herbeux ornés de fleurs d'altitude rares. Mais là-haut, aucun tourisme stupide n'est autorisé: il faut marcher ou chevaucher. Les guides confinent les touristes bavards et casse-vibrations sur un petit ensemble de sentiers battus, et ils ne montrent les choses intéressantes qu'à ceux qui les respectent.
Bien sûr, une lutte fait rage contre un groupe d'individus qui veulent détruire la vibration avec une ligne électrique. Ils disent que cela n'a aucune importance, puisque l'endroit est «désert».
L’endroit le plus étrange du Tonnar, cependant, est le Stendek, une montagne isolée, triangulaire et pointue. Il est interdit d'y aller, sans que personne ne sache exactement pourquoi. Le plus curieux est que plusieurs changements politiques importants n'ont pas modifié cette situation. Avant la Révolution, c'étaient les prêtres, déjà sans motif clair. Mais pendant la Révolution, curieusement, l'Armée populaire a perpétué ce tabou religieux, tout en voulant éradiquer tous les autres. Après la Révolution, le site a été considéré comme un sanctuaire naturel, et aujourd'hui, ce statut a été légalisé comme réserve naturelle, tout comme certaines vallées cachées du massif du Tonnar. Il est possible que l'Arunal Humak et ses mystérieuses vallées intérieures rejoignent ce statut, rendant ses grottes gigantesques et ses ruines impossibles inexplorées à jamais. Ainsi tous ces lieux deviendraient des gers, c'est à dire des lieux de nature d'accès interdit ou strictement réservé.
C'est un peu comme sur Terre avec le mont Shasta ou le mont Kailash. Effectivement, personne n'a jamais posé le pied sur le Stendek, et ceux qui ont tenté l'expérience ont rencontré des difficultés et ont dû redescendre rapidement, voire dit-on ils ont disparu. ((Une anecdote curieuse est que «Stendec» fut le dernier mot reçu du vol CS-59 d'Avro Lancaster «Star Dust», lors de sa disparition dans les Andes le 2 août 1947. Ce message énigmatique a longtemps alimenté de nombreuses spéculations sur d'étranges mystères, comme une rencontre avec un OVNI, jusqu'à la découverte de l'épave de l'avion en 1998. Mais le mot «Stendec» n'a jamais été expliqué avec certitude.))
Le troisième sommet est Honsho (généralement sans article), également appelé la Montagne Noire. Il est recouvert d'une forêt de pins jusqu'à une altitude assez élevée, ce qui le fait paraître noir de loin, contrastant avec les plaques de neige. Les jours de foehn, on peut sentir les pins à l'est, jusqu'à la plaine côtière. Leur résine est considérée comme la meilleure pour les violons, et aussi pour la soudure électronique. Marrant, hein?
Dans les temps anciens, les gens qui montaient là-haut étaient témoins de choses étranges: des orbes de lumière, des sons flottant dans l'air sans source claire, des sensations de présence et plein d'autres choses étranges (pas des orbes photographiques, mais de véritables boules de lumière illuminant les arbres alentour). Mais les gens «rationnels» ne voyaient rien, ce qui les conduisait à prétendre que toute cette histoire relevait de «croyances irrationnelles» ou «d’hystérie».
L'une des premières excursions de nos quatre Elfes fut Honsho. Malheureusement, les apparitions avaient cessé après l'installation d'une station de ski, qui avait marqué la montagne d'un immense Z blanc visible de très loin. On l'appelle le signe de Zorglub, tant il est déplacé dans ce paysage majestueux. Mais nos amis sentaient que la cause de ces apparitions est toujours là, attendant son heure. Weena, en particulier, est très sensible aux présences invisibles, et elle fut presque capable de communiquer! Mais le seul résultat fut que le temps n'était pas encore venu. La station de ski doit partir avant.
En fait, la station de ski ne marche pas très bien, il y a toujours des problèmes, des coûts imprévus, un manque de rentabilité, des grèves, etc. Mais elle reçoit des subventions pour «maintenir la montagne en vie». Curieux comme ce sont toujours les choses anti-vie qui obtiennent les subventions du gouvernement pour les «maintenir en vie», jamais les choses de la vie réelle.
Ne pouvant pas rester plus de trois mois à Rhondo, Iraen et Amaleen sont partis pour un autre pays d'Elfes Sylvains plus au nord, dans les montagnes au-delà de Rhondo, où leur expérience et leurs compétences sont plus que bienvenues.
Ruslan et Weena prirent l'avion pour Tellutaar, l'ancien Marshizath de Tellutaar, où se déroula une autre grande histoire, à l'époque où les Elfes possédaient encore une puissante magie, avant l'Exode.
Ils survolèrent les Montagnes Bleues, berceau des Elfes, et aperçurent un éclat d'or: l'Anar Shantar Marjun, l'ancien grand temple des Elfes, l'un des rares grands édifices elfiques à avoir échappé aux destructions de l'Exode. Il a donc plus de 1 000 ans, ce qui est plutôt bien pour une structure en bois. Recouvert d'or, qui offre une excellente protection. Mais aujourd'hui, l'accès est strictement interdit, en raison des risques d'incendie liés à tout ce bois extrêmement sec. L'accumulation de poussière de bois pourrait même faire exploser le bâtiment! Il est prévu de placer l'intérieur sous azote, ce qui permettrait de nouveau certaines visites, au prix… du port d'un appareil respiratoire autonome!
Ils séjournèrent quelques mois à Tellutaar, où vit une importante communauté elfique, bien organisée et prospère, qui venait d'élire un représentant au conseil municipal.
NewTel est le nom moderne, mais on redemande Tellutaar, l'illustre vieux Marshizath de Tellutaar, probablement le plus prestigieux de tout le Shartan, et le seul à avoir survécu jusqu'à la Révolution. Un Marshizath est un royaume humain dirigé par des Elfes. Malheureusement, les humains y avaient finalement pris le pouvoir, et les seules choses elfiques restantes était les brocarts. Pourtant, les Marshis avaient le devoir d'illustrer une «vie divine», ce qu'ils firent en construisant un palais incroyablement luxueux, encore visible aujourd'hui et dont la majeure partie du contenu est intacte. Une plongée fantastique et probablement unique dans le passé de la grandeur elfique!
Tellutaar avait connu une expansion industrielle considérable lorsque la baisse du niveau de la mer avait mis à jour des mines de charbon.
Tellutaar avait connu une grave récession lorsque les mines de charbon furent épuisées. Personne n'avait prévu que cela arriverait.
Depuis, la ville s'est diversifiée, avec de nombreuses technologies de pointe, plusieurs universités, de grandes usines, etc.
Les anciens temples détruits pendant la Révolution sont en cours de reconstruction. Bien sûr que Weena voulait voir ça! Le seul qui n'avait pas été détruit était l'immense dôme du temple de Shelenaë, ce qui lui donnait plus de 1 500 ans. Quoique tous les précieux matériaux avaient été volés à l'intérieur. Le chef de la révolution, le «général» autoproclamé Zampan, avait tout mis dans ses coffres personnels (Tous les tyrans font ça, partout et à chaque fois, lol). Mais à sa mort, ses héritiers décidèrent de renoncer à toutes ces œuvres d'art inestimables, pour le bien de tous, plutôt que de vivre égoïstement du vol. C'est ainsi que la statue géante de Shelenaë a pu être reconstruite, avec relativement peu d'hypothèses. Oui, celle avec ses yeux de béryls géants. Elle est maintenant terminée, fraîchement repeinte, des spots faisant briller à nouveau ses yeux de béryl vert, avec une solide clôture entourée de caméras de surveillance et d'alarmes anti-intrusion. Nos amis furent profondément émus par ce spectacle, souvenir de la splendeur antique de Tellutaar. En fait, la statue originale n’était pas elfique, elle fut construite par des Humains, qui vénéraient également Shelenaë, déesse de l'agriculture.
La statue est cependant encore creuse, et des discussions se poursuivent quant à savoir si il fallait remettre les pierres précieuses de ses Chakras à leur place, ou les exposer dans un musée. De toute façon, seuls les Elfes savent dans quel ordre les remettre en place. En effet, chez les Humains, la prêtrise de Shelenaë s'était éteinte avec la Révolution, ou dans les années suivantes, lorsque les prêtres survivants moururent de vieillesse sans avoir pu former de successeurs. Ainsi, seuls les Elfes détiennent encore ce savoir aujourd'hui. Sauf que les intellectuels ne les écoutent pas, préférant débattre bruyamment du «symbolisme» de chaque pierre. Mais elles ne sont pas là pour le symbolisme, elles sont là pour leurs vibrations. D'où la vanité de toute discussion intellectuelle.
Le palais des Marshis n'avait pas été détruit par la Révolution, ha ha, le leader l'avait pris pour lui-même! C'est aujourd'hui une sorte de musée, ouvert aux visiteurs, avec des cérémonies occasionnelles pour le gouvernement. C'est une visite très intéressante, avec de nombreuses sculptures et œuvres elfiques authentiques, certaines très anciennes, vieilles de 2 000 ans ou plus. Ruslan et Weena s'y sont rendus deux fois, et Weena a été émue aux larmes en voyant des objets aussi anciens, si imprégnés des vibrations de la splendeur passée des royaumes elfiques. Ces objets provenaient en effet de contrées lointaines, et nombre d'entre eux sont d'authentiques œuvres elfiques du plus haut niveau.
Il existe également une importante communauté elfique à Tellutaar, très organisée, avec des coopératives, des activités et des enseignements. Elle s'étend dans la campagne environnante, avec des maisons elfiques. Ils ne disent pas «communautés elfiques» car le gouvernement de droite les confond avec les communautés gauchistes. Les Elfes appellent alors ces lieux des «grandes familles», une tradition elfique authentique où plusieurs couples vivent dans une grande maison pour élever leurs enfants ensemble, afin d’éviter les enfants uniques. Pour le gouvernement et les médias, ils insistent bien sur le fait que «chaque couple a sa propre chambre».
En fait, la plupart de ces grandes familles n'ont pas d'enfants, le Nyidiath étant déjà surpeuplé. Mais vivre ensemble est toujours plus agréable que chacun dans son coin! Les Elfes peuvent le faire, car ils n'ont pas tous ces problèmes psychologiques qui perturbent toujours tout.
Finalement, Ruslan et Weena s'envolèrent pour le Dauriath.
Dans un magnifique avion elfique, blanc avec un arc-en-ciel, l'intérieur tout lambrissé de marqueterie. Incorrigibles Elfes, ce qu'ils font doit toujours être beau, même si c’est un cyclotron.
Dans le Dauriath, Ruslan découvrit la véritable magie des Elfes. Il finit par s'y installer, avec Weena.
Ils visitèrent d'abord l'Arlit, la partie moderne du Dauriath, dont les avancées scientifiques fascinèrent Ruslan. Après avoir visité l'Arlit, ils se rendirent au village natal de Weena, dans une forêt enchantée de la Nouvelle Terallion. Ruslan avait vraiment besoin de vingt à trente ans d'amour et de nature pour réparer ce que son enfance brutale avait brisé, et pour développer pleinement sa personnalité elfique. Mais nous n'en savons pas beaucoup plus sur l'histoire, car ils se sont simplement nichés ensemble dans la maison de Weena, dans un village enchanté du Nouveau Terallion, sans faire d'histoires dans le monde extérieur.
La façon dont les Elfes démarrent l'amour dans mes histoires peut laisser penser, à tort, qu'ils seraient libertins, voire pire. Ce risque explique pourquoi des auteurs classiques comme Tolkien ont totalement évité le sujet, tandis que d'autres, comme Pierre Benoît, ont procédé par allusions. Mais cette discrétion peut aussi induire l'idée fausse inverse selon laquelle les Elfes seraient prudes, laissant aux mauvais jeux vidéo le monopole de définir l'amour elfique. Pire encore, tant de gens projettent leurs propres idées sur leurs lectures, que je me dois d'aborder certains points explicitement. Mon objectif, celui de promouvoir un monde meilleur, est une raison supplémentaire d'expliquer l'amour elfique et son fonctionnement.
Pour commencer, chez les Elfes le cœur et le lit sont indissociables. C'est pourquoi ils commencent généralement par le cœur. Et c'est merveilleux, dans les anciennes communautés elfiques, lorsque les jeunes atteignent l'âge adulte, et que l'amour chaste de l'enfance se transforme en amour adulte complet! Mais si vous souhaitez commencer par le lit, eh bien, c'est aussi possible, et beaucoup le font. La société elfique est une société libre, et des rencontres inattendues surviennent, illuminant soudainement une journée ordinaire. Mais la partie cœur vous tombera inévitablement dessus dès votre réveil le lendemain matin: vous réaliserez que votre nouvel amour vous manque. (C'est aussi ainsi que les choses fonctionnent pour les Humains normalement raisonnables et sensibles.)
Deuxièmement, comme tout ce que font les Elfes, l'amour est une quête de beauté et de vibrations élevées. Cela fait de la pornographie, de la pudibonderie, du sexisme, du vagabondage sexuel ou de l'objectification des partenaires des défauts graves, totalement incompatibles avec la vie elfique. Au contraire, la magie permet aux Elfes d'aller plus loin que les humains dans ce domaine, vers une pureté angélique, tandis que nous, humains sur Terre, devons composer avec nos inconvénients biologiques.
Par-dessus tout, l'amour elfique est ce que nous appelons sur Terre l'amour tantrique, et c'est ce qui lui confère sa magie… et le rend si différent de tout ce que nous en imaginons. Eh bien, à propos de l'amour tantrique, oubliez tout ce que vous avez entendu des sectes, de Wikipédia, de la télévision, etc. Vous serez les bienvenus pour apprendre dans votre temple Bouddhiste, Taoïste, Jaïniste ou Hindou préféré. Mais on ne vous répondra pas tout de suite sur ce sujet: vous devrez apprendre bien d'autres choses importantes avant de vraiment comprendre. C'est comme conduire une voiture: il faut obtenir son permis, et même avant, avoir les jambes assez longues pour atteindre les pédales.
Heureusement pour les Elfes, ils sont naturellement programmés pour l'amour tantrique, tandis que les Humains ont besoin d'années d'entraînement.
Le fait que les Elfes n'aient pas de mariage officiel est également source de malentendus. La véritable raison est que ce qui compte pour eux, c'est l'échange d'énergie entre les deux amants. Cela leur suffit pour définir un couple, même chaste (ce que nous appelons l'amour platonique) et même non mariés. Les autres Elfes ressentent ce lien énergétique, et très bien, car ils n'interprètent pas ce qu'ils voient selon de fausses «conventions sociales». Ils s'intéressent à l'authenticité, et non aux apparences. C'est pourquoi ils peuvent savoir qu'un couple est marié sans l’entendre dire, simplement parce qu'ils échangent de l'énergie.
Ou bien, on se couche célibataire, pour se lever marié. Une seule nuit suffit à remodeler les systèmes des deux partenaires, afin qu'ils fonctionnent ensemble, pour des résultats et un bonheur supérieurs.
Les Elfes font souvent une cérémonie de mariage, mais c'est une célébration du bonheur, pas l’engagement: l'engagement est pris lors de la création du lien énergétique. Par la célébration, ils enrichissent l'égrégore commun du couple, attirent des bénédictions spirituelles, et pour d'autres raisons. En bref, il s'agit de renforcer le couple, et non de modifier ses droits ou son statut.
Habituellement, les Elfes sont monogames et hétérosexuels. Mais il existe des exceptions. Elles sont considérées comme déconseillées. Cependant, la société elfique est une société libre, de sorte que ces unions sont respectées de la même manière que les autres.
Et elles sont aussi des échanges d’énergie.
Quant à l'amour entre un Humain et un Elfe, il n'est possible qu'avec le protocole associé au Listal. Bien que le tissus blanc ne soit qu'une déclaration d'intention. En effet, il arrive que le protocole soit déclenché sans le Listal, voire sans que le partenaire humain le sache, comme ce fut le cas avec Lilian. Ce qui rend l'union toujours univoque et infaillible, c'est qu'elle se décide dans le Mithlon, l'espace interpersonnel, ou conscience interpersonnelle, où se trouvent également les esprits des lieux, les égrégores et le Logos Planétaire. Les Humains n'ont généralement pas accès à la conscience interpersonnelle, car ils sont trop souvent prisonniers de leur cerveau individuel, de par l’attachement de leur égo. Cependant, même chez les Humains, l'enthousiasme collectif provoque parfois des explosions de cette forme de communication.
Que l'amour avec un Elfe puisse convertir un Humain en Elfe n'a rien de mystérieux. Devenir Elfe n'est en effet pas difficile en soi, ni ne requiert de qualités particulières (même des animaux le font). Cependant, dans le Nyidiath moderne, un siècle de dictature capitaliste matérialiste érigée en système moral, a glorifié le durcissement de l'ego, tout en autorisant toutes sortes d'opinions et de névroses présentées comme «notre véritable personnalité». La principale difficulté pour les aspirants réside alors dans les opinions qu'ils se forment sur le processus, et surtout dans leur désir frénétique de le contrôler. Une forme d'arrogance spirituelle qui les bloque souvent complètement. D'autres obstacles spirituels plus subtils, dressés par un ego puissant, sont l'attachement au résultat, une attention tendue et, finalement, l'ego qui mime les réalisations. En bref, il est devenu beaucoup plus difficile de devenir un Elfe aujourd'hui! D'où le besoin de théories, de formations et d'explications détaillées, pour quelque chose qui se produisait autrefois naturellement, sans besoin d'analyse ni de contrôle.
Certaines de ces opinions avaient même grossi en mouvements organisés, comme la croyance absurde selon laquelle ne pas manger de gluten ferait devenir un Elfe. Ou que les ordinateurs seraient incompatibles avec les Elfes, et donc que les Elfes de l'Arlit seraient de faux Elfes! (Les gauchistes ajoutent: «exploitant les Elfes de l'Undar»). D'autres, bien plus dangereuses, se développaient silencieusement, comme la promotion de drogues pour devenir Elfe (Echec garanti dans tous les cas, pouvant même rendre l'état d’Elfe à jamais impossible à obtenir). Ou pire, «expliquer» l'état elfique par un «feu d'artifice de neurotransmetteurs», faisant croire que les Elfes sont sous l'effet permanent de drogues. Une idée aussi vicieuse et désespérée est néanmoins soutenue par de véritables scientifiques.
À l'époque de cette histoire, les anciens Elfes décourageaient les jeunes Elfes du Dauriath de se porter volontaires pour aider un humain par la voie de l'amour (la voie rapide). C'est pourquoi si peu de gens visitaient la communauté où vivait Ruslan. En effet, ces volontaires prennent un risque énorme, de graves souffrances, voire la mort, comme nous l'avons vu avec Ludmila, si leur humain bloque le processus. Ce qui peut arriver du jour au lendemain, avec des aspirants encore instables et soumis à leurs opinions. Là encore, ce risque n'existait pas à une époque bien plus simple, sans le chaos actuel des idéologies politiques et des fausses philosophies.
Tout cela explique pourquoi les Hauts Elfes du Dauriath ont consacré la majeure partie de leurs efforts à expliquer l'état elfique, l'amour elfique et le fonctionnement de la transition. Ils ont découragé les candidats d'espérer une transition rapide par le mariage. Si c'était si facile, il leur suffisait de faire venir des milliers de jeunes Elfes et Elves du Dauriath. Au lieu de cela, ils préfèrent expliquer la voie lente, par de patients exercices et méditations.
Bien qu'il y ait des exceptions, comme pour Ruslan. Comme il l'a constaté, ses luttes constantes contre les forces du mal lui ont donné le karma de la voie rapide, en rencontrant Weena. Et Amaleen ne pouvait manquer de voir dès le début qu’il était davantage prêt que la plupart. De plus son épreuve chez les gauchistes avait nettoyé toute arrogance et illusions.
FIN
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Scénario, dessins, couleurs, réalisation: Richard Trigaux (Sauf indication contraire).
Modified in 2024
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