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Les Elfes du Dauriath

Milly Montagne

Par Yichard Muni, barde Elfe

 

Rencontrons-nous en vrai! Mon nom: Richard Trigaux. Nom d'artiste: Yichard Muni
Tous les vendredis à 12pm SLT (19hTU) (France: 21h), rencontres elfiques et histoires

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Ce texte s'insère dans une intrigue plus vaste. Il vaut donc mieux lire d'abord «Le Baiser des Mondes».

Index des histoires: ordre chronologique, ou par ordre de création

 

 

Milly Montagne est un groupe de trois grandes îles du Dauriath, le monde des elfes. Elles doivent ce nom au souvenir d'une aventure étrange et émouvante, qui s'est déroulée ici, au tout début du Dauriath. Cette histoire va nous apprendre ce qui s'est passé alors, qui est encore chanté par de nombreux ménestrels elfes aujourd'hui.

Le Dauriath, au début des temps, était un monde désert, là-haut dans le ciel, et personne n'aurait imaginé que des gens puissent y aller... même si, depuis des temps immémoriaux, le Dauriath avait toujours été vert: les oiseaux en avaient trouvé le chemin depuis longtemps, apportant avec eux graines, plantes et insectes. C'était un monde vivant, couvert d'océans, de prairies, de montagnes et de vastes forêts vierges.

La jonction du Nyidiath et du Dauriath était un endroit étrange et vraiment effrayant, où l'océan du Nyidiath coulait sur le Dauriath. Il avait l'apparence d'une sorte d'énorme tornade, tournant lentement, mais assez puissante pour emporter un bateau dans les airs et le jeter sur l'autre monde. Les marins connaissaient cet endroit depuis longtemps, et ils l'appelaient le Horiathon, ce qui signifie le lieu obscur: l'atmosphère y faisant plusieurs centaines de kilomètres d'épaisseur, le soleil y est rarement visible, et le jour y est souvent aussi sombre que sous une forte tempête, si ce n'est pas noir comme la suie. Il était déjà arrivé que des navires fussent emportés par accident, et on n'en avait plus jamais entendu parler après. Probablement ils s'étaient écrasés lors de la chute sur le Dauriath. Et bien sûr le Horiathon était un aller simple, du Nyidiath vers le Dauriath seulement!

 

Cependant, à cette époque, la situation des elfes dans le Nyidiath devenait de plus en plus difficile. Jusque là, ils avaient réussi à maintenir les envahisseurs humains hors de leurs terres sacrées. Mais plusieurs choses étaient en train de changer. Tout d'abord, comme l'océan quittait le Nyidiath, son niveau baissait. Cela entraînait un refroidissement du climat, qui rendait les montagnes elfiques plus fraîches, donc plus difficiles à cultiver ou habiter. Dans le même temps, les humains étaient devenus beaucoup plus nombreux, avec des armées organisées et un armement plus puissant. Jusqu'alors, les elfes avaient été capables de les tenir à carreau à l'aide de la magie. Mais précisément cette magie s'affaiblissait! Elle était même considérée comme une légende... Et les elfes devaient regarder, impuissant, de plus en plus de braconniers, bûcherons et mineurs entrer dans leurs terres, juste pour laisser derrière eux des forêts dévastées et des trous béants dans les collines aux formes sensuelles.

 

Cela faisait que le rêve d'aller dans le Dauriath devenait petit à petit une perspective réelle. De toutes façons, ils y avait déjà des rumeurs d'expulsion des elfes vers le Dauriath... Ils craignaient qu'un jour cela arriverait. La plupart étaient réticents, mais certains y voyaient plutôt une fantastique occasion d'au moins vivre en paix, et en particulier de vivre de leur propre manière, sans plus avoir à cacher leurs coutumes.

 

Mais comme vous le savez, les elfes aiment la vie... C'est pourquoi ils méditent souvent dans la nature. C'est ce qu'ils appellent parler aux plantes, ou que nous appelons embrasser les arbres. Ce faisant, ils attachent des pensées agréable et de beaux espoirs aux lieux. De cette façon, les endroits où ont vécu les elfes deviennent plus agréable à habiter: la nature y est plus jolie et plus généreuse, tandis que les gens se sentent plus heureux et davantage bienvenus. (Ceci n'est pas du tout une fiction: nous pouvons aussi le faire en vrai, beaucoup de traditions le préconisent, et aujourd'hui des gens le font toujours, là où il reste de la nature)

Bien sûr les elfes faisaient cela pour leurs forêts et leurs terres, qui devenaient tous de merveilleux lieux de rêve, où la vie était facile et heureuse. Mais les elfes le faisaient aussi pour le Dauriath, car ils savaient qu'il y avait d'immenses forêts là-haut. Mais en ce temps, aller dans le Dauriath en vrai paraissait bien trop dangereux.

Les elfes ne faisaient pas cela par intérêt, mais par amour de la vie. Il faut comprendre que, dans ce monde, les Elfes ne sont pas une race séparée: ce sont des humains qui ont développé sagesse, bonté et amour de la nature. Lorsqu'ils remplissent ces critères, les dieux Elfes Shelenaë et MakTar leur offrent la magie, la beauté physique et l'immortalité. Et, très naturellement, ils veulent aussi offrir ce cadeau à tout le monde, et à toute forme de vie... y compris dans le Dauriath!

 

Mais ils ne faisaient pas que prier, ils agissaient aussi concrètement. Afin de faire du Dauriath un lieu pour la vie, ils y envoyaient des animaux, sur des radeaux. Mais c'était des animaux sélectionnés. Tout d'abord, ils n'envoyaient aucun prédateur, parce qu'ils voulaient le Dauriath libre de toute peur et de toute chair déchirée. Ensuite, ils envoyaient des animaux aimable et intelligents. Enfin, ils méditaient pour eux avant de les envoyer. Une fois cela fait, ils les mettaient dans des radeaux, pour être pris par la tornade vers le Dauriath, dans le lieu obscur terrifiant appelé le Horiathon.

C'était difficile, parce que les radeaux devaient protéger les animaux de la tornade et de la chute de l'autre côté. Mais aussi, ils devaient s'ouvrir après, afin qu'ils ne restent pas coincés à l'intérieur... Mais ils ne devaient pas s'ouvrir trop tôt, sinon ils se noieraient! Avec leur technologie du Moyen Age, ils devaient être très astucieux par principe, par exemple en utilisant des matériaux qui se dégradent dans l'eau.

 

Au début, de nombreux animaux moururent, mais les Elfes sentaient qu'ils devaient continuer malgré ces accidents. Pour les premiers essais, ils envoyèrent des insectes, puis de petits animaux, comme des écureuils. Ils réussirent à envoyer des fourmis, des vers de terre et d'autres insectes utiles. Il leur fallait utiliser de nombreux radeaux, car ils devaient atteindre toutes les îles du Dauriath.

 

Mais, soixante ans avant l'exode, les Aînés elfes demandèrent inopinément d'envoyer des chevaux. L'idée était très étrange, mais les anciens Sages elfes la poussèrent en urgence. Et elle s'avéra une excellente précaution, car, quelques dizaines d'années plus tard, les rois humains négociant l'exode avec les Aînés avancèrent une stipulation imposant aux elfes de ne pas emporter de chevaux, ni d'autres animaux utiles dans le Dauriath. C'était une exigence terrible et humiliante, car sans chevaux les elfes resteraient pauvres, lents, inefficaces au travail et incapables de toute défense contre une invasion humaine du Dauriath. Bien sûr les négociateurs elfes protestèrent et demandèrent un prix très élevé en échange. Mais ils le firent tout en sachant très bien qu'ils pouvaient renoncer sur ce point, vu qu'il y avait déjà des chevaux dans le Dauriath! C'est ainsi que les elfes négocient avec des ennemis perfides sans foi ni loi.

 

La seule façon de guider les chevaux en toute sécurité de l'autre côté était d'envoyer des gens avec eux. Cela n'avait jamais été tenté auparavant... et personne n'était jamais revenu dire si c'était possible!

 

Quel plan téméraire! A préparer dans le plus grand secret, même des autres elfes. Très peu de monde était au courant, et ils devaient tous partir avec les chevaux, afin que le secret ne puisse pas être révélé, même sous la torture ou la trahison. Mais, compte tenu des incertitudes, ils firent plusieurs équipes, chacune tentant sa chance avec différentes méthodes. Et elles s'ignoraient les unes les autres, au cas où l'une serait arrêtée sur le chemin du Horiathon.

Toute l'affaire paraissait complètement folle, mais il ne manquait pas de jeunes elfes audacieux pour relever le défi!

 

Ils organisèrent trois expéditions vers le Dauriath. Plus tard, lors de l'exode, ils envoyèrent des navires robustes, mais cette idée n'avait pas encore émergé à ce moment. En attendant, il leur fallait trouver des solutions rapides et furtives. Ainsi, une des trois expéditions ressemblait plutôt à huit conteneurs en bois, chacun avec un mât et une voile, attachés ensemble en forme de navire. Ces conteneurs seraient certainement séparés quand ils arriveraient sur le Dauriath, mais au moins chacun avait ses propres chances.

Les chevaux furent fournis par une tribu de cavaliers elfiques, qui les aimaient beaucoup. Ils vivaient sur un vaste plateau couvert de prés verdoyants, avec quelques arbres. Les chevaux portaient les elfes, et les elfes les protégeaient. Cette aimable communion durait depuis des siècles, et les chevaux étaient littéralement devenus des chevaux elfiques, magnifiques, intelligents et faciles à monter. Il leur arrivait même de manifester des pouvoirs magiques, comme d'être là quand on avait besoin d'eux, ou de ramener des personnes égarées. Tout comme les humains ou les elfes, ils formaient des familles, qu'il ne fallait pas séparer.

 

L'expédition fut répartie en huit boîtes, avec chacune un cheval mâle et deux ou trois femelles, plus un ou une elfe célibataire pour prendre soin d'eux. Elles contenaient également un bon stock de nourriture, de semences, d'outils et d'eau. C'était vraiment une expédition inséminatrice...

 

Et le frêle assemblage fit voile jusqu'à la tornade...

 

Les elfes furent pris vers le Dauriath!

 

Le Horiathon est un endroit terrible, obscur, où le vent hurle sur des vagues de 200 mètres de haut. Ils furent malades de tourner pendant des heures. Mais le pire fut la chute de l'autre côté, de 20 kms! Heureusement, la gravitation est quasi-nulle en ce lieu, mais tout de même l'arrivée fut rude. Heureusement, tout était soigneusement fixé et les chevaux attachés, sinon quelle pagaille dans les boîtes. Chaque boîte résista, mais l’ensemble se brisa, comme c'était prévu.

Voilà comment ils furent séparés, poussés rapidement par le violent panache d'écume qui entoure la cataracte du Horiathon, sur le Dauriath.

Quant les éléments se furent calmés, Milly, une des jeunes elfes célibataires, put regarder autour d'elle. Ce qu'elle vit l'effraya: elle était seule sur l'océan, avec ses trois chevaux. Ils avaient de la nourriture pour deux semaines, et aucun de ses compagnons n'était visible alentour. Etaient-ils seulement encore en vie?

 

Elle était sur le Dauriath!

 

Elle était libre!

 

Mais elle était seule!

 

Milly, une jeune elfe de seize ans, a dérivé pendant dix jours sur l'océan du Dauriath, avec trois chevaux blancs, qui n'ont guère apprécié l'aventure non plus. Imaginez rester coincé dans un bac étroit pendant dix jours, sans nourriture! Au moins Milly avait la place pour bouger...

 

Enfin, ils réalisèrent qu'ils étaient engagés dans un détroit qui n'en finissait pas, entre ce qui semblait deux chaînes de montagnes. Ils finirent par toucher terre... Il était temps, car les fuites d'eau devenaient trop grosses pour pouvoir être évacuées manuellement.

 

Voila comment Milly est enfin arrivée sur l'une des nombreuses grandes îles montagneuses du Dauriath...

 

Mais elle était si seule...

 

Surtout, elle n'avait aucune idée de où ses camarades étaient, probablement à des milliers de kilomètres de là, si jamais ils étaient encore en vie. Quant aux deux autres expéditions, elle n'en soupçonnait même pas l'existence... Il lui fallait donc s'arranger pour survivre où elle était.

En plus, le niveau de l'océan montait dans le Dauriath. Elle devait donc chercher un endroit élevé, dans les montagnes. Heureusement, elle avait des outils, des semences, et trois chevaux pour les transporter. Ils partirent donc, jusqu'à ce qu'ils atteignent un plateau forestier parsemée de clairières et de roches. Cela semblait suffisant, au moins pour un siècle, et de toutes façons il y n'avait pas d'endroit plus élevé à proximité.

Le paysage du Dauriath était parsemé de rochers de toutes tailles, certains entièrement en fer, dans une régolithe tendre qui s'avéra excellente pour la culture, une fois débarrassée des pierres. Les formes générales étaient douces, mais avec de nombreux ravins fraîchement taillées. Ils rendaient les voyage difficiles, avec leurs falaises terreuses instables et perfides, nécessitant de longs détours pour les éviter.

Milly a du construire une maison. Ce fut d'abord une simple cabane de rondins recouverte de feuilles, avec un lit de fougères, où elle pouvait au moins être au sec par temps de pluie. Plus tard, elle put couper des arbres et en bâtir une plus grande, avec des murs de pierres, des poutres, des bardeaux et une cheminée pour la cuisson. Elle fit également un abri pour les chevaux, de sorte qu'ils pouvaient vivre ici, tous les quatre ensemble. Ils avaient beaucoup d'eau, grâce à une source à proximité. Mais bientôt la nourriture devint le gros problème. Milly avait beaucoup de graines, mais il faut du temps pour les cultiver. Même les topinambours ont besoin de plusieurs mois pour se reproduire et donner suffisamment de récolte, sans parler du blé qui a besoin de plusieurs années.

Milly dut donc prendre le lait des juments. Elle savait comment faire, mais c'était plutôt comme un moyen de communion aimante que comme un régime de base.

De leur côté, les chevaux étaient très heureux, avec beaucoup d'herbe à brouter. La nourriture n'était pas un problème pour eux, et ils poulinèrent bientôt, aidant Milly avec davantage de lait dans le processus. Ils devinrent vite nombreux, et Milly ne pouvait plus prendre soin de tous. Donc ils essaimèrent après quelques années, formant des tribus de chevaux sauvages, chacune quittant les lieux dans une direction différente. Chaque fois qu'un troupeau partait, Milly ne les revoyait plus... elle en déduisit qu'elle était sur une grande île ou sur un continent, où les chevaux avaient beaucoup de place où aller.

La présence de chevaux changea beaucoup l'endroit, car ils créent des prairies. Cependant, ils évitent les plantes non-herbeuses, qui ont mauvais goût pour eux. Ainsi le lieu se changea en une sorte de jardin avec des prairies, des recoins entre les rochers, des buissons de fleurs ou de plantes médicinales.

 

Les explorations de Milly à cheval ne lui permirent pas de trouver de meilleur endroit. Il lui fallut donc vivre ici, faisant tout elle-même. D'abord, elle dût reconstruire une maison plus solide que la première hutte. Pour cela elle avait besoin de couper des arbres, ce qui créa aussi une clairière pour le jardinage, où elle cultiva des topinambours et d'autres légumes. Mais elle a dû renoncer au blé, qui demande trop de travail, ou bien les graines furent perdues dans des tentatives infructueuses. Mais l'odeur du bon pain de son enfance lui manquait beaucoup... elle avait faim.

Malgré le départ des jeunes chevaux, il y avait toujours un groupe de fidèles restant auprès d'elle, l'aidant à transporter le bois, explorer ou labourer. C'étaient des chevaux elfiques, intelligents et comprenant bien ce qu'elle attendait d'eux. Souvent, elle se demandait ce qu'elle serait devenue sans leur aide précieuse.

 

Ainsi, elle eut bientôt un endroit pour vivre et presque assez de nourriture pour elle.

 

C'est le fer qui lui manqua le plus, pour les outils. Elle essaya de forger, mais c'est beaucoup de travail. Donc au début, elle n'eut que quelques outils rustiques. Heureusement, le fer météoritique abonde sur le Dauriath, de bonne qualité, qui ne rouille pas comme le fer de la mine. Mais il s'agit de gros blocs, et elle pouvait forger seulement les petits, qui sont plus difficiles à trouver. Le bon point cependant est que le fer météoritique est déjà réduit. Mais il faut encore un bon feu pour le chauffer au rouge et le former. Et pour ça elle avait besoin de beaucoup de bois. Heureusement, il y avait plein de branches tombées, et les chevaux pour l'aider. Elle a finalement trouvé un système astucieux: un four appuyé contre un gros bloc de fer. Ainsi, elle pouvait en faire fondre assez avec un seul chargement de charbon de bois!

 

Malgré sa solitude, Milly était confiante. Pas d'ennemis ni d'animaux dangereux ou nuisible alentour. Elle pouvait donc quitter sa maison pendant des semaines, pour explorer la région, gardant juste ses graines dans des jarres.

Mais elle n'était pas heureuse, se sentant très seule... Elle pensait souvent aux sept autres...

Oh oui, les chevaux sont une bonne compagnie... Mais ils ne remplacent pas les amis ou un mari! Et de loin...

 

Ainsi, dans son chalet de rondins, les jours pluvieux ou froids, elle pleurait, se demandant bien ce qui se passait avec les autres elfes. Où étaient ses compagnons? Etaient-ils encore en vie? Que faisaient les autres elfes du Nyidiath? Envoyaient-ils d'autres radeaux, ou les avaient-ils abandonnés? Que se passerait-il si, finalement, l'exode n'avait jamais lieu? De toutes façons, même si d'autres expéditions étaient venues, le Dauriath est une planète, et une planète, c'est grand... elle avait très peu de chances d'être repérée, sa petite clairière et son chalet, sur une île de mille kilomètres, sans routes droites... même la fumée de son petit foyer était très ténue sous la pluie, et probablement pas visible à plus d'un kilomètre. Elle se sentait vraiment abandonnée...

 

Il n'était pas possible d'explorer son île en entier. Mais pire encore, avec les années passant, elle voyait l'océan s'insinuer lentement dans les vallées, de sorte qu'elle commença à se demander si elle était vraiment en sécurité ici... C'était un dilemme difficile: les hautes terres étaient loin de là, et il lui serait difficile de déménager toutes ses graines... Mais si elle attendait trop, ce serait pire: il lui faudrait construire un bateau, et tout recommencer depuis le début!!!

 

Milly était surtout nostalgique de Mandë, un autre jeune elfe de son groupe... Quand ils s'étaient embarqués dans cette folle aventure, elle n'avait que 16 ans, et ils ne pensaient pas beaucoup à l'amour... Mais elle eut bientôt 30 ans, puis 50... l'âge adulte des elfes, où ils ont l'habitude de former des unions. Ainsi elle pensait souvent à Mandë, et même elle rêvait la nuit qu'il était avec elle dans sa maison, qu'il chantait pour elle près du feu, qu'il la tenait dans ses bras dans son petit lit de fougères...

 

Heureusement, son lieu d'habitation devenait agréable, les souches avaient disparu, et la petite clairière était maintenant ensoleillée, jolie, avec beaucoup d'oiseaux, tandis que les fleurs et les cultures se développaient abondamment tout autour. Elle avait de bons outils, et surtout beaucoup de chance, après tout. De la bonne nourriture, des chevaux blancs gambadant à l'entour. Ils l'aidaient souvent, sur demande, et venaient parfois se faire soulager de leurs mamelles gonflées, de sorte qu'elle pouvait faire du fromage dans une grotte à proximité. Pourtant, les topinambours restaient son alimentation de base, avec quelques autres légumes. Les elfes disent que les topinambours ont été créés par Shelenaë, la première elfe.

 

Milly vécut ainsi pendant environ 70 ans. En tant qu'elfe, elle était encore jeune et en bonne santé, et elle pourrait encore vivre des millénaires. Elle avait des champs tout autour d'elle, et quelque chose lui disait de répandre encore davantage ses cultures, de stocker des céréales et de forger les outils, beaucoup plus que ce qu'elle avait besoin. Elle avait souvent eu de telles intuitions vérifiées, aussi elle en tenait compte.

 

Mais un jour, les chevaux ont commencé à se comporter bizarrement. D'anciens troupeaux, perdus de vue depuis des dizaines d'années, revenaient soudain au galop, doublant son propre troupeau. Puis ils s'en repartaient comme ils étaient venus, oreilles au vent. Elle se demanda ce qui se passait, sans encore deviner.

 

Cela a duré plusieurs jours.

Un matin, Milly était à une centaine de mètres de sa maison...

Quand elle entendit soudain un grand nombre de chevaux piétinant rapidement et reniflant... cela arrivait de plus en plus souvent ces jours-ci, mais bientôt, elle entendit quelque chose de totalement différent, qui résonnait étrangement à ses oreilles... Elle sursauta... Sa toute première pensée fut à des ennemis ou au danger! La peur la saisit... Elle avait vu la guerre étant enfant, et le son de cavalerie en approche rapide lui rappelait des choses terrifiantes.

Elle voulut aller se cacher...

Puis elle se ressaisit: elle devait voir ce qui se passait. Mieux vaut savoir, avant d'agir.

 

Et elle a vu: des chevaux au galop...

Beaucoup de chevaux... et ils étaient montés par des elfes! Ils l'avaient trouvée!

Des elfes bien nourris avec des habits colorés, alors qu'elle n'avait qu'une chemise de lin brut souillé de terre... Elle se sentait déplacée!

Imaginez, après 70 ans...

Dans un premier temps elle pouvait même pas parler, et difficilement comprendre ce qu'ils disaient.

Mais bien sûr, la joie se répandait sur chacun d'eux.

Mais elle reconnut vite une des voix...

Mandë!

C'était tellement énorme, tellement surprenant... elle le prit dans ses bras, incapable de dire autre chose que «Bonjour»!

Il avait l'air moins surpris, mais il était aussi très heureux... il était toujours célibataire, bien qu'il vivait là depuis si longtemps... Les autres, elle n'avait aucune idée de qui ils étaient... ce qui voulait dire que d'autres elfes avaient réussi à passer le Horiathon!

 

Ils restèrent plusieurs jours ici, chacun expliquant aux autres ce qui était arrivé. Les sept avaient atterri sur une autre grande île, et, pensant qu'il était impossible de la retrouver, ils s'installèrent à cet endroit. Bien sûr, les choses étaient allées beaucoup mieux pour eux, car ils purent commencer la culture du blé et d'autres céréales, forge et tissus, beaucoup plus rapidement qu'elle, de sorte qu'ils furent bientôt en mesure d'avoir des enfants. Puis, les trente années suivantes, ils furent rejoints par d'autres elfes, et plus tard encore, de lourds bateaux de mille colons chacun arrivaient chaque jour: c'était l'exode, avec tous les elfes venant s'installer ici, fondant des villages partout, lançant des cultures, des explorations, construisant des bateaux.

 

Mais comment avaient-ils pu la trouver, elle, perdue dans une forêt de 1000kms de long? Ce qui est arrivé est très étrange. Et très beau... Ils connaissaient cette longue île montagneuse depuis des années. Mais ils s'aperçurent que des prés y étaient apparus... Alors, un jour, ils ont débarqué sur l'île de Milly, pour voir ce qui se passait. Ils trouvèrent vite les chevaux. Des chevaux blancs très aimables, venant vers eux pour les aider, et même se baissant pour les laisser monter. Ils ont compris qu'ils étaient les descendants des trois chevaux accompagnant Milly 70 ans plus tôt. Bien sûr, leur première idée fut de la chercher, mais dans cette immense forêt aux routes tortueuses, les chances de la retrouver au hasard étaient négligeables.

Ce qui est alors arrivé est merveilleux: ce sont les chevaux eux-mêmes qui ont montré la bonne direction aux colons, et qui les ont portés droit vers la maison de Milly! Bien que ce fut un voyage de 200 km sur un chemin tortueux...

Ainsi, c'étaient encore des chevaux elfiques, même après dix générations!

 

Milly avait fait un incroyable travail, si bien qu'ils purent s'installer à dix dans sa maison, qu'ils appelèrent Milly Montagne. Bien sûr, Milly et Mandë se marièrent quelques jours plus tard, et bientôt le petit village fut assez riche pour faire des enfants: ils devaient peupler le Dauriath!

Et, dès l'année suivante, Milly put goûter à nouveau le merveilleux pain de son enfance, se brûlant les lèvres de ne pouvoir attendre qu'il refroidisse!

 

Le lieu du village de Milly est encore vénéré aujourd'hui, mais malheureusement il fut recouvert par l'océan, avant qu'il cesse de monter. Parfois, les jours ensoleillés et calmes, les pèlerins émus pouvaient encore voir sous l'eau les roches où sa maison se tenait, avec des branches d'arbres noyés et des troncs. De l'île de 1000kms de long appelée Milly Montagne, seulement trois plus petites îles restent, la plus grande faisant environ 200kms de long. Milly et Mandë vivent encore là aujourd'hui, avec beaucoup d'amis et leurs descendants. Milly est maintenant considérée comme une elfe aînée, avec une excellente compréhension intuitive de la nature, et un fort pouvoir de parler aux arbres et aux plantes. Surtout, elle leur apprend à former un paysage merveilleux, et à saluer le visiteur avec de douces vibrations. Et bien sûr, leurs chevaux blancs, si intelligents et si bons, sont toujours là, à galoper librement à l'entour...

 

 

FIN

 

La génération de cette histoire (fait perdre le charme)

En 2012, j'ai été invité à raconter des histoires dans une île agréable, lieu de vie d'une petite tribu d'elfes dans Second life. On m'a demandé une histoire d'une dame vivant seule dans une maison de la forêt, alors j'ai improvisé cette histoire, en l'adaptant au fond général des elfes du Dauriath. Je l'ai mis plus tard sous une forme plus littéraire.

 

Scénario, dessins, couleurs, réalisation: Richard Trigaux (Sauf indication contraire).

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