English English English

Lokouten       

 

Préambule:
La découverte du monde de Dumria.

 

 

Ce préambule s'adresse surtout aux lecteurs qui n'auraient pas lu les romans précédents «Les planètes manquantes» et «Dumria». Mais il présente aussi quelques informations inédites depuis ces deux livres.

 

La découverte du télescope quantique, en 2065, avait permis d'observer en détail la quasi-totalité des planètes de toute la galaxie. Toutefois, contrairement à ce que tous les livres de science fiction avaient prédit, aucune solution n'avait été trouvée au problème du voyage interstellaire. Ainsi c'est uniquement depuis la Terre que ces connaissances très détaillées des autres mondes avaient pu être obtenues, grâce aux vues en noir et blanc bizarrement distordues des écrans des télescopes quantiques.

 

La vie était au rendez-vous sur des millions de planètes, mais il ne fut d'abord trouvé que des planètes avec des plantes ou des animaux, sans aucune trace d'une seule civilisation humaine, et encore moins technologique. Cette absence de civilisations, et quelques autres indices étranges, avaient mené à des vues très pessimistes sur l'avenir de l'humanité, qui à leur tour provoquèrent une grande crise morale dans le monde. Cette crise fut toutefois dénouée en 2081, lors de l'affaire des planètes manquantes: a un stade de civilisation morale plus avancé que celui de la Terre, les planètes évoluées passent par une «transition spirituelle», un changement de leur nature physique, qui les projette dans un monde psychique similaire à un paradis religieux, où ses habitants partageront désormais un bonheur intense et inaltérable. Il ne reste dans notre univers que des orbites planétaires vides, avec parfois des satellites abandonnés ou des capsules temporelles sur les autres planètes du système, expliquant ce qui s'est passé.

La première capsule temporelle découverte fut celle de Centaurus 1296, une planète assez proche où il avait été possible d'observer en détails une véritable bibliothèque, contenant l'équivalent de millions de livres, rassemblant toute l'histoire, les accomplissements et les rêves de ce peuple. Centaurus était une planète double, comme la Terre et la Lune, mais plus rapprochée et plus symétrique, deux globes se faisant éternellement face: un gros habitable semblable à la Terre, et un plus petit sans air, semblable à Mercure. Ainsi Centaurus avait une journée dix-huit fois plus longue que sur Terre et une éclipse de soleil tous les midis. Les Centauriens étaient un peuple d'humanoïdes de petite taille et trapus, portant deux sortes de protubérances sensorielles sur la tête, l'une derrière l'autre, un peu à la façon des coiffures Sioux. Hermaphrodites, ils étaient complètement dépourvus de vie sexuelle, n'échangeant des cellules germinales que lors des rapprochements fortuits de la vie quotidienne. Peuple industrieux et pacifique, ils vivaient en communautés très unies de quelques dizaines à centaines de personnes, basées sur une ferme ou autour d'une usine. Chez ces êtres à la peau grise et parcheminée, l'art et la recherche de la beauté étaient des préoccupations quasiment absentes, mais leur vie affective était en revanche très riche, et il faisait bon vivre dans leur monde confortable et bien organisé.

Une des premières publications sur la société Centaurienne, écrite en russe, utilisait le mot russe «soviet» pour les conseils locaux dirigeant la société de Centaurus. Il en résulta une erreur persistante comme quoi les Centauriens auraient été communistes. Cette erreur se nourrissait d'une ignorance historique: En Russie, les «soviets» furent créés bien avant la révolution, comme comités de grève sans orientation politique. Ce n'est que plus tard que le gouvernement «soviétique» récupéra ce mot, mais pour des organes de contrôle déguisés. Mais la société Centaurienne était loin du Marxisme, même si elle était peu religieuse et ses habitants plutôt tournés vers les choses pratiques. En fait elle s'était constitué et avait de manière assez similaire à la Terre, en faisant à peu près les mêmes erreurs, tel que le système féodal, les classes sociales, les états et l'économie de marché. A la différence que les Centauriens avaient une faculté innée d'accepter d'interagir avec d'autres personnes au comportement différent. Cela fit que leur société évolua de manière progressive et pacifique, sans passer par de terribles combats, révolutions et effondrements comme la Terre en a tant connus.

Ainsi la société Centaurienne glissa doucement d'un système très terrien avec des états démocratiques et une économie de marché, vers un système distributif de plus en plus organisé et autogéré, où la notion même de classe sociale perdait toute signification. Le pouvoir des gouvernements déclina, non pas pour laisser la place à quelque capitalisme sauvage et immoral, mais au contraire à davantage de responsabilité individuelle. Les économistes Centauriens inventèrent même l'ARF, Altruisme et Responsabilité Facteur, qui décrivait très bien dans quelle mesure les gouvernements et les lois étaient nécessaires pour un fonctionnement harmonieux de l'économie. Et effectivement, quand ce facteur atteignit la valeur prédite, la société entière bascula en moins d'un siècle vers un système de conseils, où les gouvernements n'avaient plus à s'occuper que de quelques affaires spécialisées (comme l'exploration spatiale). Bientôt ces gouvernements s'unirent en une entité mondiale, gérant seulement la science et l'espace, tandis que l'économie basculait massivement vers un système coopératif. Toutefois la comparaison avec le communisme n'était pas du tout appropriée, car la plupart des coopératives fonctionnaient de manière autonome, sans planning centralisé.

Comme par hasard, le franchissement du seuil ARF déclencha simultanément l'intérêt pour la transition spirituelle, et une ruée soudaine vers les rares traditions spirituelles...

Les Centauriens avaient développé une technologie comparable à celle de la Terre, et, sans penser du tout à mal, ils commençaient à rechercher les moyens de voyager vers les étoiles voisines, dans l'espoir de trouver d'autres planètes habitables. Ils avaient installé des bases et des observatoires sur leur planète compagne, à seulement quelques heures de voyage de la planète mère. Ils avaient même lancé avec succès une première sonde interstellaire, bâtie autour d'un réacteur à fission nucléaire, mais elle avait soudain cessé toute émission après seulement sept ans de voyage. C'est à ce moment que les Centauriens découvrirent les télescopes quantiques. Ils trouvèrent eux aussi d'autres bibliothèques plus anciennes, et ils se rendirent compte que le véritable voyage interstellaire ne se faisait pas avec des machines matérielles, mais dans le monde de l'esprit. Aussi la spiritualité, jusque là relativement discrète sur Centaurus, prit-elle en quelques années le premier rang des préoccupations. On alla chercher au fin fond des déserts et des montagnes les rares yogis et leurs précieuses techniques tantriques qui permettent d'obtenir un corps psychique immortel dans le monde de l'esprit. Les projets de sondes interplanétaires furent abandonnés, et la seule activité spatiale restante fut le colossal projet d'installation d'une vingtaine de capsules temporelles sur la lune de Centaurus, celles là même que la Terre devait découvrir dix millions d'années plus tard. La transition spirituelle projeta bientôt toute la planète dans le monde de l'esprit, ne laissant dans le monde matériel que la lune compagne avec ses bibliothèques, libre sur sa propre orbite stellaire.

On retrouva de nombreuses autres orbites vides de planètes manquantes, montrant parfois des ruines d'activités spatiales. Il s'avéra vite que le cas de Centaurus n'était qu'un cas sur des millions de planètes civilisées qui avaient toutes subies le même sort, tout au long de l'histoire de notre galaxie. Ainsi les civilisations ne durent que très peu de temps, comparé aux milliards d'années nécessaires à leur apparition. Et ceci explique qu'on ne les voit pas: si on observe un orage juste le temps d'un clin d'œil on a peu de chance de voir un éclair. Toutefois elles sont si nombreuses à apparaître dans toute la galaxie que plusieurs devraient toujours être visibles à un moment donné. Leur absence complète posait donc toujours un mystère. Il fut résolu en 2086: une conspiration mondiale de scientistes «anti-suicide», hostile à la vie extraterrestre et à la survie de la conscience au delà de la mort, avait réussi à intercepter et à censurer toutes les découvertes, afin de tenter d'éviter que la Terre ne connaisse elle aussi la «transition spirituelle». Ils affirmaient que cette transition était en fait une sorte de catastrophe détruisant la planète et ses habitants. Pour eux, chercher à la provoquer était donc un suicide. C'est Steve Jason, principal personnage de ces trois livres, qui découvrit par hasard la planète Dumria. La conspiration tenta de kidnapper Liu Wang, la femme de Steve, pour l'empêcher de parler, mais c'était mal connaître Steve et Liu...

Dumria était une magnifique planète dont les habitants ne demandaient qu'à partager leur amitié avec la Terre. Ils avaient évolué en une civilisation très brillante et artiste, paisible et aimable, entièrement axée sur la beauté et la culture du bonheur... mais complètement matérialiste. Leur maîtrise de la génétique leur avait permis d'obtenir des corps matériels virtuellement immortels, car ils se régénéraient indéfiniment, réparant au fur et à mesure l'usure des ans, et même de graves blessures ou mutilations. Ce résultat avait été obtenu au prix de manipulations génétiques complexes, impliquant la transposition complète de tout le génome d'une ovule fécondée en un vaste fichier informatique, à l'aide d'un microscope à effet tunnel. Venait ensuite la rationalisation de ce fichier pour y adjoindre toutes les nouvelles capacités, sans modifier la race ni la personnalité. Puis le fichier était réécrit en molécules génétiques, toujours grâce à un microscope à effet tunnel portant à sa pointe un ribosome contrôlé électroniquement. Enfin il était réinséré dans l'ovule, implantée dans l'utérus de la future mère. Les cerveaux dumriens avaient aussi été réorganisés pour obtenir des capacités supérieures et une immortalité quasi complète, mais il apparut dès le début quelques inconvénients tels que des rêves étranges et des difficultés à assimiler les connaissances qui n'étaient pas préprogrammées. C'est à ce moment que les Dumriens découvrirent à leur tour ce que devenaient les planètes manquantes. Ils se rendirent compte que leur immortalité matérielle bloquait en fait toute leur évolution spirituelle et retardait de milliers d'années leur bonheur futur. D'où leur fort désir de prendre contact avec la Terre, planète souvent guerrière et irrationnelle, mais où des maîtres spirituels évolués détiennent le secret de la vraie immortalité: dans les mondes spirituels, au delà de la mort, où aucune limitation matérielle n'a plus cours.

Les Dumriens durent attendre, car à cette époque la Terre n'en était encore qu'à l'Antiquité. Ils purent enregistrer un nombre incalculable de scènes de l'histoire de la Terre, et nous donner plus tard une vue incroyablement vivante de notre propre passé. En attendant que la Terre évolue suffisamment pour pouvoir communiquer avec Dumria grâce aux télescopes quantiques, les généticiens dumriens créèrent un nouveau modèle génétique de cerveau, appelé la seconde version de cerveau, capable d'apprentissage imprévus, et surtout de la précieuse logique non-Aristotélicienne qui est à la base de la méditation. Mais, de par leur très longue vie, les Dumriens ne pouvaient plus faire que très peu d'enfants, juste pour remplacer les rares morts accidentelles. Pour cette raison, la seconde version de cerveau n'a pu se répandre que très lentement. Aujourd'hui encore les Dumriens avec la seconde version de cerveau ne sont qu'une petite minorité, mais une minorité nettement plus influente, entreprenante, curieuse et voyageuse que les premières versions de cerveau, qui se contentent trop souvent de vivre leur petit bonheur tel qu'ils l'ont toujours connu. Mais la seconde version de cerveau est encore plus instable que la première, donnant encore plus souvent ces rêves où le rêveur se trouve dans un lieu aux propriétés étranges, en proie à toute la gamme des émotions les plus bizarres et violentes, curieux phénomène également connu sur Terre sous le nom scientifique de paralysie du sommeil, ou sous le nom traditionnel de cauchemar.

Sur Terre, ce fut la conspiration «anti-suicide» qui la première trouva Dumria, lors des recherches systématiques de planètes habitées. Des complices de la conspiration avaient pu intercepter les messages des logiciels chargés de détecter des formes technologiques sur les planètes. Ainsi la conspiration pu censurer cette découverte, et entreprendre seule le premier contact avec Dumria, en cachette. Ils tentèrent immédiatement de manipuler la majorité des Dumriens à la première version de cerveau, contre la minorité à la seconde version, afin d'éliminer toute possibilité que Dumria connaisse un jour la transition spirituelle. Cette tentative pour diviser Dumria en deux clans ennemis était une très grave ingérence et une catastrophe potentielle pour ces gens qui n'avaient aucune expérience du conflit. La conspiration avait consciemment pris le risque de ruiner cette passionnante civilisation en quelques années. Mais ce qu'ils n'avaient pas prévu, c'est que les paisible Dumriens avaient un solide sens communautaire, et surtout une grande connaissance de la psychologie: au lieu de se couper en deux clans opposés, ils prirent tous ensemble position contre le conflit lui-même, et non pas contre l'autre clan. Ainsi la conspiration en fut-elle pour ses frais. La seule chose qu'ils y gagnèrent fut d'avoir à soutenir le premier (et encore unique) procès interstellaire.

 

Le véritable contact entre Dumria et la Terre fut une incroyable explosion de joie et de réflexions, riche de perspectives fantastiques pour les deux mondes. Techniquement, les premiers messages furent échangés à l'aide de télescopes quantiques, qui observaient un écran de cinéma à distance, avec une interaction quantique instantanée. Ainsi la communication fut-elle en temps réel, malgré l'énorme distance de milliers d'années lumières. Puis des télescopes spéciaux furent créés, avec des émetteurs bien plus sophistiqués que les écrans du début, des réseaux de micro-lasers émettant chacun des gigabits d'information. De fantastiques quantités de données étaient ainsi échangées entre les deux planètes, qui avaient tout simplement mis en commun leurs deux réseaux Internet, permettant à n'importe lequel de leurs habitants d'accéder instantanément à toutes les informations de l'autre planète! Ce qui ne fut toutefois pas sans quelques surprises, comme on le verra plus loin dans ce livre.

 

 

Les principaux personnages rencontrés dans ces trois livres sont Steve Jason, un exobiologiste Américain, d'abord sceptique et matérialiste, puis de plus en plus ouvert au contact des faits; Liu Wang, une physicienne chinoise, bouddhiste depuis longtemps, qui se maria avec Steve quelque temps après l'affaire des planètes manquantes; Sangyé Tcheugyal, un Lama tibétain qui est aussi un scientifique de haut niveau. A l'époque de l'affaire de Dumria, tous trois travaillent à l'université internationale de Zambou Shédroup Ling, à Lhassa, au Tibet.

Cette université est un centre d'enseignement et de recherche scientifiques comme beaucoup d'autres, mais avec une originalité remarquable: Au lieu de se contenter de la méthode scientifique classique des physiciens matérialistes, basée sur l'observation et la seule preuve matérielle, ils utilisent l'Epistémologie Générale, basée sur des méthodes d'observation et des types de preuves adaptées au domaine étudié: matérielles ou spirituelles. En fait l'élimination de l'hypothèse comme quoi tout doit avoir une explication matérielle avait mené à un fantastique déverrouillage de la connaissance, et à la possibilité d'étudier de manière juste des domaines qui étaient considérés comme «des croyances» par la science matérialiste, comme l'éthique ou la spiritualité. Cela avait aussi mené à des explications simples aux phénomènes mystérieux comme la parapsychologie ou les NDE, sans tenter de réduire ces derniers à du «matériellement explicable» ni à des «phénomènes psychologiques».

 

 

Un fait remarquable dans cette série de romans est qu'elle n'est pas basée sur le voyage interstellaire. En effet, ce dernier semble physiquement impossible, sinon nous aurions des visites depuis longtemps. Par contre la communication interstellaire y est omniprésente et instantanée, grâce à la non-localité quantique de notre univers physique.

Lokouten       

 

 

 

 

 

 

Scénario, dessins, couleurs, réalisation: Richard Trigaux (Sauf indication contraire).

 

 

 

Comme tous les auteurs indépendants, j'ai besoin de votre soutient pour que je puisse continuer à travailler à ce site et que puisse exister une expression libre sur le net:

 

 

 

Notice légale et copyright. Sauf indication contraire (signe © dans la barre de navigation) ou exception légale (pastiches, exemples, citations...), tous les textes, dessins, personnages, noms, animations, sons, mélodies, programmations, curseurs, symboles de ce site sont copyright de leur auteur et propriétaire, Richard Trigaux. Merci de ne pas faire un miroir de ce site, sauf si il disparaît. Merci de ne pas copier le contenu de ce site, sauf pour usage privé, citations, échantillons, ou pour faire un lien. Les liens bienveillants sont bienvenus. Tout usage commercial interdit. Si vous désirez en faire un usage commercial sérieux, contactez-moi. Toute utilisation, modification, détournement d'éléments de ce site ou des mondes présentés de maniére à déprécier mon travail, ma philosophie ou les régles morales généralement admises, pourra entraîner des poursuites judiciaires.