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Epistémologie Generale        Chapitre III-8       

 

Chapitre III-8 Généralisation:
Univers physiques
Univers psychiques
Principe conscient

 

 

(Permalien)(Etait le chapitre 27 dans la version 1) (note 93 sur l’usage de ©)

 

(Ce chapitre anticipe un peu sur la cinquième partie sur la conscience.)

Nous avons vu aux chapitres précédents qu'une vérification de nos théories sur la vie dans d'autres univers passait par des expériences où semble intervenir un principe conscient immatériel. Oh fan de chichourle. N'étant pas scientiste (note 92) , et étant préparé par notre Epistémologie Générale à rencontrer de tels éléments immatériels et «irrationnels», nous ne rechignerons certes pas à affronter ce principe conscient immatériel, mais tout de même, il pose un gros problème: Nous avions bien expliqué la matière, l'espace, le temps, et même leur début, et voilà que s'amène un principe conscient immatériel qui ne peut (par définition) se réduire à aucun de ces éléments physiques. Comme l'ont fait remarquer pertinemment les scientistes et les scientifiques, c'est bien un élément supplémentaire dont il nous faut maintenant trouver une explication différente. Voyons voyons, si on peut faire cela sans avoir besoin d'ajouter d'autres trucs ad hoc à notre théorie.

Univers physiques

(Permalien) Nous avons vu aux chapitres précédents qu'un univers matériel semble pouvoir apparaître (comme étant «réel») aux yeux de ses éventuels habitants, bien qu'il ne soit (y compris le corps de ses habitants) qu'un simple jeu de relations logiques à partir d'un nœud logique initial «absurde». Un tel processus d'autogénération logique© peut alors développer toute la complexité que peut contenir un univers comme le nôtre, y compris une évolution biologique, menant à des êtres pourvus d'un cerveau, capables d'expérimenter la conscience, les émotions, le bonheur. Ces êtres peuvent même devenir des scientifiques, qu'ils soient des physiciens étudiant leur matière, ou des yogis étudiant leur conscience. Et tout cela sans supposer quoi que ce soit qui existerait déjà quelque part: pas de temps absolu, pas d'espace absolu, pas de toute-puissante «matière» absolue qui mystérieusement déterminerait seule ce qui existe ou non.

 

Nous avons donné un premier exemple à partir des nibs inexistants, pour montrer que ce processus est possible, et comment il fonctionne. Puis nous verrons (Quatrième partie sur la physique) que les lois de la physique de notre propre univers fonctionnent comme un processus d'autogénération logique, dont le nib n'est autre que l'interaction quantique, qui définit la réalité physique à son niveau le plus élémentaire. Les «lois physiques» de notre univers ne seraient autres que des relations mathématiques (c'est-à-dire logiques), qui sont en effet tout à fait suffisantes pour que notre univers s'autogénère à partir d'un Big Bang logique pour donner un «espace» et un «temps» apparents à nos organes des sens, qui s'autoconstruisent par une succession de causes logiques et d'effets logiques, sans qu'il soit nécessaire de supposer un «espace» ni une «matière» préexistants, qui, par on ne sait quel mystère, «se comporterait selon les lois de la physique», et dont la nature comme l'origine seraient forcément inexplicables.

Et sur cet ensemble de relations logiques, notre conscience projette nos sensations familières d'espace et de temps, et surtout cette étourdissante sensation de «réalité concrète», «d'existence», l'enchantement du monde visible, qui nous accable dès que notre conscience est connectée à nos organes des sens, le matin au réveil, et quitte son état normal, le rêve.

Par contre nous ne recevons aucune information, donc aucune sensation, des autres ensembles (autres univers). Ils nous semblent alors «abstraits», «des rêves», «inexistants». Ceci est parce que notre cerveau est formé d'éléments contenus dans cet univers, aussi il en reçoit des informations (sensations), de celui-ci mais pas des autres. Si nos corps étaient formés de polynômes du second degré au lieu d'atomes, c'est cet ensemble qui nous paraîtrait «réel», «concret», «physique», «observable». Permettons nous d'appeler cette illusion l'universocentrisme©.

 

Quels autres univers pourraient exister?

Tout d'abord les univers décrits par la théorie quantique du Big Bang, qui fait intervenir un vide quantique instable où de tels univers seraient générés en permanence en un nombre incommensurable.

Il paraît logique que tous les univers correspondant à toutes les physiques possibles existent, à moins qu'un hypothétique élément supplémentaire n'opère une sélection (Dieu créateur? Principe anthropique? Voir chapitre IV-6). Il n'est toutefois pas sûr que tous ces univers puissent héberger des formes de conscience. Le nôtre a déjà l'air d'un coup de chance, avec des choses comme la réaction triple alpha, qui permet de former le carbone grâce à une improbable conjonction de niveaux quantiques d'énergie.

Eventuellement nous pourrions générer d'autres types d'univers en les définissant mathématiquement, à moins qu'ils ne résultent de conditions favorables existant dans certaines parties de théories mathématiques comme celle des Ensembles, ou de toute autre cause logique. La Théorie des Ensembles génère déjà les ensembles de nombres, de polynômes, de vecteurs, qui ont des structures dites d'espace (espace vectoriel par exemple), qui les rendent tout à fait équivalents à notre notion quotidienne de l'espace, et que nous pourrions appeler des «univers». Mais je doute que l'ensemble des polynômes du second degré puisse héberger des structures conscientes capables de le percevoir comme réel et poétique! Ce serait quand même un beau jeu mathématique que de chercher de telles structures dans les espaces vectoriels ou ceux des nombres.

L'élément important à retenir ici est que tous ces univers ont le même statut existentiel, quelle que soit leur nature ou leur contenu.

Univers non-physiques

(Permalien) Les univers que nous avons considérés jusqu'à présent suggéraient un contenu analogue à notre matière et à notre physique, où les lois de cause à effet manipulent l'équivalent de «particules», de «champs», etc. De tels contenus sont dénuées de tout point commun avec des éléments de l'expérience de conscience tels que sentiments, idées, images, intentions, etc. Les éventuelles consciences résidant dans ce type d'univers le ressentent comme peuplé d'objets existant «objectivement», indépendamment de leur perception personnelle, et dont les propriétés et le comportement ne dépendent pas de leur volonté ou désir (Contrairement à ce qui se passe dans une rêverie). Ces consciences ne peuvent vivre là qu'en utilisant un corps formé des mêmes particules que cet univers, et soumis à sa physique: ce qu'on appelle un «corps matériel». Elles ne peuvent même pas modifier ce corps, tout juste le faire bouger avec des muscles. (Une situation bien cruelle pour une conscience…). Notre univers est dans ce cas.

 

Toutefois il n'y a aucune sorte d'obligation à ce que les éléments du processus d'autogénération logique imitent la matière: ils peuvent être de toute autre nature, telle que des nombres, des objets «abstraits», des situations dans l'intrigue d'un livre, n'importe quoi.

 

Ainsi rien n'empêche de concevoir des univers où les successions de cause et d'effets et les relations logiques de base porteraient sur des éléments de l'expérience de conscience elle-même: sentiments, connaissances, désirs, images, symboles, etc. au lieu d'«électrons», de «champs», de «photons»... Ces éléments de conscience existent tout autant que d'autres éléments «abstraits» reconnus par la science classique, tels que les nombres ou les structures mathématiques. Rien n'interdit donc que des univers s'autogénèrent tout comme les précédents, mais à partir d'éléments de l'expérience de conscience, pour s'organiser en un ensemble cohérent, donner naissance à la complexité, à une histoire... Et de toutes manières ils n'ont pas besoin d'exister «physiquement» pour qu'une conscience vivant dans un tel univers les perçoive comme la «réalité concrète». Appelons ceci des univers psychiques©, pour les différencier des univers physiques comme le nôtre. Mais cette différentiation est pour notre seule commodité, ces univers psychiques sont tout autant des systèmes d'autogénération logiques. Et ils ont le même statut existentiel que les autres.

 

On notera que cette expression de «univers psychique» réfère clairement à quelque chose d'immatériel, tel que le rêve ou le royaume des anges, et non pas aux phénomènes du cerveau. Afin de clairement distinguer ces derniers, j'utilise «psychique» pour ce qui est immatériel, et «psychologique» pour ce qui est matériel, créé par le cerveau. On notera qu'il n'y a pas de consensus sur l'usage de ces termes: de nombreuses personnes utilisent «psychique» pour les expériences de conscience ordinaires reliées au cerveau, ce que j'appelle psychologique. Dans ce livre j'utilise toujours «psychique» pour le domaine immatériel, et toujours «psychologique» pour les expériences en relation avec le cerveau.

 

Bien entendu, il se pose avec ces univers psychiques le même problème qu'avec les univers physiques: un positiviste conclurait immédiatement à leur non-existence, puisqu'«on ne peut les observer» («Et puis, la conscience, pff, qu'est-ce que c'est que ça?» Protesterait-il). Mais un observateur interne à un de ces univers éprouverait la même sensation de «réalité concrète» que nous qualifions naïvement d'existence. De son point de vue à lui, il existe, et c'est nous qui lui paraissons «abstraits»! (J'ai même appris que Karl Popper, arrivé au paradis, a évité de justesse d'être jeté en enfer comme menteur, car il était incapable de tester ou de réfuter les incroyables souvenirs qu'il rapportait de la Terre! C'est des copains anges à moi qui lui ont joué ce tour, et qui m'ont raconté, ils étaient tous pliés de rire!) Le fait qu'un univers psychique ne contienne pas de matière (atomes, particules...) ne change rien, puisque de toute façon la matière que nous percevons «objectivement» chez nous n'est qu'une apparence, propre à notre univers, qui n'engage en rien les autres univers. Si dans un univers psychique se trouvent des «objets» qui existent, ils ne sont que des images sans composantes matérielles, non formées d'atomes ou de particules, mais tout aussi «réelles» pour ses occupants que l'est notre matière à nous. Les gens qui ont visité de tels univers parlent même de «plus réels» que le monde physique! Parce que, bien sûr, on peut concevoir de tels univers qui imitent les sens que nous avons hérités de notre vie dans la matière: vue, son, toucher, goût, odorat… en bien mieux! De plus, un univers formé, en quelque sorte, de pure pensée, serait modifiable de par notre seul désir ou volonté: la magie y serait une pratique courante!

Je peux citer ici une théorie que je n'approuve pas, mais qui est un bon entraînement de l'esprit: Notre univers ne serait qu'un univers psychique, composé uniquement d'images, couleurs et le reste. Et ce serait simplement notre croyance en la science et ses hypothèses, qui nous feraient trouver des atomes, qui n'existeraient pas en réalité, et qui nous ferait ainsi créer une «physique» de plus en plus compliquée au fur et à mesure que nos moyens de recherche se raffinent! Pire, notre croyance dans «le rationnel» rendrait la magie, comme le bonheur, de plus en plus difficiles à obtenir... tout en renforçant l'enchantement du pouvoir et de l'argent! C'est tout à fait le genre de théorie qui est vraisemblablement fausse, mais dont on aurait tout intérêt à agir comme si elle était vraie.

 

On pourrait penser que des univers purement psychiques ne peuvent pas exister, parce que les éléments de l'expérience de conscience auraient besoin d'un support pour «exister»: une image a besoin d'un écran, le son a besoin d'air, etc. Ou au moins, ils auraient besoin d'un support d'information, tel qu'un réseau de neurones, une mémoire informatique, etc. Toutefois, je parle ici, non pas des phénomènes physiques que nous percevons avec nos sens, ni même de l'activité des neurones, mais bien du fait qu'une conscience ait une sensation (image, son, etc.) quelle que soit l'origine de cette sensation. Sensation et conscience sont en fait inséparables: pas de conscience sans, forcément, quelque chose dont elle est consciente (son, image, sentiment, idée, etc.), au point que l'on peut dire que la sensation définit la conscience. L'inverse est aussi vrai: une sensation ne peut pas exister seule: si il y a une sensation, c'est forcément dans une conscience. Donc, quand je parle «d'élément de l'expérience de conscience», il peut s'agir d'images, de sons, etc. Mais il s'agit aussi, et surtout, d'un instant élémentaire de la conscience proprement dite, et de ce que cette conscience voit ou ressent à ce moment. Le nib de l'expérience de conscience, donc! Que ces éléments s'enchaînent dans un processus d'autogénération logique suffit alors à les faire exister au sens mathématique, vu au chapitre III-3. On aura donc des suites d'éléments de l'expérience de conscience, et donc, automatiquement, une conscience, puisque les deux sont inséparables. Et cette conscience percevra ces éléments comme «réels» et «concrets», même si l'ensemble n'est qu'une abstraction logique.

Il en va là exactement de même que pour un univers physique: les particules physiques n'ont pas besoin de «quelque chose» qui les rende «réelles», pour pouvoir agir sur des instruments d'observation ou des organes des sens de même nature qu'elles. (Je dirais que c'est là le sens profond de l'interprétation de Copenhague de la mécanique quantique). La simple existence de cette relation logique suffit pour que cet univers physique paraisse «réel» et «concret» aux yeux de ses habitants, même si il n'a fondamentalement rien qui le différencie d'un espace «abstrait» de nombres. Ce raisonnement vaut aussi parfaitement pour un univers formé directement d'éléments de l'expérience de conscience: Un tel univers n'a pas besoin de «quelque chose» qui le rende «réel» pour exister, et surtout pas «quelque chose de matériel» qui le rendrait magiquement «réel». On pourrait appeler cela l'Interprétation de Copenhague de la conscience: les éléments de l'expérience de conscience n'ont pas besoin de «quelque chose de plus fondamental» qui les porterait et les ferait magiquement «exister», par exemple une âme, une parcelle de Dieu, etc. Tant mieux, cela fait une chose de moins à expliquer

(Le bouddhisme considère similairement la conscience comme un «courant» d'éléments, qui n'ont pas besoin de «quelque chose» pour tenir ensemble)

(Cette relation entre l'interprétation de Copenhague de la mécanique quantique et la survie après la mort n'a pas été beaucoup remarquée par la communauté scientifique ordinaire. Toutefois, elle a été clairement remarquée par les sophistes qui essaient de dénier la conscience, et il est frappant que l'athéisme militant ou l'anti-conscience sont souvent liés, non seulement aux sempiternels intérêts financiers, mais aussi à la rage de refuser la Mécanique Quantique ou la Relativité, par exemple en disant qu'il y a «forcément» «quelque chose» qui passe par un seul des deux trous dans l'expérience de Young).

 

 

La relation d'un tel univers avec la conscience qui y vit est forcément différente. En effet, dans un univers physique, les éléments de la «réalité» existent en dehors de la conscience, et ne sont accessible à elle que indirectement, par les organes des sens, ou par les muscles. Mais dans un univers psychique, les éléments de cet univers (émotions, images, désirs, «objets», situations...) existent dans la conscience. Tout le contraire! Si de tels univers psychiques sont possibles, ils sont, au contraire des univers physiques, subjectifs et malléables, par rapport à la conscience individuelle qui l'expérimente. (Comme un rêve nocturne ou une rêverie diurne, où les objets obéissent plus ou moins à notre désir, alors qu'un univers physique nous paraît «objectif» et rigide: ce que nous pensons de lui ne le modifie pas).

De plus, la conscience n'y a pas besoin d'organes des sens ni de muscles pour y percevoir et agir directement (Toutefois il est probable qu'elle percevra et agira selon des modalités qui lui sont habituelles, par exemple des images dans un paysage où l'on marche, pour une conscience d'origine humaine, ou des échos dans un milieu liquide où l'on nage, pour une conscience d'origine dauphin). Mais ce qu'elle percevra lui semblera tout aussi réel, concret et détaillé que l'expérience dans un univers physique!

Si cette conscience connaît et maîtrise la situation, alors les apparences qu'elle percevra obéiront directement à sa volonté: les «objets» pourront léviter, apparaître, disparaître, se modifier, comme dans les contes de fée, et cela sans besoin de membres ni de muscles. Cette conscience pourra aussi percevoir directement son univers, sans besoin d'organes des sens, comme elle le désirera. Elle pourra par exemple changer de place instantanément, simplement en changeant l'objet de son attention, réalisant ainsi une téléportation.

Si cette conscience ne maîtrise pas la situation (c'est à dire si elle n'est pas capable de maîtriser l'enchaînement de ses pensées ni l'émergence de ses émotions, ou si elle croit que tout ce qu'elle voit est absolument réel) alors elle n'aura aucun contrôle sur les situations qu'elle percevra, qui pourront devenir absurdes, terrifiantes, douloureuses. Ceci est une expérience courante dans nos rêves, où un objet effrayant nous poursuit, alors qu'un objet désiré nous fuit. Si le contact avec cet univers psychique n'est pas franc, l'expérience semblera évanescente, élusive.

Enfin un univers psychique s'autogénère tout comme un univers physique, mais avec une loi d'autogénération différente (ses «lois physiques», qui seront plus souvent non-Aristotéliciennes). Il n'y a donc pas de différence fondamentale d'avec un univers physique.

Un univers psychique est aussi soumis à la loi de cause à effet, en tant que processus d'autogénération. Donc on y aura aussi une sensation subjective d'écoulement de temps. Mais un univers psychique ne semble pas capable d'héberger un système comparable à une horloge physique (chapitre IV-3), aussi il ne semble pas possible d'y mesurer précisément de durée. Le temps y sera donc flou (au sens logique de ce mot, chapitre I-3) L'espace pourra être similairement flou (pas de plan précis des lieux, voyages instantanés sans trajet intermédiaire).

Le principe conscient

(Permalien) Nous avons remarqué qu'un univers psychique ne peut exister que dans une conscience. Or, une conscience a forcément un contenu: par définition, ce dont elle est consciente. Ainsi, on pourrait faire l'équation: univers psychique égale conscience individuelle! La conscience individuelle la plus banale, la nôtre, celle de notre patron ou de notre concierge, sont des univers psychiques à elles toutes seules! Simplement le contenu de nos consciences individuelles est presque exclusivement consacré aux informations rapportées par nos organes des sens, ce qui fait que nous ne percevons que la «réalité» extérieure, sans possibilité d'y échapper autre que la rêverie (sauf lors d'expériences particulières, telles que isolation sensorielle, sortie du corps, NDE, etc.). Et bien sûr les différentes consciences individuelles ne communiquent pas entre elles, puisqu'elles sont des «univers» différents, sans «organes des sens» dans la conscience des autres (Sauf là aussi des expériences particulières, communément appelées télépathie).

Bien entendu, on entend habituellement par «univers» quelque chose de très vaste, un espace avec des galaxies, des planètes, des paysages... mais dans le cas d'un «univers psychique-conscience individuelle» il faut comprendre quelque chose de beaucoup plus modeste, puisque cela ne contient que les éléments dont nous sommes conscients, plus éventuellement quelques autres éléments inconscients sous-jacents. Et ces éléments ne forment pas de paysage dans un espace-temps à quatre dimensions! Donc, pas de spéculations ahurissantes, je n'ai employé ici le terme «univers» que pour signaler un fonctionnement commun entre la conscience et le monde physique, qui sont pourtant deux choses très différentes. Afin de ne pas donner prise à des ambiguïtés ou des extrapolations incontrôlées, disons plutôt que la conscience est un processus d'autogénération logique, tout comme l'univers physique, mais qui fonctionne avec des éléments de l'expérience de conscience, au lieu d'éléments de la physique. Elle a toutefois toutes les propriétés des processus d'autogénération logique.

 

 

Ainsi, et sans trop anticiper sur la cinquième partie sur la conscience, nous voilà avec une explication possible de la nature du principe conscient immatériel promise au chapitre III-7 précédent, et ceci sans le secours d'aucune hypothèse supplémentaire, ni d'aucun ingrédient mystérieux! (Il faut quand même admettre la réalité de la conscience et de son contenu, mais il s'agit là de faits d'observation quotidiens qui ne peuvent être honnêtement niés). Le principe conscient est aussi un système logique qui s'autogénère exactement comme celui de l'univers physique, mais avec des éléments de l'expérience de conscience, au lieu d'éléments de la physique. Son contenu est tel que, au moins dans notre cas, il concerne surtout la perception de notre univers physique, grâce à des organes des sens placés dans un corps, à propos de ce qui arrive à l'endroit de notre univers physique où se trouve ce corps. Nous verrons comment au chapitre V-2. Nous verrons aussi dans la cinquième partie sur la conscience, la relation exacte entre le cerveau et le principe conscient, qui n'est pas très simple.

On pourrait s'étonner de comparer à un «univers» quelque chose de si petit qu'une conscience individuelle. Mais notre univers physique est aussi passé par un stade microscopique et très simple, et la physique actuelle envisage des univers semblables au nôtre, mais de dimensions beaucoup plus modestes, ne contenant par exemple que quelques étoiles, voire quelques atomes seulement. Ce seraient pourtant bien des univers physique, au sens reconnu par la physique classique.

 

Un tel principe conscient aurait toutes les propriétés habituellement dévolues à l'âme des religions, en particulier de ne jamais s'arrêter, c'est à dire de continuer à exister (à avoir des expériences de conscience, en clair à vivre) même après la destruction (la mort) du corps physique qui l'héberge. Il pourrait aussi se réincarner, et, dans la mesure où il peut agir sur le cerveau qui le porte, il peut donc transmettre des souvenirs de vies antérieures, que ce soit dans le même univers, ou dans d'autres univers. On peut donc scientifiquement envisager l'existence de tels phénomènes, et si on les observe, on sera obligé de les accepter comme réels.

 

On pourra même l'utiliser pour tester l'existence d'autres univers, puisque cela semble le seul moyen.

 

(ajouté Avril 2012) Une objection ici est que le principe conscient d'un individu aurait besoin de «quelque chose» pour exister, et tenir tous ses éléments ensemble. Ce «quelque chose» correspondrait au «principe vital» du 17eme siècle, ou à l'âme ou au «principe spirituel» des religions. Mais si on fait le même raisonnement qu'on a fait au chapitre III-5 avec la matière, on s'aperçoit qu'il n'a besoin de rien, d'aucun élément mystérieux sous-jacent pour «exister» et fonctionner. Le principe conscient est, et n'est que, la série des expériences de conscience qui s'enchaînent en un processus d'autogénération, selon des lois logiques propres à la conscience. Ceci est aussi le point de vue du Bouddhisme. Et on pourrait appeler ça «l'interprétation de Copenhague» de la conscience!

Univers psychiques proprement dits

(Permalien) On peut aller encore un peu plus loin: des consciences ayant atteint à une maîtrise totale du processus pourraient être capables de projeter de tels univers avec tant d'efficacité que d'autres consciences pourraient en partager la vision, et y jouir des mêmes situations. Dans ce cas on peut effectivement parler d'univers psychiques au sens strict, qui prendraient même une forme d'objectivité (des témoins différents décrivent les même événements) voire de rigidité (il obéit peu à la volonté individuelle) et de persistance (le départ de certaines consciences n'arrête pas l'expérience des autres). C'est exactement ce que nous avons vu avec les paradis où le Powa nous donne accès, qui, selon les textes, sont créés et entretenus par des êtres de grande maîtrise spirituelle. Ce peut être aussi le cas de l'ensemble des paradis religieux, chrétiens et musulmans par exemple, dont on dit qu'ils sont entretenus par Dieu.

Le comble, c'est qu'il n'apparaît ici nulle contradiction à ce que par exemple les Chrétiens aillent au paradis ou à l'enfer de cette religion, que les musulmans aillent dans le paradis décrit dans le Coran (qui n'a pas l'air mal, à ce que l'on dit) tandis que les Bouddhistes vont dans leurs propres Terres Pures ou enfers. Toutefois il est peu probable que d'éventuels au-delàs où iraient les morts humains obéissent à une telle vision naïve de clans religieux; il est bien plus plausible que les différents êtres se retrouvent par affinités psychiques dans des univers qui leur correspondent, selon des critères où les opinions religieuses ne seraient que très accessoires.

Interactions entre physique et psychique: la psychophysique

(Permalien) Encore plus fort: nous avons considéré les univers physiques d'un côté, et les univers psychiques de l'autre, tout en remarquant que, malgré leurs propriétés parfois opposées, ils obéissent fondamentalement aux mêmes lois. Mais cette distinction est-elle nécessaire? Pourrait-il exister des univers qui mélangeraient des éléments physiques (espace, matière, particules, champs, ou tout autre équivalent) ET des éléments psychiques (désirs, images, formes, sensations...) des univers psychophysiques©, dont les habitants expérimenteraient un monde physique analogue au nôtre, mais où toutes sortes de magies seraient possibles, comme dans les contes fantastiques les plus débridés?

Magie?

N'observerait-on pas justement dans notre univers physique des occasions particulières, où l'esprit semble manipuler la matière, et même l'espace et le temps (miracles religieux, phénomènes parapsychologiques, ovnis)? Peut-être que le simple fait que nous soyons conscients de notre univers physique suffit-il à le transformer en un univers psychique, avec toutes ses propriétés? Quel fantastique futur attend notre monde, une fois que nous aurons compris et maîtrisé le fonctionnement de nos consciences? Nos prouesses technologiques dont nous sommes si fiers aujourd'hui, paraîtront alors bien vaines…

 

Pour ne pas surchauffer vos neurones, je vous suggère d'en rester là dans cette partie; à partir de la cinquième partie sur la conscience et la relation entre l'esprit et la matière, nous tenterons de traquer tous les éléments qui nous permettront de savoir comment la conscience et la matière sont reliés, dans quelle catégorie se trouve notre univers, et ce qu'il est vraiment possible d'en faire. Ça va barder!

 

 

 

 

 

 

Epistémologie Generale        Chapitre III-8       

 

 

 

 

 

 

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