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Epistémologie Generale        Chapitre I-9       

 

Chapitre I- 9 Constructions conceptuelles et réalité

 

(Permalien)

Historique

(Permalien) (Sous-chapitre ajouté le 7 Novembre 2017)

Avant de commencer, un peu «d’historique de la pensée de l’auteur», afin de comprendre le pourquoi de ce chapitre. Peut-être qu'un jour des profs ennuyeux feront analyser mon bouquin à leurs élèves, pour leur faire trouver l'origine de ces idées dans le tour de poitrine de ma mère, ou des trucs de ce genre. Sérieusement, ce livre n'est que la continuation de ce que j'ai appris à l'école: la logique et à la méthode scientifique. A l'époque, le rêve des scientifiques était une «théorie du tout», permettant de tout expliquer logiquement, du Big Bang à pourquoi leur fiancée les a laissé tomber.

Jeune homme, mes idéaux sociaux m'ont amené à fréquenter des gauchistes, dont la façon de raisonner semblait «scientifique». Toutefois je me suis vite aperçu que même des faits humains simples pouvaient s'expliquer selon de nombreuses théories différentes, sans que l'on puisse vraiment les départager. Pire, ces faits sont «flous», ce qui rend difficile de les faire tenir dans des théories similaire à la Théorie des Ensembles en mathématiques. Si l'on essaye, alors les explications deviennent rapidement extrêmement complexes. Peine perdue, car, un peu comme avec les incertitudes de Heisenberg, ce que l'on gagne en précision se perd en risque d'erreur (Sans parler des imprécisions du langage ou de la mise en concept qui varie d'une personne à l'autre). A l'époque, faute de moyens d'y voir vraiment clair, j'avais classé le fait dans ma mémoire, et tenté de faire quelque chose d'utile avec le peu de théories sûres que l'on avait: physique, écologie, idéaux sociaux.

Par chance, il y avait en ce temps, Place des Capucins à Bordeaux, un magasin macrobiotique, où j'ai eu un premier contact avec la dialectique Yin-Yang. Immédiatement j'en ai saisi l'intérêt pour l'analyse plus exacte de nombreuses situations humaines, sans tomber dans cette accumulation insensée d'erreurs ou de complexité.

Toutefois ce n'est que quand j'ai découvert la spiritualité que j'ai vraiment commencé à maîtriser le domaine des logiques non-Aristotéliciennes, d'abord avec le Hatha Yoga, puis avec le Bouddhisme, la Cabale et le Taoïsme. Même les notions de Christianisme reçues dans mon enfance prenaient un sens à cette lumière (par exemple la notion de communion entre le Dieu unique et Ses créatures multiples, qui semble si illogique au rationaliste. C'est pourtant la même logique que la non-localité quantique.)

Aujourd'hui, la compréhension globale du monde se trimballe encore la guéguerre idiote entre les «scientifiques» et les «religieux». C'est pour passer au stade suivant que j'ai écrit ce livre. Bon, en fait je ne pense pas qu'il puisse y avoir une «théorie de tout» unique, similaire à la Théorie Aristotélicienne des Ensembles. Mais au moins, les outils que je décris dans ce chapitre permettent une compréhension d'ensemble du monde, utilisable en pratique, sans laisser de zones inaccessibles ni de tabous.

Constructions axiomatiques.

(Permalien) Que fait-on avec de la logique? On peut faire des raisonnements sur des situations simples de la vie quotidienne. par exemple: Si le feu est vert, on avance, sauf si il n'y a pas de place pour dégager. Ainsi on peut trouver des solutions aux problèmes immédiats. Toutefois une vue un tant soit peu plus générale sur l'existence demande une compréhension d'ensemble de la vie et de l'univers, ou au moins de domaines entiers. Pour cela on construit des théories, des systèmes plus complexes: philosophies, mathématiques, morales, systèmes religieux, systèmes politiques, économiques ou sociaux. Il est intéressant de voir dans quelle mesure et comment ces systèmes peuvent effectivement décrire la réalité et nous permettre de la comprendre. (En supposant bien sûr qu'ils soient logiquement justes. Nous ne parlerons que de systèmes justes dans ce chapitre.)

De tels systèmes, appelés systèmes axiomatiques par les logiciens, ou systèmes conceptuels en spiritualité, ont tous la même structure:

- Des axiomes, qui sont des propositions énonçant des faits reconnus a priori comme vrais (Les trois axiomes de la Théorie des Ensembles, existence ou non-existence de Dieu, intérêt personnel supérieur ou inférieur à intérêt collectif...)

- Des raisonnements logiques qui, à partir de ces axiomes, si ils sont vrais, vont démontrer rigoureusement la véracité ou la fausseté d'une série d'autres propositions: les résultats. Ces raisonnements peuvent utiliser des propositions intermédiaires entre les axiomes et les résultats.

- Des résultats, qui sont des propositions logiques censées décrire des aspects de la réalité autres que les axiomes, ou donnant des lignes de conduite efficaces (théorèmes mathématiques, principes moraux, lois de la physiques, jeux, méthodes financières...). par exemple, si on a comme axiome que tous les humains sont égaux, on édicte des lois protégeant cette égalité.

 

Les déclarations précédentes sont des classiques pour les logiciens. Toutefois ce chapitre va introduire une série de nouveautés.

Que peut vraiment démontrer un système axiomatique?

(Permalien) Que se passe t-il si un des axiomes est faux? Eh bien c'est très embêtant, car toutes les conclusions faites avec sont fausses. Même si tous ses raisonnements sont justes. Notre théorie est fichue, même dans le cas où l'expérience montre que un des résultats est juste!

Et comment savoir su un axiome est juste ou faux? Eh bien ce n'est pas une affaire de raisonnement ni de logique, c'est une affaire de regarder comment est la réalité. Le feu est-il vert (axiome)? Je regarde. Il l'est, donc (raisonnement) je peux avancer (résultat). L'être humain est-il pourvu d'une dimension spirituelle (axiome)? Attendez je regarde... Ah là c'est un peu plus compliqué. Ce serait pourtant bien utile de savoir si je dois consacrer ma vie à jouir au maximum avant le néant (résultat 1), ou s'il vaut mieux sacrifier un bonheur éphémère à une vie éternelle en paradis (résultat 2). Et si on ne connaît pas l'axiome, comment connaître ce résultat?

 

Il me semble qu'il faille bien comprendre ici deux choses:

- Un système logique quel qu'il soit ne peut démontrer ses propres axiomes. Les résultats peuvent sembler vrais, les raisonnements peuvent être rigoureusement inattaquables, mais cela n'implique nullement que les axiomes soient vrais. On peut seulement dire que si la base est vraie, alors les résultats le sont.

- Déterminer si un axiome est vrai n'est pas une affaire de logique, mais une affaire d'observer la réalité. Cela peut être simple (feu vert) comme cela peut soulever des problèmes subtils ou fondamentaux (comme l'existence d'une dimension spirituelle). Ceci est l'affaire de l'épistémologie, à laquelle nous consacrerons toute la seconde partie. La logique ne permet que de prédire des faits encore inconnus à partir de faits déjà connus.

 

Ceci peut être résumé dans un petit croquis:

Comment la logique relie des faits, des faits connus, des faits v&eavute;rifiables,
			des faits inconnus, des faits invérifiables

Toutes ces appétissantes petites patates représentent des faits de n'importe quelle nature (physique, morale, spirituelle...) ou plus exactement les propositions logiques qui énoncent ces faits. Ces faits sont reliés par des raisonnements logiques, des théories (symbolisés par les flèches). Mais dans la zone en forme d'ellipse grisée, ces faits sont inconnus (Trop loin, cachés par un ennemi, ou trop cher à observer...) alors qu'ils sont vérifiables dans la zone blanche.

-Si on peut vérifier un fait tel que A, alors on peut l'utiliser comme axiome pour un raisonnement ou une théorie.

-Si la théorie dit que C est vrai, mais que l'on ne peut vérifier C, alors on ne peut pas savoir si la théorie est bonne (vérification de Popper).

-Mais si la théorie dit que B est vrai, et qu'on peut vérifier B, alors notre théorie est exacte (vérification scientifique d'une théorie).

-Cette théorie exacte permet alors de déduire valablement des faits C, que l'on ne peut pourtant pas vérifier (application technique de la théorie).

-Une théorie qui prévoit un fait E inconnu à partir d'un fait D inconnu n'est pas non plus vérifiable (vérification de Popper).

-Une théorie que l'on a déjà vérifiée (dans la situation A et B) qui prévoit un fait F vérifié, permet de montrer la réalité d'un fait invérifiable D, et même parfois E.

Beaucoup de systèmes philosophiques et religieux, a partir d'axiomes dans la situation D, font des affirmations dans la situation F, bien que l'observation montre la fausseté de F. Quand on a un peu roulé sa bosse dans la philosophie, ce vice de raisonnement finit par paraître évident. Et même ennuyeux à réfuter. Pourtant tout semble se passer comme si personne n'en tenait compte, chacun s'attachant à tel ou tel système axiomatique sans voir qu'il mène à des croyances fausses ou à des actes terribles. Ceci n'est pas un problème de raisonnement ou de logique, c'est bien évidemment imputable au biais psychologique que nous avons déjà mentionné au chapitre I-8 et dont nous parlerons au chapitre II-6. Certains philosophes se tortillent même les méninges pour «démontrer» leurs axiomes par des raisonnements qui se mordent la queue, sans s'apercevoir qu'ils pourraient aussi bien «démontrer» ainsi n'importe quelle autre tas d'axiomes ramassés au marché aux puces. Désolé, mais quand j'étudiais la philosophie en classe de terminale au lycée, ce problème m'avait immédiatement sauté aux yeux.

Ajoutons de la Logique non-Aristotélicienne

(Permalien) Certains systèmes diffèrent de ce que les logiciens décrivent habituellement, car ils n'utilisent pas forcément la logique Aristotélicienne (Taoïsme...). Toutefois le principal but de cette partie a été d'asseoir les logiques non-Aristotéliciennes comme étant de statut égal avec la logique Aristotélicienne. On en conclura donc que les constructions axiomatiques peuvent contenir indistinctement:

- Des raisonnements Aristotéliciens on non-Aristotéliciens (non-dualité, logique quadripolaire...)

- Des axiomes, des propositions intermédiaires ou des résultats qui ressortent de ces logiques.

Bien sûr ces propositions et raisonnements devront concerner des objets qui s'y prêtent, pour lesquels la logique est valide (voir Chapitre I-7). Cette remarque sur les logiques non-Aristotéliciennes restera implicite jusqu'à la fin du livre. On y emploiera toutes les logiques, au besoin sans le préciser.

Réalités transcendantes.

(Permalien) En Occident, nous sommes tellement attachés à cette idée d'objets uniques et parfaitement déterminés, que nous pensons que toute la réalité peut être entièrement décrite par des propositions logiques Aristotéliciennes toutes reliées en un système unique par des raisonnements Aristotéliciens, comme dans un microprocesseur. Une théorie de tout. Heureusement, il n'en est pas ainsi! Nous avons déjà vu que certains objets n'obéissent pas à la logique Aristotélicienne, mais à d'autres plus graduées; les zones de la réalité où habitent de tels objets sont inaccessibles à la logique Aristotélicienne. On peut dire qu'un objet ou un raisonnement ressortant par exemple à la logique quadripolaire transcende la logique Aristotélicienne. Ce mot doit plutôt s'entendre dans le sens mathématique (Pi est un nombre transcendant, car il ne peut être le résultat d'aucune formule), mais si l'esprit entre en scène, alors c'est bien de transcendance spirituelle dont il s'agit (un but divin transcende forcément toute justification temporelle ou matérielle). Il pourrait aussi arriver que certaines réalités transcendent toute forme de logique, Aristotélicienne ou non, et alors on parlera de réalité transcendante.

Une petite définition sera utile: Nous préférerons souvent qualifier une proposition non-Aristotélicienne de vue transcendante, par rapport à des propositions de logiques plus simples. Par exemple une proposition quadripolaire transcende sa description à l'aide de propositions Aristotéliciennes, ou même graduées.

Même à l'intérieur de la logique Aristotélicienne, on trouve des propositions que l'on ne peut prédire, indémontrables. Nous avons vu le cas du troisième axiome de la Théorie des Ensembles au Chapitre I-2. Le théorème de Gödel prédit qu'il existe des propositions indémontrables dans tous les systèmes d'axiomes. Si on ajoute les logiques non-Aristotéliciennes, les zones indémontrables sont fort probablement plus petites, mais j'ignore si elles disparaissent complètement. En tout cas si on a affaire à une proposition que l'on ne peut démontrer par aucun raisonnement logique, il peut nous rester le recours de l'épistémologie. Cette passionnante discussion pourrait continuer, mais il nous faudra introduire d'autres éléments seulement dans la seconde partie sur l'épistémologie.

Différent systèmes axiomatiques comme approximations d'une réalité transcendante.

(Permalien) Que se passe t-il si on essaie de tenir des raisonnements logiques sur une réalité transcendante? La question est d'importance: Même sans chercher les réalités spirituelles subtiles, la vie quotidienne ne manque pas de choix gradués, où de situations avec différent aspects mêlés que l'on ne peut aisément séparer en catégories distinctes. Le croquis suivant symbolise ce cas:

Comment des propositions Aristotéliciennes approximent une
			réalité transcendante

Une réalité transcendante est symbolisée par une ellipse (en pointillé), c'est à dire une forme courbe. On tente de décrire cette courbe avec des propositions logiques Aristotéliciennes que l'on représente par des segments de droite. Les articulations entre ces segments symbolisent les raisonnements exacts qui relient ces propositions. Des axiomes vrais, bases du raisonnement, sont représentés par des segments de droite avec des boules.

Ce croquis rend assez bien l'idée que tous les systèmes axiomatiques (philosophies, mathématiques, morales...) sont des constructions mentales artificielles, des échafaudages de raisonnements. On exclut bien sûr les systèmes faux ou qui ne se rapportent pas à cette réalité.

 

On constate que:

1) Un système axiomatique Aristotélicien exact comme celui représenté ne peut jamais donner une représentation exacte d'une réalité transcendante.

Une autre façon de dire la même chose est de dire le contraire:

1 bis) N'importe quel système axiomatique vrai peut décrire exactement une réalité transcendante, mais il lui faut pour cela une quantité infinie de raisonnements et étapes intermédiaires. (Une quantité infinie de minuscules segments de droite pour décrire exactement la courbe)

2) Mais que pour cela il lui faudra parfois recourir à des échafaudages branlants ou compliqués, où différent types d'erreurs d'observation (sur les axiomes), de raisonnement ou de validité (type de logique) ont d'autant plus de chances de se produire, ou encore que l'incertitude sur le résultat augmente avec le nombre d'étapes.

3) Il se peut toutefois qu'un système axiomatique Aristotélicien quelconque puisse donner d'une réalité transcendante, au moins dans certaines zones, une représentation suffisamment précise pour un usage pratique donné.

 

Le croquis suivant comporte cette fois deux systèmes axiomatiques différents, symbolisés par deux types de traits (il s'agit bien de deux systèmes différents sans points communs, bien qu'ils soient enchevêtrés):

Comment plusieurs théories Aristotéliciennes peuvent approximer
			différemment une réalité transcendante

On peut compléter les trois résultats précédents:

4) Des systèmes axiomatiques Aristotéliciens différents peuvent valablement prétendre approximer la même réalité transcendante.

5) Différentes parties d'une réalité transcendante peuvent être mieux ou moins bien décrites par tel ou tel système axiomatique Aristotélicien. (Par exemple, sur la figure, le système en trait fin décrit mieux la partie gauche, tandis que celui aux traits épais est meilleur à droite) On pourra dire qu'à cet endroit tel système peut être plus ou moins valide qu'un autre, en ce lieu précis. Des théories physiques comme la mécanique quantique, la relativité ou la mécanique ondulatoire sont dans ce cas. Les différentes religions sont aussi dans ce cas.

6) Il peut arriver que plusieurs systèmes axiomatiques Aristotéliciens différents voire logiquement incompatibles aient une validité similaire pour une réalité transcendante donnée. On ne peut alors donner plus de valeur à l'un qu'à l'autre, ils sont équivalents. Souvent, des systèmes équivalents, bien que de bases profondes très dissemblables, peuvent mener à des conclusions similaires sur de nombreux points pratiques. Pire, il arrive souvent que:

6bis) la même réalité transcendante est décrite de manière tout aussi valide par des systèmes conceptuels Aristotéliciens différents, logiquement incompatibles ou contradictoires. Ce cas est fréquent en politique, sociologie ou religion.

 

Il faut être bien conscient de ces six points, surtout du 5), dès que l'on se lance dans une discussion un tant soit peu subtile. De très nombreuses erreurs découlent de leur méconnaissance. On ne peut faire autrement que d'accepter que la réalité soit ainsi, et ne pas chercher à opposer artificiellement entre eux des systèmes différents, voire apparemment contradictoires.

Il peut arriver que des gens préfèrent tel ou tel système parmi des équivalents, pour des raisons personnelles, culturelles ou psychologiques. Cela est tout à fait correct tant que ces personnes ne procèdent ainsi que pour appréhender plus aisément la réalité avec des moyens qui leur sont plus familiers. Mais ce ne l'est plus si on commence à attacher plus de valeur ou de validité à «notre» système qu'au «leur», au risque de perdre de la subtilité de jugement. Ceci est une erreur de base, que nous commettons tous quotidiennement, tout en étant sincèrement persuadés que ce sont les autres qui se trompent ou qui sont idiots. Il n'y a alors pas besoin de beaucoup de haine pour faire tourner la situation à la guerre de religion, aux clans sociaux, aux querelles politiques ou familiales.

N'en déplaise à certains mathématiciens, la Théorie des Ensembles pourrait être dans ce cas, ce qui signifie que d'autres théories complètement différentes pourraient fournir une base aussi valable pour les mathématiques et la logique. Personnellement je proposerais de la garder, mais en partant des propriétés des objets sur lesquels on va raisonner, choix 1 et 2, comme présenté au chapitre I-2. Ceci aurait l'avantage de placer les mathématiques et la logique Aristotéliciennes dans un cadre beaucoup plus général de toutes les logiques possibles.

Les lecteurs matheux n'auront pas manqué de remarquer la très pertinente analogie avec l'idée de développement limité. (Pour les non matheux, voir (note 10). Par exemple une série de propositions Aristotéliciennes approxime une proposition quadripolaire transcendante, de la même façon qu'en mathématiques plusieurs fonctions simples approximent une fonction transcendante. Une autre comparaison physique est le fait que l'on peut synthétiser n'importe quelle onde sonore («transcendante») avec une série d'ondes sinusoïdales de fréquences multiples de celle du son considéré. Cette analyse paraît fondamentale, mais, dans un circuit électronique, on peut obtenir exactement le même résultat en combinant des formes d'ondes carrées au lieu de sinusoïdes! Cette image montre élégament l'idée de systèmes conceptuels equivalents.

L'approximation d'une réalité transcendante par un système conceptuel va plus loin qu'une simple analogie. Dans le cas d'une réalité Aristotélicienne, on peut trouver un (ou plusieurs) système conceptuel qui la décrit exactement, ce que en physique on nomme un modèle mathématique (comme les équations différentielles de Maxwell, qui décrivent exactement la propagation d'une onde électrique le long d'une ligne téléphonique) Dans le cas d'une réalité non-Aristotélicienne ou transcendante, on peut également trouver des systèmes conceptuels qui la décrivent, tels que des modèles mathématiques, mais aucun ne peut le faire complètement ni exactement. Malgré cette limitation, ces systèmes restent quand même le meilleur moyen pour notre intellect d'appréhender ces réalités.

 

7) Si un système axiomatique contient des propositions non-Aristotéliciennes (que l'on pourrait représenter par des courbes sur les diagrammes précédents) alors il pourra donner une idée bien plus précise d'une réalité transcendante. Une proposition quadripolaire, elle même transcendante pour la logique Aristotélicienne, peut être approximée par plusieurs propositions Aristotéliciennes. C'est d'ailleurs ce que nous avons fait dans ce livre, pour décrire la logique quadripolaire, et qui explique aussi pourquoi cette description ne peut jamais être complète, ou qu'il puisse en exister d'autres différentes, comme on vient de le voir. Le croquis suivant illustre ces deux cas.

Comment une théorie apporte une meilleure approximation d'une
			réalité transcendante, si elle contient elle-mê des propositions
			non-Aristotéliciennes.

Erreurs et faux systèmes axiomatiques

(Permalien) Jusqu'ici, on ne parlait que de systèmes axiomatiques exacts, que l'on ne peut obtenir qu'en appliquant sincèrement les méthodes de raisonnement et de vérification des faits, tout en maîtrisant complètement notre biais psychologique. Toutefois, tout le monde ne fait pas ainsi, et tant de gens construisent des systèmes axiomatiques faux ou non-valides, qu'ils brandissent ensuite comme la seule vérité, en considérant tous les autres comme fous.

Bien entendu, l'erreur est humaine (et d'être sincère ne suffit pas à toujours l'éviter).

8) Mais quand cette erreur commence à se verrouiller elle-même dans un cycle d'autojustification, et que les gens se fâchent au lieu d'envisager l'erreur, alors les systèmes axiomatiques faux sont des idéologies. On a quatre cas principaux:

- Le système axiomatique est vrai, mais divers défauts psychologiques conduisent les gens à s'attacher exclusivement à ce système, et à considérer que tous les autres sont faux. Ceci est très fréquent en religion, et est une cause très commune des guerres de religion.

- Le système axiomatique est vrai, mais appliqué à un domaine où il n'est pas valide, comme en 5). Comme nous le verrons dans la seconde partie, c'est l'erreur de base du matérialiste et plus spécialement du positivisme, chapitre II-7. Ceci mène à des distorsions dont la cause est difficile à déceler.

- Le système axiomatique est spéculatif, mais arbitrairement tenu pour seul vrai (Dogmatisme). C'est également un cas très courant dans les religions et les sectes.

- Le système axiomatique a des axiomes ou des raisonnements faux. C'est par exemple le cas du Marxisme, chapitre VI-10, dont le noble idéal de justice sociale a été complètement pourri par le matérialisme, l'esprit de clan et la violence.

On notera que le mot «idéologie» est souvent utilisé dans un sens péjoratif, au point qu'il faille éviter de l'utiliser dans un sens positif. De toutes façons, au début, il était utilisé par les Marxistes, pour désigner leurs systèmes de pensée qui étaient pourris des erreurs ci-dessus. Aussi j'utiliserai toujours ce mot dans le sens péjoratif défini en 8).

Quand les gens veulent imposer leur vue par force, on peut parler d'intégrisme. Si ils se contentent de faire une ségrégation contre les tenants d'autres opinions, on peut parler de sectarisme.

 

8 bis) (Ajouté en Mars 2012) Le cas le plus simple d'idéologie est l'opinion, (chapitre V-12) quand une névrose de haine/attachement est associée à une idée (concept) unique. Il faut toutefois apporter ici des nuances sur le mot «opinion», qui est employé pour désigner des choses très différentes, bonnes ou mauvaises.

Certains épistémologues disent que tout est opinion, car on n'a aucun moyen d'obtenir une connaissance qui serait absolument sûre. En réalité, il y a des connaissances qui sont plus sûres que d'autres. Ainsi on peut raisonnablement professer l'opinion que deux et deux font quatre, car il y a très peu de chance que ceci s'avère une erreur. Un cas intermédiaire est de dire que la Terre est plate: cela a longtemps semblé une connaissance raisonnable. Puis c'est devenue une croyance populaire, et aujourd'hui c'est une barjoterie. A l'autre extrême, on trouve des préjugés comme le racisme, ou des imbécilités comme l'opposition contre les femmes au volant (ça ressort, oui).

Il y a donc bien trois cas, que le langage courant distingue mal:

- Les connaissances raisonnables, basées sur des raisonnements exacts et des faits vérifiés. Même si on n'est pas totalement à l'abri d'erreurs, toute critique ou alternative apparaît comme folle ou délirante.

- Les choix, comme par exemple d'admettre ou non l'existence de Dieu, ou un mode de vie. Faute de moyen de vérifier, les Droits de l'Homme garantissent aux personne la liberté de tels choix, y compris en public.

- Les préjugés, association d'une névrose de haine/attachement à un concept. Ce peut être un grave trouble psychologique, comme le racisme ou les sexisme, menant à des troubles sociaux comme les discriminations. Mais ce peut être une simple préférence, par exemple pour un parti politique. Mais même là, la névrose nous fera voir uniquement le mauvais côté des autres, et uniquement le bon côté du nôtre, tout en nous rendant aveugle à toute remise en cause. On aboutit également à des dysfonctionnements sociaux.

Même la science n'est pas exempte de préjugés ou d'opinions arbitraires, et on trouve des scientifiques «partisans» ou «opposants» de telle ou telle théorie. Certains vont même jusqu'à traiter leurs «adversaires» d'idiots, en pensant représenter seuls la «vraie science»! Cela est fort dommageable, et il vaudrait bien mieux, face à deux théories que l'expérience ne peut départager, garder les deux à l'esprit. Cela est d'ailleurs exigé dans les papiers scientifiques, et c'est ce que je fais dans ce livre. Et nous allons voir en 9) une façon assez générale de procéder.

Choisir librement parmi les systèmes axiomatiques:
l'esprit non-conceptuel

(Permalien) L'esprit analytique pur peut développer et comprendre un système axiomatique donné de manière très efficace et complète, mais seule la pensée synthétique ou la méditation peut réellement comprendre les points 1) à 8) sans s'empêtrer dans ce système axiomatique. Seule cette perspective permet à la pensée de réellement utiliser et maîtriser un système axiomatique, au lieu d'y être enfermée comme dans un piège. Contrairement à un préjugé courant, la méditation (ou pensée synthétique ou globale) et le raisonnement logique (ou pensée intellectuelle ou analytique) ne sont pas opposés, mais ils s'appliquent à des cas différents (et complémentaires). (Et, contrairement à un préjugé plus récent, il n'y a pas davantage de supériorité de la méditation sur l'esprit analytique, car il y a aussi des moyens de se faire piéger avec la méditation seule, comme dans le matérialisme spirituel ou dans certaines sectes. L'exercice juste et approprié de l'un quelconque des deux nécessite la maîtrise de l'autre. La vraie intelligence utilise les deux, et se trouve ainsi capable, non seulement de jouer dans un système axiomatique donné, mais aussi de jouer d'un système à l'autre, et de sentir lequel colle le mieux à la situation.

 

Donc:

9) La compréhension des réalités transcendantes ne peut vraiment commencer à apparaître que quand notre esprit conceptuel commence à jouer librement d'un système conceptuel à l'autre, sur un sujet donné. On commence à ressentir qu'il y a «quelque chose» d'inexprimable mais réel et consistant derrière ces diverses constructions conceptuelles équivalentes, qui les explique toutes sans pouvoir se réduire à une seule d'entre elles. C'est la très importante réalisation de l'esprit non-conceptuel, la clé du développement spirituel supérieur et de la compréhension ultime de la réalité.

Ce point est très important pour toute étude scientifique ou rationnelle de tels domaines transcendants, qui ne peut être entreprise qu'avec l'esprit non-conceptuel approprié. Des affirmations conceptuelles sur ces domaines transcendants contiennent toujours des erreurs grossières ou subtiles, ou des limitations, qui leur ôtent tout statut scientifique ou rationnel. De même le langage humain est presque toujours conceptuel, ce qui fait que des connaissances non-conceptuelles ne peuvent être transmises que par des paraboles, des images, des exercices de méditation, et ce livre ne fait pas exception.

Plusieurs religions (Judaïsme ésotérique, Bouddhisme, Taoïsme) se réfèrent précisément à l'esprit non-conceptuel, et qualifient son absence de «voile» qui empêche de comprendre la réalité. Dans le Bouddhisme, une personne jouissant de cette capacité est appelée un Arya, et c'est considéré comme une réalisation spirituelle importante.

On pourrait dire que l'intégrisme (athée ou religieux) est aussi une conséquence d'une absence caricaturale d'esprit non-conceptuel... ce qu'en langage commun on appelle se prendre trop au sérieux!

La physique pourrait être dans ce cas aussi. Aujourd'hui les deux théories les plus avancées (la Relativité et la Mécanique Quantique) sont deux systèmes axiomatiques Aristotéliciens incompatibles. Les physiciens considèrent ceci comme un défaut, et ils recherchent un système axiomatiques Aristotélicien unique, unifiant les deux. Mais jusqu'à présent (2010), rien ne prouve que cela soit possible. Mais même si ça ne l'est pas, les deux théories actuelles restent de toutes façons unifiées dans une non-dualité non-Aristotélicienne. (Voir chapitre IV-4 une meilleure façon de résoudre ce problème).

Limitations

(Permalien) 10) Un cas vicieux est celui d'un système conceptuel faux (que ce soit par les axiomes ou par les raisonnements) qui semble une approximation valide d'une réalité transcendante particulière. Ce cas peut être opposé au:

10bis) Un système conceptuel exact ne semble pas valide pour une réalité transcendante particulière.

Cela peut effectivement arriver, par exemple en physique avec la théorie de l'éther, qui semblait expliquer «presque toute la physique». En spiritualité aussi, les deux affirmations «Dieu existe» et «Dieu n'existe pas», dont au moins une est nécessairement fausse, mènent pourtant toutes les deux à des théories valides et très utiles, respectivement en spiritualité et en physique. Ainsi le fait qu'un système conceptuel semble valide (ou non valide) pour une réalité transcendante donnée n'est pas une preuve que ce système soit vrai (ou faux) ni que ses axiomes sont vrais (ou faux). Cette situation peut être source de nombreuses erreurs dans une quête sincère de la réalité, et il est difficile d'échapper à une approche progressive par essais et erreurs. Mais ce peut surtout être une méthode de manipulation mentale très commode, par exemple quand un dictateur, un chef de secte ou un harceleur «interprète» nos actions ou nos pensées dans un système conceptuel différent du nôtre, afin de «démontrer» que nous avions en fait des motivations irrationnelles ou coupables. Si la différence entre les deux systèmes est implicite, ou dans un domaine lointain, il est difficile de trouver où est la perversité, et bien des gens se sont retrouvés empêtrés dans ces processus mentaux trompeurs.

Exemples

(Permalien) Je m'excuse de n'avoir présenté les résultats ci-dessus qu'à l'aide d'images et non pas d'un texte décrivant une démonstration rigoureuse; cela aurait été trop long et peut-être impossible. En fait il s'agissait plutôt de présenter une réalité de manière intelligible avec les croquis, puis d'en tirer des conclusions pragmatiques, comme avec les exemples qui suivent.

 

Plusieurs systèmes axiomatiques incompatibles approximant la notion de Dieu

Dans le Christianisme, Dieu est une entité ésotérique à l'origine de l'existence et qui lui donne son sens (Je parle ici du Dieu Chrétien, pas du barbu caractériel du dogmatisme romain ou des extrémistes anti-Darwinistes américains). Les premiers Chrétiens le personnifiaient, mais refusaient de lui donner une image (On les appelait iconoclastes, et cette tendance a été forte jusque aux 8ème et 9ème Siècles). On retrouve une idée similaire dans l'Islam, où la face de Dieu ne peut être contemplée par un humain. Toutefois il y est encore décrit comme un personnage. Les Indiens d'Amérique du Nord avaient une vue assez similaire de leur Grand Esprit, qui pouvait être personnifié ou représenté par des forces de la nature. L'Inde personnifie aussi Dieu, mais en trois aspects représentés par trois personnages distincts. Si on pousse un tant soi peu l'étude du Brahmanisme ésotérique, ou de variantes telles que le Shivaïsme, il y est clairement reconnu que cette personnification s'applique à des aspects abstraits mais fondamentaux de la réalité, des «énergies» ou tendances de l'esprit. Le Bouddhisme évacue totalement l'idée de création ou de divinité à l'origine de l'existence, et les remplace par la notion de vacuité (chapitre V-10), d'où des manifestations peuvent émerger. Le Taoïsme de son côté renonce explicitement à tout raisonnement ou concept comme moyen de recherche de la réalité ultime, qu'il pose d'emblée comme intrinsèquement transcendante: le Tao. Enfin, gag, la science physique, qui a délibérément éliminé toute notion «abstraite» ou divine pour ne se référer qu'à la matière, ne fait que replonger de plus en plus dans l'ésotérique quand elle étudie l'infiniment petit ou l'origine du monde.

Le moins que l'on puisse dire est que ces systèmes conceptuels sont souvent contradictoires! Pourtant il serait faux de dire par exemple que le Bouddhisme refuse Dieu: simplement ce système parle de la transcendance (la vacuité) sans utiliser le concept de Dieu personnel qui est à la base du système de pensée Chrétien. Ainsi il n'y a pas de contradiction réelle, ou la contradiction au niveau des concepts ne concerne pas le niveau transcendant. Et il ne faut absolument pas s'étonner d'entendre aujourd'hui le Dalaï Lama sympathiser avec la spiritualité Chrétienne, alors que du temps de Lénine ses Lamas à St Petersbourg ont contourné l'interdiction communiste en affirmant qu'ils ne croyaient pas en Dieu.

Ce que je dis ici, c'est que ces différentes approches sont toutes des tentatives pour approximer une vue transcendante à l'aide de concepts plus ordinaires, et qu'elles sont toutes plus ou moins équivalentes et terme de validité.

Ici aussi des considérations logiques (que d'aucun trouveraient «abstraites», voire absconses) amènent une conclusion pratique très intéressante, génératrice de paix et de bonheur: Il apparaît clairement comme stupide d'opposer les religions entre elles, notamment par la guerre, la discrimination ou la persécution. Tout au plus peut-on considérer que telle ou telle religion est plus pertinente ou efficace dans tel ou tel domaine. Culturellement certaines personnes en choisissent une, mais personnellement je me trouve fort bien d'avoir au moins une idée de toutes. C'est bien pratique, quand on veut expliquer quelque chose à quelqu'un, de le faire avec ses concepts à lui, sans avoir à le convertir d'abord à notre propre religion.

La psychologie

Même si on élimine toutes les théories fausses ou arbitraires, la psychologie est par excellence un domaine où aucune affirmation ne peut vraiment être univoque. Telle action, tel sentiment peut avoir plusieurs causes, et même des causes qu'aucun psy ne pourra jamais imaginer, sans que l'on puisse dire laquelle a agi dans un cas donné. On peut imaginer à peu près n'importe quelle théorie psychologique, et toujours trouver des exemples qui l'illustrent, mais il est très difficile de trouver des lois psychologiques qui soient réellement valables pour tout le monde. J'aimerais que messieurs les psychologues, des plus rationalistes au Nouvel Age le plus échevelé, fassent tous preuve d'un peu de modestie, et en particulier reconnaissent bien que:

- Même si une loi est vérifiée statistiquement, on ne peut en déduire qu'elle s'applique forcément à un individu donné. (ça c'est mathématique! L'«oublier» est légalement une fraude!)

- Même si il est démontré que tel individu a agit d'une certaine façon selon un mécanisme psychologique identifié, on ne peut en déduire qu'un comportement similaire chez un autre individu soit dû au même mécanisme ni aux mêmes motivations.

- Le petit jeu idiot de l'interprétation psychologique «vous avez fait ceci parce que vous cherchez à compenser cela...» n'a aucune valeur tant qu'il ne repose pas sur des tests et des preuves précises (qui sont difficiles à obtenir). C'est par contre un procédé de manipulation mentale éprouvé, ou un procédé de dénigrement fréquent.

- La discussion avec un psychologue peut nous influencer (c'est d'ailleurs le but...) et les mécanismes proposés par le psychologue peut effectivement s'intégrer à notre personnalité. Mais alors cela modifie toute interprétation ultérieure!

- Il existe une interaction à double sens entre théorie et observation, quand par exemple un Freudien fait des rêves Freudiens, un Jungien fait des rêves Jungiens, etc. Dans ces conditions n'importe quelle théorie (y compris les pires élucubrations et les sectes) peut devenir «vraie».

- Qu'un analyste quel qu'il soit ne peut voir autrui que à travers sa propre personnalité, son propre biais psychologique. Dans ces conditions tout analyste, enquêteur social, éducateur, etc. ne peut exercer sa profession que si il a lui-même mené sa propre analyse, afin d'éliminer son biais psychologique! Faute de quoi il ne peut prétendre à aucune objectivité. A la rigueur on peut admettre que des praticiens n'utilisent que des méthodes plutôt objectives (tests psychométriques avec grille d'interprétation...) Autrement, toute personne qui prétend faire de la psychologie, de l'expertise psychologique ou de l'éducation sans avoir réalisé ces conditions est forcément un manipulateur, un fou ou un charlatan. Ce résultat était déjà connu des psychanalystes, et il est développé dans la seconde partie sur l'épistémologie.

- Bref que la psychologie est un jeu subtil où ne devraient intervenir que des personnes parfaitement équilibrées, sincères, honnêtes envers elles-mêmes et parfaitement respectueuses d'autrui, avec pour seule et unique motivation d'aider les autres à se libérer de leurs mauvais mécanismes psychologiques afin de se construire une personnalité simple, droite et heureuse.

 

Les différentes écoles bouddhistes

Tout le monde a entendu dire que le Bouddhisme était divisé entre différents véhicules, et même entre différentes écoles. Les études de philosophie Bouddhiste assument parfaitement cette situation, et des systèmes axiomatiques différents ou des divisions conceptuelles variées sont couramment présentées par le même professeur aux mêmes élèves pour expliquer la même notion. En particulier la vacuité (chapitre V-10) est enseignée selon les vues de quatre courants philosophiques différents, du plus simple au plus subtil, et ceci bien que les plus anciens de ces courants n'aient plus d'adeptes aujourd'hui. Les études sont présentées ainsi pour assouplir et affiner progressivement l'esprit de l'étudiant et combattre l'attachement à un système donné. Le fait que plusieurs systèmes axiomatiques différents peuvent être de plus ou moins bonnes approximations d'une même réalité est ici clairement reconnu, et ce depuis mille ans au moins. (Les grands traités de philosophie Bouddhiste sur l'esprit non-conceptuel remontent au 5eme siècle). Le fait également que méditation et esprit analytique se complètent est aussi parfaitement reconnu, et l'analyse intellectuelle est une vaste part des études Bouddhistes, dont le but principal est pourtant la méditation. Une voie beaucoup plus abrupte est de définir la Vacuité comme «la non-dualité entre le fait que les choses apparaissent et le fait qu'elles n'ont pas d'existence intrinsèque» (Sa Sainteté Sakya Trizin). Cette phrase qui se réfère clairement à une association non-Aristotélicienne, est une définition tout à fait claire et suffisante... si toutefois on a compris ce qu'est la non-dualité! Tous à vos coussins de méditation... Le Bouddhisme Zen se montre encore bien plus insupportable, avec ses heures de méditation silencieuse et ses Koans, petites affirmations absurdes explicitement destinées à dynamiter une pensé trop «rationnelle»!

La physique

Les physiciens recherchent tous une théorie physique unifiée qui rende compte de manière univoque de tous les phénomènes possibles. On en est encore loin, et les théories physiques actuelles sont souvent contradictoires (sur la forme), par exemple la Mécanique Quantique et la Relativité. Pour qu'une telle théorie unifiée soit possible, il faudrait que toute la physique soit Aristotélicienne (non-transcendante) ce que l'on ne peut affirmer a priori. Si elle ne l'est pas, on pourra quand même faire de la physique, mais il faudra alors faire avec des théories Aristotéliciennes apparemment contradictoires, et apprendre à penser avec un esprit non-conceptuel. Ce ne serait pas la chose la plus difficile que les physiciens auraient accomplie, et en tous cas pas une excuse pour faire des théories sadomaso sur l'«inconnaissabilité».

Paradoxes

(Permalien) On peut noter que quand un système contient des paradoxes, la plupart des gens évitent la zone où le paradoxe se manifeste, voire dénient carrément son existence. On pourrait au contraire aller voir ce qui s'y passe, en se rappelant que, si l'on ne peut prouver que l'un des deux termes est plus vrai que l'autre, alors sélectionner l'un d'eux est forcément un choix. Et qui plus est un choix créateur. Chacun des deux choix mène à un système différent, dont l'un peut être beaucoup plus intéressant que l'autre, ou encore les deux choix mènent à des visions toutes aussi valables mais différentes. Nous utiliserons cela à plusieurs reprises dans ce livre, dans des domaines comme la création du monde, la spiritualité, la notion de Dieu, et même l'éthique. Mais je suggère que mathématiciens et physiciens utilisent aussi cette méthode dans leurs théories, quand elles ne fournissent plus de prédictions valables (paradoxes, valeurs infinies, intégrales...) En particulier en physique: la nature ne s'est jamais laissée arrêter par de telles situations, elle a forcément fait son choix.

Dans la Théorie des Ensembles, l'axiome 3 est là pour éviter un paradoxe, anquel personne n'a trouvé d'usage. L'axiome 2, comme quoi un ensemble ne peut pas être un étément de lui-même, a aussi été ajouté pour éviter des références circulaires (une autre sorte de paradoxe) (J'ai vu un jour passer dans une revue de vulgarisation scientifique un article comme quoi supprimer le second axiome conduit à une autre Théorie des Ensembles, mais je n'ai pas retrouvé la référence sur le Net)

 

Nous verrons le rôle primordial des paradoxes dans la troisième partie sur l'origine du monde physique, et dans la cinquième partie sur l'origine de la Transcendance (Dieu).

Singularités

(Permalien) Parfois dans un système axiomatique, la réalité de l'axiome central ne peut être montrée, alors que toute la construction faite avec semble décrire très précisément la réalité. De tels axiomes sont par exemple la notion de Dieu, ou la singularité du Big Bang, sans laquelle nous n'existerions même pas. On pourrait déduire de ce succès apparent de la théorie que l'axiome de base indémontrable est vrai; mais il faut être très prudent car de tels faits indémontrables et inobservables résident souvent au centre de zones transcendantes de la réalité, où les raisonnements ordinaires n'ont plus cours. Il faut faire preuve d'un peu de modestie intellectuelle dans nos affirmations, et s'attendre, quand la connaissance approche de ces points, à que ce qui s'y passe soit complètement différent de ce que l'on imaginait, que cela puisse forcer notre esprit à découvrir des paradigmes et des logiques supérieurs, ou encore que ce que l'on croyait sûr et connu s'en trouve avoir une signification complètement bouleversée. Par exemple les gens qui admettent l'existence de Dieu y voient une explication simple de leur vie spirituelle, alors que ceux qui la refusent voient dans cette absence une explication simple du monde matériel. Malgré cette contradiction flagrante, tous deux voient dans ce succès apparent une confirmation de leur propre opinion sur Dieu.

Les hypothèses que je fais moi-même sur Dieu (Chapitre IV-6 et chapitre V-6) et sur l'origine de l'univers (troisième partie et quatrième partie) sont loin d'être si naïves, et elles pourraient expliquer cette apparente contradiction.

 

Un exemple classique de singularité en physique est le point central d'un trou noir. En logique, on a la «collection de tous les ensembles» visée par le troisième axiome. En arithmétique, le zero est une singularité, car on ne peut définir une division par ce nombre, et ce nombre seulement. D'autres exemples connus de singularité sont le point zero du Big Bang, ou Dieu.

 

 

 

 

 

 

Epistémologie Generale        Chapitre I-9       

 

 

 

 

 

 

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