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De la science-fiction à la façon de Jules Verne: avec les données scientifiques actuelles, et des personnages généreux.
Les imprimantes 3D sont un simple développement technologique, qui a pourtant pris les auteurs de science fiction au dépourvu: très peu avaient anticipé, en particulier leurs utilisations en biologie. Il est donc temps que les artistes et les visionnaires reprennent le leadership, et montrent qui est le boss.
La planète Typheren avait tout pour développer la vie. Elle ressemble beaucoup à la Terre: le ciel est bleu, la pluie bat les roches de granite, les rivières poussent les sédiments vers la mer, le vent froufroute dans les dunes. Mais un défaut chimique mineur a tout fait rater: nulle herbe, nul insecte, même pas la moindre bactérie. Nul oeil n'admirera ses paysages, nul pied ne jouira du frôlement de l'herbe.
Mais un jour...
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Typheren était une grande et belle planète, avec toutes les conditions requises pour l'apparition de la vie.
Elle avait reçu à peu près la même composition et éléments que la Terre. Juste qu'elle était environ 2 fois plus massive. Ce qui donnait une gravitation en surface de 1,26 g, et une pression atmosphérique de 3,2 bars d'azote, avec un peu de dioxyde de carbone. Elle était idéalement placée sur une orbite stable et circulaire autour de son étoile mère, juste un peu plus petite que notre soleil. Ce qui donnait une température chaude et stable, parfaitement adaptée à la vie.
Elle avait deux lunes. La plus petite, Lizun, était sur une orbite proche, de sorte que ses phases se déroulaient en seulement quatre jours, et les changements étaient visibles dans la journée. Mais elle était trop petite pour faire des éclipses totales. La deuxième lune, Taraan, orbitait plus loin que la première, mais elle était aussi grande et rougeâtre que Mars, de sorte qu'elle apparaissait plus grande que notre Lune dans le ciel, et elle pouvait faire des éclipses totales. Les nuits avec Taraan étaient plus claires que nos nuits de pleine Lune, mais avec une teinte dorée. Plusieurs autres planètes de ce système étaient visibles, l'une encore plus brillante que Vénus, avec également une petite lune visible à l'œil nu.
Après un demi-milliard d'années d'évolution, Typheren était à l'étape où les continents commencent à se former. Mais elle était encore essentiellement une planète océanique, avec des chaînes d'îles volcaniques de différentes tailles, dont certaines aussi grandes que le Japon.
Le ciel de Typheren était bleu comme sur Terre. Tout comme sur Terre, les vents et les tempêtes poussaient les nuages et la pluie, parfois des typhons. L'absence de barrières montagneuses laissait les vents d'ouest ou d'est souffler librement sur les océans sans limites, comme dans nos quarantièmes rugissants du sud de la Terre. Ainsi, les zones climatiques étaient nettement plus définies que sur Terre, et de grosses vagues se croisaient en permanence sur les océans.
Les terres émergées étaient aussi très semblables avec la Terre. La pluie lavait montagnes et rochers, tandis que des rivières les érodaient, portant des cônes alluviaux sur les côtes. Il y avait des plaines, des collines et des vallées, des lacs et des marais.
L'une des plus grandes îles, ou germe de continent, était Yoko, peut-être grande comme la moitié de la France. Sur la côte est, se tenait une chaîne de montagnes, les monts Shamal, entourés de plaines de sable et d'argile. Sur la côte ouest, une autre chaîne de montagne était en formation: les roches cristallines dures n'émergeaient pas encore, mais elles poussaient déjà les roches plus tendres, formant des arêtes parallèles de calcaire. Vers le nord, Yoko se continuait par une longue péninsule et un archipel parsemé de quelques volcans actifs.
Parfois, la nuit, d'étranges lumières bleues étaient visibles, à deux ou trois endroits au pied des monts Shamal. Le jour, ce lieu apparaissait comme des blocs de granite gris, avec une petite rivière coulant entre. Le soir... approchant, nous ne voyons rien de spécial. Mais tout à coup l'eau se mettait à bouillonner et à siffler. Et, pendant quelques minutes, une vapeur bleue luminescente tourbillonnait au-dessus du ruisseau, tandis que l'eau bouillait violemment, jusqu'à ce que le lit de la rivière fut à sec. Ensuite, le phénomène s'arrêtait comme il avait commencé, avec le grésillement de l'eau tentant de reconquérir le lit brûlant de la rivière. Sur une planète jeune de seulement un demi-milliard d'années, le taux d'uranium fissile est encore assez élevé pour permettre aux mines d'uranium de fissionner spontanément, dès que de l'eau coule dessus.
Dans ces terres, on ne voyait que le ciel, l'eau, les rochers, le sable et la boue. Il n'y avait pas d'arbres, pas un seul brin d'herbe, pas même de lichens sur les roches. Ces terres étaient pluvieuses et humides, mais pourtant encore plus désertes que le Sahara.
Ce monde étrange, apparemment familier et pourtant si différent, était comme la Terre à la fin de l'âge Hadéen, il y a 4 milliards d'années.
Cependant il y avait une énorme différence.
Pas très visible encore à ce stade de l'évolution de la planète, mais fondamentale.
A la fin de l'âge Hadéen, les océans de la Terre grouillaient de bactéries. Des bactéries primitives certainement, simples protobiontes sans influence sur la géologie de la planète. Mais le premier chromosome individuel, cet objet de taille submicronique, est apparu à ce moment, et cette molécule unique était sur le point de commencer la fantastique aventure de la vie, son évolution incroyable et ses innombrables branches et espèces, trimant le long des interminables 3,5 milliards d'années des éons Archéens et Protérozoïques, pour fleurir aujourd'hui dans l'intelligence, la beauté, l'amour et la spiritualité.
Rien de tel sur Typheren.
Typheren était une planète totalement sans vie. Elle avait complètement raté dès les toutes premières étapes.
La raison en était quelques petites bizarreries de chimie: trop de soufre avait rendu les océans trop acides, avec de l'acide sulfurique. Avec le temps, cette condition défavorable s'était dissipée, mais dans le même temps la matière organique avait disparu elle aussi, déposée en kérogène et enterrée sous des centaines de mètres d'argile, interdisant toute nouvelle chimie de la vie dans les océans hautement séléniteux. Cette tentative était un échec total.
C'était triste.
C'était triste, parce que la dune orange sous le ciel bleu, bruissant doucement du plaisant vent chaud, ne verrait jamais une seule fleur se balancer. Elle ne serait jamais perturbée par un pied nu, moite de l'émotion sensuelle de vivre. Cet air chaud lui-même serait pour toujours irrespirable et incapable de soutenir toute vie animale, sans même parler de quoi que ce soit ressemblant à un cerveau.
Douze milliards d'années ce soleil pourrait briller, douze milliards d'années la lune blanche et la lune rouge pourraient danser dans le ciel bleu, il n'y aurait jamais d'œil enchanté pour les admirer.
Il n'y aurait jamais de jolis cottages de chaume dans les vallons fleuris. Il n'y aurait jamais de trains puissants fonçant comme des flèches dans la campagne, il n'y aurait jamais de fusées rugissant dans le ciel pour explorer les autres planètes de ce système. Il n'y aurait jamais d'amour romantique, de brillants scientifiques, de saints admirables, même pas de gens ordinaires juste heureux de maintenir leur maison et leur jardin accueillant tous les jours.
Jamais.
Jamais? Mais qui a donné son nom à Typheren, alors?
Sur Typheren, la planète sans vie, cette journée sur la côte sud du continent Yoko était juste une journée comme des milliards d'autres journées. Les vagues de l'océan bleu foncé roulaient sur la plage, au bout d'une longue plaine de sable orange. Plus loin, de douces collines roulaient, jusqu'à la ligne mauve des monts Shamal dans le ciel bleu. C'était une journée ensoleillée parfaite, chaude, sans vent ni un seul nuage.
Ce matin, la petite lune Lizun était passée devant la grande lune Taraan, en seulement une vingtaine de minutes, petit croissant blanc sur le grand croissant rose. Maintenant, avec l'après-midi, elles descendaient toutes les deux sur l'horizon ouest, que le soleil approchait aussi.
Mais nul œil ne se réjouissait de cette vue parfaite. Pas une seule plante dans le désert, malgré les nombreux cours d'eau. Pas de maisons, pas de villages, pas de gens. Juste du sable, de l'eau et du ciel. Un autre jour silencieux passait, après des milliards de jours tous identiques, et avant beaucoup d'autres milliards.
Tout à coup, un point de lumière apparaît dans le ciel, au-dessus de l'horizon est.
Qu'est ce que ça peut être? Une météorite? Cela arrivait souvent dans ce jeune système solaire. Mais celui-ci est plus lent que la plupart des météorites, et plus persistant. Il scintille pendant environ deux minutes, puis disparaît.
Mais le revoilà, cette fois près du zénith. Il ne se déplace plus, mais il se rapproche. Un bang supersonique confirme que ce n'est pas une simple lumière, mais bien un objet solide, émergeant des profondeurs obscures de l'espace, et se rapprochant rapidement.
Maintenant, c'est clairement un grand objet, suspendu et oscillant dans le ciel. Ou plutôt trois choses, encore indistinctes. Plusieurs autres petits objets tombent dans le voisinage, avec des traînées de fumée et des bruits de chute.
Lentement l'objet principal de rapproche, et il apparaît clairement comme une petite forme sombre suspendue à trois grands parachutes. Bientôt, ces trois grands parachutes planent majestueusement sur la plaine... jusqu'à ce que leur cargaison touche sur le sol dans un nuage de poussière. Puis ils se dégonflent et retombent à proximité.
En approchant, nous pouvons mieux voir cet objet. Il a une forme parallélépipédique arrondie, avec diverses bosses et boîtes autour, montée sur huit roues. Un sifflement de moteur électrique, et un mât se déploie, portant une caméra et d'autres instruments. Pendant environ une heure, il analyse l'air, ou examine des images, tout en se tenant juste sur ses roues.
Il n'y a personne dedans. Il a même été complètement stérilisé. C'est une machine robotique entièrement automatisée, capable de se comporter de sa propre initiative, et de s'adapter aux circonstances. Qui l'a construit? Qui l'a envoyé? Nous ne le saurons probablement jamais. Ce n'est pas important de toutes façons: ces personnes sont mortes, ou disparues, depuis des dizaines de milliers années qu'il a fallu à cette machine pour traverser les abîmes insondables entre les étoiles. Ce qui nous intéresse est ce qu'il va faire ici et maintenant.
Jusqu'à la tombée de la nuit, rien de nouveau ne se passe, sauf des bras robotiques prélevant des échantillons du sol, ou des tirs de laser sur des cailloux et des dunes à distance. Plus tard dans la nuit, Lizun se lève.
Au lever du soleil, Lizun est pleine, tandis que Taraan est encore un croissant rouge.
Un doux bourdonnement émane maintenant de l'objet. Il a de la rosée sur les roues, mais pas sur le corps principal, qui est chaud. Apparemment, des machines ont été mises en ordre de marche pendant la nuit, puis démarrées. Très probablement, il dispose d'un générateur thermonucléaire à l'intérieur, se nourrissant de l'humidité de l'air.
Peu après le lever du soleil, le robot se déplace brusquement sur ses roues. Il ne va pas très loin, explorant les environs, prenant des échantillons de roche ou d'eau. Une de sa visite est pour l'océan. Probablement il n'aime pas l'eau séléniteuse, mais il continue. Le soir, il se dresse sur une petite colline, et attend que Taraan soit couchée. Il profite alors de l'obscurité pour tirer au laser sur des collines plus lointaines, et même vers les monts Shamal au loin.
Le deuxième jour, il n'y a aucune activité apparente, le robot se tient toujours sur ses roues au sommet de la petite colline, comme pour profiter du vent frais du matin. Mais à l'intérieur...
Sur Typheren, la planète sans vie, un étrange rover robotique a atterri, venu d'un monde inconnu au-delà de l'abîme de l'espace interstellaire.
A l'intérieur du rover robotisé, une section entière est dédiée à la chimie. L'air est respiré, des échantillons de sol et d'eau sont traités. Une première rangée de réacteurs forme des alcools et de l'ammoniac, à partir de l'air et de l'eau, ou ils extraient du sol des éléments tels que le phosphore. Chaque réacteur n'est pas plus gros qu'une noix, mais ils travaillent en continu. Puis de minuscules tuyaux envoient les produits dans un bloc, pas plus grand qu'une casserole, mais où des milliers de tuyaux encore plus petits, des vaisseaux, des valves et des pompes ont été gravés en utilisant les techniques des circuits intégrés.
Là, d'autres composés sont synthétisés, en petite quantité, mais dans toute la variété nécessaire: sucres, graisses, acides aminés, acides nucléiques ...
Des acides nucléiques? Mais que fait donc cette machine????
A l'intérieur du petit bloc, des centaines de tuyaux minuscules et de fils électriques mènent vers un dispositif encore plus petit, de seulement quelques millimètres de long, ressemblant à un circuit intégré ...
Et à l'intérieur, tous ces tuyaux et ces fils convergent à nouveau, en une étoile encore plus petite, vers une chambre de taille micronique, remplie d'eau...
Des fils et tubes à l'échelle nanométrique ont été créés en utilisant des microscopes à force atomique, manipulant les atomes un par un... ils convergent de nouveau vers une grande molécule synthétique... une nanomachine, une molécule entièrement artificielle bougeant et se comportant sous le contrôle exquis d'impulsions électroniques! Elle tourne constamment sur elle-même, tandis que des bras prennent en charge les molécules entrantes d'acides nucléiques et d'acide ribonucléique, et les poussent en place en un tourbillon...
Et un brin commence à se former...
Un brin d'ADN!
Cette chose est un ribosome artificiel commandé par ordinateur!!
Et il crée un chromosome! Il faut des heures pour le former, mais il le fait jusqu'à la fin. Et tous les gènes qu'il contient sont transcrits à partir de fichiers informatiques stockés dans l'énorme base de données de la mémoire du rover!
D'autres nanomachines forment d'autres molécules, y compris de vrais ribosomes naturels.
Après environ deux jours, c'est une cellule complète en ordre de marche qui est entièrement synthétisée à partir de simples fichiers de données, une copie fidèle d'une cellule naturelle, qui existait il y a des dizaines de milliers d'années et de nombreuses années-lumière plus loin, dans l'ancien monde du rover... Qui avait pu entreprendre un travail aussi fantastique, dont ils ne verraient jamais le résultat, même pas savoir si cela a fonctionné? Ce doit être des gens admirables...
Lorsque la cellule est terminée, la première chose ayant jamais vécu sur Typheren, elle est soigneusement détachée des nanomachines artificielles, et envoyée dans une autre chambre, tandis que la synthèse d'une cellule différente commence immédiatement.
Cette première cellule reçoit de la lumière, de l'alimentation, des fluides et des hormones de croissance. Elle se divise bientôt, et en quelques jours elle forme une sorte de bourgeon, avec clairement un haut et un bas. Bientôt le haut devient feuilles et le bas racine.
L'ensemble du cycle dure environ douze jours, où plusieurs plantes sont synthétisés, ainsi que la variété indispensable de bactéries du sol et de champignons. Tout ce qu'il faut pour un petit écosystème de prairie...
Enfin, un bras robotisé pose soigneusement le centimètre d'écosystème nouvellement créé à l'extérieur du rover, sur le sol, et arrange des cailloux et du sable autour, afin de les garder humides, tout en étant exposés au soleil.
Puis, soudain, le rover robotique s'en va vers les montagnes, laissant la nouvelle vie sans surveillance. Mais les êtres de la nature ne sont-ils pas capables de prendre soin d'eux-mêmes?
Oui, ils sont, et environ 60 jours après que le rover soit parti, les premières fleurs s'ouvrent, au-dessus d'une petite touffe de plusieurs espèces différentes d'herbe, des fougères, et même un petit arbre. Moins visible, mais aussi important, les bactéries du sol commencent à décomposer les feuilles mortes, fixer l'azote, extraire les oligo-éléments, et toutes les choses compliquées et subtiles nécessaires à la vie, si évidentes que nous ne pensons même pas à elles. Mais sur une nouvelle planète, tout cela doit être entièrement recréé, ce qui demande beaucoup plus de travail que les grandes plantes.
Et tout ça à partir de simples fichiers informatiques...
Sur Typheren, la planète sans vie, un étrange rover robotique a atterri, venant d'un monde inconnu au-delà de l'abîme de l'espace interstellaire. Après avoir créé les premiers chromosomes à partir de fichiers informatique dans sa mémoire, il a planté la première herbe, la toute première chose vivante sur ce monde stérile. Puis il a laissé cette petite touffe prendre soin d'elle-même, pour un autre endroit dans les montagnes au loin.
Les Monts Shamal ne sont pas très hauts. Ce sont plutôt des collines de roches différentes, sédimentaires, volcaniques ou plutoniques, entrecoupées de vallées et de rivières. Depuis plusieurs semaines, le rover explore, en prenant des échantillons de roche, suivant prudemment les pentes douces et évitant les plus raides. Probablement il est à la recherche des minerais, mais sur une jeune planète émergeant à peine de l'âge Hadéen primal, il n'y en a pas beaucoup. Plus probablement le robot fait une évaluation complète de l'histoire géologique du lieu, pour tenter de prédire son évolution future.
La nuit, quand aucune des deux lunes n'apporte de lumière, le rover reste immobile sur quelque endroit surélevé. Il déploie une antenne UHF. Nous comprenons vite pourquoi: haut dans le ciel, une étoile se déplace lentement à travers les constellations anonymes. C'est le Père, son vaisseau spatial, qui est resté en orbite, consacrant son temps à une exploration géographique complète et des prévisions météorologiques extensives. Plusieurs fois, il met en garde la Mère de mauvais temps en approche. Le Père envoie également des modèles météorologiques saisonniers et des données astronomiques.
Tous les dix jours environ, le rover Mère se rend en quelque endroit, pour y établir un nouvel assortiment d'herbes et de bactéries, et les disposer soigneusement pour un bon départ dans la vie. Maintenant qu'elle a des prévisions météo fiable, elle sait quand les déposer.
Un jour, elle se rend tout d'un coup dans un endroit choisi. Elle a maintenant une carte détaillée des lieux, grâce aux photographies 3D envoyées par le Père.
L'endroit choisi, qui sera plus tard appelé Pricit (pour Prime Cité), est une zone plate de grès ferme, entre deux petites vallées qui convergent vers le sud. Côté nord, de petites collines roulent, et plus au nord les premiers Monts Shamal. Beaucoup de roches colorées font supposer la présence de minerais.
Un nouveau bras robotisé, pas encore utilisé, émerge du rover. Il a une tête métallique en alliage de tungstène. Des mâchoires lui permettent de saisir des matériaux du sol. Une fois ceci fait, elle se tient en l'air, et de la fumée sort de la tête de tungstène. Après une minute, la tête est abaissée à nouveau vers le sol, et son contenu expulsé en crépitant: la roche en fusion, enrichie d'air sous pression, forme un coussin de matière mousseuse, qui se solidifie rapidement et reste tel quel. Ensuite, de nouveau matériaux sont prélevés du sol, et fondus à leur tour.
Chaque minute environ, une nouvelle charge de roche fondue est ajoutée à une forme qui croît. C'est une sorte d'imprimante 3D brute, qui construit lentement un abri pour la pluie, à partir d'argile locale!
Pendant des jours et des nuits la mère travaille, à la construction d'une voûte elliptique au-dessus d'un endroit protégé, jusqu'à ce que seule une ouverture reste. Puis elle ferme cette ouverture avec son propre corps.
Divers bruits métalliques s'entendent pendant des jours, tandis que de la fumée se dégage de sous Sa forme. Probablement Elle a d'autres imprimantes 3D, mais pour créer des métaux. Elle a besoin de traiter le sol lui-même, n'obtenant guère que du silicium, de l'aluminium et seulement un peu de fer. Ce n'est pas l'alliage optimal, mais il est abondant, et elle n'a qu'à faire des formes plus robustes.
Lorsque ce travail est terminé, il apparaît comme une sorte de machine à fraiser. La Mère a des têtes d'impression 3D pour les métaux, mais cela pouvait ne pas être suffisamment précis pour les pièces tournantes ou les éléments de machines, d'où la nécessité d'une fraiseuse et d'un tour. Et encore ces machines n'ont pas de moteur, de sorte qu'Elle doit les faire tourner Elle-même lors de leur utilisation.
Une autre semaine est consacrée à la construction d'un deuxième abri et de son contenu, une sorte de machine polyvalente de construction mécanique.
Elle doit encore en construire plusieurs autres, avant d'être en mesure de démarrer une première production utile.
Sur Typheren, la planète sans vie, un étrange rover robotique a atterri, venant d'un monde inconnu au-delà de l'abîme de l'espace interstellaire. Après avoir créé la première herbe, la toute première chose vivante sur ce monde stérile, il s'est mis à construire des abris et des machines.
Environ un an après, les taches d'herbe qu'elle a créées se sont propagées sur environ un mètre chacune, et de petits arbres tendent leurs premières feuilles vers le ciel. En un de ces endroits, la roche grise montre une coloration rougeâtre au contact de l'herbe: l'oxygène l'a oxydée! Mais nous sommes encore très loin d'une atmosphère respirable.
Dans Pricit, la Prime Cité, une douzaine d'abris en forme de cloportes abritent autant de machines, chacun une différente. Mais la Mère doit encore les faire fonctionner elle-même, de par l'absence de toute énergie locale. La capacité de production est très faible, inférieure à celle d'un travailleur humain. Cependant, elle dispose maintenant d'une variété de moyens et de matériaux, y compris une unité de filage et tissage de fibres de verre pour la fabrication de câbles électriques. En plus, elle travaille jour et nuit, jamais fatiguée, sans jamais avoir faim.
La construction d'un tissu industriel complet à partir de rien n'est pas une tâche simple. Sur Terre, quand il manque une pièce, nous allons au magasin, et quelque part dans le monde une quelconque usine a construit cette pièce pour nous. Mais rien de tel dans un monde où il n'y a que des pierres et du sable. Tout doit être fait sur place, d'une simple vis à un composant informatique complexe.
Alors elle commence la première production: des panneaux solaires. Mais cela ne suffit pas: pour utiliser l'électricité il faut des moteurs électriques. Et pour des moteurs électriques, il faut des tôles de fer, des fils de cuivre, des isolants en fibre de verre, de la graisse, etc. Et des d'abris assez solides pour protéger tout cela de la poussière et de la pluie. Faute de pétrole, la Mère doit créer du silicone pour protéger les toits de la pluie.
Et l'électricité ne fonctionne pas seule: il faut de l'électronique de commande. Mais cela nécessite de grandes usines de production de matériaux hautement purifiés et de circuits minuscules. Ainsi, les premières productions furent... des relais. Des automates primitifs encombrant, plus grands que les machines qu'ils contrôlaient, et tout juste capables de tenir compte des réactions.
Et tout cela dans un monde où n'existent ni charbon ni pétrole, où les minerais sont rares et loins, de sorte qu'elle doit extraire le cuivre de la roche locale, au prix d'une grande dépense de sa propre énergie.
Donc, tout cela a pris plusieurs années, avant qu'une machine utilisable puisse fonctionner par elle-même, sans que la Mère la commande et la fasse tourner. Et la première production fut... des pièces de machine, afin d'améliorer ces premières créations.
Nous ne serons donc pas étonnés de voir la première herbe se répandre de plus en plus, sur une centaine de mètres maintenant, tandis que les premiers arbres formaient des buissons. La Mère a lentement continué son travail de synthèse de nouvelles espèces dans son utérus de métal, et parfois, Elle s'échappait de Ses créations industrieuses, errant dans les collines pour y fixer de nouvelles semences.
Maintenant, des fleurs se balançaient dans le bruissement de la chaude brise, sous le soleil et le ciel bleu... Mais il n'y avait encore personne pour les admirer.
Sur Typheren, la planète sans vie, un étrange rover robotique a atterri, venant d'un monde inconnu au-delà de l'abîme de l'espace interstellaire. Après avoir créé la première herbe, la toute première chose vivante sur ce monde stérile, il s'est mis à construire des abris et des machines.
Environ un siècle fut nécessaire pour avoir un vrai tissu industriel dans Pricit, la Prime Cité. Le rover Mère devait aussi gérer Sa propre usure, sachant que si Elle échouait, Elle n'aurait pas de seconde chance.
Elle avait donc ordonné à Ses serviteurs robotiques de Lui construire un abri, où Elle n'avait plus besoin de Se déplacer sur les terrains accidentés. Il était grand temps, car Ses roues étaient fortement cabossées, Ses bras robotiques usés, et même l'un d'eux cassé. Seuls Ses ordinateurs restaient vifs, continuant à faire marcher en ordre la nouvelle Cité des Machines. Ce bâtiment a été connu plus tard comme le Temple de la Mère, mais il n'a jamais eu de fonction spirituelle.
Ce «temple» était un bon et solide bâtiment en grès jaune de carrière, capable de résister à de forts séismes. Les toits étaient recouverts d'une épaisse couche de silicone doré, brillant au soleil. Le sol intérieur était de granit rose poli, et les portes et accessoires intérieurs de polyéthylène blanc ou d'acier inoxydable. Dans un sens, c'était un style familier, quoique mêlant étrangement l'antique et le futuriste, comme dans un roman de science fiction des années 1950. Il lui manquait de toute façon la chaleur des bois et des peintures pour le rendre confortable aux humains.
Il était entouré d'un champ de cellules photovoltaïques et d'autres bâtiments secondaires. Les câbles électriques avaient été posés à même le sol, jusqu'à des éoliennes en haut des collines. Les premiers bâtiments de roche fondue avaient été démolis depuis longtemps, leurs premières machines obsolètes de toutes façons. Seul le premier avait été maintenu en place, comme un mémorial.
A la place, de grands bâtiments industriels s'étendaient tout autour, pouvant fabriquer n'importe quoi: acier, pièces de machines, moteurs électriques et composants, ordinateurs, huiles, plastiques, isolants, produits chimiques. Cependant, ces bâtiments étaient différents des formes carrées brutes que nous avons sur Terre: tout en formes courbes et ondulées. Ils devaient cela aux grandes imprimantes 3D qui les avaient construits, sans besoin de feuilles plates ou de poutres droites imposant leurs formes carrées. Mais cela était aussi visiblement un choix esthétique, évident dans la disposition des lieux, arrangés de façon régulière, avec des chemins courbes, des pelouses, des arbres, des parterres de fleurs.
Les imprimantes 3D utilisées pour la construction de ces grandes structures étaient de robustes grues montées sur roues, avec un mât télescopique. Elles pouvaient fonctionner comme des grues pour manipuler de grandes pièces, mais en plus d'un crochet, elles avaient une tête d'impression 3D, capable d'atteindre le sommet des plus hauts bâtiments. Le plus souvent cependant, les formes étaient créées au sol avec des machines plus petites, et hissées en place par les plus grandes.
Ces grands bâtiments pouvaient accueillir de grosses machines pour la production de tôles d'acier, de pales d'éoliennes, ou de pièces complexes tels que des circuits électroniques. Pas encore de circuits intégrés, mais à ce stade ce n'était pas un vrai inconvénient d'avoir des ordinateurs gros comme des maisons.
Plus loin sur les collines et au-delà dans la plaine, l'herbe et les fleurs se répandaient maintenant sur des kilomètres. Même les arbres avaient grandi au-dessus des lieux d'ensemencement d'origine, créant de petites forêts locales avec des fougères et des mousses dans les sous-bois. Des rovers secondaires avaient été construits, apportant d'autres graines, d'autre biodiversité. De sorte que de nombreuses fleurs, fougères et champignons ornaient maintenant les sous-bois. Tout cela semblait maintenant si Terrien... mais toujours totalement silencieux: pas d'animaux, pas un seul insecte ne pouvait vivre ici, par manque d'oxygène. Mais son niveau était maintenant détectable dans l'air, et quelques rochers montraient une oxydation rougeâtre sur leur surface.
Ces rovers secondaires rendaient aussi visite à l'océan, pour y jeter de nouvelles graines d'algues microscopiques: la Mère, bien qu'immobile et handicapée dans son temple, continuait à synthétiser activement de nouvelles formes de vie. Et le monde sous-marin serait probablement le premier avec suffisamment d'oxygène pour les animaux de mer y vivre.
D'autres rovers automatiques en forme de bulldozers traçaient les routes vers d'autres endroits du continent Yoko, et commençaient à y construire des villes secondaires. Parce que ce monde était un très jeune monde, et la probabilité d'une chute de météorite cataclysmique était encore très élevée. De sorte que tout ne devait pas être au même endroit.
Sur Typheren, la planète sans vie, un étrange rover robotique a atterri, venant d'un monde inconnu au-delà de l'abîme de l'espace interstellaire. Après avoir créé la première herbe, la toute première chose vivante sur ce monde stérile, il a construit Pricit, une puissante ville industrielle robotique, arrangée comme un merveilleux jardin.
Oui, mais dans quel but?
Trois siècles après l'atterrissage, le rover Mère repose dans son propre logement et bâtiment central, le Temple. Il est entouré d'une ville industrielle où tout peut être fabriqué, y compris des circuits intégrés. Les routes mènent à plusieurs autres villes similaires, et il y a même un chemin de fer en construction. Les méthodes rudes du début ont dû être remplacées par d'autres méthodes plus écologiques.
Oui, écologiques, car les forêts couvrent désormais les collines au-dessus de Pricit, la Prime Cité. Les machines doivent maintenant empêcher les arbres et les herbes d'envahir Pricit. Elles gèrent la Cité des Machines comme une sorte de jardin, avec des pierres, des fleurs, des arbustes et des arbres semés dans les pelouses entre les bâtiments.
C'est une vision très étrange, que cette ville et ce jardin d'apparence si terrestre, mais totalement silencieux: personne n'y marche, pas d'oiseaux, pas même un seul insecte. Seules les machines vont et viennent, accomplissant quelques mystérieuses besognes. Elles sont la seule source de bruit, avec le sourd grondement de unités de production émanant des élégants bâtiments blancs et courbés. De petits robots jardiniers s'affairent autour des parterres de fleurs, de plus grands chariots élévateurs autonomes portent diverses charges le long des allées sinueuses, des éoliennes balancent leurs bras à l'horizon, d'agiles robots de prospection courent, à moins qu'ils ne soient immobiles, occupés à quelque mesure. Mais pas une seule personne, aucun but apparent pour une si énorme entreprise automatisée...
Avec ses assistants informatiques gérant désormais seuls la Cité des Machines, et capables de produire n'importe quoi qu'Elle demande, la Mère peut maintenant se consacrer entièrement au PROJET. Peut-être allons nous enfin découvrir le sens de toute cette activité et multiples constructions!
Le Projet a déjà commencé il y a des années, avec la synthèse de semences de légumes, épices, céréales et arbres fruitiers. Maintenant, les robots jardinier les cultivent et multiplient dans des serres, des vergers ou des champs autour de la ville. Les récoltes ne vont à personne, et elles sont recyclée au compost. Mais des stocks sont faits de tout ce qui peut être conservé, comme les graines. Il y a même une petite usine de conserves, avec un entrepôt, pour des céréales, des confitures ou des biscuits secs! Il y a aussi un atelier de couture avec des colorants, des métiers à tisser et des machines à coudre, stockant... draps et vêtements. Ces machines sont-elles en train de préparer le débarquement d'astronautes? Aucun signe de quoi que ce soit de ce genre cependant, et dans le ciel nocturne seul le petit point du Père poursuit ses études géologiques solitaires et ses prévisions météo.
La plupart des bâtiments industriels du début, obsolètes ou usés, ont été éliminés du voisinage du Temple, sauf certains qui sont toujours conservés aujourd'hui comme mémorial. Cet endroit est devenu très agréable, avec des pelouses, des fleurs, des arbres et d'élégant bâtiments, cintrés et de belles couleurs. Les allées sont utilisées par des robots de taille humaine, d'abord sur roues, puis plus tard sur jambes, car les progrès de l'électronique permettent maintenant des ordinateurs miniatures. Ils se parlent même entre eux, mais à la manière des robots: de courtes rafales de sons de modem codant pour des données numériques. C'est très étrange d'entendre une telle conversation: WHIIIZ Bzzzt WWHHIZZ, et l'un des robots part faire la course commandée, ou démarre une action.
De grands robots sur roues, de la taille d'un gros chariot élévateur, avec des bras extra longs, créent les formes architecturales les plus audacieuses, avec des têtes d'impression 3D, à l'aide de divers matériaux: béton, béton cellulaire, plastique, plâtre, peinture, argile expansée, et même du bon vieux goudron pour l'étanchéité. Ainsi ils n'ont pas besoin de grues ni de soutènement. Seuls les portes, la tuyauterie et les câbles sont maintenus en place par d'autres robots minces et agiles, avant d'imprimer la maçonnerie de béton cellulaire autour d'eux.
Mais le Projet a besoin d'un nouveau grand bâtiment, qui lui sera entièrement dédié. Les travaux ont commencé entre le Temple et les monuments. Une nouvelle structure émerge rapidement, en forme de grand coussin, blanche, avec beaucoup de fenêtres transparentes sur les côtés et sur le toit. Il est presque vide, sauf un bâtiment à l'intérieur occupant tout un côté. La partie vide est disposée en une sorte de jardin d'Eden, avec des pierres, des fleurs, des buissons, un bassin, et même de petites huttes.
Le bâtiment intérieur ressemble à un hôpital, avec des chambres et des passages. Mais l'étage du bas est empli de machines bourdonnantes, tuyauteries, voyants, portes étanches. La salle principale contient un dispositif extrêmement étrange.
A l'étage supérieur, il y a plusieurs synthétiseurs de cellules, comme ceux que la Mère portait. Elle a transféré toutes ses bases de données biologiques dans un puissant serveur de données installé au sous-sol du Temple, et dupliqué dans les autres villes. Et les synthétiseurs cellulaires reçoivent leurs données génétiques par cet Internet embryonnaire. Une centaine de types différents de cellules sont créées, puis laissées se multiplier, et enfin stockées dans des réservoirs réfrigérés. D'autres produits organiques sont synthétisés, comme du collagène, de l'os, etc. sous forme liquide, prêts à devenir solides lorsqu'ils seront mélangés avec des catalyseurs.
D'autres salles sont préparées, avec des meubles familiers aux humains, comme des tables intégrées et des lits, des sièges, des douches, des toilettes. Un jour, un grand robot mécanicien entre dans l'une des pièces arrondies. Il est tout usé et taché de diverses peintures. Et de forme vraiment pas humaine: ses trois jambes forment un trépied, ce qui lui permet de positionner précisément son bras unique. Ce dernier fait environ 2,5 mètres de long, avec deux coudes, tandis que le poignet et l'épaule pivotent à 360°. Au lieu d'une main, il a une complexe tête à peindre. En moins de quelques heures, il recouvre complètement les murs de la chambre avec de magnifiques paysages féeriques d'une beauté incroyable, aussi détaillés qu'une photographie.
Plus tard, d'autres robots d'allure plus humaine apportent des meubles de chambre et des appareils. Ce n'est pas un simple lit, il est fortement médicalisée, anti-escarres, avec des dizaines de robinets et de prises électriques.
Encore plus tard, d'autres robots apportent des pots de fleurs, qu'ils continueront à arroser tous les jours. Ils nettoient et balayent, bien qu'il n'y ait pas encore de saleté, dans ce monde neuf pas encore souillé par quoi que ce soit. Tout est fait pour de futur occupants humains être à l'aise. Oui, mais qui?
Puis, un jour, le Projet lui-même est démarré!
Tout d'abord, l'ensemble du bâtiment du Projet est placé sous atmosphère respirable. Cela comprend également un tunnel menant au Temple, l'abri des mémoriaux, et tous les bâtiments aux alentours, reliés par des tunnels également sous oxygène. Il y a maintenant une faible teneur en oxygène dans l'air de la planète, ce qui permet de l'extraire. Mais la teneur en dioxyde de carbone est encore mortelle, ce qui nécessite des précautions strictes pour empêcher l'air extérieur d'entrer dans les bâtiments du Projet. Les fenêtres sont faites de plusieurs couches indépendantes, et toutes les portes sont étanches, prêtes à partitionner les pièces intérieures en cas de fuite.
Dans la salle centrale du Projet, plusieurs robots humanoïdes de plastique blanc entrent, et se tiennent debout autour de la machine principale, comme pour assister à quelque étrange rituel. Ils parlent comme les autres robots, par de courtes rafales de sons électroniques. Ils vérifient les machines. Un compte à rebours est visible: tout doit être prêt pour les opérations complexes et précisément chronométrées qui sont sur le point de commencer.
Dans un dernier test, les robots disent chacun leur tour une phrase en langage humain! Bien sûr, ce sont des robots, qui ne montrent aucune émotion sur leur visage stylisé de plastique blanc. Et ils sont concentrés sur leurs complexes tâches techniques. Mais à leur place, je serais fasciné par ce qui va se passer maintenant.
Un moule étrange a été préparé, de silicone blanc. Imaginez que quelqu'un ait été allongé dans le silicone, et que ce silicone ait moulé sa forme humaine. Le dos, les bras, les jambes, les muscles et les fesses apparaissent en creux! Pourtant, cet étrange moule a été imprimé en 3D en plusieurs parties distinctes, comme tout moule industriel, pour pouvoir être retiré facilement. Ces formes sensuelles sont inattendues, dans ce monde mécanique.
Au-dessus, des machines complexes pendent du plafond, reliées par des centaines de tuyaux aux réservoirs à l'étage supérieur.
Le compte à rebours est presque à zéro. Les robots présents effectuent encore des tests, ou ils se tiennent immobiles, mais avec une attention profonde, regardant attentivement le moule et les machines suspendues au dessus.
A l'instant zéro, les imprimantes 3D miniatures descendent de la complexe machinerie au-dessus du moule. Mais celles-ci ne fondent pas le métal ni la roche: elles déposent des cellules vivantes une par une! Ou du collagène, du cartilage, de l'os. Toute la pièce est à une température de deux degrés, pour maintenir les cellules en vie le temps nécessaire.
Ils commencent au milieu du dos, par la pose d'une étroite bande de cellules de peau dans le moule, puis d'une couche de collagène. Puis ils synthétisent l'agencement complexe des vaisseaux sanguins, des glandes, des cellules sensitives. Une fois cette couche de peau terminée, les muscles sont ajoutés, tandis que la peau est étendue latéralement. Puis, sur plusieurs couches de collagène, ils posent des cellules de périoste, et la structure osseuse. Petit à petit, la structure des vertèbres apparaît: la colonne centrale, la Shushuma. Lentement, plusieurs couches de cellules osseuses et d'os sont déposées au-dessus des précédentes. Les têtes d'impression se déplacent rapidement, avec un fort cliquètement ou bruit de tricot, qui ne cesse d'augmenter comme la zone de travail s'étend. Toute l'opération doit être terminée en quelques heures, sinon les premières cellules mourraient! Il y a donc bientôt des centaines de minuscules têtes d'impression, et d'autres arrivent, au fur et à mesure que la couche de base de peau atteint le côté du corps et les membres. Bientôt, toutes ensemble elles font un vacarme crissant de mécanique ultra rapide travaillant sans relâche.
L'ensemble du système consomme une dizaine de kilowatts. Pour maintenir la pièce à près de zéro degrés, cette puissance doit être évacuée rapidement, par de gros tuyaux de saumure froide passant à travers les blocs moteurs suspendu au plafond. Plusieurs générateurs et autres machines auxiliaires bourdonnent et travaillent dans les pièces voisines, tandis que des centaines de minuscules tuyaux qui descendent de l'étage supérieur alimentent les imprimantes en cellules vivantes et diverses substances.
Les robots humanoïdes, tout en plastique blanc comme des infirmiers, regardent, étrangement immobiles, comme pour quelque rituel ésotérique. Parfois, les têtes d'impression se retirent, pour des contrôles. Les robots infirmiers ont des lasers, des seringues et d'autres outils intégrés dans leurs doigts, pour vérifier la bonne avance de la construction.
Couches sur couches de chair et de collagène sont ajoutées, puis des cellules musculaires. Les chemins nerveux sont tracées. Les trachées sont lancées, tandis que les veines sont maintenues ouvertes par un gel artificiel fondant à 15°C. Les intestins et les organes creux sont également créés avec un noyau de gel ferme.
Peu à peu, un corps prend forme. C'est une vision horrible mais fantastique, toute cette chair et ces organes internes coupés, ouverts, montrant la disposition complexe des veines et des nerfs. Mais la construction continue, remplissant les organes, fermant les cavités, sous le regard immobile et impassible des robots auxiliaires.
Lorsque le torse et l'abdomen sont terminés, les têtes d'impression se déplacent vers les bras, les jambes et le visage. c'est effrayant et fascinant de voir ce corps les membres écartés, comme si il était torturé ou écartelé. Mais c'est le contraire qui se passe: les jambes et les bras poussent, les veines s'étendent, les muscles sont posés sur les os nus jusqu'à ce que de la nouvelle peau les recouvre, dans le tricotement aigu et rapide des têtes d'impression 3D. A plusieurs reprises, l'une d'elle cassa, pour être immédiatement remplacée par une autre. Un de ces incidents a créé une petite cicatrice sur la cuisse, qui est encore là aujourd'hui.
Finalement, un visage apparaît. C'est un beau visage mâle, sans barbe, régulier, donnant une sensation d'honnêteté et de bonté. Un gel pourpre est déposé sur les yeux ouverts, pour que les paupières puissent être construites sans coller sur ces yeux. Le corps entier apparaît maintenant, mince et longiligne, juste légèrement athlétique, sans les excès de musculation.
Alors que les mains et les pied sont encore en cours, une nouvelle série de têtes d'impression miniatures entre en scène, pour construire le cerveau à l'intérieur du crâne ouvert, encore vide. Elles commencent à travailler avec un hurlement de mécanique subminiature ultra-rapide.
Bien sûr, elles placent des neurones vivants, parmi les tissus et les autres cellules de soutien. Mais seulement placer les neurones ne suffit pas. Il faut aussi construire le connectome, l'ensemble de tous les liens. Il code pour tous les apprentissage qu'un cerveau peut accumuler dans notre vie, comme la marche, la parole, utiliser des outils, etc.
Mais il y a une raison très importante pour laquelle les robots impassibles procèdent de cette façon: créer un cerveau déjà psychoéduqué, portant une personnalité capable de contrôler ses névroses et son égo, et donner une personne positive et heureuse, digne membre d'une société harmonieuse et pacifique. Ceci est la seule garantie d'échapper à tous les aléas de l'éducation, qui peuvent donner des personnes déséquilibrées ou dangereuses, ruinant tous les efforts pour créer une nouvelle communauté. Surtout qu'aucun enfant ne peut réellement se développer sans des parents pour montrer le bon chemin! Ainsi la création d'adultes déjà instruits contourne ce processus aléatoire et délicat.
Ceci contourne également toutes les étapes longues et fastidieuses de porter dans la matrice, prendre naissance, la croissance, l'éducation, des années à porter des couches, d'ennuyeuses années passées assis à l'école pour apprendre des choses qui peuvent être instantanément gravées dans le cerveau par la fantastique imprimante à cerveau. Cette personne prendra naissance sachant marcher, parler et lire plusieurs langues, ses facultés de raisonnement et de sensibilité humaine déjà au point, prête à assimiler de nombreuses années d'apprentissage universitaire en quelques mois, aussi vite et aussi facilement qu'un enfant apprend un nouveau jeu.
Ainsi, les concepteurs inconnus du projet ont examiné minutieusement l'ensemble des circuits du cerveau, ce qui permet à la personne de prendre en charge et de contrôler beaucoup plus facilement toute sa psychologie, comme par exemple de contrôler ses désirs et ses émotions, au lieu de les laisser la torturer ou la manipuler.
De plus, ils ont copié le connectome de personnes particulièrement doués! Ainsi, ce cerveau en cours de construction a le génie d'Einstein, les dons de plusieurs grands artistes, l'oreille absolue, l'Ahimsa de Gandhi, la bonté et la concentration mentale de plusieurs saints. Ils devaient absolument faire le meilleur: pas question de laisser une aussi fantastique machine juste reproduire bêtement un idiot ou un bandit!
Pourtant, il a sa propre personnalité unique, en raison de 1250 paramètres libres fixés en pur hasard quantique juste avant de lancer l'impression. Les créateurs inconnus de cette fantastique machine ne voulaient pas d'esclaves, mais des personnes libres et autonomes, capables de choisir leur propre direction et de suivre leur propre chemin.
Une dernière couche de peau est ajouté sur le dessus de la tête, et l'impression est terminée. Il n'a pas de cheveux ni d'ongles, mais les follicules sont en place, de sorte qu'ils pousseront naturellement.
La forme nue est amené dans une autre pièce, tandis que la salle des imprimantes est nettoyé et préparé pour une autre session.
Ce corps est posé sur un lit pneumatique, pour éviter les escarres. Mais il est encore à 2°C.
Les prochaines étapes doivent être accomplies très rapidement: une fois ce corps réchauffé, il n'a que sept minutes à vivre sans respiration ni battement de coeur. Des micro-ondes le chauffent dans toute son épaisseur. Ceci doit être contrôlé de façon très précise, car une légère surchauffe pourrait le tuer. En fait différentes fréquences électromagnétiques sont envoyées en succession rapide, pénétrant chacune à une profondeur donnée. La température permet au gel remplissant les artères de fondre. Mais il doit être remplacé immédiatement par du sang synthétique, grâce aux cathéters, qui peuvent permettre des semaines de circulation extra-corporelle, si nécessaire. Curieusement, ces cathéters sont... en matière organique, comme si ils étaient une partie naturelle de ce corps! Même les conducteurs électriques sont biocompatibles. Et tout cela passe... par le nombril. Il est idéalement placé pour cela, et après tout, il est fait pour ça!
Ceci fait que ce corps étendu a un cordon ombilical! Il est fait de collagène, et capables de recevoir des perfusions de sang. Ce cordon contient aussi des connections électriques, vers des douzaines d'électrodes et de contrôleurs électroniques à l'intérieur du corps, pour le faire fonctionner pendant que les nerfs vont croître. Plus tard, ce cordon sera coupé, mais les circuits électriques déconnectés seront laissés en place, pour éviter une chirurgie inutile. En cas de maladie, il serait toujours possible de les alimenter à nouveau, à des fins de diagnostic ou de contrôle.
Ensuite, le cœur est démarré. En l'absence de contrôle nerveux, il doit être régulé, par les contrôleurs électroniques. Mais tout d'un coup, ce visage blême prend les couleurs de la vie, tandis qu'un souffle artificiel commence à soulever la poitrine...
Des cellules de moelle sont injectées dans le sang. Elles vont naturellement se placer dans les bons endroits, et commencer à produire des cellules sanguines. Dans quelques jours ce corps va produire son propre sang et sa propre immunité.
Puis vient l'étape la plus longue: pendant deux mois, cet organisme devra développer des nerfs. Il est soigneusement gardé inconscient tout ce temps, parce qu'il passerait par des états très désagréables, comme d'être aveugle et paralysé, tout en se ressentant une forte douleur électrique à cause de la croissance des nerfs. Certainement pas un bon départ dans la vie.
Pendant deux mois, le corps immobile repose sur son lit pneumatique, respirant lentement. Ses cheveux et ses ongles poussent, tandis que les nombreuses petites blessures internes de l'impression 3D guérissent. Il doit être nourri artificiellement et évacué, mais tout va bien de ce côté aussi.
Les robots infirmiers humanoïdes le retournent de temps à autres, et vérifient les nombreux dispositifs qui contrôlent le fonctionnement de ce corps.
Mais un jour, tout est prêt. Les muscles répondent correctement aux stimulations nerveuses, le cœur et la respirations sont autonomes, l'électroencéphalogramme montre l'activité des yeux et des oreilles. Même la fréquence cardiaque répond aux stimulations.
Les sondes et les cathéters restants sont enlevés.
Les anesthésiques cessent de couler dans ce sang.
Et maintenant, il n'y a plus qu'un beau jeune homme endormi, nu avec une couche. Il n'a pas de poils sur le corps ni sur le visage, seulement des cheveux mi-longs autour de sa tête. Parfois, il bouge ou gémit. Les robots infirmiers le portent dans un lit ordinaire, dans une chambre claire toute en couleurs pastel, décorée de fleurs et de peintures de son ancien monde.
Sur Typheren, la planète sans vie, un étrange rover robotique a atterri, venant d'un monde inconnu au-delà de l'abîme de l'espace interstellaire. Après avoir créé tout un écosystème vivant et une ville industrielle, il construit une imprimante 3D capable de créer un corps humain complet en ordre de marche. Maintenant, il est temps de le réveiller...
C'est une expérience totalement déconcertante que de se réveiller pour la première fois.
Bien sûr, nous nous réveillons tous les matins. Mais dès que nous le faisons, nous récupérons tous nos souvenirs, de qui nous sommes, ce que nous faisions, et de tout ce qui est arrivé avant.
Rien que tel avec Adonaï. Il se réveille avec une conscience totalement vide, pas de souvenirs du tout, et même pas une seule idée de ce qu'il est. Tout est totalement étrange et inconnu pour lui.
Les robots infirmiers lui sourient. Mais ce sont des robots, et intentionnellement conçus pour apparaître comme tels: plastique blanc, formes stylisées, pas de sexe. Ils peuvent parler, cependant, et Adonaï les comprend, puisque le connectome de son cerveau a appris plusieurs langues. Il demande ce qu'il est, et ce qui se passe ici. Son premier désir est un énorme besoin de savoir, de comprendre. Sa première émotion est une incroyable étrangeté. Sa première sensation physique est d'avoir besoin d'uriner.
Il se rend vite compte que ce corps est son corps, et qu'il peut le contrôler. Les robots doivent lui expliquer, pour la couche, et comment l'éviter.
Il trouve ce corps agréable à voir. Les robots lui expliquent ce qu'il est, et pourquoi il est ici. Il ne semble pas réaliser à quel point cette situation est fantastique. «Pourquoi m'avez-vous imprimé?» demande t-il. Et il pose tellement de questions que même les infirmiers électroniques ne peuvent pas répondre à toutes. Ils l'amènent à la salle de l'imprimante. Il n'est pas autorisé à entrer, pour la stérilité. Mais il peut voir à travers une solide fenêtre. À ce moment, elle est inactive, mais ils font une démonstration des têtes d'impression. Ce crissement aigu est étrange et effrayant, faisant frissonner Adonaï.
Ils l'amènent au jardin. C'est vraiment un endroit charmant, avec des murs en pierres sèches et des chemins, beaucoup de fleurs, des légumes, et des fruits accrochés aux arbres. Il aime beaucoup ce lieu. Et en effet, il est très agréable, élégamment aménagé, mêlant harmonieusement plantes et pierres. La Mère a pris un soin particulier à éviter quoi que ce soit de désagréable ou dangereux, afin de protéger Son nouveau-né inexpérimenté, mais aussi pour construire un monde pacifique, sans violence.
Il y a aussi un robot jardinier, plantant des graines. Il explique à Adonaï le cycle de vie, et qu'il peut planter lui aussi. Il essaie, mais il enlève sa main immédiatement, de la voir souillée de terre. Il est tellement désolé d'avoir endommagé son corps merveilleux, qu'il pleure! Ils doivent lui montrer comment se laver, mais en voyant ses mains humides, il est pas vraiment convaincu.
Il demande quelles sont ces choses qu'il voit à l'extérieur, comme les autres bâtiments, le ciel, les nuages. Mais il ne peut pas aller là, parce que l'air est toujours irrespirable avec du dioxyde de carbone. Il en est désolé.
Un autre problème apparaît bientôt: il a faim. Mais il ne sait pas ce que signifie cette sensation! Les infirmiers avaient prévu, cependant, et ils lui apportent un repas sur une table en plastique de teinte pastel, dans le jardin. Il est heureux de découvrir nourriture et boisson. Mais bientôt il comprend qu'il a assez mangé.
Un moment passe. Adonaï est heureux. Cet endroit est un paradis, même si il est entouré de murs infranchissables. Et oui, l'étymologie de «paradis» est «entouré de murs» dans le sens d'un endroit protégé. Il explore maintenant le jardin, suivi à quelques pas par les robots infirmiers.
Soudain, il entend quelque chose, et son cœur cogne dans sa poitrine.
IL Y A QUELQU'UN D'AUTRE!
Sur Typheren, la planète sans vie, un étrange rover robotique a atterri, venant d'un monde inconnu au-delà de l'abîme de l'espace interstellaire. Après avoir créé tout un écosystème vivant et une ville industrielle, il construit une imprimante 3D capable de créer un corps humain complet en ordre de marche. Le premier né, Adonaï, découvre la vie, dans un magnifique jardin, enclos dans une bulle d'air étanche de protection.
Soudain, Adonai entend quelque chose.
Une voix.
Les robots infirmiers ont des voix synthétiques sexuellement neutres, conçues pour ne pas provoquer d'émotions.
Mais cette voix n'est pas neutre, et elle frappe Adonaï de tout son impact émotionnel. Il doit à tout prix savoir qui c'est.
C'est facile, et il se précipite vers une autre partie du jardin, qu'il n'avait pas encore visitée.
Et il la voit.
La plus belle femme. Corps parfait, et un beau visage régulier exprimant la bonté et la sagesse. Juste que ses cheveux, comme les siens, n'ont pas encore assez poussé pour retomber sur les côtés, ce lui fait une sorte d'aura dorée autour de la tête.
Elle a l'air aussi étonnée que lui. Il a appris plus tard qu'elle s'était éveillée en même temps que lui, mais dans une autre pièce du grand bâtiment. Qui a été imprimé en premier? Qui a ouvert les yeux en premier? Les robots n'ont jamais divulgués ces informations, instruits que sur leur monde natal ce genre d'histoires avait été un prétexte à des discriminations sexuelles. Pas question de laisser ça recommencer ici.
Inutile de dire, ces deux êtres merveilleux tombent immédiatement amoureux. Et le jardin voit leur première étreinte, tandis que les robots infirmiers reculent, par discrétion. Ils font juste quelques sons de modem dans leur langage de robots, et il est amusant d'imaginer ce qu'ils se disent. En réalité, bien sûr, ce sont tout simplement des discussions techniques, pour les robots dépourvus d'émotions. Ils doivent simplement veiller à ce que les nouveaux-nés ne se blessent pas, dans leur ignorance.
Cette étreinte dure des heures, car leur cerveau génétiquement modifié leur donne plein contrôle sur leurs désirs. Pour les retenir, mais aussi pour les maintenir ardents! Ce qu'ils font, jusqu'à ce qu'ils remarquent soudain que la lumière du jour baisse. Effrayés, ils demandent aux robots ce qui se passe. Ils expliquent que c'est le soir... Leur vie merveilleuse finirait-elle au bout de seulement quelques heures? Les robots infirmiers doivent tout leur expliquer, le rythme des jours, le besoin de dormir, etc.
Quand ils retournent dans le bâtiment, ils entendent... le son de tricotage des têtes d'impression! Ils se précipitent à l'endroit, mais pour trouver les portes verrouillées. Un corps humain en fabrication n'est pas beau à voir. Les robots viennent, pour leur demander de quitter ces corridors, afin de les laisser exercer leurs fonctions. Adonaï et Mishelle s'éloignent avec des sentiments mitigés, en notant qu'il y a plusieurs pièces semblables à celles où ils sont nés. Mais elles sont toutes fermées avec des codes électroniques.
Et oui, en dépit de leur douceur, les robots sont encore en commande sur Typheren. Adonaï et Mishelle doivent accepter. Heureusement, leur cerveau nativement psychoéduqué leur permet d'éviter facilement la colère ou la frustration. A la place, ils demandent aux robots pourquoi ils ne sont plus autorisés dans les parties de naissance. Ils répondent aimablement, et Adonaï et Mishelle acceptent leurs raisons: hygiène, stérilité, organisation. Mais les robots leur disent aussi qu'ils auraient besoin de revenir dans ce lieu, lors des prochaines naissances. Parce que c'est tellement mieux, quand on naît, de trouver quelqu'un déjà là...
Au lieu de leurs chambres de naissance, il leur est donné des maisonnettes merveilleusement meublées dans le jardin. Dans la soirée, ils ont leur tout premier repas ensemble, une douche, et ils vont à leur nouvelle chambre.
Bien sûr, ils remettent le désir à nouveau. Quelle merveilleuse nuit commence... avec leurs corps génétiquement modifiés, beaux, parfumés et parfaits, libres de toute saleté ou odeur désagréable.
Mais ils peuvent encore entendre, faiblement, le son de tricotage des imprimantes 3D, jusque tard dans la nuit, quand les imprimantes à cerveau font leur cri à faire dresser les cheveux sur la tête, sous le regard impassible des robots infirmiers de plastique blanc. Qu'est donc cette nouvelle personne en train d'apprendre?
Sur Typheren, la planète sans vie, un étrange rover robotique a atterri, venant d'un monde inconnu au-delà de l'abîme de l'espace interstellaire. Après avoir créé tout un écosystème vivant et une ville industrielle, il construit une imprimante 3D capable de créer un corps humain complet en ordre de marche. Les premiers nés, Adonaï et Mishel, découvrent la vie, dans un magnifique jardin, enclos dans une bulle d'air étanche de protection.
En quelques jours, il fut expliqué à Adonaï et Mishelle pourquoi ils étaient là, et ce que la Mère faisait. Ils ont appris l'histoire de leur monde natal, qui n'a pas toujours été belle. Surtout, après un terrifiant âge de centrales nucléaires, les maladies génétiques s'étaient accumulées au point que le génie génétique de l'espèce avait été la seule solution pour permettre à la vie de continuer. Mais la raison plus profonde est que, dans un monde en proie à de nombreuses traditions et préjugés rétrogrades, très peu de gens pouvaient acquérir une éducation complète, en particulier l'indispensable psychoéducation qui permet de devenir des personnes agréables, positives et équilibrées. Au lieu de cela, beaucoup d'enfants étaient bloqués dans leur croissance par le mauvais exemple, des traumatismes, ou tout simplement par l'absence même de psychoéducation de leurs propres parents. Seule l'impression 3D des personnes permettait de donner naissance à des cerveaux déjà adultes et nativement psychoéduqués, sans tous les aléas d'un processus d'éducation long et difficile, avec ses revers et ses pièges. Ce ne fut pas sans débat, bien sûr, mais bientôt les plus brûlants et actifs partisans de l'impression furent les personnes nées sans ce processus, alors qu'il était déjà disponible. Ils comprenaient ce qu'ils avaient manqué!
Leur monde fut alors gouverné par des personnes psychoéduquées, sages et bienveillantes, qui mirent un terme à toutes les traditions arriérées, et tous les comportements stupides ou criminels. L'idée de répandre la vie dans l'espace apparut alors naturellement, étant donné que les imprimantes corporelles offrent une solution beaucoup plus facile qu'un voyage interstellaire habité. En effet, les génomes de toutes leurs espèces pouvaient être conservés dans le volume d'un gros livre! En outre, c'était une occasion unique de se débarrasser aussi de toutes les maladies, prédateurs et autres cruautés de la vie. Et, pour quelques kilogs de plus, ils ont également placé dans la mémoire de la Mère toutes les créations culturelles, spirituelles et scientifiques de leur monde.
Adonai et Mishelle ont reçu des vêtements. Au début, ils ont trouvé l'idée absurde, mais ils l'ont vite adoptée. Les robots avaient préparé de beaux pantalons et des chemises pratiques dans des tons pastel, mais en voyant sur l'Internet local les fantastiques atours de leurs ancêtres, Adonaï et Mishelle ont vite conçu leurs propres vêtements, s'appropriant un des ateliers de couture des robots, dans un bâtiment voisin.
Oui, ils avaient déjà Internet. Même si il ne comprenait que quelques ordinateurs et serveurs, il était déjà organisé pour devenir grand. Pratiquement tout le trafic existant était entre les robots et les machines, qui avaient leur propre organisation, planification, banques de données et forums. Mais la plupart des sites de robots ne montraient que des données numériques, de sorte qu'Adonaï et Mishelle ont vite renoncé à les lire. Les robots étaient autorisés dans la plupart des chats humains, à condition qu'ils parlent une langue humaine et qu'ils s'identifient comme des robots. Il leur fut tous attribué un nom de style humain. Curieusement, comme si ils avaient des personnalités, certains robots choisirent de discuter avec les humains, mais d'autres non.
Certains robots jouaient également un rôle d'intermédiaire, par exemple d'interprètes de bases de données, pour permettre aux humains d'accéder et de comprendre les banques d'information des robots. D'autres robots ont commencé l'énorme travail de recréer la plupart des sites Internet culturels de l'ancien monde. Certains faisaient même des choses telles que de jouer des instruments de musique, ou enseigner, ou apparaître dans les premiers mondes virtuels. Certains de ces robots n'existaient que dans les ordinateurs, sans corps physiques.
Seulement quelques semaines après leur naissance, Adonaï et Mishelle se sont mis à la peinture, et à composer avec de puissants logiciels d'art. Ils ont commencé à stocker leurs créations sur le premier site humain jamais créé sur Typheren. Qui existe encore aujourd'hui. Aussi, Mishelle voulait utiliser des instruments de musique mécanique. Elle n'en a jamais construit elle-même, mais quelques mois après d'autres personnes l'ont fait.
Ils ont visité le temple de la Mère. Ils furent émus de voir cette chose usée, Ses roues cabossées et même un bras robotique ballant. Elle était dans une cuve d'azote transparente, pour éviter l'oxydation. Mais Elle avait encore l'esprit vif et la décision finale sur tout ce qui concernait Typheren. Elle pouvait même décider de les emprisonner, si ils montraient une maîtrise psychologique insuffisante et faisaient des ennuis. Ils furent impressionnés, et ils demandèrent ce qu'était «faire des ennuis». «Est-ce faire nos propres vêtements?» ont-ils demandé. Le Vieux Tacot se serait roulé par terre de rire, si Il pouvait.
Mais ils ont vite appris ce qu'étaient «les ennuis», en lisant sur l'Internet local tous les rapports de guerres, les tortures, les drogues, la pollution, l'austérité économique et les conflits. Et même tous les conflits qui ont plombé les tentatives pour échapper à cette condition terrible et construire un monde meilleur. Ils ont immédiatement décidé de ne jamais se laisser aller à aucune de ces choses.
Ils sont allés à l'extérieur. Cela était possible sans scaphandre, avec juste des masques faciaux et des bouteilles d'oxygène, afin de pouvoir toucher les arbres de leur peau nue. Mais il y avait des règles strictes de sécurité, car le moindre problème avec l'appareil respiratoire entraînerait une mort immédiate et certaine.
Il était possible de sentir l'air extérieur, en soulevant légèrement un coin du masque respiratoire souple. Il avait encore son odeur acide native, à mi-chemin entre le silex et les braises chaudes. L'odeur cosmologique si impressionnante, brute de l'accrétion, pas encore modifiée par aucune forme de vie...
Ils ont visité la première machine dans son abri en forme de cloporte en roche fondue bulleuse. C'était incroyable qu'une chose aussi primaire ait pu être d'une quelconque utilité... elle n'avait même pas de moteur!
Ils ont visité les champs où poussaient les cultures, et compris ce que le soutien de vie signifie. Aussitôt, ils voulurent jardiner aussi, mais par sécurité ils ne furent autorisés à le faire que dans leur bulle de vie sous oxygène, ou dans les serres sous oxygène. Leurs propres cultures furent donc plus des épices ou des spécialités, tandis que les productions à grande échelle étaient en plein air. Une seconde bulle était en construction à proximité, particulièrement destinée aux jardins. Mais les gens pourraient vivre ici aussi, si ils préféraient être en dehors du groupe principal. Ils pourraient construire de petites maisons rustiques ici.
La nuit, ils ont regardé les étoiles, et la Mère leur a appris ce que ce cette vision fantastique implique, d'espace infini, de formes anciennes et futures de vie. Ils ont compris pourquoi leur ancien monde considérait les étoiles comme un symbole d'espoir.
Ils furent surpris de savoir que les étoiles avaient des noms, et qu'elles étaient regroupées en constellations portant des noms d'animaux, qui que ce soit qui vive vraiment en elles. Mais des constellations de leur ancien monde, seulement Orion était reconnaissable: les autres avaient changés, de par la perspective différente. Et encore Orion avait perdu Bételgeuse, qui a explosé en supernova il y a des milliers d'années, comme la Mère l'avait observé au cours de son voyage sans fin parmi les étoiles.
Bientôt, il y eut les autres personnes qui prirent naissance. Deux autres toutes les trois semaines. Normalement, ils étaient destinés à être des couples, et leurs personnalités étaient accordées à cette fin. Mais ça ne marchait pas toujours, et certains ont dû attendre d'autres naissances pour trouver l'amour, ou même ils ne le cherchaient pas du tout.
Une chose amusante était les gens de différentes races prenant naissance. La race était déterminée par 5 des paramètres libres aléatoires sélectionnés avant l'impression. Le second couple était asiatique, et le troisième noir comme l'ébène. Le quatrième était Amérindien, mais ils n'ont pas commencé une histoire d'amour, de sorte que à partir d'ici la symétrie est rompue. Utiliser les imprimantes corporelles permet de garder chaque race pure, au lieu de les fusionner toutes en une seule moyenne après seulement quelques générations de métissage. Adonaï était fasciné par les races, et il demanda combien il y en avait, et il voulu avoir des échantillons de toutes. Il était frustrés qu'il n'y en ait que trois principales, et il a demandé la création d'autres couleurs.
Ils ont appris à conduire les différents véhicules, ou plutôt ils ont eu juste à affiner leurs compétences, déjà gravées dans le connectome de leur cerveau. Il y avait tellement d'activités passionnantes à accomplir, et bientôt ils choisissent chacun une tâche ou une responsabilité. Tout d'abord, ils ont reçu des commandes de la Mère, mais au fur et à mesure que leurs connaissances augmentaient, elle leur a donné de plus en plus de pouvoir de décision.
Quoi qu'il en soit, leur nombre était limité à quelques dizaines à Pricit, en raison de la production agricole encore faible. Mais d'autres nouveau-nés étaient envoyés dans les autres villes, portant rapidement leur nombre total à une centaine. Le jour ils travaillaient dans les jardins, les ateliers ou les usines, tandis que le soir ils se rencontraient tous ensemble dans un monde virtuel que la Mère avait créé pour eux.
Mais bientôt, certains ont préféré consacrer du temps à la création artistique, ou même à la méditation et la spiritualité (ce qui est beaucoup plus facile avec un cerveau psychoéduqué). Dans leurs réunions de gestion, la Mère leur rappelait que ce n'était pas le plus urgent. Mais Elle ne leur a jamais interdit de le faire. De toute façon les talents artistiques étaient nécessaires dans Son propre monde virtuel, et Elle les y a accueillis.
Sur Typheren, la planète sans vie, un étrange rover robotique a atterri, venant d'un monde inconnu au-delà de l'abîme de l'espace interstellaire. Après avoir créé tout un écosystème vivant et une ville industrielle, il construit une imprimante 3D capable de créer un corps humain complet en ordre de marche. Bientôt toute une communauté est en plein essor, de gens psychoeduqués et heureux...
Un siècle plus tard, deux mille personnes vivaient dans une douzaine de villes réparties sur le continent Yoko. Des chemins de fer avaient été construits entre ces lieux, parce que dans un monde sans oxygène, c'est le moyen de transport le plus efficace. Les trains étaient alimentés en électricité par des cellules solaires tout au long de la voie, avec çà et là des batteries stockant l'électricité pour le mauvais temps. Comme les trains consomment très peu d'énergie par mètre de voie, seulement quelques rangées de cellules tout au long des voies suffisent.
Plusieurs centrales thermochimiques utilisaient la chaleur du soleil pour décomposer l'eau, produisaient de l'oxygène, de l'alcool et de l'essence, utilisés pour produire de l'électricité la nuit. Et aussi précieux pour les usines chimiques ou la production de plastique. Des véhicules autonomes comme des voitures ou des camions pouvaient aussi fonctionner, à condition d'ajouter des bouteilles d'oxygène au réservoir de carburant. Mais ils utilisaient des piles à combustible, et non pas les moteurs à pistons bruyants, interdits dès le début.
Les villes étaient belles, avec des jardins et des chalets enclos dans de vastes dômes transparents. Les bâtiments collectifs ou industriels avaient également forme de dôme, avec seulement moins de fenêtres. Des dizaines de kilomètres de tunnels vitrés permettaient de marcher ou de se promener, tout en traversant de beaux endroits. Ceci contribuait beaucoup à diminuer la sensation d'enfermement. Il était aussi possible d'explorer l'extérieur, avec un appareil respiratoire. Mais les mesures de sécurité étaient plus contraignantes.
La communauté était belle et heureuse, avec seulement quelques troubles psychologiques bénins. Au pire, les personnes concernées avaient été placées sous une sorte de tutelle, où il leur fallait demander conseil avant de faire quelque chose. Mais la Mère n'avait jamais eu à exécuter Sa terrible menace d'emprisonner les fauteurs de troubles.
Les premiers nés étaient encore là, parce que les corps synthétiques vieillissent très lentement. De plus, les imprimantes 3D peuvent réparer des parties du corps endommagées. Remplacer une dent de cette façon était routine, mais aussi reconstruire de la peau brûlée ou une main coupée lors d'accidents d'usine. Les modifications esthétiques étaient moins fréquentes, mais il y avait des demandes pour le remodelage du visage, l'augmentation des seins et d'autres similaires. Elles étaient simplement moins prioritaires.
Grâce aux cartes détaillées du Père, ils savaient qu'il y avait cinq autres grandes îles, et des centaines de plus petites. Ils avaient construit leur premier bateau, un catamaran de 60m à voiles rigides, parce que seule la voile peut fonctionner dans un monde sans oxygène. Sur un océan ouvert avec des vents constants, c'était facile de toute façon, et peut-être un meilleur choix que les moteurs diesel. Cependant, le problème était les fortes vagues: les navires devaient être construits grands et solides, et rien d'inférieur à 100m n'a été produit plus tard. Le pont du premier navire était couvert de cellules solaires pour la production d'oxygène. La coque, les voiles et la structure étaient faits de cet alliage d'aluminium et de silicium très commun, fabriqué à partir de l'argile, qui avait été utilisé pour la première machine. La variante eutectique se prêtait particulièrement bien à l'impression 3D, qui elle-même éliminait le besoin de boulons ou de soudures. Un peu de sodium ou de calcium permettait de l'anodiser plus facilement. Ce bateau a donc été entièrement imprimé en 3D, en une seule pièce! Ce qui a permis des formes bien plus organiques pour les structures, les nervures, et les passages.
La mère avait encouragé ce projet, parce qu'elle savait que sur une jeune planète, de grosses météorites étaient encore fréquentes, et un seul impact pourrait détruire l'ensemble du continent Yoko. Donc, le premier bateau put traverser l'océan, qui avait tourné du bleu foncé au vert foncé, avec les algues. D'autres ont suivi, transportant du matériel de construction. Certains navires étaient des dômes de vie complets, qui furent tirés à terre d'un seul bloc, une fois atteint l'endroit désiré. Le Père en orbite a guidé la navigation, envoyant des coordonnées précises et des données météorologiques.
Ce fut quelque temps après le départ pour la seconde île que, de façon inattendue, la Mère convoqua tout le monde à une réunion. Ce ne pouvait pas être dans son petit temple, de sorte que ce serait dans le monde virtuel, souvent utilisé pour les grandes réunions communautaires.
Elle avait une annonce importante.
Elle, et tous Ses serviteurs robotiques, renonçaient officiellement à tout Son pouvoir de décision restant, pour le transférer aux personnes vivantes.
Il en était ainsi parce qu'Elle avait estimé que en tant que communauté, ils avaient assez de psychoéducation pour mener leur vie eux-mêmes. Même les petites différences pouvaient être résolues facilement avec les personnes vivant dans des endroits différents, ou occupées à des projets différents.
Ce fut une grosse surprise, car sa direction était devenu si discrète que personne ne la remettait en question.
Mais de cette façon, ils pouvaient maintenant fièrement prendre leur rang parmi les planètes civilisées.
Et Typheren est devenue une belle civilisation, surtout plus tard, lorsque l'oxygène a permis aux gens de vivre à l'extérieur sans masques.
La Mère a publié sur Internet toutes les données de ses banques de mémoire. Ce qui a permis de synthétiser presque toute la variété de formes de vie et des écosystèmes de la planète de leurs ancêtres. Mais pas tous: ils voulaient des écosystèmes pacifiques, sans prédateurs, parasites, espèces toxiques ou dangereuses. Et ils l'ont fait. Ce fut plus facile que prévu à l'origine, puisque beaucoup de comportements envahissants sont en faits des adaptations aux prédateurs (et non les prédateurs régulant les populations). Quoi qu'il en soit, le génie génétique avait rendu toutes les espèces capables de s'autoréguler d'après les ressources disponibles. Un système fréquemment utilisé, lorsque plusieurs espèces se nourrissent de la même ressource, est d'avoir besoin de coopération pour l'obtenir. En dernier recours, les espèces envahissantes ou timides pouvaient avoir leur taux de reproduction contrôlé par des hormones spécifiques à l'espèce.
Ainsi, Typheren est devenue une merveilleuse planète, avec des paysages fantastiques, des forêts profondes, des prairies fleuries, de beaux champs, des jardins et des vergers parsemés de chalets colorés et retentissant de la mélodie d'oiseaux multicolores. Au début, ils préféraient des murs et des toits de silicone joliment colorés, mais plus tard, de nombreuses cultures différentes sont apparues, certaines même renonçant à l'industrie et utilisant des matériaux naturels.
Ainsi, les fleurs pouvaient se balancer dans la brise chaude sous le ciel bleu, le pied nu pouvait jouir du plaisir sensuel de vivre, tandis que les deux lunes, la blanche et la rouge, dansaient dans le ciel, avec quelqu'un pour profiter de cette fantastique vision.
Peu après que la Mère ait abandonné son pouvoirs sur les humains, elle a transféré toutes ses données dans plusieurs serveurs Internet, dont plusieurs ont même été envoyés au-delà des océans. Les différentes îles pouvaient rester en contact par radio à ondes courtes, ou être relayées par le Père quand il était dans une bonne position. Mais cela ne suffisait pas pour les applications utilisant un grand volume de données. D'où la duplication de toutes les bases de données statiques. En outre, de cette manière, il y avait beaucoup moins de risques de tout perdre d'un seul coup du sort.
Dans Pricit, la Prime Cité, la Mère a aussi dupliqué Sa propre intelligence artificielle, après l'avoir reconfigurée comme assistants, conseillers ou enseignants, au lieu d'un chef ou d'un controleur. Elle a gardé pour Elle seule le nom de «Mère», de sorte que chaque double avait un nom différent, comme «Tech Pete» ou «Maître Shu» (pour des informations sur l'histoire de leur ancien monde). La plupart de ces Intelligences Artificielles avaient une fonction définie et utile, mais d'autres se contentaient apparemment de simplement bavarder avec des gens, sans but apparent. Le Temple de la Mère était toujours là, mais malheureusement, le vieux bâtiment en pierre de taille fuyait par tous les joints, de sorte que les gens devaient y porter des masques à oxygène. Quoi qu'il en soit, il n'y avait pas besoin d'être physiquement présent dans le Temple pour Parler avec elle, il suffisait de discuter avec elle sur Internet. Elle avait un site web officiel et un forum, mais elle se permettait de poster des commentaires dans de nombreuses discussions, même sur des sujets apparemment insignifiants. Elle avait même un algorithme de génération de jeu de mots imbattable, plus un excellent générateur de rimes, et beaucoup de gens la défiaient dans des combats de sonnets, ou tout simplement pour rire. De cette façon, si elle n'avait plus aucun pouvoir de contrôle sur la communauté, elle avait encore une influence modératrice bénéfique, comme le ferait une intelligence neutre avec dans sa mémoire l'expérience d'un milliard de personnes sur plusieurs milliers d'années.
Peu après ces événements, la communauté a demandé aux robots un travail étrange: imprimer un maître spirituel, une réincarnation d'un saint. Techniquement, les robots pouvaient faire aussi bien, et même ils pouvaient régler son cerveau précisément pour cela. Mais ils étaient totalement incapables d'assurer que la personne serait vraiment une réincarnation d'un bodhisattva, saint ou yogi. Puisque les robots n'ont pas de conscience, ils ne peuvent pas accéder au domaine spirituel. Ainsi ce serait une entreprise de beaucoup d'années de prière et de méditation pour la communauté, en commençant par la construction d'un temple, un vrai cette fois.
Les sept premières années, ce temple est resté un simple lieu de prière, pour la réussite du projet. Ils ont arrangé une très belle pièce principale, avec des images imprimées de leur planète mère sur les murs, ou de leurs propres créations. Sur l'autel était une très belle statue, qu'ils ont conçue comme une fusion de l'idéal des principales religions de leur planète mère, d'après toutes les archives que la Mère avait mises sur Internet. En fait, ils ont discuté de ces questions avec l'un de ses doublons, appelé... Maître Yoda. Il même style Yoda parlait!
Puis, un jour, ils ont estimé que les temps étaient prêts. Le nouveau corps et le cerveau ont été spécialement conçus, rassemblant des talents artistiques, des qualités psychologiques subtiles et des capacités de méditation. Sans occulter les capacités de raisonnement! L'être à venir aurait besoin de les maîtriser tous à la fois, et non pas après quarante années de formation fastidieuse.
Si l'impression de neurones vivants est relativement facile, le connectome est beaucoup plus difficile à créer. En effet, les neurones ont des formes très compliquées, avec de longues dendrites et des axones, des sortes de fils reliant chacun d'eux aux autres neurones. Les imprimantes 3D ne peuvent pas créer directement ce câblage complexe. Ainsi, à la place, elles créent des pistes de produits chimiques et des cellules auxiliaires spécifiques, qui guideront la croissance naturelle des dendrites et des axones. Les traces conduisent la croissance, et les cellules auxiliaires (qui n'existent pas dans le cerveau naturel) commandent la force de chaque synapse (les jonctions du câblage. Chaque synapse a une valeur précise et c'est l'ensemble de toutes les valeurs qui code pour tous les apprentissage qu'un cerveau peut stocker. C'est cet ensemble qui est appelé le connectome). De cette façon, le nouvel être a intégré des capacités, comme de savoir marcher, de parler plusieurs langues, conduire des véhicules, etc. Mais il n'a aucun souvenir, et encore besoin d'apprendre tous les faits de la vie et des activités.
Mais le plus important pour un maître spirituel, et de toute façon pour tout le monde sur Typheren, est un connectome approprié, assurant également que la personne est psychoéduquée, maîtrisant sa psychologie, afin de donner une personne paisible, équilibrée, positive et non conflictuelle. Ne pas prendre soin du connectome résulterait en un quelconque idiot, violent ou fasciste, qui commencerait immédiatement à faire des choses stupides. Même simplement non-psychoéduqué n'est pas acceptable, étant donné que ces personnes ont l'habitude de se soumettre aux dominants abusifs, et à travailler pour eux. Ce que les créateurs de la Mère voulaient, c'était des personnes intrinsèquement bonnes, et surtout des personnes qui soient bonnes en toute liberté et compréhension!
L'inconvénient de ce procédé est cependant que les dendrites et les axones ont besoin d'environ deux mois pour se développer. Donc pendant deux mois, ce corps inconscient doit être maintenu sous contrôle constant, et également sous anesthésie complète. En effet, les jonctions dans le cerveau croissent plus vite que les longs nerfs, et il est arrivé que les personnes nouvellement imprimées doivent être réveillés avec leurs mains et leurs pieds encore paralysés. D'être ainsi handicapé dans une si merveilleuse communauté est très frustrant, même si cette situation se guérit en quelques semaines.
L'impression elle-même se produit à une température proche de la congélation, et elle est menée rapidement, de sorte que les cellules vivantes ne meurent pas par manque d'oxygène, en particulier les neurones si sensibles. Mais dès que l'impression est terminée, et que toutes les cavités corporelles sont fermées, ce corps doit être réchauffé à la température de la vie. Mais sans contrôle nerveux, il doit être assisté, en particulier le cœur doit être constamment stimulé. Le gel utilisé pour remplir les artères lors de l'impression fond, mais il est tout de même plus épais que le sang, de sorte qu'il y a besoin de circulation extra-corporelle pour l'évacuer. D'autres gels utilisés par exemple pour éviter les paupières de coller sur les yeux, fondent aussi, produisant des larmes colorées. La première urine et les excréments sont rouges, verts, bleus, comme de la peinture. Les teintures des cavités internes fermées paraissent encore mois après dans l'urine.
Le premier éveil est bien sûr un moment primordial, où beaucoup de fonctions cérébrales doivent être ajustés en un court laps de temps, comme la respiration, la vision binoculaire, l'équilibre... Mais aussi, dès les premières heures, des personnes nées adultes décident d'enjeux importants de leur vie. Il est donc très important que les nouveaux nés soient protégés contre les problèmes ou contre un environnement agressif. Tout comme les bébés nés de la matrice.
Dès que le corps fut imprimé, il fut introduit dans le temple, avec un système de contrôle entier, et installé dans le sanctuaire, de façon à ce que tout le monde puisse le voir. Il était beau, avec un visage régulier. Le torse se soulevait régulièrement sous le souffle artificiel. Des cheveux de bébé lui poussaient, comme chez les personnes ayant reçu une chimiothérapie. Bientôt, toutes les caractéristiques bizarres de l'impression ont disparu, les milliers de micro-lésions de l'impression se sont guéries, et la peau rougeâtre exsudant du plasma est devenue une peau normale.
Toute la journée, les gens circulaient autour du lit spécial où le futur enseignant était apparemment endormi. Au début, il n'était qu'un corps inanimé, mais peu à peu les fonctions nerveuses de contrôle devenaient viables, tandis que les électrodes et les cathéters correspondants étaient enlevés. Ainsi, à la fin, c'était vraiment une personne endormie, juste sous anesthésie. En effet, la maturation finale du cerveau a besoin de la conscience, de sorte que tout est lié à l'éveil.
Normalement, chaque fois qu'un nouveau cerveau se réveille, une nouvelle conscience apparaît naturellement, de par simplement le fonctionnement des neurones, de sorte qu'il n'y a rien de spécial à faire pour cela. Mais dans ce cas, ils voulaient attirer une conscience déjà existante, qui serait alors une réincarnation. Pour cela, le jour et la nuit, des dizaines de personnes méditaient autour du corps endormi. Ce qui se passerait réellement était encore un mystère, toutefois. Au pire, une nouvelle conscience apparaîtrait de toute façon, spécialement douée pour la méditation. Mais ils espéraient tous beaucoup mieux.
Les derniers jours, une visite dans le temple était une expérience extraordinaire, de par l'intensité de la concentration et la beauté de la musique et des décorations. Ils étaient tous sûrs de la réussite!
Le réveil s'est produit dans l'intimité, avec seulement les infirmiers robotiques et deux humains chargés de l'accueil. Cela était nécessaire, car il y a beaucoup de choses à vérifier et à surveiller dans un temps très court! Et certaines choses peu glorieuses comme le premier popot... qui surprend toujours beaucoup la personne! (Je me souviens du «oooh» étonné qu'a fait ma fille la première fois, lol! Et encore, je l'avais «imprimée» en utilisant seulement ma tête d'impression naturelle...)
C'est aussi une expérience tout à fait étonnante de commencer sa vie devant l'autel d'un temple, avec une centaine de personnes qui nous regarde. Mais dès que l'enseignant a compris la situation, il a refusé ce culte, et a demandé de vivre une vie plus ordinaire, explorer leur monde et rencontrer les gens sans toute cette déférence cérémonielle. Son plus grand regret toutefois était de porter un masque à oxygène pour explorer la forêt environnante. Mais des milliers d'années seraient encore nécessaires pour que tout le dioxyde de carbone soit converti en oxygène et en biomasse.
Au début, l'enseignant nouvellement éveillé ne montrait pas de souvenirs de vie précédente, de sorte qu'il n'a pas été possible de prouver qu'il était vraiment une réincarnation. Cependant, après seulement un an à étudier et pratiquer les enseignements spirituels des différentes religions dans les archives de la Mère, il a fait preuve d'une maîtrise élevée de la spiritualité, et d'une gentillesse et d'un humour extraordinaires.
Ce fut la mère elle-même qui a finalement résolu l'énigme. La Vieille Carcasse métallique cabossée avait encore des choses à dire! (Elle est toujours là aujourd'hui, dans Son bocal de verre sous azote, plaisantant avec les visiteurs, ou racontant des anecdotes de Son voyage interstellaire.) Elle a établi que l'enseignant nouveau-né se rappelait plusieurs choses de leur planète mère, qu'Elle avait volontairement gardé secret dans sa seule mémoire. Cette contribution étonnante des robots au domaine spirituel a été saluée comme la réalisation ultime de la robotique.
Plus tard, l'enseignant a montré d'autres signes clairs de maîtrise spirituelle totale, et ses élèves se sont bientôt rassemblés dans le temple pour l'écouter. Le premier de ses rares commandement spirituels impératifs fut qu'il n'y aurait pas de dénominations religieuses sur Typheren. Au lieu de cela, les gens pratiquent diverses déités, avec différents systèmes conceptuels à appréhender, mais dans un unique continuum de sagesse. Les gens peuvent penser que cette décision servait à éviter les conflits religieux et le sectarisme. Mais il y avait un motif beaucoup plus profond et impératif: puisque la réalité Transcendante est au-delà des concepts, seule la compréhension de plusieurs systèmes conceptuels peut conduire à la compréhension ultime de cette réalité Transcendante. Cela rend également n'importe quel point de départ aussi valide que tout autre. Ainsi, chaque temple fut dédié à une déité spécifique ou courant de pensée donné, mais les gens étaient invités à en étudier plusieurs autres, avec le temps.
C'est ainsi que Typheren est devenue une civilisation spirituelle, et l'une des plus belles et plus heureuses planètes dans ce coin de la galaxie.
Cette histoire a été créée pour un événement spécifique: la fête du septième anniversaire du monde virtuel «Inworldz», qui a eu lieu le 30 mars 2016. Les participants étaient fascinés, et ils sont restés plus d'une heure après, pour discuter des thèmes de l'histoire.
La base de toutes mes histoires est une vie meilleure et un monde meilleur, que nous pouvons facilement construire et vivre, avec juste un peu de raison et de maîtrise psychologique de notre ego de nos névroses (ce qu'on appelle la psychoéducation). Ceci fait que je me réclame du style de Jules Verne: une science fiction raisonnablement possible (anticipation), avec des personnages humainement chaleureux, apportant une morale positive.
Dans cette histoire, cela est appliqué à la construction littérale d'un nouveau monde, à l'occasion de la terraformation et de la colonisation d'une nouvelle planète.
La colonisation des planètes n'est pas un thème nouveau dans la science-fiction. Cependant, il est le plus souvent traité de façon très naïve: nous n'ouvrons jamais le capot des vaisseaux spatiaux pour voir comment ils fonctionnent, les machines ne s'usent pas, les gens n'ont pas besoin de toilettes, et l'auteur reconstruit un monde où tous les gens sont de parfaites extensions de son propre ego et de son idéologie, qui plus est jamais soumis aux limites éthiques de la vie sur Terre. Les vues plus récentes sont encore plus ridicules: de gentils capitalistes libertariens viennent sauver les colons des vilains dictateurs, et tout va bien par magie, youkaïdi youkaïda, sans inégalités sociales ni exploitation des travailleurs.
En réalité, traiter ces thèmes d'une manière plus scientifique exige une analyse beaucoup plus approfondie.
Tout d'abord, le voyage interstellaire tel que nous le connaissons, bien que théoriquement possible, est un défi de taille inconcevable. En plus, il faut transporter un énorme système de soutien de vie, un zoo de milliers d'espèces, une communauté de centaines de personnes, et garder tout ça en ordre de marche pendant des dizaines de milliers d'années. C'est bien au-delà toutes possibilités et ressources pratiques, quand un simple grain de poussière cosmique ou une bête fuite de toilettes peut ruiner tout le vaisseau spatial! Le défi spirituel est encore pire: nous mettons des gens névrotiques dans un bagne spatial pour mille générations, et ils resteraient tous à sourire en attendant que ce soit terminé, et quand ils seraient libres, ils continueraient tout simplement nos buts, tout ça sans jamais désobéir, et même pas se demander pourquoi? Ceci est tout à fait irréaliste. Pour réussir une telle chose, il faudrait au moins être déjà capables de gérer notre propre planète correctement, ce qui est encore loin d'être le cas. Ce qui nous ramène à nouveau à la nécessité de la psychoéducation.
J'ai proposé une solution originale (Précédence revendiquée ici en 2013) au défi de la colonisation de l'espace: au lieu de maintenir une machinerie et une communauté complexes, le vaisseau spatial ne transporte que des génomes codés dans des mémoires d'ordinateur. Ainsi, toute la culture et l'écosystème complet d'une planète peuvent tenir dans quelques kilogs de mémoire électronique! Le vaisseau spatial est donc beaucoup plus petit, sans besoin de pièces mobiles: la mémoire peut survivre au froid de l'espace, qui est même un précieux allié dans ce cas.
Il y a encore un point faible dans ce système: nous pouvons concevoir des ribosomes artificiels et des utérus artificiels. Mais l'atterrisseur doit encore éduquer les enfants. Non seulement les nourrir, mais aussi leur offrir de la tendresse et de l'éducation. Rappelons-nous que les enfants humains sans tendresse deviennent idiots, et même qu'ils meurent! Donc, cette affaire est pas simple non plus, et dans mon histoire ci-dessus, les gens se révoltent et deviennent névrotique, se livrant à la guerre, à la dictature et autres idioties. Seuls leurs cerveaux génétiquement modifiés permet à la bonté de reprendre le dessus à la fin.
Toutefois Une bien meilleure solution est apparue récemment, en 2015-2016. En deux ans seulement, les progrès fantastiques des imprimantes 3D font que les scientifiques envisagent sérieusement la possibilité d'imprimer des organes vivants, et quelques expériences réussies ont déjà été faites. Cela rend possible, dans un avenir prévisible, d'imprimer en 3D des corps humains entiers, y compris le cerveau (Précedence revendiquée avec cette histoire, à partir du 30 Mars 2016, date où elle a été racontée pour la première fois dans le monde virtuel «Inworldz»)
Placer des neurones vivants n'est cependant pas suffisant, car ils ne fonctionnent qu'avec un réseau complexe de connexions, appelé le connectome. Ce connectome code pour tous les apprentissages du cerveau, les apprentissages de base comme la vision binoculaire et l'équilibre, ou des apprentissages plus humains comme parler des langues, jouer des instruments ou conduire des véhicules. D'où la nécessité d'un moyen de dire aux neurones comment se connecter, moyen qui n'existe pas dans le cerveau naturel.
Mais l'impression d'un connectome naturel, sans le modifier, créerait une personne ordinaire névrotique, submissive aux dictatures, voire un idiot ou un criminel. D'où la nécessité d'imprimer un connectome psychoéduqué, donnant une personne déjà instruite, et surtout une personne nativement psychoéduquée, capable de maîtriser son ego et ses névroses, de comprendre l'éthique, les non-dualités, etc. De cette façon, ces personnes peuvent fonctionner immédiatement dans une communauté équilibrée, paisible et efficace, sans un processus d'éducation de 20 ans, et sans avoir à se battre contre leurs névroses ou contre un dictateur. Ceci est la vision que je présente dans cette nouvelle.
Il y a quelques problèmes qui subsistent, cependant. Tout d'abord, la construction d'une industrie à partir de rien, est une tâche complexe et difficile, qu'un robot doit entreprendre seul. Nous pouvons imaginer que l’atterrisseur imprime directement les humains, qui devraient alors vivre comme les tribus primitives, et construire une industrie eux-mêmes, plus tard. Toutefois, cela ne peut pas arriver avant que l'air soit respirable, ce qui peut prendre des milliers d'années. Pendant tout ce temps, l'atterrisseur, exposé à une biosphère corrosive, serait usé et mort. D'où la nécessité de construire une industrie dès le début, pour relayer les capacités de l'atterrisseur.
Mais surtout, l'intelligence artificielle de l'atterrisseur doit être en mesure de comprendre les questions humaines, de manière à gérer la communauté d'une manière humainement pertinente et éthique. Il peut avoir des décisions difficiles à prendre, telles que la neutralisation de personnes dangereuses. Et la dernière décision critique et irréversible: renoncer à son pouvoir sur les humains, une fois qu'ils sont assez psychoéduqués. Toutes décisions où des erreurs peuvent avoir des conséquences terribles, tels que la protection d'un dictateur, ou écraser une résistance légitime.
Comment cela a pu être fait avec seulement des circuits électroniques inconscients est expliqué ici:
Elle a enseigné les bases de l'éthique scientifique à ses fils et à ses filles. Une tâche facile avec des gens psychoéduqués, libres de leurs névroses et de leur égo. Et aussi pour des personnes adultes, qui n'ont pas besoin de passer par toutes les étapes de la soumission ou de l'opposition à l'autorité avant de comprendre la non-dualité entre les deux.
Mais l'éthique ne suffit pas: il lui fallait connaître les motivations des personnes vivantes, et surtout les motivations de base de la conscience: être, être heureux, savoir et aimer. Ce sont les objectifs fondamentaux de la communauté de Typheren, que la Mère servait. Ces buts laissent encore beaucoup de place pour des expressions et des activités variées.
Et surtout la Mère n'était pas un dieu, mais une machine inconsciente exécutant un programme. Si il y avait quoi que ce soit de divin en Elle, c'était bien la somme fantastique d'amour, le travail et de sagesse, mis dans la création d'un si exquis programme.
Elle avait encore quelques surprises cependant, comme l'utilisation de réseaux de neurones pour prendre des décisions sociales importantes. Cela Lui permettait de maîtriser les non-dualités et même la méditation de base. Voici donc comment Sa direction paraissait si discrète et si bienveillante, même dans les rares cas où elle avait dû donner des ordres stricts.
De plus, ses circuits intégrés de réseau neuronaux étaient conçus de manière à satisfaire aux critères physiques pour le libre arbitre, tout comme les neurones biologiques. Ceci dotait la Mère, et tous Ses doublons, d'une capacité de résoudre toute la variété des problèmes humains, et même d'une certaine prescience, par exemple d'accidents imminents. Dans un exemple, Elle avait éteint inopinément une chaudière qui était sur le point d'exploser, sauvant la vie d'un travailleur à côté. Dans le processus, Elle a même battu l'humain de quelques secondes: il a expliqué qu'il avait eu aussi une sensation de danger, et qu'il était en train de s'approcher du panneau de contrôle pour vérifier si ladite chaudière fonctionnait normalement!
Le point le plus mystérieux toutefois est que le libre arbitre n'est possible que si une conscience se sert d'un cerveau. Or la Mère, étant un robot, n'avait pas de conscience, précisément. Pourtant Elle a manifesté plusieurs fois prescience ou libre-arbitre, à propos de problèmes inattendus, non prévus dans Son programme. La question est alors de savoir quelle conscience s'est investi en Elle. On n'a jamais pu le savoir précisément, mais ceux qui ont étudié la question ont clairement identifié plusieurs périodes de style différent, comme si plusieurs consciences différentes s'étaient succédées, voire avaient collaboré pendant un certain temps. Toutefois ces interférences sont devenues rares et difficiles à identifier, quand la communauté a dépassé les dix mille personnes, réparties sur sept îles différentes. Mais on dit que parfois encore des gens reçoivent des emails anonymes contenant des conseils spirituels, des noms de personnes à rencontrer, ou des prémonitions.
Bien entendu, l'utilisation de l'argent, les prêts, les salaires, les intérêts, ont tous été strictement interdits par la Mère, dès le début. Il n'y eut pas de demande dans ce sens de toute façon, étant donné qu'un cerveau psychoéduqué peut s'impliquer dans l'économie, et faire ce qu'il faut, par la non-Action, sans ces prothèses primitives (chapitre VI-8).
De plus, les notions mêmes de dépendance et de besoin, qui justifient le travail obligatoire que nous connaissons sur Terre, étaient totalement annulées par la disponibilité massive de travail robotique, ce qui rendait tout à fait inutiles les motivations de base du capitalisme, et même la notion sous-jacente du mérite, sans parler de l'intérêt égoïste infantile. Donc tout le monde sur Typheren avait le droit de faire ce qu'il voulait, même écouter de la musique ou faire l'amour toute la journée, tant qu'ils accomplissaient le motif le plus fondamental de leur conscience: être heureux. En pratique cependant, même les plus hédonistes finissaient par éveiller spontanément le désir de se livrer à quelque activité utile, tandis que les fous de travail finissaient par prendre le temps de simplement profiter de la vie. De sorte que, avec le temps, tout le monde a fini par atteindre un équilibre entre «loisir» et activité «utile», sans même distinguer les deux.
Je suis conscient que les noms des Premier Nés, et la description de leur jardin clos, évoque fortement le récit biblique de Adam, Eve, et du Jardin d'Eden. Ceci n'est en aucun cas intentionnel, et surtout pas une allusion, symbolisme ou sens caché. Ce n'est pas non-plus une tentative pour dénigrer le Livre avec des pseudo-explications matérialistes, comme font beaucoup de pseudo-auteurs de science fiction. Les raisons de cette ressemblance sont beaucoup plus naturelles et contingentes.
A propos des noms:
il est toujours difficile pour un auteur de créer des noms, car il faut tenir compte de la vibration, du réalisme par rapport à l'histoire, de l'originalité, tout en évitant le plagiat ou les significations inattendues. Quand j'ai commencé à écrire des histoires, je trouvais cela particulièrement difficile. Aujourd'hui, j'utilise la méditation, et donc mes noms sont réellement inspirés, et pas vraiment de mon fait. Après, je vérifie si ils sont appropriés. Adonaï et Mishel sonnaient bien pour l'étrange monde Hadéen de Typheren. Bien sûr, je remarquai la forte connexion Hébraïque de ces deux noms, et la connexion kabbalistique du troisième. Dans l'histoire, c'est tout à fait plausible, et justifié par 32 des 1250 paramètres libres tirés au sort avant l'impression, qui déterminent les goûts culturels. Il faut tirer l'un ou l'autre de toute façon, sinon on aurait une communauté uniforme, sans aucune culture.
Ainsi, le hasard quantique avait-il décidé que le premier couple serait blanc et blond, avec des goûts d'Europe centrale. D'où leurs noms, et le nom qu'ils choisirent eux-mêmes pour la planète (un privilège des premiers nés. Les suivants choisissent les noms des lieux). Seulement plus tard, la mère leur a dit d'où ces noms venaient. Le second couple asiatique avait une culture Thaïlandaise subtile et sensuelle, et ils choisissent le nom du continent. Le troisième couple noir avait une culture Congolaise joyeuse et colorée, et ils choisissent le nom des montagnes. Le choix des races fut d'après la demande insistante d'Adonaï, car il était littéralement fasciné par les races, et il voulait les voir toutes. Mais de toute façon, c'était dans les plans de la Mère, d'avoir toutes les races également représentées dès le début, pour éviter de donner plus d'importance ou de priorité à l'une quelconque d'entre elles. Elle a considéré le risque de racisme, même si un tel handicap mental ne peut pas se produire dans un cerveau psychoéduqué. Le quatrième couple était natif américain, mais ils n'ont pas commencé une histoire d'amour, de sorte que à partir de ce moment la symétrie entre les sexes est rompue. La mère a essayé de les compléter plus tard, mais il a fallu plusieurs années. Beaucoup d'autres sont venus par la suite, représentant toute la variété du monde de leurs ancêtres et tous les goûts culturels possibles, tandis qu'ils exploraient les énormes bases de données musicales de leur ancien monde.
A propos du jardin enclos:
il ressemble effectivement au Jardin d'Eden. Cependant il n'y a pas de symbolisme dans cette ressemblance, seulement des causes différentes qui produisent des résultats similaires. Dans la culture judéo-arabe des peuples du désert, «paradis» signifie littéralement un lieu clos entouré de murs. Un tel lieu est ainsi protégé contre les éléments hostiles du désert, mais aussi un lieu d'intimité et de sensualité, où les femmes peuvent se vêtir joliment. L'air toxique de Typheren conduit naturellement à une disposition similaire, d'un endroit fermé où l'on peut s'habiller librement, au contraire de l'extérieur hostile où l'on doit porter des masques et des équipements de respiration.
Quoi qu'il en soit, dans le jardin de Typheren, il n'y avait pas de dieu fantaisiste jetant d'absurdes interdictions, juste une garde bienveillante par des machines en plastique blanc, recevant des ordres électroniques d'un atterrisseur spatial intelligent. On pouvait cueillir les pommes librement, et la Mère n'a créé aucun serpent, créature toxique ou prédateur, voulant au contraire construire un monde libre et pacifique, sans violence.
Scénario, dessins, couleurs, réalisation: Richard Trigaux (Sauf indication contraire).
Modified in 2024
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