Pour le Bonheur de tous les Etres -- L'auteur -- Motivation -- Forums -- Soutenir ce site

Spiritualité:  En ce 21eme siècle spirituel (forum1) -- Une présentation du Bouddhisme 3D

Université Shédrupling 3D : Epistémologie Générale ( news1 ) -- L'Abduction ( news1 ) -- La Vraie Economie ( publi1 ) -- Lumière de Trappist ( publi2 )

Ressources pour un Monde Meilleur: écologie, bonheur, vie, art, esprit, livres, musiques, films...

Livres et Romans: Le monde merveilleux des Eolis -- De la science fiction actuelle: Dumria 3D, Araukan, Typheren, Ken, Pourquoi Papa -- Tolkien: Rêve Elfique -- Les Elfes du Dauriath -- Un gros projet 3D -- Manifeste des mondes virtuels -- Vivons notre idéal dans les mondes virtuels 3D! -- Elf Dream, l'idéal elfique

Réagir: L'heure d'été (forum1) -- Droits de l'enfant violés en France -- Tabac et alcool sont des drogues -- Internet et liberté -- Logiciels buggués -- Epidémies nouvelles et hygiène de base -- Racisme et sexisme à rebours -- Une bonne constitution pour l'Europe? -- Devoir de mémoire -- Génération plombée? -- Comment devenir végé! -- Arnaques à l'E85

English English English

Les Elfes du Dauriath

Lillian

Par Yichard Muni, barde Elfe

 

Rencontrons-nous en vrai! Mon nom: Richard Trigaux. Nom d'artiste: Yichard Muni
Tous les vendredis à 12pm SLT (19hTU) (France: 21h), rencontres elfiques et histoires

Dans notre region virtuelle Lysaer (Comment entrer)

Dans notre region virtuelle Daur Anarie dans Alternate Metaverse! (Comment entrer)

Elf Dream a son site, il est actif dans dans les mondes virtuel Sovaria, Alternate Metaverse, et présent dans Second Life, Discord, Facebook.

 

Soutenir ce site

Ce texte s'insère dans une intrigue plus vaste. Il vaut donc mieux lire d'abord «Le Baiser des Mondes».

Index des histoires: ordre chronologique, ou par ordre de création

 

 

Cette histoire s'est passée dans les mondes du Nyidiath et du Dauriath, comme mes autres histoires d'elfes. Cependant elle a eu lieu beaucoup plus récemment, dans les temps modernes, seulement six ans avant le retour des Elfes dans le monde des humains.

 

La ville de Tellutaar avait beaucoup changé depuis le sac du Horzug. D'abord, elle avait été rebaptisé Newtel (Beaucoup utilisaient encore l'ancien nom, qui fut rétabli après le retour des elfes). Les voitures avaient remplacé les machines à vapeur, les rues étaient goudronnées, les HLM blancs avaient chassé les bâtiments de brique rouge. La démocratie avait remplacé la dictature, sans toutefois apporter plus de coeur. Récemment, l'épuisement des mines de charbon avait provoqué une énorme crise, laissant dans le quartier central de nombreux bâtiments anciens abandonnés. Mais cela avait aussi permis à de nombreuses industries nouvelles de s'installer dans les banlieues, qui s'étendaient maintenant sur dix kilomètres.

 

 

Les gens ne pensaient pas beaucoup aux Elfes. Les nouveaux médias, la radio et plus récemment la télévision montraient des films représentant les elfes comme des personnages noirs et dangereux, menaçant d'attaquer le monde humain, tandis que des super-héros les dégommaient par rangs de dix pour récupérer leurs fiancées enlevées. Mais les médias ne donnaient pas d'informations factuelles du monde elfique réel, le Dauriath, censuré de partout.

Cependant, la prophétie du retour des elfes s'approchait. Ce n'était plus qu'une question de quelques années maintenant. Et il se passait des choses au passage du Horiathon, là où le monde des humains et le monde des elfes communiquent. Dans son lent mouvement astronomique, le Dauriath, le monde de elfes, touchait maintenant le monde des humains. Ainsi, il n'y avait plus une cataracte entre les deux, mais un cou, comme dans un sablier. Il était toujours impossible de passer, car les marées créaient un dangereux mascaret autour de ce cou. Mais il s'affaiblissait: bientôt le passage serait possible, au moment où la vague s'annule, au renversement de la marée. Mais aucune préparation officielle n'était faite pour cet événement historique d'importance...

 

Au lieu de cela, la propagande médiatique préparait l'opinion à la défense contre une invasion elfique! Autour du Horiathon, des navires de guerre modernes en acier, propulsés par des turbines à vapeur, faisaient face à une flotte elfique de bois et à voile, toujours la même depuis l'Exode. Un seul tir de l'énorme artillerie moderne les écraseraient comme des boîtes d'allumettes. Tout cela ressemblait plutôt à une préparation méthodique d'une invasion des terres elfiques «désertes» et de leurs immenses ressources, pour soulager un monde humain pollué et surpeuplé. Les mentalités humaines n'avaient pas changé depuis l'Exode! De nombreux raids aériens de reconnaissance du Dauriath avaient déjà été tentés, malgré les avertissements des ambassades elfiques, sans rencontrer la moindre résistance. Le seul «petit détail» qui inquiétait les stratèges est qu'aucun des avions qui avaient franchi l'horizon du Dauriath n'avait jamais réapparu, ni même envoyé un message radio pour dire ce qui s'était passé.

 

Les gens ordinaires de Newtel, toutefois, ne s'intéressaient qu'à leur vie quotidienne: travail, transport, courses, tâches ménagères. Leur seul but était de passer leurs soirées dans les pubs ou les boîtes de nuit, à boire ou fumer des drogues variées afin de ne plus penser à rien. D'autres jouaient au flipper ou regardaient des films montrant des elfes vêtus de noir avec des yeux cruels, kidnappant de belles femmes blondes.

 

Lillian semblait n'être qu'une de ces jeunes ordinaires, habillée comme tout le monde (comment faire autrement quand tous les magasins vendaient la même chose?). Cependant, elle n'était pas satisfaite de cette vie. Quand ses parents lui avaient permis d'aller en ville, elle s'ennuya rapidement de ses camarades qui voulaient la faire boire et «s'amuser» avec des substances qui la rendaient malade.

 

Elle voulait parler d'autres choses, par exemple d'astronomie, où d'enthousiasmantes découvertes avaient été faites, ouvrant des perspectives fantastiques vers d'autres mondes. Mais ce genre de conversation tournait toujours aux remarques méprisantes ou ignorantes. Elle aurait aimé sortir de la ville, voir les arbres et les montagnes. Mais elle n'avait pas d'argent pour acheter une voiture, et la seule verdure alentour étaient des ruines d'anciennes usines, où restaient des blocs de béton, des avertissements de produits toxiques enfouis. Arbres et buissons poussaient librement dans ces lieux lugubres, qui avaient été aménagés à bas prix comme parcs. Mais la sensation était plutôt de laideur, de lieux de mort. Le jour, toutes sortes de gens se promenaient ici, y compris des familles avec des enfants. Mais la nuit, c'était assez dangereux, surtout pour les femmes... et aussi pour les hommes!

Ainsi, Lilian souhaitait clairement quelque chose d'autre, avec de la nature et des gens parlant de choses intéressantes. Mais elle ne pensait pas du tout aux Elfes, car elle croyait, comme tout le monde, qu'ils étaient des créatures maléfiques inventées par les cinéastes. Au mieux, ils étaient quelques milliers d'ermites primitifs vivant dans des huttes sur le Dauriath, mais les médias donnaient très peu d'informations factuelles sur eux. En particulier, aucune des explorations détaillées au télescope n'étaient montrées, classées secret défense à ce que l'on disait.

 

Ce qu'elle pouvait toujours faire était d'aller à un club de musique. Elle souhaitait devenir compositeur, mais il lui fallait d'abord passer par le fastidieux apprentissage du solfège, et délier ses mains pour les instruments. Malheureusement, toutes les leçons étaient tard le soir, ce qui pour un travailleur est souvent un obstacle infranchissable. Donc, elle acheta un livre, mais elle ne pouvait pas se permettre le moindre instrument. Elle pouvait encore aller au club le week-end, mais il y avait toujours une raison pour que d'autres utilisent les instruments à sa place. Ainsi ses progrès étaient très lents...

Son souhait était d'être capable de transmettre les merveilleuses émotions qu'elle avait dans son cœur. Mais à ce rythme, elle aurait besoin d'années avant de produire une seule mélodie. Mais c'était son souhait, son projet. Alors elle amassait des économies pour l'achat d'un instrument...

 

La seule personne qui l'aidait vraiment était Ishtlan, un beau jeune homme bronzé aux traits réguliers, yeux noirs et cheveux noirs. Il apparaissait souvent dans le club, parlant avec tout le monde et rencontrant les nouveaux membres. Il jouait bien, et chantait d'une voix magnifiquement émotionnelle. Aussi, elle souhaitait être comme lui, capable de transmettre de belles émotions. Au début, Ishtlan n'était pas spécialement intéressé à l'aider, elle (il y avait des centaines d'autres membres et beaucoup étaient plus prometteur), mais petit à petit elle lui montra sa persévérance, et cela finit par attirer son attention. Alors il commença à la conseiller, et à passer de plus et plus de temps avec elle.

Leur relation devint amicale, et même sentimentale. Elle était toujours plus heureuse de le voir, et il s'intéressait beaucoup à elle. Elle fut d'abord troublée par cette attraction, pensant que c'était seulement en raison de sa beauté physique. Mais elle a vite vu qu'il comprenait vraiment les émotions et la belle vie qu'elle voulait transmettre.

 

A la fête annuelle du club, il y avait de l'alcool et des pilules, qui rendaient les gens malades ou étourdis. Elle regarda Ishtlan, mais il n'y toucha jamais, et il garda toutes ses facultés. De toute façon, il partit dès qu'il fut jugé poli de partir, avant que les gens commencent à se rouler par terre. Elle s'éclipsa aussi.

 

Elle a fini par pouvoir acheter une sorte d'orgue simple. Pour Ishtlan, c'était un jouet, mais au moins il rendait un son chaleureux. Et il fit que Ishtlan commença à venir chez elle! Ici, ils étaient libres de parler de ce qu'ils voulaient, sans avoir à supporter les remarques stupides des autres membres. Elle découvrit un homme à l'esprit riche et profond, partageant ses propres préoccupations sur la vie, la beauté, la nature, l'astronomie et tout. Elle ne réalisa pas tout d'abord, mais quand elle mentionnait les elfes, répétant les habituels préjugés des médias, il répondait évasivement. Mais c'était un comportement commun à cette époque.

 

Les choses auraient pu devenir romantiques à ce stade, mais quelque chose d'autre arriva. Le PDG de sa société s'intéressa à elle. Il l'amena dans son bureau, demandant ce qui l'intéressait dans la vie, et souriant favorablement. Elle n'osa pas ouvrir complètement son coeur à cet homme en costume gris, mais elle parla de musique et de vivre dans la nature, et il sembla approuver. Il expliqua qu'elle n'aurait plus besoin de travailler, et qu'il lui offrirait tous les instruments qu'elle voudrait. Il avait une propriété dans l'ancienne ville de Tellutaar (aujourd'hui le quartier de luxe) et un autre à la campagne, avec beaucoup d'arbres. Elle pourrait passer son temps à se promener dans le parc, ou à jouer de la musique.

C'était une proposition intéressante, pas du genre à rejeter à la légère. Cet homme était encore beau, malgré sa quarantaine finissante, et il lui souriait toujours. Mais elle hésitait... il était du monde lointain et bizarre des riches! Quelque chose clochait subtilement, sans qu'elle ne voie pourquoi. Naïvement, elle en parla à Ishtlan, qu'elle considérait toujours comme un ami, pas plus. Ce dernier ne sembla pas s'intéresser à son aventure, et il ne la commenta pas. Il continua ses leçons de musique.

Son talent s'améliorait, ses mains devenaient agiles sur le clavier, pour pouvoir jouer assez vite. Elle connaissait maintenant assez de théorie pour s'essayer à quelque composition de son cru. Ishtlan corrigea quelques notes ici et là, et c'était en effet mieux, plus serein et plus beau.

 

 

Côté PDG, il l'invita dans sa villa de luxe, en haut de l'ancienne Tellutaar. La soirée s'annonça agréable, avec sourires, éclairage, bon chauffage et tout. Il était parfait, et il la présenta à ses serviteurs. Nourriture et boissons étaient excellents. Mais la maison était si propre, qu'elle se sentait sale, malvenue. L'endroit la refusait, elle ne s'y sentirait jamais chez elle! Les serviteurs ne lui parlaient pas, ne répondant qu'à ses questions, et elle se sentit honteuse de les commander, comme de quelque chose d'anormal. Il lui fit visiter la maison, y compris plusieurs chambres à coucher, mais il fit clairement comprendre que plusieurs portes étaient hors limite, pas ses affaires. Bien sûr, il proposa divers alcools ou drogues. Pas le même genre que les plus populaires, plutôt de luxe. Elle refusa, mais eut honte de le faire! On ne refuse pas à un PDG, même en dehors du travail! Il sembla triste de cela, et il marqua clairement sa déception lorsqu'elle lui demanda de partir... Il était tard et elle devait encore travailler!

 

 

Quelques jours plus tard, elle raconta son aventure à Ishtlan. Il ne l'aida pas vraiment, répondant juste que c'était à elle de démêler ses sentiments envers cet homme... bien sûr, une vie de luxe, sans travail... mais était-ce vraiment ce qu'elle voulait? Passer sa vie enfermée avec des serviteurs qui ne lui parlaient jamais? Ils n'avaient même pas discuté de musique!

Au lieu de commenter cette histoire, Ishtlan se mit à faire allusion à une maison à la campagne, où vivaient quelques amis. Oh, c'était plutôt une ancienne ferme, avec des murs de briques et des charpentes de bois, où ils n'avaient installé que récemment l'électricité. Mais il y avait une bande de joyeux copains vivant ici, s'adonnant à l'agriculture, à la musique et à la peinture. A l'entour s'étendaient des forêts et des champs... Lillian était captivée, et elle souhaita pouvoir vivre dans cet endroit merveilleux, avec les amis de Ishtlan... mais pour cela elle devait abandonner son travail, sans aucune garantie d'en retrouver un autre, si les choses tournaient mal!

 

Au travail, précisément, le PDG lui faisait une cour de plus en plus assidue, même présent tout le monde, mettant Lillian mal à l'aise. Il l'invita de nouveau à la maison de luxe, et elle hésita beaucoup... Elle y alla enfin, mais les choses allèrent encore plus loin: il l'invita carrément dans une des chambres. C'était donc là la condition pour la vie de luxe... Ce n'était pas ce qu'elle voulait. Elle demanda immédiatement à partir seule, et elle descendit toute la rue principale de l'ancienne Tellutaar à la ville nouvelle, plus d'une heure de marche tard dans la nuit. Ce faisant, elle passa le long d'endroits que nous avons vu dans d'autres histoires, comme les casernes où eut lieu le Conseil elfique, aujourd'hui un parc résidentiel. Une tour pour l'office du tourisme était tout ce qui restait des anciens tribunaux. Les seules choses qui n'avaient pas changées étaient les braillements d'ivrognes dans les pubs, et les femmes vêtues de filets à patate qui la regardaient hargneusement. Et ce sentiment constant de danger pour les femmes, regards insistants, pas qui la suivaient partout...

 

Le lendemain n'était pas une journée de travail, et Ishtlan est arrivé chez elle à l'improviste. Elle était heureuse de le voir, ne sentant aucun trouble ou danger avec lui. Ils sont restés ensemble toute la journée, parlant de toutes sortes de belles choses, musique, nature et amis. Ishtlan décrivit davantage sa ferme et ses amis. Ils avaient une salle de musique dans une grange, et aucun voisin, alors ils pouvaient faire tout le bruit et toutes les fausses notes qu'ils voulaient! L'après-midi, ils allèrent ensemble au Club de musique, mais comme c'était devenu la règle, un groupe bruyant utilisait tous les instruments pour préparer leur GRAND CONCERT. Sans un regard à Lillian, ils demandèrent à Ishtlan de faire une voix de choeur, mais il refusa. Ce qu'ils jouaient, c'était juste la purée habituelle qu'ils entendaient toute la journée à la radio, alors pourquoi se donner du mal à le reproduire?

 

Ishtlan proposa à Lillian de venir un week-end dans sa ferme avec ses amis, au lieu de ce combat inutile avec les membres du club pour utiliser les instruments. Ils avaient une petite voiture, qu'ils utilisaient parfois pour faire les courses en ville. Ainsi, ils pourraient l'emmener. Elle accepta facilement!

 

Le lendemain, au travail, une autre femme secrétaire travaillait à côté de Lillian, comme d'habitude. Elles échangeaient sourires et choses superficielles. Tout à coup la secrétaire lui remit le combiné du téléphone: «quelqu'un qui veut te parler». Lillian était étonnée, n'attendant personne. Puis elle entendit dans l'écouteur, une femme très en colère, qui se mit à lui déverser les insultes les plus obscènes que l'ont puisse imaginer... Sidérée, elle ne pouvait que répéter «Bonjour» encore et encore, se demandant bien qui était cette femme, et pourquoi elle était si en colère après elle. Tremblante, elle finit par raccrocher, questionnant la secrétaire des yeux.

«Sa femme» répondit-elle.

Comme Lillian était trop stupéfaite pour répondre, elle ajouta:

«Il veut divorcer d'elle, il pense qu'elle est trop vieille. Il veut une jeune comme toi». Il y n'avait nul besoin d'explications. En ces temps, le divorce était encore interdit, malgré des joutes régulières au parlement. Mais les gens riches étaient au-dessus des lois, comme d'habitude...

 

 

Peu après, le PDG passa rapidement dans le bureau, sans un coup d'oeil à Lillian. Il avait probablement trouvé une autre femme, plus intéressée par la vie de luxe et prête à payer le «coût». Et elle ne l'embêtait pas avec la musique, ni n'était timide avec les serviteurs...

 

A la fin de la semaine, elle reçut une lettre de sa société: elle avait été licenciée, pour une accusation fantaisiste de faute professionnelle. Elle savait qu'il était inutile de discuter. C'était très mauvais pour elle, car il lui serait très difficile de retrouver un autre emploi, après ces accusations. Dans deux mois, elle serait une clocharde. Le PDG avait pris une vengeance terrible pour son refus!

 

C'est alors que Ishtlan s'amena, juste à ce moment, marchant tranquillement et souriant comme si rien de mauvais n'était jamais arrivé dans tout l'univers. Il portait une chemise rouge, et il avait laissé ses cheveux noirs pousser. Cela lui allait mieux, lui donnant un air Maya.

«J'ai perdu mon emploi!» pleura t-elle devant lui.

«Oh, tu es libre alors, répondit-il. Libre de cette paperasse inutile qui suçait ta vie!

-Je... Je comprends pas... comme ça je perd tout, je n'ai plus d'argent, plus de maison... C'est une catastrophe, pour moi!

-Mais non! Tu n'es plus liée à la ville. Tu es libre de partir... par exemple à la ferme...

-Je...

-Oui, tu peux venir vivre ici, et apprendre la musique, avec de très bons professeurs et instruments, et faire autre chose quand tu es fatiguée de la musique. Oublie ce club lamentable, totalement étouffé par cette bande de bêleurs médiatiques.

-Mais l'argent?? Je ne...

-Ne te fais pas de bile pour ça. On en a, de l'argent. Pas beaucoup, mais assez pour ne pas avoir besoin de passer du temps à des choses inutiles, ou perdre notre vie à gratter des papiers enfermés dans des bureaux. Tu sais, nous n'aimons pas le système de l'argent, mais c'est si facile de tricher avec, que nous avons, disons, arrangé certaines choses, pour que le bien puisse prospérer sans entraves. Oh, n'aies pas peur, on n'a rien fait d'illégal, rien de malhonnête, juste des bonnes décisions bien informées prises au bon moment, ha ha ha!»

 

Lillian avait deux mois pour réfléchir à la proposition de Ishtlan, avant d'être incapable de payer son loyer et expulsée de sa maison. Alors elle accepta l'invitation pour visiter la ferme... le week-end d'après.

 

A première vue, cette maison basse avait l'air pauvre et petite: un vieux toit de tuiles roses et des murs de chaux jaunâtre, le tout recouvert de lierre. Les seuls détails modernes étaient un poteau pour le téléphone et l'électricité, plus une allée de gravier menant au garage. Sous le ciel gris et la pluie, tout cela semblait froid et peu accueillant. Mais les bâtiments bas s'étendaient plus loin sous les arbres, de sorte qu'il y avait beaucoup plus de place qu'on ne l'aurait cru. La salle principale, en particulier, avait été creusée sous le niveau du sol, avec des fenêtres au-dessus de ce niveau, ce qui la rendait en fait très grande.

 

Mais il y avait les amis de Ishtlan! Environ une douzaine de jeunes personnes, dont deux enfants, qui l'accueillirent chaleureusement. Ils lui firent visiter l'endroit, les jardins, les ateliers, la salle à manger et tout. Le bâtiment semblait très ancien, mais il était bien entretenu et adapté aux éléments modernes. Des travaux étaient en cours dans plusieurs chambres pour cacher les fils électriques, ou ajouter de l'isolation. A l'extérieur, c'était la même chose: on ne trouvait aucun barbelé, mais des haies ou des murs de pierres sèches protégeant le jardin, avec des fleurs et des plantes grimpantes. On avait l'impression qu'il y avait toujours un travail en cours ici ou là. Plus loin s'étendaient les champs, avec un tracteur et des outils. Entre les champs et les bois, se tenaient plusieurs enclos pour animaux: deux chevaux, plus quelques poules et canards. Toutefois on lui expliqua qu'ils n'étaient pas là pour être exploités, mais comme animaux de compagnie. Les chevaux avaient bien tiré la charrue, mais maintenant, avec le tracteur, ils profitaient d'une retraite méritée!

 

Ils partagèrent le repas du midi, parlant joyeusement de toutes sortes de choses. Mais ils prenaient également bien soin de demander ce qui l'intéressait elle, une chose que personne n'avait faite avant! Alors elle a commencé prudemment avec l'astronomie, où ils semblaient instruits. Plus tard, ils lui montrèrent beaucoup de revues scientifiques qu'ils possédaient, et il lui faudrait plusieurs jours pour tout lire! Ils avaient même un projet d'achat d'un petit télescope...

Après cela, elle leur parla de son souhait d'une vie meilleure... son désir d'un monde merveilleux et de gens aimables. Ils répondirent de manière très simple, en souriant: elle avait trouvé!

Plus tard dans l'après-midi, ils se rendirent dans leurs ateliers, ou à la petite école des deux enfants. Lilian fut à nouveau un peu seule, puis Ishtlan l'accompagna dans les bois alentour. Pour la première fois dans sa vie, elle put jouir librement de la vraie nature, sous le couvert dégoulinant, abritant de nombreuses plantes et fleurs.

 

Quand elle s'en alla, le soleil revenu rendait le paysage à nouveau tout joyeux. Mais elle se sentait triste, de devoir quitter ce merveilleux endroit. Car elle pensait encore elle devait revenir en ville et se trouver un autre travail!

 

 

Ainsi, dès le lendemain, elle alla à l'agence pour l'emploi. Mais ils voulurent lui faire suivre un «programme de réhabilitation psychologique»... qui s'avéra être une humiliation systématique, et une tentative minable pour la faire devenir «normale», ne pensant qu'à chercher du travail... sachant qu'elle était de toutes façons barrée de partout, à cause des accusations fantaisistes!

 

Ce qui fit que, seulement deux semaines plus tard, elle décida de s'installer à la ferme. Ce faisant, elle économisa un mois de loyer. Ishtlan et deux amis vinrent avec la voiture, pour l'aider à déménager ses quelques biens, sous le regard fâché de la concierge. Elle les insulta même, pour quelque raison que Lillian ne pouvait pas deviner. Les amis de Ishtlan évitèrent soigneusement de répondre à cette provocation apparemment gratuite, lui faisant même un joyeux «bye bye» lors de leur départ. L'un d'eux ajouta même un espiègle «nous serons bientôt de retour» qui sembla exaspérer particulièrement la concierge! Lillian se demandait bien pourquoi elle était si en colère, mais il n'était pas rare de voir des habitants de la ville en colère sans raison visible, aussi elle ne s'en préoccupa guère.

 

Le soir de cette journée fantastique, Lillian s'installa dans sa nouvelle chambre. Elle n'était pas grande, mais confortable et facile à chauffer, avec une petite table pour écrire et faire des choses. Juste après son installation et avant de la laisser seule, Ishtlan lui parla.

«Il semble que tous tes souhaits soient accomplis, maintenant!

-Euh, oui... c'est un jour merveilleux... J'espère que nous serons heureux tous ensemble !

-Hmm, oui... mais mon propre souhait n'est pas encore accompli, dit-il.

-Ton souhait ? De quoi s'agit-il ?

-Hmmm... Je pense que c'est à toi de le trouver. Bonne nuit» et il partit, souriant mystérieusement.

 

Les premières semaines à la ferme furent un merveilleux moment de découvertes pour Lillian. Toutefois, bien qu'ayant trouvé plusieurs autres amis, elle resta plus proche de Ishtlan, qui était resté son maître de musique. De plus, c'était le seul célibataire.

 

Mais bientôt, elle remarqua plusieurs choses mystérieuses.

Tout d'abord, ils avaient un bureau fermé, où ils passaient du temps, parfois tous ensemble.

Deuxièmement, il y avait d'autres fermes. Et d'autres personnes.

Parfois, ils venaient tous ici, en de joyeuses réunions. Une fois, ils furent quarante dans une sorte de célébration! Bien sûr, ils jouaient beaucoup de musique, et ils chantaient. Lillian avait maintenant les doigts assez agiles pour jouer avec eux de plusieurs instruments simples, et elle commença le difficile violon.

 

Mais alors qu'ils étaient joyeusement à faire la fête, certains s'enfermaient dans le bureau secret...

 

Une autre chose qui l'intrigua beaucoup, est que chacun ne prenait qu'un repas léger par jour, alors qu'elle en avait besoin de trois bons. Ils venaient à tour de rôle, toutefois, afin qu'il y ait toujours quelqu'un avec elle. Elle était même inquiète pour les enfants, mais ils avaient l'air bien nourris et plein d'énergie. Des enfants parfaits, avec beaucoup d'allan, mais disciplinés et sérieux à l'apprentissage.

Un autre détail curieux est qu'il n'y n'avait aucun vieux parmi eux. Ils semblaient tous avoir de 18 à 30 ans, parfois 40, mais jamais plus. Même, un couple qui venait souvent leur rendre visite s'avéra être en fait les parents de Ishtlan! C'était incroyable, car ils n'avaient pas l'air plus âgés que lui...

 

Un jour, Ishtlan arriva avec des nouvelles de son ancien PDG. Le type avait fini par trouver ce qu'il cherchait: une femme magnifique, avec de longs cheveux blonds coulant jusque sur ses cuisses, et un petit derrière frétillant à damner un saint. Et prête à payer le «prix» sans hésiter une seconde... Mais ce que le gars n'avait pas réalisé, est que son désir malsain fit bientôt de lui son esclave! En seulement six mois, elle l'avait ruiné, pour ensuite le laisser tomber! Et maintenant, sans argent, il avait perdu ses privilèges de patron, et aucun avocat ne l'aidait plus à distordre la loi sur le divorce. Il n'eut donc aucune autre alternative que de retourner avec son épouse, et de subir la morale.

Lillian rit d'abord de sa vengeance, mais ensuite elle se demanda: Comment Ishtlan savait-il tant de détails?

 

L'hiver les fit se rapprocher l'un de l'autre. Et ce qui devait arriver arriva: Lillian et Ishtlan sont tombés amoureux. Pour être franc, elle le savait depuis le début. Mais après son éprouvante aventure avec le PDG, ouvrir son intimité à un homme lui était devenu beaucoup plus difficile. Elle avait besoin de temps pour guérir la plaie. Sur le bon côté des choses, leurs méditations quotidiennes l'ont beaucoup aidée à recentrer ses émotions.

 

Le matin de leur première nuit ensemble, il la prit dans ses bras et sourit.

«Maintenant nous pouvons parler. Tu peux réaliser mon souhait.

-Nous pouvons parler de quoi?

-Toutes ces réunions secrètes, le bureau verrouillé.

-Je peux savoir parce que nous avons dormi ensemble? C'est bizarre.

-Pas directement. Mais il y a un point commun à tout ça. C'est drôle que tu n'as pas deviné du tout.

-?

-Nous sommes des elfes.

-De quoi?

-H-hmm, oui. Probablement, tu imaginais les elfes comme dans les films d'horreur, tout habillés de latex noir, des yeux cruels de sorcière, des crocs et des griffes, toujours à comploter contre le gouvernement ou à enlever des femmes blondes pour faire des expériences sexuelles...

-C'est que... même pas... Je n'imaginais même pas que les elfes n'existent vraiment!

-Haha, c'est mieux que de croire que nous sommes mauvais! Alors tu n'avais pas deviné du tout ?

-Eh bien, j'ai deviné que vous étiez un groupe secret... des amis... J'ai imaginé... Tu sais, dans ce monde, les belles choses doivent se cacher, tandis que des choses laides parlent fort à la radio, et maintenant à la télé... Cela, je comprend, et je pensais que vous deviez vous protéger des persécutions habituelles. Mais des elfes, non, en fait, je n'avais même pas idée qu'ils pouvaient exister en vrai, ni de ce qu'ils sont. Ben... je... d'après ce que je vois, c'est sympa, j'aime ça!»

Lillian attira Ishtlan contre elle, et le serra dans ses bras.

«C'est merveilleux de vivre avec les elfes»

Puis: «Et les elfes dans le Dauriath, ce sont vos amis?

-h-hmm

-Mais... quelques milliers d'ermites vivant dans des huttes... Comment pourraient-ils sauver notre monde?

-Oh, ils sont un peu plus... et ils ne vivent pas vraiment dans des huttes... Le gouvernement le sait très bien, vu qu'ils ont envoyé des avions espion, avec de puissantes caméras. Mais comme d'habitude, ils préfèrent ne pas voir ce qu'ils n'ont pas envie de voir, hihihi! Ils n'écoutent même pas leurs propres généraux, qui leur recommandent d'être prudents! Alors nous...

 

Puis elle demanda:

«Mais comment pouvons-nous nous aimer, si nous sommes des races différentes?

-Haha comme tout le monde!

-Euh non, je voulais dire, qu'est-ce qu'on va devenir?

-C'est simple, et c'est là qu'on en arrive à mon propre souhait dans l'histoire. En aimant un elfe, tu deviendra une elfe toi aussi. C'est déjà commencé, tu manges déjà beaucoup moins qu'au début.

-Devenir une... Eh bien, comment on fait? Hahaha!

-Tu n'as pas besoin de faire quelque chose de spécial, continues seulement à aimer la vie et à respecter les autres. Tous les autres arrangements se seront automatiquement, par la magie de Shelenaë.

-Magie? Wow! Ça n'existe pas... et... qui est Shelenaë?

-Shelenaë est notre déesse mère. Tout cela a été conservé dans le secret.

-Mais c'est... incroyable! Ce sont des choses du passé... qui existent encore aujourd'hui dans notre monde moderne?

-Haha, tu vas le savoir, maintenant que tu as rendu ton choix visible à tous.

-Et ton souhait, là-dedans?

-Eh bien, j'aurais pu simplement épouser une autre elfe... la joyeuse Jody, la sensuelle Sweetlana, la merveilleuse Carlina... mais le souhait que j'ai fait était, au lieu de cela, de me marier avec une femme humaine, pour qu'elle devienne elfe. Et maintenant, tu as accepté... Pas toutes les femmes humaines n'acceptent ça, hélas. Mais maintenant, mon propre souhait est accompli. Dans quelques minutes tout le monde le saura... Et tu pourras bientôt voir ce qui se passe dans ta méditation et dans tes rêves. Tu ne poseras plus une seule question.»

 

En effet, quelques minutes plus tard, au repas du matin, toute la communauté, plus deux visiteurs, applaudit Lillian et Ishtlan...

 

Et effectivement, à partir de ce moment, son esprit fut beaucoup plus clair, Lillian se sentait différente, ses émotions bien plus profondes et intenses, quoique davantage sous contrôle. Shelenaë n'est pas venue en personne la saluer, mais elle eut assez de preuves pour ne plus jamais poser des questions!

 

Elle se réconcilia également avec les réunions secrètes et autres rituels bizarres servant leur monde. Elle n'y fut pas conviée, car, dans un monde hostile, il vaut mieux que certaines choses ne soient connues que par ceux qui ont vraiment besoin de les connaître. Mais elle a beaucoup appris sur la fraternité elfique qui se propageait dans un réseau souterrain, dans des endroits anonymes comme celui-ci. Ils portaient des cheveux courts et s'habillaient comme les autres humains, mais pour l'oeil sagace, la différence était évidente.

 

Lillian et Ishtlan passèrent plusieurs années heureux ici, à construire le nouveau monde à venir (la prophétie s'approchait très vite). Jusqu'à ce qu'une chose inattendue arrive: Ishtlan était recherché par la police! Bien sûr il n'avait rien fait de mal, mais certains le soupçonnaient d'être un elfe, et des accusations compliquées avaient été faites, de sorte qu'il risquait de passer de nombreuses années en prison avant d'être reconnu innocent. Pire encore, l'enquête pouvait mettre son nez là où il n'y avait pas besoin, et compromettre beaucoup d'autres choses.

 

Donc la seule solution était de fuir aussi rapidement que possible vers le Dauriath!

 

Cependant le Horiathon était toujours infranchissable, avec son col d'écume blanche qui séparait la danse sans fin des deux flottes de guerre face à face.

 

Mais cela n'alarma pas beaucoup les elfes. Tout d'abord, la salle secrète fut vidé en quelques minutes de quoi que ce soit de compromettant, et transformé en un bureau de comptes très ordinaire. Puis Ishtlan, ses parents et Lillian fuirent très rapidement, de manière parfaitement préparée, vers un port. Ils entrèrent dans un bateau porte-conteneurs par une trappe sous la coque, rejoignant à cette occasion deux hauts elfes voyageant vers le Dauriath! Leur compartiment était froid, bas, et ils devaient éviter de faire du bruit, pour ne pas d'être repérés par les marins. Mais il était parfaitement caché au fond de la coque, sans trappe ni tuyau vers les cales du navire, de sorte que personne ne pouvait soupçonner sa présence, même pas les douaniers fouillant les navires. Toute l'entreprise de dissimulation était extrêmement élaborée: le bateau appartenait à une société, elle-même appartenant à un homme riche qui était secrètement un elfe. Seuls le capitaine et les officiers étaient au courant.

 

Puis un soir, alors qu'ils passaient près du Horiathon, un petit sous-marin vint se fixer à la trappe, pour prendre les six passagers à son bord! De là, il était facile de se faufiler juste sous les navires de guerre humains, vers le Horiathon lui-même. Un habile marin pilota le sous-marin de manière à passer juste au centre du col, et éviter d'être poussé à l'extérieur par les violents remous. Puis le sous-marin plongea à nouveau, du côté du Dauriath! De là, il passa sous un des bateaux en bois, se fixa à une autre trappe, et déchargea ses passagers et une cargaison. Il lui fallut seulement trois heures pour se recharger en air et en batteries. Dans la faible gravité du Horiathon, il pouvait plonger très profond, peut-être une centaine de kilomètres. Mais le fond mystérieux de l'océan était beaucoup plus bas, en cet endroit.

C'est ainsi que Lillian est arrivée dans le Dauriath, le monde des elfes! Elle était sidérée par cette évasion Rocambolesque, mais surtout très heureuse d'entrer dans le pays magique!

Leur navire, la Marëëska comme elle s'appelait, était vraiment un navire en bois. Cependant à l'intérieur, un petit générateur animait la lumière électrique et un équipement radio moderne. Elle avait également un moteur diesel, même si il n'était pas assez puissant pour une navigation à pleine vitesse. Mais dans l'aspect général, elle restait très elfique, avec ses poutres sculptées et ses plafonds peints. La coque était blanche avec des filets pourpres, chaque navire ayant des motifs différent. Elle avait la chaleur et le confort d'un bateau de luxe, plutôt que la froideur fonctionnelle d'un navire militaire. Toutefois ce luxe apparent n'avait rien de l'arrogance vide de la richesse, c'était la chaleureuse pureté des Elfes, peuplée d'objets beaux et humains. L'équipage aussi se comportait de manière très elfique, aimable et portant des vêtements amples, seuls des insignes indiquant leur rôle militaire.

Invitée dans la salle de commande, Lillian put voir le terrible Horiathon de près. L'océan où ils se trouvaient, n'était pas plat, mais il formait un cône comme une montagne, alors que le Nyidiath faisait un cône noir similaire au-dessus d'eux, mais la pointe en bas, dans le ciel. A la jonction des deux pointes, un mascaret écumant battait furieusement, comme les marées se déversaient alternativement d'un monde à l'autre. De cette monstrueuse respiration dépendait la Prophétie, et le destin des deux mondes...

«Elle est très basse aujourd'hui, avec la marée».

C'était très étrange de voir ces navires de guerre en acier, qui semblaient pendre du plafond noir au-dessus d'eux, leurs feux rouges et jaunes formant de grosses étoiles. Et, dans ce paysage cataclysmique, à couper le souffle, ils semblaient si déplacés...

«Pauvres types, si ils savaient... le sous-marin pourrait faire sauter tout ça, avant qu'ils réalisent ce qui se passe» commenta Ishtlan. Mais un officier supérieur lui répondit:

«Bien sûr, nous pourrions faire cela... mais nous n'allons pas commencer une nouvelle forme de guerre aussi laide. Nous avons quelque chose de beaucoup mieux et beaucoup plus propre. Si j'étais eux, je fuirais immédiatement.

-Vont ils mourir? Demanda Lillian.

-Ça pourrait arriver. Ils le savent. Chaque marin a été informé individuellement dans ses rêves, avant de signer son contrat. L'avertissement antique n'a pas été supprimé. Toute personne non autorisée entrant dans nos terres sacrées devra faire face à la rétention à vie, hommes et femmes séparés, ou à la mort si nous ne pouvons pas faire autrement. Seule la réouverture du Horiathon remplacera la rétention par l'expulsion.

-Nous ne voulons pas qu'on nous prenne nos terres encore une fois, dit un autre officier. J'étais dans le Terralion il y a huit siècles. Je me souviens de l'Exode, nos maisons incendiées, nos femmes et nos filles violées, la marche de la souffrance, les enfants qui mourraient en chemin. Cela n'arrivera pas à nouveau, et cette fois nous ferons tout ce qu'il faut pour l'éviter. Et nous avons les moyens de le faire. Ce sera très rapide, avec peu de combat.»

 

Deux jours plus tard, la Marëëska s'éloigna du Horiathon, remplacée par un autre.

 

C'est ainsi que Lillian accomplit tous ses souhaits, bien au-delà de toute ses attentes. Elle s'installa sur les vraies terres elfiques, avec de magnifiques maisons sculptées et peintes, dans les forêts vierges retentissantes d'oiseaux. Elle est partie pour un pays où tout le monde est ami, aimable et proche comme un amant!

 

Mais aussi, elle est allée au-delà de l'horizon du Dauriath, la partie cachée qui n'est pas visible depuis le Nyidiath... Et elle comprit tout de suite pourquoi la petite armée elfique était si confiante! Les elfes n'avaient pas perdu de temps en sept siècles!

 

Deux ans après, le Horiathon s'ouvrit, permettant les voyages dans les deux sens. Lillian et Ishtlan ont pu retourner en toute sécurité dans le Nyidiath, après la terrible défaite de la flotte humaine dans la brève bataille de Horiathon, qui a forcé une nouvelle politique permettant aux elfes de voyager librement et de vivre dans le monde des humains. La prophétie fut accomplie, même s'il a encore fallu deux siècles pour les humains accepter librement la beauté du monde elfique. Mais c'est là une autre histoire...

 

 

 

Fin

 

 

Première histoire -- Prochaine histoire -- Toutes les histoires: en ordre chronologique -- par ordre de création

La génèse de cette histoire

Cette histoire a été écrite spécialement pour la deuxième «fantazy art fest» organisée dans Inworldz en 2013 par le groupe d'elfes «Elf Clan». Le thème de cette fête était «souhaiter», d'où l'apparition régulière de ce mot.

 

Un incident rigolo lors de la mise en forme de ce texte est que le traducteur Bing (de Microsoft) m'a traduit «farm» (ferme) par... «Batterie de serveurs (informatique)»! Bravo Microsoft, qui vivez dans votre monde, au point de ne plus avoir besoin de manger!

 

Scénario, dessins, couleurs, réalisation: Richard Trigaux (Sauf indication contraire).

Comme tous les auteurs indépendants, j'ai besoin de votre soutient pour que je puisse continuer à travailler à ce site et que puisse exister une expression libre sur le net:

Notice légale et copyright. Sauf indication contraire (signe © dans la barre de navigation) ou exception légale (pastiches, exemples, citations...), tous les textes, dessins, personnages, noms, animations, sons, mélodies, programmations, curseurs, symboles de ce site sont copyright de leur auteur et propriétaire, Richard Trigaux. Merci de ne pas faire un miroir de ce site, sauf si il disparaît. Merci de ne pas copier le contenu de ce site, sauf pour usage privé, citations, échantillons, ou pour faire un lien. Les liens bienveillants sont bienvenus. Tout usage commercial interdit. Si vous désirez en faire un usage commercial sérieux, contactez-moi. Toute utilisation, modification, détournement d'éléments de ce site ou des mondes présentés de maniére à déprécier mon travail, ma philosophie ou les régles morales généralement admises, pourra entraîner des poursuites judiciaires.