Explication des symboles

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Épistémologie Générale: III La métaphysique

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Chapitre III-4 Univers de nib

 

 

(Permalien)(Etait le chapitre 22 dans la Version 1)

Pour les archives Wayback Machine d'avant Mai 2024, cherchez l'ancien URL:
http://www.shedrupling.org/nav/shenav.php?index=30304&lang=fr&e=f

 

Certains penseront que les considérations logiques précédentes ne les concernent pas, et que le monde concret existe, lui, de toute façon, puisqu'il est matériel, qu'on peut le voir, qu'on peut le toucher, et même le modifier. L'observer, en termes scientifiques. Y vivre, en termes plus communs, mais tout aussi valables et bien plus agréables.

Voire. Votre tranquillité pourrait bientôt prendre fin. Attention, dans ce chapitre on commence les choses sérieuses. Tout ce qui a précédé n'était que mise en train, petite musculation de l'intelligence. Il est encore temps de refermer le livre, ce qui suit est dérangeant. (note 37). Si vous le lisez, vous ne serez plus la même personne ensuite!

 

 

 

Bon, vous êtes prévenus: vous acceptez tous les bouleversements que cette lecture apportera dans votre vie. Nous voici donc un peu dans l'avenir, dans la grande université internationale de Dzambou Shédroup Ling que je prévois de fonder au Tibet quand les vilains envahisseurs en seront chassés. (Voir mes romans de science-fiction de la série «Dumria»)

Sur un vaste campus orné d'arbres, de parterres de fleurs et de fontaines, des biches courent librement entre d'adorables maisonnettes où vivent les étudiants. Une douce musique de flûte et des rires émanent de sous des tonnelles. Au fond d'une allée ombragée, un élégant bâtiment ultra moderne de plus pur style Tibétain exhibe au dessus de sa porte d'entrée le curieux panneau suivant:

Département de métaphysique appliquée

Nous pénétrons dans le bâtiment, le long d'un large corridor très animé où s'ouvrent de nombreuses portes. Nous sommes en compagnie d'élèves fringants de tous les pays, dans leurs divers costumes nationaux ou religieux, ou encore de beaux atours de leur invention. Un professeur aimable nous guide, il nous arrête devant une porte:

Travaux pratiques de métaphysique

«Excusez-moi, fait-il, mais avec la saison des examens, plus les grands projets du gouvernement et les commandes de l'ONU, il a été très difficile de retenir une salle, et on ne nous a donné que cette petite. Bon, si vous voulez, donnez vous la peine d'entrer...»

 

Oserez-vous? La porte s'ouvre, le professeur nous sourit et nous invite de la main...

 

Attention il y a une marche. Oups, et même une sacrée marche. Il est prudent de s'encorder.

C'est qu'il n'y a rien dans ce labo. Mais rien de rien. Pas de meubles, pas de sièges, pas de paillasses, pas d'éviers, pas le moindre produit chimique, pas la plus petite fiole ou cucurbite.

Pas d'ordinateurs aux écrans chatoyants, pas de piles de gros bouquins, pas d'armoires mystérieuses, pas de tubulures où bouillonnent des fluides colorés, pas de fouillis de gros câbles noirs, pas d'impressionnantes machines ronronnant dans le fond, même pas le frigo pour les apéros.

Pas de fenêtres, pas de murs, pas de plafond, pas de plancher. Pas de lumière, pas d'obscurité. Pas d'air, pas de vide, pas de haut ni de bas, pas d'espace, pas de temps.

Pas de préjugés, pas de dogmes, pas de croyances, pas de conventions, pas d'opinions, pas de projections.

Vertige!!! Les nouveaux participants font une drôle de tête, certains sont livides, l'un d'eux s'enfuit même en poussant un hurlement d'épouvante. Seul un jeune moine mongol se fend la pêche. Il chantonne à mi-voix: «Pas d'oeil pas de nez pas d'oreille...» et quelques-uns rient en reconnaissant ce vieux gag bouddhiste.

Et attention: tous ces matériaux sont formellement interdits aux examens. Malgré l'ambiance souriante et poétique des lieux, je vous préviens que ça ne rigole pas: les contrevenants sont immédiatement exclus de l'établissement. A Dzambou Shédroup Ling la joie spontanée et la plus stricte discipline sont non-duels.

 

C'est normal, si on veut bâtir une théorie métaphysique ultime, ou même une théorie physique, qui prétende expliquer pourquoi le monde existe, il ne faut pas partir de quelque chose qui existe déjà, sinon se pose aussitôt la question: et votre truc, là, à partir duquel vous prétendez tout expliquer, comment est-il apparu, lui, au départ? Encore une fois une gaffe comme ça et c'est zéro à l'examen.

 

Bon, on part donc de rien. Du rien fondateur, comme le i du calcul imaginaire.

 

On va imaginer quelque chose qui n'existe pas. Comme ça, au moins, personne n'ira nous demander comment c'est apparu au départ: ça n'est tout simplement jamais apparu.

Pas les schmolls, ça ne fait pas sérieux. Pas les glops©, encore pires. Pas les schtroumpfs, il y a déjà un copyright dessus. Pas les broutchemolles©, c'est trop long (c'est un mot que j'ai inventé, qui aurait parfaitement convenu, puisqu'il a l'intéressante propriété de n'avoir aucune définition.) Pas les quarks, c'est fichu pour eux, puisqu'on a démontré leur existence. Quand ma fille était petite, elle adorait les gliglis©, peut-être un hybride de limace et de grimace. Pas les gornynx©, tout le monde sait que ce sont les gargouillis bizarres qu'on entend dans certaines musiques de Jean Michel Jarre. Pas les horribles stroubignolons© et racagnasses© qui vivent dans le mobilier rococo. Pas les X ni les Y, il y en a déjà plein les labos. Tiens, il m'en vient un marrant: les OINIs, objets inexistants non identifiés. Les koans zen ne seraient pas mal non plus; ils existent, mais ils sont conçus pour que leur existence mène forcément à un paradoxe, très intéressant pour dynamiter toute structure mentale erronée.

Bon, disons ces nibs© (note 93 sur l’usage de ©) (rien en langage familier), ils n'existent pas, il n'ont pas de forme, pas de couleur, pas de définition, personne ne peut dire ce que c'est ni où on en trouve, il n'y en a pas, et pire que tout ils ne sont même pas cotés en bourse. La seule propriété qu'on va leur reconnaître est d'être faits de telle façon qu'ils vont parfaitement servir à notre démonstration. Nous n'aurons pas d'autre base que ce paradoxe fondateur!

Ces nibs ont le même statut existentiel que le i des nombres imaginaires: ils n'existent pas, mais faire comme si ils existaient va nous permettre des choses très intéressantes. En plus, comme ils n'existent pas, ils ne peuvent pas nous imposer leurs propriétés, qualités ou défauts, et on peut les charger d'une quantité arbitraire de propriétés utiles pour nos projets.

J'en profite pour introduire ici un symbole du nib: ¤ un cercle dont le centre est vide (de la même couleur que le fond). Ceci symbolise la non-dualité entre le fait que le nib apparaît à un observateur convenablement placé, tout en n'ayant pas d'existence par lui-même. Les quatre branches en croix seront justifiées au chapitre IV-5.

Par chance ce symbole existe, il s'appelle «currency sign» (symbole de monnaie) et c'est le code ASCII 164 (ISO/IEC 8859-1), alt-207 sur clavier PC, unicode U+00A4 , HTML ¤ ou ¤ Il est relativement peu utilisé, comme symbole générique remplaçant n'importe quel symbole de monnaie (ou dans certains logiciels soviétiques, à la place du $ !).

(Certains lecteurs penseront que ceci n'est qu'un jeu, une boutade gratuite. Mais nous verrons en fait dans la quatrième partie sur la physique, que les nibs jouent un rôle fondamental dans la physique actuelle. Simplement les physiciens ne présentent pas les choses de cette façon).

 

Aucun nib ne fait d'objection; continuons donc.

 

Bon, on va en prendre deux, de nibs. Faciles à transporter, ces choses qui n'existent pas. On va dire que ces deux ont une relation X. Peu importe quelle relation: qu'ils sont égaux, ou différents, qu'il y en a un de plus grand que l'autre, ou de plus bête, comme vous voudrez.

Eh, mais cette relation existe, elle. Ce ne sont pas les mathématiciens qui me contrediront: à partir de i qui n'existe pas, on les a surpris la main dans le sac en train de construire tout un monde de calculs qui existent, et qui ont même des applications techniques très importantes. i n'existe pas, mais l'égalité i+i=2i existe, et elle est même vraie. Ce ne sont pas les matérialistes qui vont me contredire: Tintin et le Professeur Tournesol (un de mes maîtres, qui ne m'a malheureusement jamais compris) n'existent pas, mais leur relation d'amitié existe. Eh oui. Leur amitié existe, leur haine n'existe pas. Et tous les récits de leurs aventures imaginaires existent. Ceci a même une implication concrète, par exemple le nombre d'albums des aventures de Tintin, qui est matériellement observable et mesurable. Ce ne sont pas non plus les politiciens ni les idéologues de tout poil qui me contrediront, surtout pas eux qui savent si bien nous faire marcher à la guerre pour leurs chimères et leurs inventions.

Bon, d'accord, cette relation X n'existe que comme relation logique, elle n'existe pas matériellement, concrètement. Mais cela nous suffira.

 

Premiers groupes de nibs

On va dire qu'un petit groupe de nibs et leurs relations entre eux sont faites de telle façon que leurs descriptions forment les axiomes d'un système logique. Peut-être pourrait-on faire le même raisonnement avec la Théorie des Ensembles, en supposant que quelque part dans cette théorie se trouve un groupe de propositions logiques qui vont nous servir d'axiomes pour générer d'autres propositions logiques.

Les déductions logiques à partir du premier groupe de nibs en forment un second groupe: chacun des nibs du premier groupe engendre 2 nibs d'un second groupe. Puis selon le même procédé, les deux nibs du second groupe en engendrent trois dans un troisième groupe, puis ces trois en engendrent quatre dans un quatrième groupe, et ainsi de suite. On pourrait représenter les relations de filiation dans un graphique, selon une arborescence:

Aprè des millions de couches de nibs...

Les nibs fondateurs, par exemple les 3 au centre, ont généré un second groupe, puis un troisième, puis un quatrième... qui correspondent à autant de couches concentriques, comme les cernes de croissance d'un arbre. Pour la lisibilité de la figure, chaque couche est repérée par une courbe en pointillés. Cela ressemble aussi au réseau de Penrose, mais ici le paradoxe fondateur est que les nibs n'existent pas. (Il y avait une très belle statue de nib sur le campus de Dzambou Shédroup Ling; elle n'avait pas coûté cher, puisqu'il n'y avait rien sur le piédestal.) Après un très grand nombre d'étapes, des millions ou des milliards, les couches individuelles sont indiscernables, et, si l'on prend la précaution de mettre les couches successives les unes au dessus des autres, le diagramme prend la forme d'un bol, où les couches successives sont parallèles au bord. Avec le nombre de couches, le bol grandit sans cesse, par ajout de couches successives le long du bord. Pour bien montrer cette croissance, on a représenté en pointillé une couche à additionner après un nombre d'étapes environ 5% plus grand.

Voilà typiquement une construction mathématique bien absconse et dénuée de toute application pratique, me direz-vous. Ce que font ces nibs de nib ne nous concerne guère, nous qui existons, et que le diagramme ait la forme d'un bol, d'une patate ou d'une clé à molette, peu importe.

Tout de même ces deux longues flèches marquées «espace» et la courte marquée «temps», à quoi peuvent-elles bien rimer?

C'est que, si vous reprenez le premier diagramme, on remarque que les couches se succèdent dans un certain ordre. Par exemple les numéros de couche finissant par zéro se succéderont régulièrement, alors que les carrés deviendront de plus en plus rares. Cela peut se comparer à un «temps» qui s'écoule, où des événements se produisent régulièrement ou selon des intervalles différents. Cet «écoulement du temps» se fait selon la flèche, dans le dessin du bol. De même, au sein d'une couche donnée, les nibs ont une relation de voisinage plus ou moins poussée, qui permet de dire que certains sont proches ou éloignés d'autres, au sens où par exemple deux mots sont proches ou éloignés dans le classement alphabétique. Cela peut se comparer à une «distance». Dans les deux figures, cette «distance» était représentée le long d'une ligne, ce qui correspond à un «espace» à une dimension (la ligne courbe où se trouvent les deux grandes flèches). On aurait aussi bien pu choisir les propriétés des nibs de telle façon que cet «espace» soit à deux, voire trois dimensions, ou toute autre valeur, mais on n'aurait pas pu dessiner le diagramme correspondant, car il serait en quatre dimensions. On n'a donc montré qu'une seule dimension, mais il est bien plus intéressant d'en supposer trois, comme chez nous, ou tout autre nombre. Cet «espace» à trois dimensions ressemble déjà curieusement au nôtre, et ce diagramme en forme de bol est couramment utilisé en cosmologie: le point d'origine correspond au Big Bang, et l'augmentation progressive du diamètre à l'expansion de l'univers.

 

Signalons aussi aux lecteurs non-mathématiciens que les mathématiques évoquent couramment de tels diagrammes impliquant une notion d'«espace», et c'est même une partie importante de l'algèbre et de l'analyse des structures, qui traite justement d'espaces vectoriels à une, deux, trois dimensions ou plus, dont les propriétés géométriques peuvent être tout à fait identiques à celles de notre espace matériel habituel, correspondant à notre notion intuitive de l'espace. On trouve même des homologues mathématiques parfaits de l'espace-temps, avec exactement les mêmes propriétés. Il n'y a donc rien de nouveau dans cet espace de nibs que nous proposons, si ce n'est de lui donner la forme en bol d'un diagramme d'univers.

 

Des nibs se transmettent une propriété

Pour le moment on en est à une analogie mathématique avec notre espace-temps, curieuse mais sans intérêt réel. On peut toutefois aller plus loin dans cette notion d'«espace» et de «temps», en supposant que les nibs ont des propriétés qui se transmettent d'une couche à la suivante selon certaines règles. Par exemple dans une couche, la majorité des nibs ont la propriété 0 (point noir) et certains portent la propriété M (point blanc), qui se transmet obligatoirement à un seul nib de la couche suivante. Mais à chaque nouvelle couche, la propriété M est décalée d'une certaine distance, constante, par rapport à la couche précédente. En plus, si un autre nib de type M se trouve à proximité, la zone de réapparition de la propriété est modifiée, de façon à ce que les nibs de type M se fuient. On a parfaitement le droit de voir les choses ainsi, sans supposer que l'ensemble des couches soit soumis à un temps qui s'écoule, puisque les causes de tout ce qui se passe dans une couche donnée sont entièrement contenues dans la couche précédente, et chaque couche contient les causes de tout ce qui se passe dans la couche suivante. Et que, rappelons-nous, nous sommes toujours dans un système axiomatique immatériel, sans aucune relation d'aucune sorte avec notre espace ni notre temps. Voyons ce que cela donne sur une figure (seulement une dimension d'espace est représentée, mais il y peut y en avoir trois)

Dans cette figure, la relation de cause à effet va de gauche à droite, et la notion d'«espace» est verticale. On voit l'équivalent d'une «particule» (en haut à gauche) se déplacer rapidement vers le bas. Elle rencontre une autre «particule» immobile (milieu à gauche). Les deux «particules» se «heurtent» (ou plus exactement elles se repoussent par une «force» d'autant plus grande qu'elles sont proches) Celle du haut est stoppée, et elle a communiqué toute sa «vitesse» à celle du bas.

 

Des électrons se transmettent une propriété

Ceci ressemble très étrangement à la figure suivante, qui représente la collision de deux électrons dans notre propre univers physique:

Selon nos lois de la mécanique, ceci s'appelle une diffusion élastique (collision sans perte d'énergie ni altération des particules) Une particule rapide (En haut à gauche) percute une autre immobile (au milieu à gauche), et lui transmet toute son énergie cinétique, comme quand une boule de billard en heurte une autre. Dans le cas d'électrons, le contact n'a pas lieu, puisque l'échange d'énergie se fait par l'influence à distance du champ électrique (flèche ondulée). Dans le diagramme de nibs, la «vitesse» est représentée par le décalage constant de couche à couche du nib M, (et ici par la pente) et le «champ électrique» par la façon dont ce décalage est modifié par la présence d'un autre nib M voisin.

Il semble que cette fois on ait créé un équivalent mathématique beaucoup plus réaliste de notre univers, qui lui aussi apparaît à la suite d'un «Big Bang», qui est constitué d'un «espace» ou s'écoule un «temps». Si on considère seulement les couches successives de nibs, notre «temps» n'était au plus qu'une simple numérotation des couches, par ordre de génération. Mais maintenant ce qui se passe dans une couche est la cause directe de ce qui va se passer dans la suivante. Chaque couche détermine la suivante. On a des particules qui se comportent, des phénomènes qui se produisent. Exactement comme en physique, puisque toute la mécanique peut se ramener à l'étude du mouvement de particules, pour lesquelles ce qui se passe à un instant donné est la cause directe et unique de ce qui arrive à l'instant suivant. On peut donc légitimement parler de «temps», même si nous ne pouvons pas encore supprimer les guillemets, car il obéit aux mêmes lois et fonctionne de la même façon que notre temps physique. On reparlera de cette étonnante définition du temps un peu plus loin au chapitre IV-3.

Et notre «univers» mathématique, avec son «temps», connaît une phase d'expansion, contient des «particules» qui vont se comporter à la manière des particules matérielles. On peut compliquer les propriétés arbitraires que nous donnons aux nibs: il peut alors apparaître plusieurs sortes de «particules», dont le comportement sera celui des quarks, électrons, photons, neutrinos... de notre univers, ou de tout autre jeu de particules inédites pour des univers différents, à trois dimensions ou plus... Et là dedans, il va se former des «gaz», des «étoiles», des «galaxies», des «planètes», et, les mêmes causes produisant les mêmes effets, on y retrouvera une «évolution» qui donnera des «êtres vivants» et même l'équivalent mathématique de «scientifiques», qui auront sans doute des questions très réelles à nous poser.

 

On peut légitimement se demander jusqu'où on peut pousser la comparaison entre notre univers «physique», «réel», «matériel», et cet «univers» de nibs, «abstrait», «imaginaire», formé uniquement de relations logiques entre des éléments, les nibs, qui n'existent pas, mais qu'on a affublés d'une quantité arbitraire de propriétés ad-hoc.

Certes on peut facilement imaginer un univers de nibs reproduisant exactement la physique de notre univers matériel, avec la vie, et même avec toute civilisation idéale que l'on voudra imaginer. C'est ce qu'on fera dans toute la suite: assumer une imitation parfaite de la physique de notre univers matériel, au point qu'un physicien de nibs ne puisse pas différentier son univers de nibs de notre univers physique. On discutera plus précisément dans la quatrième partie sur la physique, jusqu'à quel point cela est possible, et nous verrons que, non seulement c'est possible, mais qu'en plus c'est justement comme cela que ça se passe dans notre univers matériel !

(Il est important de garder à l'esprit tout le long de ce livre que je me réfère toujours à la physique officielle et standard, et jamais à une quelconque physique «alternative»).

De toutes façons, cet univers de nibs existe, au sens où nous avons dit que des systèmes logiques existent, au chapitre III-3 précédent. Et si on en faisait par exemple une simulation informatique, on pourrait observer les phénomènes qui s'y déroulent. Et si quelqu'un en faisait une autre simulation informatique, il observerait encore les mêmes phénomènes (principe 5 du chapitre III-3). Ainsi on est forcés de dire que cet univers de nibs existe, au moins en tant que construction logique, d'après notre première définition de l'existence au chapitre III-2. En plus, il passe le test d'exister indépendamment de toute cause primordiale ou objet extérieur! Cela arrive par la seule vertu de l'absurdité créative. Ainsi cette façon de créer un univers se qualifie comme une véritable explication métaphysique. (On discutera de création divine plus loin, au chapitre V-6)

Mais cet univers de nibs existe t-il au sens de notre expérience quotidienne concrète de l'existence? Bien sûr, nous mêmes nous ne pouvons le voir, mais qu'en est-il de ses «habitants»? Ne sont-ils que des apparences, des chiffres dans un ordinateur, ou bien peuvent-ils effectivement expérimenter comme nous conscience et sensation de réalité? La réponse de la science classique est «non», et de toutes façons il serait naïf de répondre «oui» sans examiner d'abord ce que signifient exactement des mots comme «concret» ou «observable».

 

Eh bien allons donc voir ceux qui emploient ces mots, et demandons-leur ce qu'ils entendent par là.

 

 

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