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Epistémologie Generale        Chapitre IV-4       

 

IV-4 La nature de l'espace

 

(Permalien)

 

Nous avons l'habitude de considérer l'espace comme un continuum, dans lequel les phénomènes physiques, particules et champs, se dérouleraient.

Une analogie courante est avec la surface d'un ballon de foire, une sorte de membrane en caoutchouc, sur laquelle seraient peints des phénomènes, objets, etc. Notre univers est (autant qu'on sache), une hypersphère, c'est à dire l'équivalent en trois dimensions de la surface d'une sphère (qui a deux dimensions). Et de même que les phénomènes peints sur la surface de la sphère ne peuvent pas quitter cette surface, sont obligés de s'y coller, ainsi les phénomènes physique de notre univers sont collés à, ou contenus dans, l'équivalent de la membrane en caoutchouc, mais en trois dimensions. Inutile de chercher à se représenter ces entités bizarres, notre esprit n'en est pas capable. Mais il suffit de se rappeler que les objets de notre expérience sont comme «peints» sur l'équivalent d'une surface, mais en trois dimensions, que les physiciens appellent une «brane» (généralisation d'une membrane, mais à plus de deux dimensions). On appelle ça le continuum d'espace-temps, et une image courante pour visualiser le champ gravitationnel d'une planète est celle d'une bille qui déformerait la «membrane» à trois dimensions, comme une bille posée sur une membrane de caoutchouc à deux dimensions.

 

Cette image décrit parfaitement les phénomènes à grande échelle, l'espace, la cosmologie, les champs gravitationnels des planètes. Mais correspond t-elle à une réalité? Y a t-il vraiment une «membrane», et si oui, quelle serait sa nature? La mécanique quantique explique très bien comment particules et champs se comportent, sans rien nécessiter d'autre. La théorie du processus d'autogénération logique explique très bien la mécanique quantique, sans rien nécessiter de plus. On peut certes supposer que la membrane serait «quelque chose» qui maintiendrait les phénomènes dans l'espace à trois dimensions, tout en obéissant à la Relativité. Du coup, cette «membrane» a des propriétés bien complexes! Comme un super-éther, mais qui serait cette fois relativiste.

 

Toutefois, nous avons vu au chapitre III-4 que le processus d'autogénération logique est parfaitement capable de générer l'équivalent d'un espace à trois dimensions, tout à fait équivalent au nôtre, et indiscernable du nôtre pour les êtres qui vivraient dans un tel processus. Ceci offre la possibilité de se débarrasser de la «membrane» (le continuum d'espace temps existant indépendamment de son contenu).

Nous poserons donc que la structure d'espace à trois dimensions que nous observons dans notre univers est tout simplement, pour parler le langage de la Théorie des Ensembles, la structure de l'ensemble des nibs, exactement comme des ensembles de nombres, tels que R3 ou l'ensemble des trinômes, ont également une structure d'espace à trois dimensions, parfaitement indiscernable de celle de notre univers.

Et, faut-il le préciser, ces ensembles n'ont besoin d'aucune «membrane en caoutchouc» pour tenir les trinômes parfaitement alignés dans leurs trois dimensions. L'univers physique peut donc bien en faire autant.

 

Toutefois l'exemple de système d'autogénération vu au chapitre III-4 avait des nibs d'espace et des nibs de particule. Or notre univers n'a que des nibs de particules. Comment donc l'espace est-il généré?

Voyons un exemple: un scientifique envoie un photon sur un des réflecteurs installés sur la Lune, et le récupère quand il revient. Notons que ce photon ne subit aucune interaction quantique surs ce trajet, le miroir ne faisant que modifier son point de réapparition. Ce qui est intéressant, c'est que le photon arrive précisément là où on l'attend. Et cette précision semble pouvoir être améliorée quasiment sans limite: si les erreurs de mesure ou de calcul tendent vers zéro, alors la trajectoire tend vers la perfection.

Mais il y a mieux. En effet, dans une réflexion sur la nature de l'espace, on ne peut pas poser a priori que ce photon va retrouver notre espace à trois dimensions. Eh oui, si il n'y a pas d'espace absolu, alors le photon, ou n'importe quelle autre particule, peut aussi s'éloigner dans une quatrième, une cinquième dimension... et ne jamais revoir notre univers. Le fait est qu'il le retrouve: il atteint la cible prévue, non seulement là où on l'attend dans notre espace à trois dimensions, mais en plus, exactement dans cet espace à trois dimensions! Et cette fois avec une précision absolue, sans aucune erreur ni perturbation possible.

 

Tout se passe donc comme si on avait une «membrane», un espace absolu guidant les particules de manière absolue, et les forçant à rester dans cet espace. Toutefois la théorie de l'autogénération logique ne prévoit pas un tel objet, à qui il faudrait trouver d'autres causes ad-hoc. Il faut donc admettre que cette précision ne provient pas d'un continuum qui guiderait les particules, comme la surface du ballon qui guide les dessins imprimés dessus. Cette précision proviendrait, une fois encore, de la répétabilité parfaite des phénomènes physiques. Tout comme le temps, qui semble absolu et indéfiniment reproductible, tout en n'étant pas défini de manière intrinsèque, alors les trajectoires des particules les font rester précisément dans nos trois dimensions familière, sans rien pour les y contraindre, avec une précision parfaite que rien ne peut perturber. Cette répétabilité parfaite des phénomènes physiques est imposée par la règle 3 (cas 5) vue au chapitre III-3: les inférences successives du système d'autogénération logique sont logiquement contraintes de se reproduire toujours selon des lois parfaitement identiques.

Ainsi on n'a pas vraiment un espace tricoté maille par maille, comme au chapitre III-4, mais des particules qui s'y tiennent parfaitement, sans rien pour les guider: le vide est vraiment vide, immatériel, sans existence propre, sans structures ni propriétés. Et il n'y a nul besoin de «nib d'espace» entre les particules matérielles, ni d'un médium entre les particules pour transmettre les forces.

Donc notre vide à trois dimensions est juste le lieu mathématique où nos particules se retrouvent toujours, par rapport à un vide plus grand à quatre dimensions ou plus. Notre univers est donc un incroyable échafaudage, où des superstructures vertigineuses se rencontrent parfaitement, à l'infini, grâce à la précision absolue de leurs éléments, comme le ferait un assemblage de briques idéales: si on positionne une première brique, alors elle détermine une maille où toutes les autres briques sont forcées de se positionner, à l'infini. Dans ces conditions il n'y a effectivement besoin de rien pour guider cet échafaudage.

Pour fixer les idées, un bon exemple serait une formation de météorites volant ensemble, en formant un plan. Les différentes forces auxquels elles seront soumises pourront incliner ce plan, mais les météorites continueront à garder cette figure, même si ils s'éloignent, se tamponnent, etc. Elles génèrent donc bien une surface, de par le seul jeu de leur inertie, sans besoin de rien pour les guider ou les tenir ensemble. Notre espace à trois dimensions serait lui aussi généré de cette façon, toutes ses particules volant de concert en gardant cette configuration d'espace à trois dimensions. La seule différence est que les imprécisions du mouvement des météorites disloqueront rapidement leur plan, alors que les particules de notre univers restent toujours dans l'espace à trois dimensions, avec une précision parfaite, sans jamais se disloquer, même au bout de milliards d'années. Et ce quel que soit leur mouvement à l'intérieur de ces trois dimensions. Par exemple deux météorites se tamponnant ont de fortes chances de quitter leur plan, mais nos lois physiques font que, même quand elles se tamponnent, nos particules ne quittent pas notre espace à trois dimensions.

 

 

Une autre façon de dire la même chose, est d'utiliser à nouveau la comparaison avec l'ensemble des trinômes. Supposons un processus d'auto-génération logique, une série, créant de nouveaux trinômes à partir d'anciens. Même si on introduit des imprécisions dans le calcul, et que nous ne puissions pas prédire exactement où seront les prochains trinômes, il est toutefois évident que, quelle que soit leur valeur, ces nouveaux trinômes seront toujours exactement dans les trois dimensions de leur espace des trinômes. Il est tout simplement mathématiquement impossible qu'il en soit autrement, parce que les trinômes ont, par définition, trois dimensions. Si nôtre univers est dans la même situation, alors tous ses éléments sont obligatoirement dans ces trois dimensions, et ne peuvent pas être ailleurs. Sans besoin de rien, ni concret ni abstrait, pour tenir ces éléments dans ces trois dimensions.

 

A ce stade, on peut alors se demander, pourquoi trois dimensions? Pourquoi pas deux, pourquoi pas quatre?

La réponse la plus simple est que justement il n'y a pas de raison, et que se serait là une des propriétés intrinsèques et arbitraires des nibs de notre univers, que de s'organiser en trois dimensions, comme vu au chapitre III-3. D'autres univers pourraient arbitrairement avoir deux, ou quatre dimensions, voire des structures encore plus complexes.

Toutefois d'autres réponses plus compliquées sont possibles, qui concernent en général le pourquoi des lois physiques. Pour cette raison, nous ne commencerons à les étudier que après le chapitre IV-6 sur l'anthropisme.

Le vide

(Permalien) La réalité est toutefois plus complexe. En effet, la mécanique quantique dit que les champs dans le vide (champ électrique, magnétique, etc.) ont une structure complexe, quantifiée. Cela se traduit par des particules virtuelles, apparaissant et disparaissant dans le vide. Et ceci même quand ces champs sont tous nuls. C'est ce que l'on appelle parfois l'énergie du vide.

Les particules virtuelles sont les mêmes que les particules «réelles» dont nos corps sont faits. Toutefois, n'ayant pas d'énergie, elles n'ont pas de masse, et donc pas d'influence directe sur les particules «réelles». De plus, elles disparaissent aussitôt créées. C'est la raison pour laquelle le vide nous apparaît bien vide, et non pas comme un gaz. Mais ces particules virtuelles ont tout de même une influence sur les particules réelles, non pas en produisant des interactions quantiques observables, mais en influençant les interactions qui ont lieu entre les particules réelles. Cette structure du vide serait la cause de différents effets physiques bizarres, par exemple l'effet Casimir (une force attirant deux conducteurs plans rapprochés, vérifié, note 65) l'effet Unruh (des photons apparaissant dans un référentiel accéléré, hypothétique) ou l'effet Hawking (La radiation des trous noirs, hypothétique).

Cette structure du vide joue aussi un rôle important dans les propriétés visibles des particules, par exemple en y ajoutant de la masse. Ainsi un proton ou un neutron sont constitués de trois quarks, mais l'essentiel de leur masse provient d'un grand nombre de particules virtuelles, gluons et quarks virtuels, attirées par les trois quarks principaux et inséparables d'eux. Ces particules forment aussi un «écran», qui rend les interactions fortes des quarks indécelables dès qu'on s'éloigne du proton ou du neutron.

 

La théorie du système d'autogénération logique s'accommode aisément de ces particules virtuelles, si nous considérons chacune d'elle (de son apparition à sa disparition) comme un nib unique (ou une paire). Leurs relations sont alors des relations quantiques ordinaires, les mêmes que celles qui ont lieu entre les particules «réelles». La seule différence est qu'une particule réelle est formée d'une succession dans le temps de nibs. Comme la masse ne peut pas disparaître, un nib pourvu de masse en produit nécessairement un autre pourvu de la même masse. Ainsi une particule réelle est une chaîne de nibs qui se passent la masse et les autres charges les uns aux autres. Mais dans le cas des particules virtuelles, il n'y a pas de suite à la chaîne, car il n'y a pas de masse à passer: la particule disparaît aussitôt créée. Les autres propriétés, comme la charge électrique, s'annulent, car la loi de conservation des charges fait qu'il est toujours formé deux particules de charges opposées.

 

Les mêmes causes produisant les mêmes effets, ces particules virtuelles, de même propriétés que les particules «réelles», vont aussi s'organiser selon l'espace à trois dimensions qui nous est familier. Beaucoup de scientifiques considèrent alors les particules virtuelles, et leurs relations, comme un continuum qui définirait l'espace physique à trois dimensions. A mon avis, avec la théorie de l'autogénération logique, cela n'est pas nécessaire, et les particules virtuelles ne jouent pas de rôle plus fondamental que les particules «réelles», en ce qui concerne la définition de l'espace. Elles ne font que s'y trouver. La seule différence est que, contrairement aux particules «réelles», que l'on peut éliminer avec une pompe à vide, on ne peut pas retirer les particules virtuelles de l'espace. Si l'on reprend l'image du chapitre III-4, elles occupent la place du nib d'espace. Mais elles ne sont même pas nécessaires pour définir l'espace, pas plus que la «membrane en caoutchouc».

 

Ainsi, si on pouvait découper une portion d'espace, et retirer tout ce qu'il contient, «réel» ou virtuel, nib ou relation, et que l'on mette notre main à cet endroit, et bien on ne remarquerait rien de spécial, juste du vide ordinaire, avec exactement les mêmes propriétés, la même constante diélectrique, les mêmes particules virtuelles. Les champs électriques, gravitationnels, etc. seraient transmis de la même façon que dans du vide ordinaire. Alors que si il y avait un continuum d'espace-temps, une «membrane en caoutchouc» nécessaire pour transmettre les champs, alors en retirer un morceau ferait apparaître une forme totalement noire, aux propriétés très différentes du vide ordinaire, et ne transmettant pas du tout les champs, comme la Cavorite de HG Wells. Et si on essayait d'enfoncer notre doigt dans cette chose, alors il cesserait d'exister...

Et pourquoi ce «véritable» vide aurait-il la même constante diélectrique que le vide naturel? Par quelle fantastique coïncidence? Parce que tout simplement cette constante diélectrique n'est pas une propriété du vide, mais de la matière qui s'y trouve, c'est à dire, ultimement, du système d'autogénération logique qui crée l'apparence de cette matière et de ce vide. Le vide lui-même n'a aucune propriété, même pas d'avoir trois dimensions. Les constantes du vide que l'on mesure ne sont pas une propriété de ce vide, mais de la matière dont est faite l'instrument de mesure lui-même!

En poussant à l'extrême, si on pouvait mettre dans la même chambre à vide, deux appareils de mesure différents, appartenant à deux systèmes d'autogénération différents (deux «domaines», dans le langage de la physique), alors chacun d'eux mesurerait ses propres constantes, dans le même vide.

Et quand les scientifiques de la théorie du Big Bang disent que différentes sortes de vide («textures» ou «domaines») ont existé à différentes époques historiques de l'univers, (ou en des lieux différents), cela signifie, dans notre théorie, que chacun de ces domaines est un processus d'autogénération logique différent, chacun créant son propre espace-temps, avec des propriétés différentes, des constantes de base différentes, et des lois de la physique différentes. Mais tous se propagent dans le même rien, dépourvu d'aucune propriété ou dimensions. Et chacune des transitions de l'un à l'autre s'est produite quand un paradoxe logique a forcé un changement dans la loi d'autogénération, comme vu au chapitre III-4, règle 6. On voit donc pourquoi j'avais appelé ce processus «absurdité créatrice»... nous lui devons l'existence!

 

Que le vide soit vraiment vide explique au moins une de ses propriétés: ne pas freiner le mouvement. Quand la théorie du vide était l'éther, ce dernier devait avoir des propriétés parfaitement contradictoires, comme d'être extrêmement rigide, pour transmettre le champ électrique, tout en étant... parfaitement fluide, pour n'exercer aucun frottement sur les corps en mouvement. Ce problème n'est pas vraiment résolu avec l'idée d'un continuum «membrane de caoutchouc», même relativiste. Par contre, aucune contradiction de ce genre n'apparaît si on considère l'espace comme seulement la structure de l'ensemble des nibs, sans aucune autre forme de réalité. Et une structure d'ensemble n'a jamais freiné quoi que ce soit :-)

 

Une dernière remarque, les physiciens du Big Bang considèrent souvent un «vide quantique» d'où notre univers aurait émergé. D'après la théorie du système d'auto-génération logique, cet état serait un état où aucune loi de la physique ne définit la réalité, de sorte que n'importe quoi peut arriver, comme vu au chapitre III-4, règle 3. Et, d'une manière générale, tout état physique impliquant des particules virtuelles ou des fluctuations aléatoires (Effet Unruh, effet Hawking) serait simplement une situation où les lois de la physique en vigueur ne définissent pas complètement la réalité, ce qui permet l'apparition d'éléments aléatoires. De sorte que, à nouveau, ces éléments ne sortiraient pas d'un vide doté de structures et propriétés mystérieuses, mais apparaîtraient comme éléments du système d'autogénération en cours, existant dans la structure d'espace générée par ce processus.

 

(Ajouté le 13 Janvier 2019) Cette conception du vide a une conséquence: les autres univers décrits par mécanique quantique n'ont pas un autre continuum d'espace, même pas une autre dimension. Ils existent dans le même vide que nous. Mais on ne les voit pas, car leurs processus d'autogénération logique n'échangent pas d'information avec le nôtre. (Ce qui exclut de voir leur signature dans le fond cosmologique).

(Ajouté le 14 Janvier 2019) Cela vaut aussi pour tous les autres univers prédits par la théorie de l'autogénération logique, y compris pour les mondes psychiques et la conscience, qui partagent aussi le même vide!

Le flou des particules

(Permalien) Nous avons tendance à penser que chaque particule, chaque événement, se produit en un lieu et une date parfaitement définis, que l'on pourrait mesurer avec une précision tendant vers la perfection. Il n'en est rien: d'après la mécanique quantique, la position des particules ne peut pas être définie de manière absolue. Non pas qu'il y aurait des erreurs qu'on ne pourrait éliminer, mais que ces grandeurs ne sont tout simplement pas définies de manière parfaitement précise. Nous en avons vu un exemple avec l'électron autour d'un atome, dont la position n'est qu'un nuage de probabilité de présence s'étendant sur une certaine zone d'espace. Le monde des particules est donc un monde flou, de nuages qui se frôlent, et qui soudain se réifient dans des configurations différentes, toutes aussi floues.

 

La relativité d'échelle, du physicien Laurent Nottale, porte un autre coup à la notion de position absolument précise: si on considère des structures suffisamment petites, tenter de les observer avec un «microscope» grossissant davantage ne change pas l'image obtenue.

D'une manière générale, les physiciens considèrent que, à très petite échelle, l'espace n'est plus Galiléen: il forme des bosses, des creux, voire des «gouttes» qui se détachent. Ainsi les particules ne sont pas forcément strictement dans nos trois dimensions habituelles, elles s'en écartent plus ou moins. (Elles ne le font toutefois que pour des durées très courtes. Avec le temps elles reviennent toujours dans nos trois dimensions plates familières).

Dans ces conditions, avec en plus la Relativité restreinte, qui distord notre perception des événements en fonction de notre vitesse, et la Relativité Générale, qui tord carrément l'espace en fonction du champ de gravitation, il est clair que notre notion d'espace absolu, à trois dimensions (appelé Galiléen) ne correspond à la réalité physique que dans certaines conditions (celle que nous expérimentons dans notre vie quotidienne sur Terre). Au delà, la notion de position absolue, ou d'espace continu, n'a pas de sens, pas plus que le temps absolu du chapitre IV-3. On peut elle aussi la comparer à une notion de «terre plate» qui ne satisfait que nos sens.

 

 

Il nous faut donc abandonner ces deux notions, et concevoir d'une manière complètement différente la façon dont l'espace est généré par le processus d'autogénération logique, sans aucune référence à un espace absolu sous-jacent, ni même à nos trois dimensions familières.

Faire les choses dans l'ordre

(Permalien) Nous avons, depuis le début de cette partie, raisonné comme si les nibs, ou les particules, avaient une place déterminée, et visualisé leur comportement comme un déplacement dans notre espace tridimensionnel familier. Toutefois cette façon de penser ne peut pas permettre de comprendre ce qu'est vraiment l'espace, ni comment il apparaît.

Même les scientifiques commettent cette erreur. Je me souviens avoir vu passer une simulation informatique trapue, au super-ordinateur, de la structure du nucléon, permettant de calculer sa masse. Bien, superbe travail. Mais la masse, c'est, d'après la relativité générale, de l'espace courbé. Or, si on place les éléments d'une simulation dans les coordonnées d'un espace Galiléen, il est strictement impossible de courber le dit espace. Ainsi la simulation ne permettait que de calculer la masse indirectement, sans expliquer comment le nucléon plie l'espace autour de lui.

 

Il est alors clair qu'il faut d'abord calculer les relations entre les éléments de la simulation.

 

Seulement ensuite, on peut tenter de voir comment ils se disposent dans l'espace, sans préjuger de la forme ou du nombre de dimensions de cet espace.

 

Cela nécessiterait de calculer à l'inverse de l'habitude. Au lieu d'avoir des variables en fonction de x, y, z et t, on aurait au contraire les relations entre chaque paire de particules, qui seraient des fonctions de l'état quantique de chaque particule. Seulement après ces particules se disposent dans un espace.

 

Je pense que c'est théoriquement possible, en utilisant les fonctions réciproques des fonctions habituelles. Mais ne maîtrisant pas l'appareil mathématique de la mécanique quantique, je n'ai pas idée de comment s'y prendre, ni des éventuelles difficultés que l'on rencontrerait. Je ne sais même pas si les calculs seraient simplifiés, ou plus complexe. Il se pourrait par exemple, que l'espace galiléen habituel soit une sorte d'«épicycle» qui compliquerait inutilement les calculs (comme autrefois les épicycles de l'astronomie de Ptolémée, qui essayaient de calculer les mouvements des planètes en partant de l'idée fausse comme quoi la Terre serait au centre). Si cela est vrai, alors on pourrait peut-être arriver à une présentation simple de la mécanique quantique... Ce serait fascinant.

Un argument dans ce sens est que un calcul quantique nécessite souvent d'intégrer des valeurs sur tout l'espace, ou sur un ensemble de possibilités, par exemple le Hamiltonien. Il se pourrait alors que le calcul sans l'espace remplace ces intégrales par des valeurs entières et simples, réduisant le calcul quantique à une arithmétique beaucoup plus maniable que les intégrale ou l'analyse vectorielle. C'est d'ajouter l'espace qui compliquerait les calculs, pour des phénomènes qui, à la base, ne sont pas situés dans l'espace.

L'espace comme propriété émergente

(Permalien) Nous arrivons donc à une vision totalement différente de la vision spatiocentriste habituelle: des nibs qui se génèrent en relation logique directe les uns avec les autres, dans un pur diagramme de Feynmann, sans notion d'espace ni de temps, simplement des relations logiques causales entre eux.

Continuons sur la même image que précédemment: Les nibs sont reliés deux à deux par des «bâtonnets», représentant leurs relations logiques. On peut alors attribuer des longueurs à ces bâtonnets, en fonction de l'intensité de la relation. Si on a deux nibs, ils définissent ainsi un espace à une dimension. Trois nibs définissent un espace à deux dimensions, quatre à trois dimensions, etc. N nibs définissent donc un espace à N-1dimensions, et ils ont chacun une position dans un tel espace.

Si le nombre de nibs (et donc de particules) devient important, alors la notion de distance prend du sens: il y a des chances que les nibs en interaction intense sont «proches», et ceux avec des interactions plus faibles sont «loins». Ce que l'on devrait alors observer, en calculant de cette façon, est que un grand nombre de nibs, tout en étant toujours dans un espace avec un grand nombre de dimensions, s'organisent dans une structure très proche de notre espace-temps relativiste à trois dimensions d'espace et une de temps. Et plus on augmente la taille de cet ensemble de nibs, plus on est proche de notre vision tridimensionnelle classique, au point que des êtres vivants, à leur échelle, perçoivent un monde tridimensionnel parfait.

 

Ainsi notre espace à trois dimensions ne serait que la moyenne statistique des positions des particules dans un espace dont le nombre de dimensions serait virtuellement infini. Nous avions vu plus haut que notre espace à trois dimensions serait la structure de l'ensemble des nibs, au sens de la Théorie des Ensembles. Cela est toujours exact, à ceci près qu'il ne s'agit que d'une moyenne statistique, tout comme la pression et la température de l'air, qui nous paraissent uniformes, ne sont que la moyenne statistique du mouvement irrégulier des molécules.

Et la différence entre la moyenne (l'espace 3D) et la position exacte de chaque nib est donnée par cette notion d'espace qui deviendrait «rugueux» à petite échelle, ou qui serait rempli de «fluctuations quantiques» (ou encore les incertitudes de Heisenberg, bien que ce soit un peu différent). En fait il n'y a pas d'espace rugueux: il n'y a tout simplement pas d'espace défini à cette échelle, tout comme il n'y a rien entre les cases du jeu d'échec. Simplement, chaque nib est plus ou moins proche de la moyenne, l'espace 3D parfait.

Nous avons vu précédemment un «univers» du jeu d'échec: Dans un tel univers, si des scientifiques cherchent à agrandir leur image plus que la taille des cases, alors ils observent également une «relativité d'échelle» tout à fait similaire à la nôtre... parce que tout simplement, à un moment, «plus petit» n'a pas de sens.

 

De cette façon, on dit que l'espace n'est pas une propriété fondamentale de l'univers (continuum, membrane...) mais une propriété émergente.

 

Cette façon de voir les choses a été publiée en 2009 par le physicien Erik Verlinde. Toutefois j'en réclame la paternité, car je la décrivais déjà en 2000, dans la version 1 de ce livre «General Epistemology», chapitre 39, ISBN 0-75960-349-9, enregistré à la «Library of Congres» à Washington.

Une simulation pour le prouver

(Permalien) L'idée serait de faire une simulation d'un univers complet, comprenant un petit nombre de particules. Toutefois leurs relations seraient calculées nib par nib, sans placer ces particules dans un espace a priori. Les propriétés de ces particules seraient ce que la Mécanique Quantique prédit. Seulement après avoir construit le diagramme de Feynman de l'ensemble, et calculé toutes les interactions deux à deux, ces n nibs seraient placés dans un espace à n-1 dimensions. Une difficulté est que chacun des «bâtonnets» reliant les nibs deux à deux peut en fait avoir plusieurs longueurs différentes, aussi il faudra probablement une approche statistique. Ce que je prédis est que l'application de fonctions de régression statistique à l'ensemble des nibs devrait permettre de discerner un espace à trois dimensions, obéissant aux lois de la physique connues, avec les propriétés connues de l'espace (constantes de gravitation, constante diélectrique....).

Si en plus on utilise le nib relativiste vu au chapitre IV-5, alors cet univers obéira aux lois de la relativité restreinte et générale.

Ainsi la relativité devrait se déduire de la mécanique quantique, de cette façon, sans besoin de rien y rajouter.

 

(Il se pourrait toutefois que l'on ne puisse appliquer qu'une régression statistique simplifiée, basée sur un espace Galiléen, correspondant à la notion relativiste d'«observateur local»)

 

Toutefois le calcul de propriétés émergentes à partir de propriétés fondamentales est un des domaines scientifiques les plus complexes et mal connus. Ainsi on ne sait même pas déduire la température de fusion de l'eau à partir des propriétés de sa molécule, pourtant la plus étudiée. Au rythme actuel de l'augmentation de la capacité des ordinateurs, de telles simulations ne seront pas possibles avant de longues années.

L'hyperespace?

(Permalien) Les conceptions actuelles de la physique n'offrent rien qui permette de dépasser cette physique, en particulier aucun moyen de dépasser la vitesse de la lumière. Ainsi l'hyperespace reste, pour les physiciens classique, de la pure science fiction. Même pas de l'anticipation.

Toutefois il se pourrait que l'espace à trois dimensions ne soit pas la seule solution pour décrire l'ensemble des nibs. Dans ces conditions, on peut spéculer sur la possibilité d'une hyperphysique, qui ne serait qu'une autre façon de décrire la même physique, et les mêmes objets quotidiens, mais dans un espace émergent différent, par exemple à cinq dimensions, ou fractal. On peut alors espérer qu'une telle hyperphysique permette de faire des choses impossibles à la physique classique, comme de téléporter des objets, d'échanger de l'information, voire de voyager au delà de la vitesse de la lumière. Ce qui me paraît le plus probable serait une sorte de machine où un apparent hasard quantique ferait apparaître de l'information sur des objets du futur, ou au loin dans l'espace. Moins probable, mais pas insensé: des caissons d'isolation quantiques, où les objets perdent la définition mathématique du lieu. Ils peuvent alors se téléporter instantanément d'un caisson à l'autre.

Autogénération logique, ou simulation informatique?

(Permalien) Ajouté le 14 Juin 2021: Des films ont popularisé l'idée que notre monde physique serait en fait un monde virtuel, une simulation informatique existant dans quelque ordinateur extraterrestre. Des scientifiques ont même joué avec ce concept, essayant de trouver des défauts, similaires à ceux que l'on observe dans les mondes virtuels.

La nature purement logique d'une telle simulation fait qu'elle est aussi un processus d'autogénération logique. Ses propriétés fondamentales seraient donc les mêmes que celles du processus de la physique. Un «ordinateur extraterrestres» n'est donc pas indispensable pour expliquer la physique. La seule véritable différence est que la simulation nécessite des circuits de calcul (un ordinateur), plus des techniciens ayant conçu cette simulation et la faisant tourner. Leur action ressemblerait beaucoup à celles des récits des religions, chapitre IV-6. Toutefois une simulation ne peut pas être une véritable explication de l'existence: il resterait à expliquer le monde des bâtisseurs de la simulation.

 

 

 

 

 

 

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