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Epistémologie Generale        Chapitre VIII-5       

 

VIII-5 un modèle pour l'évolution

 

(Permalien)

Maintenant que nous avons la vie, le présent chapitre vise à déterminer la probabilité de cette vie d'évoluer vers la civilisation, ou le temps nécessaire pour ce faire.

(A noter que, dans le chapitre VIII-3, afin de déterminer ne, nous avons utilisé le résultat de celui-ci, plus précisément une estimation du temps nécessaire, sur la base des seules données réelles que nous ayons: 4,5 milliards d'années pour la Terre)

 

Nous notons que des délais considérables ont été nécessaires pour certaines étapes de l'Evolution de la vie. C'est bien sûr parce que les mutations nécessaires avaient très peu de chances de se produire. Cependant elles se sont produites, au moins sur la Terre. Cette série de mutations très peu probables a conduit beaucoup à penser que nous serions extrêmement chanceux, comme de gagner plusieurs fois d'affilée à la loterie, et donc que la vie intelligente serait rare. Je dis que, au contraire, ces mutations étaient obligatoires, mécaniquement obligées à se produire, et qu'elles sont aussi forcées de se produire environ dans la même séquence et avec les même délais sur toute autre planète avec des conditions appropriées, et même dans des conditions différentes de la Terre. Et je le démontre dans ce chapitre, grâce à un modèle biologique de l'évolution que nous avons juste sous la main, et qui existe dans de si nombreux exemplaires que nous pouvons facilement faire des statistiques avec (et beaucoup ont été faites, de sorte que je n'ai qu'à tirer les conclusions). Au contraire des planètes, où nous ne connaissons qu'un seule cas (qui n'est peut-être même pas représentatif de la moyenne).

Nous avons un modèle de l'évolution sous la main

(Permalien) Je fais remarquer que (c'est ma contribution personnelle au problème, et plutôt importante) nous avons un modèle qui ressemble de près à l'évolution de la vie sur une planète. Ce n'est pas un modèle très sympa, mais nous le voyons en action chaque jour, où il produit régulièrement les mêmes conséquences mortelles: l'évolution d'un cancer.

Il est bien connu aujourd'hui que les cancers sont des lignées de cellules (monoclonales) qui sont parties d'une mutation génétique dans une cellule unique. Mais en plus, les cancers ont besoin de plusieurs autres mutations pour devenir envahissants et mortels. La mutation de départ permet à la cellule d'échapper au contrôle de l'organisme; mais plusieurs autres sont nécessaires, pour que la tumeur devienne capable de construire ses propres vaisseaux sanguins, ou que ses cellules deviennent capables de «ramper» dans les tissus ou de voyager dans le sang, afin de former des métastases. Il faut aussi plusieurs autres mutations pour échapper aux tentatives constantes du système immunitaire pour éradiquer ce cancer. De sorte que c'est vraiment un processus d'évolution Darwinienne! A une échelle beaucoup plus modeste certes, mais forcée de reproduire les mêmes lois statistiques que la grande Evolution de la vie.

Chacune de ces mutations est très peu probable, mais le fait est qu'elles se produisent régulièrement. Pourquoi? Comment? Simplement par la force brute: si une mutation a une chance sur un milliard de se produise, elle devient statistiquement obligatoire, dès que la tumeur a atteint un milliard de cellules. Même si la tumeur n'a qu'un million de cellules, la mutation apparaît toujours au hasard chez une personne sur mille! Ce qui fait encore des millions de cas, dans une population de plusieurs milliards. C'est comme ça que fonctionnent les cancers. Ce n'est que les lois bien connues des probabilités: gagner un gros lot dans une loterie est très peu probable pour une personne unique, mais il y a tellement de joueurs que chaque tirage est certain de voir plusieurs gagnants.

 

Voyons plus en détails.

Les cancers n'apparaissent pas brusquement. Ils commencent souvent par des proto-cancers: de petit amas de cellules, plus petites qu'un millimètre, comptant quelques cellules à quelques millions. Il semble même que nous ayons beaucoup plus de proto-cancers que de cancers réels, mais la plupart d'entre eux n'évoluent jamais en une maladie mortelle. Un bon exemple est le grain de beauté, la bénigne tumeur de la peau bien connue, qui disparaît souvent spontanément (lorsque le système immunitaire trouve un moyen de le faire). Mais il est parfois le début d'un mélanome mortel. Nous avons clairement ici un processus de deux étapes, menant d'une cellule saine à un cancer mortel. (Heureusement, seule une très faible proportion de grains de beauté évoluent en cancer, de sorte que nous n'avons pas de souci à nous faire à leur sujet.) Donc, le système immunitaire est habituellement capable de contenir ces proto-cancers, et même de les tuer. Toutefois, si l'une de ces cellules trouve la bonne recette pour contrecarrer le système immunitaire, ou créer des métastases, alors ce proto-cancer va croître hors de contrôle jusqu'à ce qu'il tue la personne.

Et ces phénomènes ont lieu à des échelles de temps variées. Si dix ans sont nécessaires pour un proto-cancer pour atteindre le milliard de cellules qui rendent une mutation probable, alors ce sera le temps moyen de maturation de ce type de tumeur. Ces temps de maturation sont, statistiquement, à peu près constants, dépendant seulement du type de cancer. Ces temps varient entre 5 à 50 ans, selon le type de cancer (la leucémie radio-induite étant la plus rapide. Certains sont si lents qu'ils n'apparaissent que pendant la vieillesse, et n'atteignent jamais la phase finale).

 

Ce qui est important de comprendre ici, est que quand un cancer atteint une taille donnée, le faible probabilité qu'une cellule individuelle mute conduit à une certitude de voir cette mutation se produire quelque part parmi le grand nombre de cellules, tout comme de voir un gagnant à une loterie devient une certitude dans une ville suffisamment grande. Et si les gagnants à la loterie pouvaient avoir des enfants qui seraient aussi gagnants à la loterie, alors ils seraient une nouvelle race, et ils remplaceraient les pauvres en seulement quelques générations. De même, quand une cellule dans un cancer devient un «gagnant à la loterie», comprenons qu'elle a trouvé un moyen d'échapper au système immunitaire, ou d'être plus invasive, alors cette lignée remplace rapidement les ancienne cellules, et elle prend la tête de la croissance et de la diffusion.

Ceci est juste les lois standard des probabilités, appliquées au processus de sélection naturelle: Aussi peu probable qu'un événement puisse être, il SE PRODUIRA dans une population assez grande, ou avec assez de temps. Si cet événement est très rare, il lui faudra juste beaucoup plus de temps pour se produire. Ce temps juste est en proportion inverse de la probabilité pour que cela arrive.

 

La comparaison entre quelque chose d'aussi horrible qu'un cancer, et quelque chose d'aussi merveilleux que la vie sur une planète, est certainement choquante d'un point de vue esthétique (Si quelqu'un trouve un meilleur modèle, merci de le faire savoir). Mais elle est très pertinente du point de vue mathématique, car les deux processus obéissent à des lois statistiques très similaires.

 

La conclusion intéressante de ce modèle est que nous pouvons ramener les délais des différentes étapes de l'évolution à la probabilité que cette étape ait lieu. Nous observons des délais très différents sur Terre, de quelques heures (liposomes) à des centaines de millions d'années. Des événements beaucoup plus improbables, nécessitant par exemple de 50 milliards d'années, se produiront encore en 5 milliards d'années sur un dixième des planètes avec des conditions appropriées. Ce qui fait que nous sommes quand même certains de les trouver quelque part dans l'espace. D'un point de vue SETI, ils ne sont que 2,15 fois plus loin, ou 13 décibels plus faibles pour les signaux radio. Ce n'est pas énorme.

 

Sur les événements qui se sont effectivement déroulés sur Terre, nous pouvons conclure qu'ils étaient forcés de se produire, et avec les délais observés. Et sur d'autres planètes, ils vont également se produire avec la même certitude statistique, et avec des délais comparables.

 

Alors oui, l'évolution sur Terre a effectivement gagné 20 fois d'affilée à la loterie. Mais avec un si grand nombre de tirages, elle était statistiquement certaine de gagner à chaque fois.

Temps nécessaire pour les étapes de l'évolution

(Permalien) Je pense que nous pouvons compléter la théorie Darwinienne de l'évolution de ce principe: tout événement va se produire, même les plus improbables. C'est juste une question de suffisamment de temps, ou d'assez d'essais (nombre d'individus sur une planète, ou nombre de planètes). Plus précisément, la population (ou le nombre d'essais, ou le nombre de générations) multiplié par la probabilité de cette chose se produise. Si cette valeur devient supérieure à un, alors le résultat est certain de se produire.

 

Alors appliquons cela à la chronologie de l'évolution sur la Terre:

- Il y a 4,5 milliards d'années: apparition de la chimie de la vie

- (Date inconnue): premières molécules catalytiques

- (Date inconnue): premières molécules d'ARN codant pour un gène chacune

- Il y a 3,9 milliards d'années: système d'ADN terminé, premières bactéries

- Il y a de 2,7 à 2 milliards d'années: les premiers eucaryotes (cellules modernes)

- Il y a 1,5 milliards d'années: premiers êtres multicellulaires.

- Il y a 0,6 milliards d'années: la révolution de l'oxygène, de grands êtres organisés apparaissent.

- Il y a 0,5 milliards d'années: premiers systèmes nerveux et cerveau, la conscience. La vie commence à coloniser les terres fermes.

- Il y a 0,2 milliards d'années: les mammifères, les fleurs.

- Aujourd'hui: intelligence, permettant la spiritualité (maîtrise de nos émotions et du fonctionnement du cerveau, chapitre V-10 et chapitre V-12) la science (raisonnement, connaissance du monde) et la technologie (maîtrise des conditions de l'environnement). Ceci est la définitions SETI de la civilisation.

 

Nous notons que l'évolution a progressé à un rythme relativement régulier, sauf à certaines occasions:

 

-Passer des procaryotes aux eucaryotes.

Ceci est arrivé grâce à l'endosymbiose, quand une bactérie pénètre dans un autre, mais n'est pas détruite, de sorte que les deux profitent de l'association. Nos cellules modernes montrent les traces de plusieurs de ces événements, où les cellules absorbées sont devenues des organites dans les cellules hôtes. Les plus importantes sont les chloroplastes et les mitochondries. Grâce à eux, nos cellules eucaryotes modernes ont de bien meilleures performances et capacités, comme une usine moderne organisée par rapport à des ateliers d'artisans.

La symbiose est relativement commune, mais pour qu'elle mène à un seul être génétique, il faut que les gènes de l'un des deux partenaires passe à l'autre partenaire. Mais dès qu'un seul gène est transféré, les deux cellules deviennent une seule entité, et la séparation n'est plus possible. Alors ils évoluent ensemble. Mais même après deux milliards d'années, le transfert est pas complet, et nos mitochondries et les chloroplastes d'aujourd'hui ont encore un plasmide (brin d'ADN circulaire) contenant certains des gènes de l'organisme d'origine.

Alors nous pouvons en déduire sans risque que ces transferts de gènes sont très rares, ce qui explique le long délai de 1,5 à 2 milliards d'années entre les procaryotes et les eucaryotes. Les plantes modernes ont aussi eu besoin de 2,9 milliards d'années pour intégrer les cyanobactéries, qui sont devenues les chloroplastes. C'est ainsi que la lignée des plantes s'est séparée de la lignée des champignons et des animaux.

 

-Passer des êtres monocellulaires aux êtres multicellulaires.

Les êtres monocellulaires les plus évoluées doivent faire face à un problème considérable: ils ont besoin de changer leur chimie, pour l'adapter aux modifications des conditions ambiantes. Certains ont même fini par recueillir des génomes plus grands que celui d'un humain! Avoir plusieurs types de cellules effectuant chacun une fonction différente présente des avantages intéressants. Toutefois cela nécessite une réorganisation considérable du génome.

C'est à dire, quelque chose de compliqué, nécessitant de changer beaucoup de gènes en une seule opération. Donc, tout comme avec l'apparition des oiseaux (chapitre IV-6), le processus s'est certainement décomposé en étapes logiques, chacune rendant la suivante possible. On devrait donc trouver tout un tas d'être intermédiaires, pour chacune de ces étapes. Et effectivement, non seulement on les trouve, mais en plus la plupart existent encore aujourd'hui, permettant d'écrire précisément cette histoire:

1) Les cellules doivent être en mesure d'échanger des messages chimiques. Une cellule rencontrant une condition spécifique émet une substance, et les cellules réceptrices réagissent en exprimant un ensemble correspondant de gènes pour effectuer une tâche donnée. Les plus anciennes bactéries font cela.

2) Les cellules doivent être en mesure de se déplacer. Ceci est un phénomène courant chez certaines bactéries, capables de se déplacer toutes ensemble pour la nourriture. Ceci explique aussi comment les champignons moderne sont capables de croissance beaucoup plus rapide que les plantes. Dans les corps humains d'aujourd'hui, on a toujours plusieurs types de cellules qui ont à ramper de leur lieu de naissance vers leur lieu fonctionnel.

3) Les cellules doivent se spécialiser dans différents types. Ce processus est appelé la différenciation cellulaire, et il exige un ensemble complexe de gènes et des zones de contrôle permettant la cellule d'activer et de désactiver de grandes parties du génome, afin de modifier son fonctionnement. Au début, ces activations et désactivation sont réversibles, mais quand nous entrons plus avant dans ce système, les avantages de la réversibilité sont perdus pour des types de cellules plus spécialisées et plus exquis. Aujourd'hui, des cellules humaines ne présentent pas naturellement de réversion, mais elle peut être induite au laboratoire (pour créer des cellules souches).

4) Les cellules doivent se placer dans des positions précises l'une par rapport à l'autre. Cela doit probablement nécessiter plusieurs sous-étapes, la principale étant l'apparition d'un ensemble de gènes réagissant à un gradient d'une hormone. Le premier système de ce genre à avoir été découvert est l'homéoboîte, une chaîne de gènes adjacents. Elle émet une substance à partir de la future tête de l'embryon encore indifférencié. Cette substance diffuse ensuite tout au long de l'embryon, atteignant des concentrations différentes. Toutes les cellules de l'embryon réagissent alors à la concentration que chacune détecte, activant chacune un gène de l'homéoboîte, dans l'ordre où ils se trouvent sur le chromosome. Puis chacun de ces gènes démarre la formation d'une partie du corps: la tête, les bras, le thorax, l'abdomen, les jambes, la queue. Puis d'autres homeoboîtes vont créer les formes plus détaillées des os, des muscles, des voies nerveuses, etc.

Nous imaginons qu'un système aussi fantastique est complexe, qu'il y en a plusieurs, et qu'ils n'ont pu fonctionner correctement qu'après de nombreux essais, nécessitant plusieurs centaines de millions d'années, ce qui explique que les corps modernes complexes aient pris tant de temps à apparaître.

En fait sur Terre plusieurs sont apparus, donnant à chacun une organisation différente du corps: les bilatéraux (nous), la symétrie d'ordre cinq (étoiles de mer), et quelques autres.

La conclusion simple est que le délai extra-long de l'apparition des multicellulaires se décompose en faits en plusieurs délais de durée ordinaire, où l'évolution des génomes a toujours avancé à vitesse constante.

D'où le nom «d'étapes invisibles» pour ces réorganisations du génome sans modification importante des formes corporelles.

 

Le verrou de l'oxygène

Nous voyons le résultat de 1 ou 2 milliards d'années d'évolution vers les êtres multicellulaires, apparaissant brusquement il y a 0,6 milliards d'années, lors d'un événement appelé l'explosion cambrienne. Ceci est arrivé quand l'apparition de suffisamment d'oxygène a permis à des organismes beaucoup plus grands de croître, et de faire des fossiles. Cependant, la coïncidence de ces deux événements est suspecte, et je pense que toutes les formes de vie qui semblent apparaître «brusquement» lors de l'explosion cambrienne étaient déjà là depuis plusieurs centaines de millions d'années avant, mais qu'elles étaient trop petites pour faire des fossiles détectables. Les seules restes sont les traces génétiques de l'évolution qui a eu lieu avant cet événement, et elle montre effectivement une histoire bien plus progressive. Probablement l'évolution globale de la vie est tout simplement resté bloquée à ce stade, par manque d'oxygène.

 

Le rôle des thermophiles

Plus on va loin dans le passé de la vie, plus nous rencontrons des bactéries capables de résister à des températures élevées, parfois aussi chaude que l'eau bouillante. De là une hypothèse courante aujourd'hui (2015), que les premières formes de vie seraient apparues dans des oasis chaudes, telles que des sources thermales. Cela est logique, car elles étaient la seule source d'énergie et de nourriture à cette époque (avant la photosynthèse). Mais cette situation peut avoir ralenti l'évolution, de deux manières:

-rareté des ressources et des lieux habitables

-besoin de passer à des enzymes à plus basse température, mais plus efficaces.

 

 

La gestion des données dans le génome?

Il peut y avoir d'autres verrous à l'évolution, dans la structure même du génome. Ou au contraire, quelque chose a brusquement rendu l'évolution plus rapide:

-Système de correction des erreurs dans l'ADN, rendant possible la fiabilité nécessaire à la construction de corps complexes

-Mutations délibérées, comme on en voit dans certaines bactéries, et encore aujourd'hui dans notre système immunitaire. Bien qu'il ne soit pas clair si ceci peut accélérer l'évolution, ou au contraire la faire tourner inutilement en rond.

-Les nanomachines qui reproduisent le code ADN auraient amélioré leur fiabilité. Ce faisant, les cellules seraient devenues capables de stocker beaucoup plus de données avec une fiabilité suffisante pour former un corps complexe (Les bactéries monocellulaires, même complexes, n'ont pas besoin d'une telle fiabilité). Ce qui aurait permis à la révolution multicellulaire de commencer.

-Une hypothèse récente est la découverte d'une couche supérieure dans le code de l'ADN, permettant une sorte de compression de données: les protéines ne sont plus formés à partir d'un seul gène, mais d'un ensemble de blocs de construction de base nécessitant beaucoup moins de données. Cependant, ces protéines nécessitent un ensemble complexe d'instructions (le «introns») et plusieurs autres nanomachines, afin d'assembler une protéine fonctionnelle à partir des blocs de construction. L'évolution d'un tel système complexe peut avoir besoin de plusieurs étapes invisibles (sans changements apparents des organismes) expliquant le temps extra-long nécessaire pour les organismes multicellulaires. Et le génome humain serait vraiment de loin le plus complexe, beaucoup plus que les autres bactéries, mais codé en MP3 au lieu de WAV.

Ajouté en Mai 2023: Ces séquences de contrôle que je supposais ont  été positivement identifiées.  Article. Source: Corld Spring Harbor Laboratory.

Mon hypothèse préférée est que la révolution multicellulaire s'est produite beaucoup plus tôt que l'explosion cambrienne, et en plusieurs étapes progressives, comme toute autre évolution. Il a donc fallu plus longtemps, seulement en raison de sa complexité et du nombre d'étapes invisibles requises: il faut plus d'étapes pour passer d'une simple bactérie au ver de terre, que pour passer du ver de terre à l'humain! Donc, cette évolution n'a pas été très visible, car la plupart de ces étapes étaient abstraites, sur l'organisation du génome, plutôt que simplement l'ajout de fonctions corporelles visibles.

De sorte que cette évolution invisible s'est en faits déroulée au même rythme que les autres étapes visibles de l'évolution! Et les premiers êtres multicellulaires n'auraient pu apparaître que quand toutes ces étapes de gestion du code ont été terminées, il y a 1 milliard d'années.

Et l'apparition soudaine d'êtres de grande taille, il y a 600 millions d'années, ne serait pas une conséquence directe de cette évolution, mais de la disponibilité soudaine de l'oxygène. Il n'y aurait donc pas eu de radiation (apparition de multiples lignées en même temps) il y a 600 millions d'années, mais beaucoup plus tôt, et les célèbres schistes du Burguess ne montreraient qu'un instantané isolé, alors que l'histoire se terminait, en raison de conditions très favorables ici, une fossilisation très rare de corps mous. Des fossiles bien plus anciens pourraient exister, montrant des êtres similaires, mais bien plus difficilement reconnaissables en fonction de leur petite taille.

Conclusions

(Permalien) Nous avons vu au chapitre IV-6, sur l'exemple des oiseaux, comment une évolution «impossible» peut effectivement se produire, par petites étapes sérendipiteuses. Donc, non seulement le vol «impossible» est apparu, mais en plus il est apparu plusieurs fois: Insectes, ptérodactyles, oiseaux, chauves-souris, et il est toujours en cours sous nos yeux aujourd'hui, avec les écureuils «volants» et les poissons volants!

La leçon est que le processus de sélection naturelle de l'évolution transforme une série très peu probable d'événement en une série obligatoire d'événements, conduisant à des résultats obligatoires. La même chose vaut aussi pour l'ensemble de l'évolution de la vie sur une planète, à partir de liposomes jusqu'à des créatures intelligentes. Une fois les conditions physiques et chimiques propices réunies, le processus commence, et il continue aussi longtemps que ces conditions sont maintenues, jusqu'à ce que le résultat obligatoire apparaisse: des êtres intelligents et de la civilisation. Et il fait mécaniquement la même chose sur toute planète avec des conditions appropriées.

De sorte que, non seulement la civilisation apparaît sur toutes les planètes avec des conditions favorables, mais en plus on a des temps d'évolution similaires, de la chimie organique jusqu'à la civilisation.

 

Une deuxième leçon plus subtile de la comparaison avec le cancer vient du fait que nous avons un nombre quasi infini de mutations capables de mener à un cancer. Donc, chaque cancer devrait être différent. Cependant, nous ne trouvons que quelques dizaines de types de cancer. C'est extraordinaire. De même, malgré la variété des conditions planétaires et compositions possibles, nous pouvons nous attendre à avoir seulement un nombre relativement restreint de types de biosphère, de systèmes génétiques, d'organisation de base de l'organisme, etc. Par exemple, le code génétique peut résulter d'un petit ensemble de réactions catalytiques efficaces. Si oui, un code génétique extraterrestre pourrait être très semblable à la nôtre.

(Cela ne signifie pas que le métissage soit possible, car cela exigerait une correspondance exacte non seulement du code, mais aussi de la répartition de tous les gènes dans les chromosomes. Sans communication, cela est tout simplement impossible. Mais il serait tout de même possible de greffer des gènes extraterrestres sur des humains).

De même l'organisation bilatérale, voire humanoïde, devrait être la plus courante, sans toutefois exclure d'autres.

Évaluer le temps nécessaire pour les étapes de l'évolution

(Permalien) Ce que nous voyons ci-dessus est que l'évolution du génome (y compris sa formation pendant l'époque Hadéenne) semble progresser à un rythme relativement régulier, en moyenne de 0,2 milliards d'années par étape importante, ce qui peut comprendre plusieurs telles étapes quand une réorganisation «invisible» du génome est nécessaire.

Toutefois, cette marche est parfois ralentie par des événements plus rares:

- Les endosymbioses, qui ne semblent se produire qu'à un rythme de 2 milliards d'années.

- L'événement d'oxygénation dont l'échéance est déterminée par les conditions chimiques de la planète. Sur Terre, il a fallu 3 milliards d'années.

Ces événements spéciaux semblent ralentir l'évolution, car ils arrivent moins souvent. Toutefois ils ont souvent débloqué des situations où la seule évolution des gènes ne menait nulle part.

 

Ces considérations statistiques montrent donc que la Terre est très loin d'être une exception, ou même d'être un cas très chanceux. Bien sûr, en fonction des conditions locales, une planète peut avoir besoin de 3 milliards d'années, ou de 6 milliards d'années, au lieu des 4,5 milliards d'années de la Terre, pour obtenir le même résultat. Mais nous ne pouvons pas nous attendre à des planètes où la vie aurait évolué à des échelles de temps très différentes, comme 100 millions d'années, ou 40 milliards d'années.

 

A noter que l'apparition aujourd'hui de psychoéducation (la capacité de plier le fonctionnement matériel de nos cerveaux aux besoins de notre conscience, chapitre V-10 et chapitre V-12) peut également débloquer l'évolution de notre civilisation. Mais cela ne compte pas encore dans l'évaluation du 5eme facteur fi de l'équation de Drake, où la vie intelligente et la civilisation apparaissent, simplement, sans préjuger de ce qui se passe ensuite.

Evaluation des valeurs pour l'équation de Drake.

(Permalien) Ce chapitre et le précédent sont à propos des facteurs biologiques.

 

Le 5eme facteur fi est la fraction des planètes avec de la vie, où l'intelligence apparaît.

La conclusion de cette analyse de l'évolution est que cette évolution est statistiquement forcé d'avancer à un rythme régulier, de sorte que l'intelligence est tenue d'apparaître, et à première vue, nous sommes forcés de donner une valeur de 1 à fi.

Toutefois ces étapes prennent beaucoup de temps. Le calendrier complet de l'évolution du génome, sans les événements de verrouillage, a été d'environ 3 milliards d'années sur Terre. Étant donné que ce délai résulte de nombreuses étapes avec chacune une durée statistiquement forcée, on peut poser que le total est relativement constant. Cependant les événements de verrouillage peuvent apporter d'autres retards, de sorte que ces 3 milliards d'années sont en pratique un minimum. Par contre nous n'avons aucune idée de la limite maximum, sauf que cela résultera de conditions de plus en plus difficiles (moins d'eau, plus de fer...) de sorte que les valeurs croissantes deviennent plus rares. Quoi qu'il en soit ces conditions difficiles ont été comptées dans ne.

La conclusion pratique est que nous pouvons rechercher vie intelligente dans les systèmes âgés de 3 milliards d'années et plus. Aucune limite supérieure n'est prévisible, de sorte que la civilisation, ou même la vie elle-même, pourraient n'apparaître que aujourd'hui dans des systèmes de 10 milliards d'années.

 

Strictement parlant, ces délais ne sont pas comptabilisés dans l'équation de Drake, qui suppose un taux constant de formation des étoiles. Mais nous savons aujourd'hui que cela n'est pas vrai: il y a 5 à 10 milliards d'années, le taux de formation des étoiles était des dizaines de fois plus élevé qu'aujourd'hui. Voilà pourquoi il est important de traiter avec l'âge des étoiles, ce que l'équation de Drake ne fait pas. De sorte que, strictement parlant, lors du comptage des civilisations possibles, nous sommes obligés d'appliquer un facteur de correction pour fi, pour tenir compte de la répartition par âge des étoiles. Je ne dispose pas de telles données, et en plus cela dépend de la place dans la galaxie. De sorte que je fais une estimation approximative:

 

fi = 0,5 (en bref, pour tenir compte des étoiles trop jeunes, où l'évolution est encore en cours). Ceci est une limite pessimiste, car dans le halo de notre galaxie la valeur est beaucoup plus proche de 1.

 

Dans la pratique SETI doit rechercher seulement dans les étoiles de 3 milliards d'années ou plus.

 

 

Ces très grande valeur pour fl et fi, ainsi que le taux élevé de planètes dans la zone Goldilock, est ce qui a incité de nombreux scientifiques à déclarer que la vie extraterrestre devrait être très répandue, et même les civilisations seraient très répandues. Nous avons vu dans la discussion précédente sur ne que certains facteurs plus pessimistes réduisent le nombre de planètes avec des conditions appropriées pour la civilisation, mais il reste néanmoins suffisamment élevé pour justifier pleinement la recherche, soit par l'astronomie, soit par SETI. Notre voisin le plus proche doit se trouver à moins de 100 années-lumière, et il pourrait y en avoir des millions dans notre galaxie.

Note: ces chiffres sont seulement à propos de planètes ayant démaré une civilisation. Les planètes avec seulement des bactéries pourraient être bien plus nombreuses.

 

De sorte que les facteurs biologiques sont les plus optimistes, après tout.

 

 

 

 

 

 

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