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Les Elfes du Dauriath

Les Elfes errants de la mer 2

Par Yichard Muni, barde Elfe

 

Rencontrons-nous en vrai! Mon nom: Richard Trigaux. Nom d'artiste: Yichard Muni
Tous les vendredis à 12pm SLT (19hTU) (France: 21h), rencontres elfiques et histoires

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Ce texte s'insère dans une intrigue plus vaste. Il vaut donc mieux lire d'abord «Le Baiser des Mondes».

Index des histoires: ordre chronologique, ou par ordre de création

 

 

 

 

Ces jours-ci dans Inworldz, février 2013, mon navire elfe était amarré à Cinnabar, où les Tziganes avaient installé leur camp. D'où la nécessité, encore une fois, d'une histoire inspirée par les gitans. Je n'ai reçu l'inspiration que quelques heures avant, de cette histoire d'Elfes errants, à la façon des Tsiganes.

 

 

Les Elfes errants de la mer ont été pendant des millénaires, le principal vecteur de propagation des langues et de la culture elfique, dans tout le monde du Nyidiath. Ils voyageaient en suivant leur inspiration, ou selon les occasions, tout comme les gitans le font chez nous, en vendant des bijoux, des instruments de musique ou des vêtements. Ils vivaient et voyageaient sur leurs propres bateaux, avec des cabines familiales et des ateliers d'artisanat, depuis les temps les plus anciens. Quand ils posaient les pieds sur des terres disponibles, ils fondaient alors des royaumes libres durant pour des siècles, des havres de beauté et de bonté elfiques.

 

 

((Ce paragraphe est conservé tel qu'il a été dit dans le contexte de Inworldz:)) ce bateau où vous vous trouvez est un bateau-maison des elfes errants, où vivaient plusieurs familles. Déjà en ces temps ils avaient ce gréement moderne, même si les navires humains ressemblaient plus à ce navire brun à côté de nous. Le château sur la poupe est pour recevoir des invités, lorsqu'ils montrent leurs productions à des clients. Ils utilisent également ce lieu pour la guérison ou le conseil spirituel. Si vous passez sous le pont (Désolé, plafond bas, descendez vos caméras), la grande salle de la proue est la salle commune, avec cuisine, instruments de musique, etc.. Au milieu sont les chambres, où les elfes rangent leurs poseballes (note). La salle arrière est l'atelier, qui communique avec le château par une écoutille. Ici ils font des vêtements, des broderies, des colliers, des outils, des bijoux d'or ou de pierres précieuses, argenterie, couverts, etc. (Ils forgent aussi d'élégantes épées dorées pour eux, mais jamais ils ne vendent d'armes).

((idem)) Ce bateau a été construit dans Simonastick, il y a un an, mais la technologie de Inworldz s'améliore si vite, qu'il semble un peu obsolète maintenant, par rapport aux autres bateaux dans cette sim. Cinnabar a aussi suggéré que je lui donne un nom, et lui permette de prendre la voile. J'ai bien quelques idées, mais je les garde pour un baptême officiel quand je l'aurais mieux arrangé, avec plus de détails et des fonctions physiques, afin qu'il soit en mesure de naviguer librement d'ici à IDI (l'accueil de Inworldz). Restez à l'écoute!

Ce commerce permettait aux elfes d'acheter leur nourriture, matières premières et accastillage, de sorte qu'ils menaient une vie agréable sur leur navire, mettant rarement les pieds sur le sol humain. En plus, même si les gens méprisaient les elfes, ils étaient prêts à payer fort cher quoi que ce soit d'elfique, car ils y voyaient des porte-bonheurs. Donc un simple noeud de lin pour les cheveux pouvait être revendu mille fois le prix du tissus! Cependant les elfes n'aimaient pas ce genre de tromperie, vendant toujours des produits de haute qualité à un prix équitable, et mettant vraiment leur bénédiction sur chacun d'eux.

 

 

 

Mais venons-en maintenant à notre histoire. À l'époque de ces événements, il était très dur d'être un elfe. C'était juste une centaine d'années après l'exode, quand les elfes furent expulsés vers le Dauriath, le monde dans le ciel. Ceux qui étaient trop lents à déménager furent massacrés. Les rares à rester étaient persécutés, parfois lynchés. Ce sont les années les plus sombres de l'histoire de Nyidiath, quand la lumière de l'amour fut cachée pour des siècles, et les défenseurs de la beauté devaient vivre dans des endroits spéciaux. Les beaux navires elfiques furent vendus, pour aider à couvrir les dépenses de l'exode. Mais comme personne ne savait comment les construire ni les entretenir, leurs silhouettes élégantes disparurent bientôt de l'horizon de l'océan.

 

 

Cependant ont trouvait encore quelques humains qui voulaient devenir des elfes. Inconscients du danger, ils étaient facilement repérés, et pour eux le seul moyen d'échapper à la persécution était alors de fuir sur le chemin de l'exode, vers les terres des Elfes dans le Dauriath. Mais le seul chemin vers le Dauriath était le Horiathon, qui est au milieu de l'océan...

 

 

Afin de les aider, de nombreux elfes errant de la mer choisirent de rester. Mais ils devaient se cacher, couper leurs magnifiques cheveux, porter des vêtements humains et naviguer sur des cargos ordinaires ou des navires de passagers avec des voiles brunes et des gréements anciens. Même au large, ils restaient comme ça, car les gardes humains abordaient souvent les navires par surprise, pour rechercher des cargaisons de contrebande. Ainsi, les elfes devaient être constamment sur leurs gardes et éliminer tout objet elfique de leurs navires, et même de leurs cabines. Heureusement, les rois humains avait consenti des efforts considérables pour contenir la piraterie, et il n'était plus nécessaire d'avoir des navires armés. Mais il était toujours utile d'avoir des épées et même des fusils à bord. Les forgerons elfes étaient très doués pour fabriquer des fusils de haute qualité, mais ils les cachaient sous l'apparence de fusils ordinaires de cette époque, de sorte que personne n'a jamais soupçonné l'existence de cette industrie.

Heureusement, c'était une coutume répandue pour les marins d'avoir leurs familles et leurs enfants à bord. Ainsi, les elfes n'avaient pas à les cacher, et ils pouvaient continuer leur ancien mode de vie nomade.

Le plus difficile à cacher était l'immortalité: ils devaient partir pour le Dauriath avant que leur âge éveille les soupçons.

 

Ainsi, les Elfes errants parcouraient encore les océans, ressemblant à beaucoup d'autres marins ou sociétés de navigation, transportant des marchandises ou des passagers pour gagner leur vie. Ce qu'ils firent avec succès, comme tout ce qu'ils entreprennent. Cependant leurs véritables objectifs étaient totalement différents.

Ils étaient le lien vital entre les quelques communautés elfiques restantes, portant des messages, cachant des victimes de persécution, en les envoyant au Horiathon. Ils étaient des Résistants, avec des risques réels si ils étaient pris: la torture, ou de longues années en prison. Hélas c'est arrivé, mais pas aussi souvent que l'on pourrait croire: Les elfes sont difficiles à attraper!

 

Intéressons-nous donc un vieux cargo à la peinture décrépite, avec un château de proue, un château arrière, deux mât avec des voiles brunes, amarré à l'écart du rivage dans le port de Hongelat. Ce port était actif, mais l'abaissement de l'océan le menaçait de fermeture, et déjà les grands navires devaient l'éviter. Il y avait donc peu de nouvelles constructions dans Hongelat, et la ville avait mauvaise allure, avec ses vieilles maisons de bois sombre, le long de rues boueuses, où seuls restaient les pauvres incapables de partir. En plus, il pleuvait sans arrêt depuis deux semaines, perçant les toits de bardeaux et rendant les rues impraticables.

 

Le bateau s'appelait «Lierre-Minette», un nom très plausible pour un navire humain. Trois familles et demi de marins vivaient dedans, avec leurs enfants, sous le commandement officiel du capitaine «Joe Dargh». Il avait déchargé du blé et de l'huile, pour monter à bord du bois précieux et du charbon, un nouveau combustible dont les forges étaient friandes. Il était prêt à appareiller depuis plusieurs jours, mais il attendait, officiellement pour embarquer des passagers. Ce n'était pas sage, car la pluie entrait dans les écoutilles malgré toutes les précautions, menaçant de pourrir la structure. Heureusement ce soir elle avait cessé, mais de lourds stratus sombres courraient toujours vite et bas dans le ciel.

 

Mais...

C'est ce qui était écrit sur les registres du port. La vérité était différente. Et même très différente.

 

Tout d'abord, «Minette» est un euphémisme pour Shelenaë, la déesse Elfique qui avait commencé la lignée millénaire des Elfes. Comme les elfes n'ont pas de chats, c'était une bonne cachette.

Deuxièmement, le vrai nom de Joe Dargh n'était pas Joe, mais Tarkun. Et c'était un elfe. Pas moyen de deviner: visage buriné, képi noir de capitaine, veste à boutons de cuivre. Il avait tant dupé de gardes humains que la clandestinité était devenue une seconde nature.

Troisièmement, Tarkun n'était pas le vrai chef ici. Il commandait la manœuvre, mais pas où ni quand aller.

 

Ils attendaient depuis des jours dans ce temps exécrable, parce que Garauda, la femme la plus âgée, attendait «quelqu'un», sans explications. Garauda et Tarkun étaient officiellement mariés, mais ils ne dormaient pas ensemble. C'était juste une couverture. Et bientôt leur âge les trahirait, alors ils préparaient leur «retraite dans une île tropicale», un autre euphémisme pour la fuite vers le Dauriath.

Garauda, bien que pas officiellement un médium, avait souvent des instants de superconscience. Ainsi, tout le monde l'écoutait, même si cela impliquait d'attendre une semaine enfermés dans leurs cabines par un temps infect, et de se lever la nuit pour vider les seaux sous les fuites du toit. Ils devraient les réparer, mais il fallait attendre un temps meilleur.

 

Elshimer et Navaïsha étaient les plus jeunes, avec deux filles de 8 et 12 ans. Ainsi, quand ils n'étaient pas de quart, ils leur faisaient l'école, et aussi au fils de 13 ans de Misha. Cette dernière était une nouvelle elve, abandonnée enceinte par son petit ami quand il l'a vu devenir elfe. Ces enfants étaient déjà formés à la mer, et une aide fort appréciée, même si leur manque de force ne leur permettait pas encore certaines manœuvres.

 

La nuit était tombée, et le vent amer, mais c'était un soulagement d'être sur le pont, après une semaine enfermés à l'intérieur. Garauda avait demandé de prendre des tours de garde. Elle expliqua qu'elle attendait ses passagers pour ce soir. Elshimer et Navaïsha imaginaient quelque esquif s'approchant depuis le port, mais ils n'avaient aucune idée de ce qui allait se passer. Tarkun, depuis longtemps habitué aux voies énigmatiques de Garauda, avait commandé au dernier couple, Myster et Elenia, de préparer la salle de bain, des vêtements et de l'eau chaude, avec l'aide de leur fils de 21 ans, Nasmyth.

 

Tout d'abord, Elshimer ne fit pas attention à un bruit d'eau, comme une vague. Mais il persistait et s'approchait. De toute la force de ses yeux perçants, il finit par distinguer des taches d'écume blanche. Comme il avait la lumière du port en arrière-plan, il n'avait pas sa vision de nuit, et il ne pouvait que deviner une forme plus sombre dans l'eau, qui s'approchait lentement. Puis il comprit, et voulut crier... mais il se rendit compte qu'il pouvait être entendu depuis le rivage. Alors il courut vers la cabine du capitaine et avertit: «des personnes à la mer!» «Des nageurs approchent!»

Tarkun sortit aussitôt. Ils entendirent une femme tousser faiblement, et devinèrent des bras nageant. Deux personnes, avec probablement des flotteurs.

«Pas de lumières» commanda Tarkun à voix basse. «Jetez leur un filin». Il fallait faire discrètement, mais vite, car la marée les emmenait.

Navaïsha prit un filin, attacha l'extrémité à un taquet, jeta l'autre extrémité vers les nageurs.

«Minette aime Noiraud, Noiraud protège Minette», murmura la femme dans l'eau, tandis qu'un homme haletait à côté d'elle, avec l'effort.

«Le mot de passe! S'exclama Tarkun. Sortez-les de là!» Comme on se doute, Noiraud (un nom de chien courant) était un autre euphémisme pour MakTar, l'autre Dieu des elfes et époux de «Minette» Shelenaë!

Garauda apparut brièvement sur le pont, semblant vêtue seulement d'une sorte de robe de chambre.

«Attention, ils ont des poux, dit-elle à voix basse, en langue elfe. Amenez-les dans la salle de bain, bien au chaud.»

Poux ou pas, ils durent les tirer sur le pont. La femme tremblait et l'homme gémissait, victime de crampes.

Et...

Ils étaient vêtus de haillons de clochard, auxquels l'eau donnait une odeur terrible. Après une seconde de dégoût, les elfes ont traîné l'homme toujours gémissant de crampes vers la salle de bain, au chaud. La femme était capable de marcher, mais avait du mal à parler, avec les tremblements.

«Je... suis... Zet... Zetna... lui... est... JAI... Jaime... nous étions... escroqués et tous nos biens volés... S'il vous plaît aidez nous» parvint-elle à dire.

 

Leurs vêtements sentaient mauvais, et ils étaient trempés d'eau froide, si bien que le seul moyen était de les mettre complètement nus, posant l'homme sur la table de la lingerie. La dame, Zetna, fut mise directement dans la baignoire chaude, dont elle avait tant besoin, de froid comme de saleté.

 

Lentement, sous le massage expert de Garauda et d'Elenia, l'homme fut soulagé de ses crampes et cessa de gémir. Il parla à son tour. Navaïsha commanda à ses deux filles d'aider à les laver (et de les raser aussi, pour les poux). Pour éviter tout embarras, les hommes sortirent.

«Mettez les voiles» commanda Tarkun aux hommes restants. Puis à Zan, le fils de Misha: «largue les amarres». Tarkun risqua la ligne droite pour sortir de la baie, car ses yeux perçants pouvaient deviner la côte, maintenant qu'il n'avait plus l'éclat du port face à lui. Manœuvre typiquement elfique, qui aurait pu les faire repérer, mais Tarkun savait aussi que peu d'yeux humains pouvaient les voir dans l'obscurité de la nuit aux lourds nuages.

 

Bientôt, le bruit rassurant de l'eau coulant le long de la coque remplit le navire, avec Elshimer à la barre. Maintenant qu'ils étaient sortis du port, les règles de navigation leur commandaient d'allumer leurs lanternes, mais ils ne le firent pas: les yeux des elfes voient à travers la nuit la plus sombre, et c'est plus sûr pour éviter toute collision. Une fois ou deux, ils croisèrent d'autres navires illuminés. Ils gardaient alors une distance suffisante pour ne pas être éblouis, mais aussi pour ne pas être repérés.

 

Quelque part dans la coque arrondie, Jaime et Zetna pleuraient en racontant leur histoire, que j'ai racontée il y a quelques années: deux amants désireux de devenir des elfes, mais séparés et volés par des escrocs. Depuis, ils menaient chacun une vie de clochard, comme tant d'autres pauvres gens. Mais juste ce soir-là, par un formidable coup de chance, ils s'étaient rencontrés à nouveau à Hongelat, dans une sorte d'hospice pour les clochards et les travailleurs pauvres. Ils eurent tous deux des rêves expliquant ce qu'il leur fallait faire, où rejoindre les elfes, et bien sûr le mot de passe!

 

Ils s'avérèrent deux belles personnes, une fois dépouillés de leurs haillons. Après le bain chaud, ils se montrèrent aimables, et très intimidés de se trouver avec de vrais elfes, après leurs déplaisantes aventures. Bientôt la salle de bain se remplit de rires et d'applaudissements: ils étaient sûrs d'avoir enfin trouvé ce qu'ils cherchaient!

On leur a donné de bons vêtements, tandis que leurs haillons furent mis dans un sac sur le pont, jusqu'à ce qu'ils soient suffisamment secs pour brûler dans les poêles. Lorsqu'ils eurent quitté la salle de bain, les trois enfants la lavèrent, sans avoir reçu l'ordre de le faire.

On leur offrit une petite cabine en planches, avec un lit improvisé de lin et de paille. De cette façon, ils furent «mariés». C'était tout simplement trop évident aux yeux de tout le monde.

 

Ils eurent trois jours de navigation paisible, et enfin un peu de soleil.

Jaime et Zetna désiraient beaucoup savoir tout ce qu'ils pouvaient sur les elfes. Tarkun et Garauda aimaient beaucoup expliquer la culture elfique et les faits historiques, en particulier les atrocités que ses parents avaient vues lors de l'Exode. Mais il passèrent de nombreux détails révélateurs sous silence, sur tout ce qu'ils faisaient: le moins on sait, le moins on dit, surtout sous la torture ou la trahison.

 

Tarkun et Garauda avaient des réunions secrètes plusieurs fois par jour. Parfois, ils invitaient Elshimer et Navaïsha, qui prendraient le commandement, une fois Tarkun et Garauda partis vers le Dauriath.

Ils déchargèrent leur charbon au port de Alsyn, le partenaire commercial habituel de Hongelat. Ils restèrent ici deux jours, tandis que les hommes et Navaïsha allèrent faire des courses, avec une partie de l'argent gagné avec leur voyage. Ils revinrent avec un chariot plein de nourriture, céréales, huile, légumes secs et tissu, dont Jaime et Zetna avaient besoin. Plus tard, les hommes et Elenia allèrent chercher des matériaux pour la broderie. Il y avait une foire vendant beaucoup de bon tissu coloré et de fil. Les prix étaient plus élevés, mais ils pouvaient trouver des couleurs rares pas disponibles d'habitude dans les magasins de détail.

 

Zan et Misha évitèrent soigneusement de sortir du bateau, et même de se montrer sur le pont. En effet, il y avait toujours un fort préjugé contre les mères célibataires, et ils étaient connus à Alsyn. Ainsi, ils pourraient être harcelés et même battus, bien qu'ils n'étaient pas coupables de quoi que ce soit. Dans d'autres lieux, Misha disait qu'elle était veuve, et Tarkun déclarait souvent que s'il rencontrait le porc, il arrangerait volontiers les choses pour que ça devienne vrai. (Sans parler de ce qui arrive à quiconque trahit l'amour d'une elfe, et qu'il vaut mieux ne pas répéter)

 

Jaime et Zetna furent étonnés de ces préjugés, sachant que ce n'était pas la faute de Misha, si elle avait été abandonnée par son amant. En outre, chaque sortie à la ville n'emmenait jamais plus d'une femme et jamais moins de trois hommes, et seulement le jour. Cela, Zetna comprit, elle qui avait été violée par les escrocs. Dans ces temps anciens, peu d'endroits étaient sûrs pour les femmes seules...

 

Lorsqu'ils quittèrent Alsyn, ils se sentirent libres de parler, rire et se promener sur le pont ensoleillé. Les elfes avaient cousu une belle robe pour Zetna, et un élégant pantalon et gilet pour Jaime, probablement les meilleurs qu'ils aient jamais eus. Mais le bruit rythmé de la machine à coudre à pédale ne s'est pas arrêté pour autant: une fois la couture commencée, ils devaient utiliser les quatre rouleaux de tissu, afin de vendre les vêtements dans le prochain port. La cale avait été nettoyée à fond du charbon, et les canevas de broderie y avaient été étendus pour le travail, de sorte que la cale vide était encore utile, comme atelier, en attendant une autre cargaison.

 

Puis ils prirent pendant une semaine un chemin de navigation compliquée, pour éviter d'être suivis.

 

Un jour, comme ils passaient près d'une petite île, Tarkun commanda à tout le monde de rester dans les cabines, côtés tribord. Jaime, Zetna et Misha se demandaient bien pourquoi. Tout à coup ils entendirent un bang contre le mur en bois du château arrière, suivi de la détonation lointaine d'un fusil. Quelqu'un leur tirait dessus depuis l'île!

Puis ils entendirent le capitaine: «Zan lève le drapeau bleu»

Puis: «Tout le monde peut arrêter de se cacher. Elshimer, barre au nord nord ouest!».

Ils vinrent sur le pont, se demandant bien ce qui s'était passé, qui les avait attaqués.

Mais il apparut vite que ce n'était pas une attaque du tout: une longue balle de bronze était fichée dans le bois, et Zan tirait dessus pour la récupérer. Puis il l'apporta à la cabine du capitaine. Il y avait une vis sur la partie arrière... Un moment plus tard, Zan l'apporta au petit four qu'ils utilisaient pour fondre le métal, et il alluma le feu.

Rien ne fut dit, mais le sens de tout cela apparut vite très clair: la balle était un moyen d'échanger des messages! Mais avec qui et pourquoi, seuls Tarkun et Garauda savaient.

 

Ce soir-là, ils ont débarqué dans le port de Belen. Ils n'arrivèrent pas à vendre tous leurs vêtements, mais ils ont tout de même obtenu assez d'argent pour acheter davantage de tissu, des aliments frais et de l'eau douce. Un marchand d'or s'est également rendu dans le château arrière, pour y discuter longuement avec Elshimer et Myster. Rien n'est sorti de leur accord, mais plus tard dans la soirée, une pauvre carriole est venue apporter des sacs de pommes de terre. Probablement l'un des sacs contenait les matières précieuses, les autres n'étant là que pour les cacher.

 

Ils semblaient tous aimer cette vie errante, ne touchant jamais le sol pendant des mois. Cependant ils savaient que les humains comme Jaime et Zetna ne pouvaient supporter de rester si longtemps à bord. Personne ne leur avait posé la moindre question, sur la raison de leur présence apparemment inutile à bord, qui doublait les besoins alimentaires du navire. En plus, Jaime et Zetna n'étaient pas d'une grande aide, n'accomplissant que quelques tâches ménagères ou de l'artisanat simple. C'était bien là l'hospitalité des elfes! La seule chose qu'ils savaient, est qu'ils devaient les amener quelque part. Ils sauraient où, en temps utile.

 

Et de faits, ils eurent bientôt une belle surprise pour eux.

 

Après une journée habituelle au chemin de navigation particulièrement tordu, ils débarquèrent sur un petit port, qui semblait être la capitale d'une île basse. Sans doute n'avait-elle émergé que récemment, de par l'abaissement de l'océan, et comme c'était la coutume elle appartenait au premier en mesure d'empêcher l'accès à d'autres. Elle ressemblait à n'importe quelle autre ville médiévale, juste plus propre et bien tenue, avec de bons vêtements et pas de pauvres. Et ces gens avaient fait vite pour construire maisons, quais et châteaux, sur une barre de roches nues. Puis, les années passant, prés et champs émergeant de l'océan avaient progressivement permis l'autonomie de l'île nouvelle.

 

Plusieurs navires de divers types étaient déjà dans le port, et d'autres arrivaient.

C'était une île elfique secrète, déguisée en quelque baronnie humaine indépendante!

Jaime et Zetna purent sortir du navire et marcher dans l'herbe, puis découvrir cette merveilleuse communauté elfique jouant à être des humains!

Mais cette rencontre n'était pas au hasard: c'était un grand festival elfique, et ils purent profiter de la merveilleuse hospitalité et chaleur humaine du peuple elfe. Ils restèrent ici plusieurs mois, pour apprendre le mode de vie des elfes. Leur seul chagrin fut le départ du «Lierre-Minet», le bateau de Tarkun et Garauda, continuant son voyage sans fin. Le bateau où ils s'étaient déclaré leur amour... qu'ils n'ont plus jamais revu.

 

Mais cette île était également un lieu de rassemblement pour le Horiathon! Un soir, peu après la nuit tombée, une sombre silhouette arrondie comme sous-marin entra furtivement dans le port... Le mystérieux navire croiseur de Horiaton était là! Une agitation joyeuse saisi toute l'île, car il fallait entasser huit cent passagers avec bagages et nourriture dans la coque arrondie qui sentait le goudron... Jaime et Zetna furent invités, ainsi que d'autres passagers, qui étaient aussi arrivés quelques jours ou quelques semaine avant. Peu avant l'aube, il quitta le port, en route vers un nouveau monde de pionniers, vers un monde de liberté et de beauté, vers le monde merveilleux des elfes!

 

(L'arrivée de jaime et Zetna dans le Dauriath est racontée ici)

 

 

 

 

Un incident rigolo lors de la mise en forme de ce texte est que le traducteur Bing (de Microsoft) m'a traduit «boarding passengers» (embarquer des passagers) par «conseil d'administration»! Eh les gars, il y a un monde qui existe, dehors...

note: poseballe. Traduction non-officielle de «pose ball», ce qui, dans les mondes virtuels, sert à prendre une pose ou à accomplir un geste. Dans une chambre, ce sont généralement des poses amoureuses, d'où l'euphémisme rigolo: «ranger les poseballes» pour désigner le lieu de telles activités.

 

 

Première histoire -- Prochaine histoire -- Toutes les histoires: en ordre chronologique -- par ordre de création

 

Scénario, dessins, couleurs, réalisation: Richard Trigaux (Sauf indication contraire).

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