Explication des symboles

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Épistémologie Générale: III La métaphysique

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Chapitre III-5 La matière et l'univers existent-ils?

 

 

(Permalien)(Etait le chapitre 24 dans la version 1)

Pour les archives Wayback Machine d'avant Mai 2024, cherchez l'ancien URL:
http://www.shedrupling.org/nav/shenav.php?index=30305&lang=fr&e=f

 

Le chapitre 23 de la version 1 «Physique de nibs et physique réelle» a été supprimé, car il faisait double emploi avec la quatrième partie sur la physique. Mais, pour ce chapitre et les suivants, il nous faut maintenant admettre que la physique de nibs, convenablement conçue, peut imiter parfaitement notre physique. Facile, il suffit d'utiliser exactement les mêmes équations mathématiques. Si vous n'êtes pas convaincus, passez d'abord dans la quatrième partie sur la physique, et revenez ici après.

 

Autant prévenir le lecteur: ce chapitre est le plus pénible à lire, le plus choquant. Des mises à mort de préjugés et d'idées fausses vont y être effectuées, et après cette lecture votre vie ne sera plus jamais comme avant.

C'est que, contrairement à tous les autres livres de science qui vous bourrent des tas de choses dans le cerveau, au contraire je vais vous retirer des choses inutiles de votre cerveau. Vous vous sentirez bien mieux, plus léger.

 

Le lendemain retrouve donc la même fine équipe dans les énormes dédales souterrains des installations secrètes de Dzambou Shédroup Ling. (Visite guidée des installations secrètes, de 9h à 18h tous les jours, s'adresser au bureau du tourisme de Lhassa.) Dans un immense hypogée aux formidables piliers de béton, d'inquiétantes machines noires grondent, des voyants rouges en forme de têtes de mort clignotent, des écrans couverts de glyphes tibétains veillent dans la pénombre. Les murs sombres sont peints de déités tantriques terrifiantes, noires, toutes en bouches hurlantes, griffes et crocs, entourées de flammes et de sombres nuées. De temps à autres, des idées fausses d'une laideur repoussante arrivent le long d'un tapis roulant, elles gesticulent et tentent de s'échapper, mais des griffes de métal les saisissent impitoyablement et les poussent dans la gueule ardente d'un four grondant où elles brûlent en poussant d'affreux hurlements. Plus loin des présupposés déboulent d'un tuyau au plafond, depuis une des salles de cours au dessus, et tombent directement dans une fosse où ils sont aussitôt écrasés par un puissant vérin hydraulique, dans un jaillissement de liquides répugnants.

 

C'est ce lieu terrifiant que notre professeur a choisi pour donner son cours d'aujourd'hui: Qu'entend t-on par exister? Que voulons-nous dire quand nous disons que l'univers existe, que nous existons? La réponse, du scientifique le plus érudit à l'homme de la rue le plus naïf, est toujours la même: cet univers, cette matière, on peut les voir, les toucher, les manipuler. Les observer, précisent le scientiste (note 92) et le scientifique, d'un air entendu.

C'est cela que l'on entend quand on dit que notre univers «existe», qu'il est «concret». L'univers des nibs, lui, ne peut être vu ni touché; il est «abstrait», «imaginaire». L'homme de la rue fait «bien sûr, eh patate! C'est trop beau votre histoire, faut pas rêver!», tandis que le scientiste renchérit avec un grand sourire: «Ouiiii, exactement, qui est abstrait, qui n'existe pas en réalité. Ce n'est qu'une construction logique dans notre esprit». Le scientifique précise: «Oui, c'est effectivement ce que l'on entend par...» puis il se ravise soudain, et compulse vivement son dictionnaire académique, mais il ne trouve pas la définition qu'il cherche. Il commence à se demander si on ne l'a pas attiré dans quelque traquenard...

Bon, je suis d'accord, c'est vrai, on peut toucher, voir, sentir. La matière, ce n'est pas comme les rêves ni comme les paradis des religieux: on y est, on la voit, on peut la toucher du doigt, on peut en jouir maintenant. C'est du concret, pas du rêve. Pas des relations logiques. Pas du nib.

 

OK man, OK. Mais expliquez-moi tout de même ce qui se passe exactement quand on la touche du doigt, cette matière. Quand il y a contact entre un objet et le doigt, qui est aussi un objet matériel, formé lui aussi d'atomes et de molécules. De toute évidence, les atomes de la surface du doigt vont entrer en contact avec ceux de la surface de l'objet, qui vont opposer une résistance. Cette résistance déforme légèrement le doigt, et les terminaisons nerveuses sensitives vont détecter cette déformation, et envoyer un message nerveux vers le cerveau: on sent le contact. Bonne vieille explication physique du 19eme siècle, de notre monde concret, observable et touchable.

Bon, mais au niveau des atomes, que se passe t-il quand deux atomes se touchent? On peut dire, en simplifiant, que ce sont les électrons périphériques de chacun des atomes qui vont se toucher. Et l'homme de la rue naïf répond: «bien sûr, les électrons sont des billes de matières qui se touchent. Le contact s'explique comme ça, puisque c'est de la matière». Là le scientifique n'est plus d'accord, et je dois dire que même quand je n'avais que dix ans cette explication m'était restée en travers de la gorge: comment, on explique brillamment la matière en disant qu'elle est formée d'atomes et d'électrons, pour finir lamentablement par dire que ces électrons sont eux-mêmes des billes de matière! Mais alors c'est quoi la matière? Le scientifique répond d'une voix douce, approuvé par le scientiste: «un électron est formé d'une onde de probabilité et de champs électromagnétiques. Il n'y a pas de «bille», pas de surface solide, pas même de forme: juste une petite brume floue de probabilité, centrée sur un point qui n'a aucune propriété particulière. Les électrons obéissent au principe d'exclusion de Pauli qui dit (en simplifiant) que deux électrons ne peuvent pas occuper exactement le même endroit. Quand deux électrons se rencontrent, il s'exerce donc une force répulsive (un champ électrique) d'autant plus élevée qu'ils sont près l'un de l'autre. Il n'y a rien qui «se touche», seulement des champs électriques qui varient avec la distance, et qui sont capables de repousser un électron quand il en rencontre un autre.»

Ah, on avance. Mais une onde de probabilité, un champ électromagnétique, c'est quoi? Bien, une probabilité, c'est un pourcentage, un nombre. L'onde de probabilité c'est un pourcentage qui varie selon le lieu et le temps. Une probabilité que l'électron se manifeste ou non. Un champ électromagnétique? C'est un truc qui fait dévier les électrons quand ils passent dedans, en obéissant à certaines lois mathématiques. Désolé, on ne possède pas d'autre définition! Même à la faculté! Pire, quelqu'un remarque que le champ électromagnétique n'est au fond rien d'autre qu'une loi mathématique décrivant comment les électrons s'influencent mutuellement, et comment ils sont eux-mêmes constitués. Exactement comme la loi mathématique qui régissait le point de réapparition des nibs à la couche suivante. Rien de plus.

Imaginons que l'on puisse créer un vaisseau spatial capable de se miniaturiser autant que l'on veut, bien plus petit qu'un électron. Un tel vaisseau pourrait alors traverser un électron de part en part, sans rien rencontrer d'autre que des champs électriques ou magnétiques. Il ne saurait pas faire la différence entre un électron et un moteur de sèche-cheveux. Et la probabilité de présence? Si le vaisseau miniature essaie de traverser cent fois un électron, par exemple cinquante fois (en moyenne) il détectera le champ, et cinquante fois il le traversera tout entier sans rien rencontrer, sans rien déceler. L'électron existe... parfois. Un tel résultat est déjà assez étonnant pour une matière qui est sensée exister absolument.

Mais la physique moderne a rencontré des phénomènes encore bien pires: On peut faire des interférences entre électrons, comme si ils étaient de la lumière immatérielle.

Les expériences d'interférences se font habituellement avec des ondes lumineuses ou sonores. Quand deux ondes sont en phase (oscillent simultanément) elles se renforcent. Si elles sont en opposition de phase (oscillent à contretemps) elles s'annulent. Essayez par exemple dans une pièce où l'on entend un bruit assez aigu, genre sifflement de télévision. En déplaçant doucement la tête, on s'aperçoit que le son est plus fort à certains endroits, et plus faible à d'autres, ou qu'il semble provenir de directions différentes. Ceci est dû à des interférences entre l'onde émise par l'appareil et celles réfléchies par les murs. Les deux ondes arrivent à s'annuler en certains endroits.

Mais la meilleure démonstration d'interférences se fait avec la lumière. On est mieux avec du matériel de laboratoire, mais on peut aussi se mettre dans une vieille grange obscure, où le soleil filtre à travers des petits trous du toit pour faire des ronds sur le sol, où nous disposons un écran blanc. Cette lumière est spéciale: les ondes y sont en phase, comme dans un laser (pas cohérentes, mais ça ne nous gêne pas). Interposons dans ce faisceau une feuille de papier, dans laquelle on aura découpé soigneusement au cutter deux fentes parallèles, larges d'un quart de millimètre et séparées d'un demi-millimètres. (Il s'agit des fentes de Young) C'est encore mieux si on superpose un filtre fortement coloré à ces deux fentes. Si on place notre papier dans ce rayon de soleil, tout près de l'écran, on y voit l'image lumineuse bien nette des deux fentes. Mais si on éloigne les fentes de l'écran, les images des deux fentes vont se brouiller et se superposer. On observe alors dans la zone de superposition une série de franges lumineuses ou obscures, parallèles aux fentes: les interférences lumineuses. La lumière étant une onde, très petite, en certains endroits les ondes sont en phase et se superposent, et on obtient une frange lumineuse; en d'autres elles sont à contretemps et elles s'annulent, donnant une frange sombre. Que de la lumière plus de la lumière donne de l'obscurité choque déjà notre conception habituelle de la lumière. Mais vous pouvez vérifier qu'il en est bien ainsi en bouchant une des deux fentes: en supprimant de la lumière, les franges sombres s'éclairent. (On reparle de ces bizarreries au chapitre IV-2)

Mais dans certaines expériences, on a aussi pu faire des interférences entre électrons, ou plus exactement entre les ondes de probabilité de présence. Ceci heurte encore plus violemment notre conception habituelle de la matière: on conçoit que deux matières puissent s'accumuler, mais comment de la matière pourrait-elle se soustraire d'une autre matière? C'est le délire! En mettant deux patates dans un plat, elles ne se retranchent jamais. Si mon épicier me vend des patates qui font ça, il aura affaire à moi! Les électrons font ça, et l'épicier qui nous les a vendus est loin. Dans cette expérience, on envoyait des électrons sur un écran, via deux fentes, et on observait des franges d'interférence sur l'écran, avec bien des franges sombres où les électrons se retranchent: aucun électron n'atteint ces endroits. Mais, encore plus délirant, quelqu'un a eu l'idée d'envoyer les électrons un à un. Et d'accumuler les impacts sur l'écran. Pour voir. Les franges d'interférences étaient toujours là. Comme si un seul électron passait à travers les deux fentes à la fois, pour interférer avec lui-même. L'interprétation qui est donnée de cette expérience est que c'est la probabilité de présence qui se propage, comme une onde, à travers les deux trous, en occupant une large zone d'espace. Il n'y a pas «quelque chose de matériel» qui «doit» passer par seulement un des deux trous. L'électron ponctuel de notre conception ne se manifeste que au contact de l'écran, avec une probabilité qui dépend de l'amplitude de l'onde. Le reste du temps sa position n'est pas définie, et il peut même occuper un espace de plusieurs mètres-cube, ou tout l'univers. Mais où est donc passée la bille de matière?

On a encore pu faire pire, avec les superpositions d'états quantiques: un atome se trouvant simultanément en deux endroits différents, ou avec la condensation de Böse-Einstein (note 67): plusieurs atomes perdent toute individualité et se comportant comme un seul atome géant. Ou un neutron qui doit faire deux tours sur lui-même pour se retrouver dans sa position initiale. Ou des électrons qui se dématérialisent, se changent en rayons gamma, puis se rematérialisent un peu plus loin.

Le scientiste et le scientifique expliquent en choeur que tant qu'on se raccroche à des visions du genre de la bille de matière, on ne peut absolument pas comprendre comment les particules se comportent réellement dans ce genre d'expériences. La physique la plus avancée dit qu'il vaut bien mieux considérer des ondes de probabilité de présence, des champs, et compagnie, sans chercher à savoir «ce que c'est», car personne ne le sait. Et...

 

Soudain dans un hurlement de puissant moteur, un gros hacheur de préjugés démarre, trépidant sur son bâti. D'énormes bielles noires et des vérins luisants dansent sauvagement dans une série de détonations et de sinistres craquements, puis le tumulte cesse aussi rapidement qu'il a commencé. Pendant une minute ou deux on n'entend plus que le ronronnement de petits robots de nettoyage. Dans le groupe des élèves, personne ne moufte et il règne le silence respectueux qui suit les fortes démonstrations d'autorité et de justice.

 

Ainsi, la physique la plus avancée, dite mécanique quantique (école de Copenhague), n'a pas trouvé «quelque chose» qui serait ultimement la matière, dont seraient formés les électrons, quarks, etc. et qui expliquerait que notre monde soit «concret» au lieu d'un espace vectoriel «abstrait». Plus la science creuse, plus cette vision s'éloigne, et plus l'univers des particules (dont nous sommes faits) devient «abstrait», formé uniquement de relations mathématiques... Certains physiciens (Erik Verlinde, 2010) ont même récemment décrit l'espace, le temps et la gravitation comme des «propriétés émergentes », sans existence propre, simples moyennes statistique de l'agitation des particules subatomiques. Ainsi, même l'espace et le temps, fondements de nos vies, ne seraient que des constructions mathématiques...

Mais alors, qu'est-ce qui ferait donc que notre univers serait «concret» et que l'univers des nibs serait «abstrait»?

Des bruits étouffés de combat se font entendre quelque part au-dessus des grottes, inquiétant les étudiants.

Et si on allait jusqu'au bout de ce raisonnement, en cessant de supposer que la matière serait «quelque chose» de forcément insaisissable et mystérieux, qui ferait magiquement que notre monde «existerait», et pas les autres?

Si l'on se contentait de ne voir dans notre monde que des probabilités de présence, des lois mathématiques, des relations logiques? Et RIEN D'AUTRE? Qu'il n'y a pas «quelque chose» d'invisible et insaisissable qui-se-comporterait-selon-des-lois-mathématiques, mais tout simplement un système de relations logiques qui se génère lui-même? Que la matière, ultimement, est tout aussi immatérielle que des lois logiques? Qu'elle n'a pas une nature fondamentalement différente de notre système de nibs? Vous aviez sans doute remarqué que les guillemets, d'abord réservés à l'«espace» de nibs, se sont déplacés vers notre «espace concret» car, une fois libéré de nos habituelles imputations et conceptions, on ne peut rien trouver qui le différencie de celui de nibs, ni le rende plus «concret».

 

Cette dernière remarque provoque de vives réactions parmi les étudiants, tandis que les bruits et cris du combat se rapprochent. Le scientifique prend un air perplexe: «Hmm... La science n'a toujours pas trouvé cette chose ultime que nous appelons matière, elle n'a trouvé que des lois mathématiques. D'après la mécanique quantique, cela est inconnaissable. Mais le prochain accélérateur de particules permettra d'observer le boson de Higgs, qui explique...» «Tout ça est pipeau, interrompt rageusement le scientiste. Cet univers de nibs n'est qu'une spéculation, une construction abstraite, aussi joli qu'il puisse être. Vous n'atteindrez jamais ce paradis qui n'existe que dans votre imagination. Seule notre monde matériel existe. Nous pouvons l'observer, faire des mesures sur lui, et acheter des vêtements et des voitures fabriquées par nos machines et nos entreprises». Les étudiants de diverses religions protestent, qualifiant le scientiste de mécréant. Seul le moine bouddhiste sourit doucement aux déités courroucées peintes sur les murs, pas du tout impressionné par les trépidations du combat qui s'approche.

 

Ok, admettons que notre univers, espace et temps, aie ultimement une nature complètement «abstraite», qu'il soit lui aussi un univers de nibs. Mais le combat n'est pas encore gagné. Il reste en effet deux questions primordiales:

1) Si la matière, et même l'espace et le temps, ont finalement une nature si «abstraite» (note 41), comment se fait-il que nous en ayons une si intense sensation d'existence «concrète», au lieu de la percevoir comme une sorte de rêve évanescent, ou de ne pas la percevoir du tout, comme les espaces vectoriels des mathématiques ou les paradis des religieux?

2) Et justement, si nous percevons celui-ci, pourquoi ne percevons-nous pas les autres?

 

Nous faisons ici une hypothèse simplificatrice, connue sous le nom de réductionnisme neuronal, ou réductionnisme matériel, qui est celle que les scientistes emploient pour tenter d'expliquer le fonctionnement du cerveau et toutes ses expériences intérieures: pensée, sentiments, conscience, mémoire, réflexion, images mentales, qui seraient tous purs résultats de l'activité des neurones du cerveau. Les scientifiques, eux, reconnaissent qu'ils ne savent pas expliquer une expérience de conscience en termes de phénomènes matériels, mais, malgré quelques contestations récentes, ils s'en tiennent généralement à la même hypothèse, selon le principe du rasoir d'Occam (note 45).

Les neurones sont des systèmes matériels dont l'activité et les relations se décrivent en termes d'électricité et de chimie, c'est à dire ultimement des structures de particules matérielles manipulant de l'information. Cette hypothèse exclut toute âme, conscience spirituelle, corps astral, parapsychologie, etc. Certains scientistes vont en son nom jusqu'à rejeter toute notion de respect de la personne et de morale, ce dont nous leur laissons l'entière responsabilité.

Nous adoptons pour le moment cette hypothèse de réduction neuronale pour faire des raisonnements qui satisfassent les critères scientifiques actuels, sans faire intervenir d'a priori religieux ou spirituels. Mais les personnes qui admettent l'existence d'une âme, d'un corps astral, ou de tout autre principe conscient, doué de conscience, de libre arbitre et de valeur spirituelle, indépendamment du corps matériel, pourront tout de même adhérer parfaitement à toutes nos conclusions en considérant que, pour pouvoir s'exprimer dans un corps humain matériel, ces principes spirituels ont de toute façon besoin d'un cerveau en état de marche, répondant à une certaine organisation et fonctionnement matériels. Peu importe donc, pour le moment, que cette organisation matérielle soit la cause de la conscience, ou seulement un moyen pour elle de s'exprimer.

De toute façon notre Epistémologie Générale ne peut pas refuser a priori des objets comme l'âme ou la conscience, et nous verrons des réponses plus exactes dans le chapitre III-8 suivant, et nous étudierons la conscience dans la cinquième partie.

 

Comme nous l'avons vu, cette relation mathématique «abstraite» du principe d'exclusion de Pauli, amène deux électrons «abstraits» à ne pas se superposer (si les électrons obéissaient plutôt à la relation de Böse-Einstein, comme le fait la lumière, nous pourrions nous superposer en un nombre infini au même endroit, mais sans aucune sensation de contact). Cela fait que les particules de la surface du doigt et celles de l'objet touché se repoussent avec une certaine force; cette force se transmet à l'extrémité du doigt toute entière, et la déforme légèrement; cette déformation engendre des mécanismes neurochimiques dans les cellules spécialisées de la détection du toucher; ces cellules engendrent un message codé (une impulsion électrochimique) qui se propage le long d'un nerf sensitif jusque vers le cerveau, où elle est décodée et identifiée dans des aires de la sensibilité. De là, selon des processus que la science actuelle ne sait pas encore expliquer, elle aboutit à une expérience de conscience: la sensation de contact, quand on touche un objet du doigt. On a voulu la toucher, cette matière, et comme d'habitude on la sent. Elle n'est ultimement rien du tout, elle n'est que relation logique, information, relation mathématique, et pourtant il y a un cerveau, guère mieux loti, simple ensemble de probabilités de présence d'électrons et de champs mathématiques, mais ce cerveau a l'expérience de conscience de la sensation de contact.

Et on pourrait faire les mêmes raisonnements avec tous les autres sens: l'oeil traduit en image compréhensible, chargée de sens ou de poésie, ce qui n'est qu'un ensemble de particules qui n'existent qu'en tant que relations logiques, qui ne sont pas et n'ont jamais été «quelque chose de matériel qui ultimement explique tout». L'odorat et le goût identifient des molécules et les classent en bonnes et mauvaises. Même nos perceptions de l'espace et du temps ne nous montrent que la structure géométrique d'un ensemble d'éléments dont notre corps fait partie, exactement comme en mathématique on trouve une structure d'«espace vectoriel» à un ensemble de polynômes.

Voilà donc la réponse à la première question: la conscience, les sensations concrètes, et la sensation de réalité, sont une propriété de l'organisation générale du corps humain et du cerveau (au minimum, dans l'hypothèse du réductionnisme neuronal). Ils découlent seulement de cette organisation et de sa structure, et ils peuvent fonctionner sans aucun besoin de ce «quelque chose de mystérieux et insaisissable qui rend magiquement les choses matérielles et réelles».

Dans le langage courant, nous sentons que notre monde est réel, concret, observable, et qu'on peut en profiter, même s'il n'est finalement formé que de choses mathématiques abstraites, parce que nos corps et nos cerveaux sont formés de la même chose que ce monde!

Dans le langage de la méthode scientifique, notre monde est observable, car nous y avons des organes sensoriels, qui ont la même constitution que les objets observés. Cela leur permet d'interagir avec ces objets, et de transmettre des informations à notre conscience.

 

Dans le raisonnement inverse, si il n'y n'avait pas de doigt matériel relié à ce cerveau par un nerf, on ne pourrait rien sentir du tout, et on ne pourrait tirer aucune conclusion sur l'existence ou la non-existence de notre matière! Il en va de même pour les autres espaces en nombre infinis prédits par les théories quantiques du Big Bang, les paradis et les enfers des religieux, les mondes de l'astral postulés par les spiritualistes ou visités par les expérienceurs (note 14) de voyage astral ou de NDE (voir la septième partie sur les phénomènes inexpliqués), et même pour notre univers de nibs. Il est tout à fait inutile d'essayer de les percevoir avec nos organes matériels des sens, puisque ces organes des sens ne se trouvent pas dans ces espaces. Il ne peut donc en provenir aucune information, et partant nous n'en avons aucune expérience sensorielle. On ne peut absolument pas ni les toucher, ni les voir, ni les observer en termes scientifiques, mais CELA N'IMPLIQUE ABSOLUMENT PAS QUE CES UNIVERS N'EXISTENT PAS: on sait qu'ils peuvent exister en tant que systèmes mathématiques, comme démontré dans les chapitres précédents. Mais il ne peut en parvenir aucune information, aucune expérience de conscience. Mais même cette absence d'observation ne nous permet pas de conclure, même au nom du matérialisme, sur l'existence ou la non-existence de ces espaces, car en aucun cas des informations ne peuvent en provenir. En particulier on ne peut pas postuler qu'ils n'existent pas.

C'est pourtant ce que font les matérialistes: affirmer positivement la non-existence, sur la base de l'absence d'observation!

 

Le fantôme de Karl Popper surgit soudain de derrière un pilier, affirmant haut et fort que tout cela étant invérifiable, ces univers autres n'existent donc pas. L'assistance rigole un peu, tandis que le professeur, sans se démonter, explique:

«Un objet peut exister, ou non. On peut le vérifier, ou non. Cela fait donc QUATRE cas, et non pas trois.

1) Un objet existe, et on peut le vérifier: on peut alors dire que cet objet existe, et l'utiliser.

2) Un objet n'existe pas, et on peut le vérifier: on peut alors dire que cet objet n'existe pas, et ne pas compter dessus.

3) Un objet existe, mais on ne peut pas le vérifier: on ne peut alors rien dire, ni déterminer une action.

4) Un objet n'existe pas, mais on ne peut pas le vérifier: on ne peut rien dire non plus, ni déterminer une action.

«Dans les présentations simplistes de la réfutation de Popper, on assimile souvent les deux derniers cas 3) et 4) au sophisme suivant: «on ne peut pas vérifier l'existence d'un objet, donc cet objet n'existe pas, et nous pouvons ignorer son action sur nous», ce qui est manifestement faux et stupide. Et effet, la signification pratique des cas 3) et 4) peut être totalement opposée! Essayez par exemple avec: «Les tanks ennemis nous attendent après le tournant, mais on ne peut pas le vérifier»: on n'a pas intérêt à en conclure que ces tanks n'existent pas! Ainsi on reste obligé de tenir compte des deux cas 3) et 4) simultanément, et d'envisager les deux conséquences ou actions... au cas où cet objet viendrait soudain à se manifester! Ceci est encore plus vrai si l'objet en question implique des enjeux importants, comme dans le Pari de Pascal (note 77) sur Dieu: doit-on avoir un comportement moral, si s'en abstenir risque de nous conduire en enfer? Question éminemment importante et pratique, même si la réponse est actuellement intestable: on est obligé au minimum de se comporter de manière morale, même si on choisit d'être athée.

«La réponse exacte en fait est que les cas 3) et 4) sont deux «états quantiques» intriqués. Indifféremment l'un ou l'autre peut se réifier. Il faut donc que nos actions tiennent compte des deux possibilités.

«Et quand on lit les pages de philosophie vaseuse de wikipédia sur le «Cercle de Vienne», on se retrouve dans un dédale abscons qui ressemble bien plus à une «théologie du positivisme» qu'à une réfutation utile des pseudosciences. On imagine, amusé, une valse des sophismes au son du violon de Strauss. Ces gens ne considèrent pas la réalité, mais ce qu'on en dit, qui devient «la réalité» à leurs yeux. Par exemple ils disent que Dieu n'est que de la linguistique. De là sortent probablement tous les idiots qui disent que l'on a tué Dieu, ou que les humains ont créé Dieu au long de leur évolution. Ils disent aussi que la poésie ne serait que de la linguistique: il leur manque clairement une case. Tout ça ressemble à une défense de la science, mais ce n'est pas du tout de la science! Ben oui, suffit pas de critiquer l'astrologie pour être un vrai scientifique.

«On a là clairement une nouvelle forme de sophistique, créée pour contredire la parapsychologie moderne, et surtout pour dénigrer les valeurs humaines fondamentales. Le but est probablement de servir technocrates et hommes de pouvoir, pff, même pas quelque chose d'original à ajouter à la dénonciation de la sophistique par Socrate il y a 2400 ans. De toutes façons, la linguistique n'a pas sa place dans un labo de métaphysique, et la sophistique dans aucun labo de science.»

Le fantôme disparaît donc instantanément, ce qui permet au professeur de reprendre ses explications. (Nous aurons un dernier mot sur la réfutation de Popper au chapitre V-7)

 

 

Mais que se passerai-il si, dans un univers de nibs, l'évolution du contenu menait à l'apparition d'une structure comparable à nos corps et nos cerveaux ? (Identique, ou au moins fonctionnellement équivalente).

Les mêmes causes produisant les mêmes effets, ou encore, cet univers de nibs n'ayant RIEN qui le différencie de notre univers «matériel», alors une structure comparable à notre cerveau, qui se trouverait placée dans un de ces univers, connectée à l'équivalent d'organes des sens, comparables aux nôtres ou différents, serait TOUT AUTANT CONSCIENTE QUE NOUS, puisque c'est (dans l'hypothèse «scientifique» de la réduction neuronale) LA STRUCTURE QUI ENGENDRE LA CONSCIENCE (ou qui la supporte, dans l'hypothèse d'une âme). Et peu importe «de quoi» cette structure est faite: «matière», relations logiques «abstraites», «énergie divine» ou quoi que ce soit d'autre: le résultat est le même. Notre univers n'a rien de magique qui ferait que lui seul «existerait», serait «matériel», et aucun autre. Cette conscience percevrait son univers aussi naturellement et spontanément que nous percevons le nôtre, et aurait à son sujet exactement la même sensation de réalité «matérielle» absolue que nous. Mais elle y serait réciproquement totalement incapable de percevoir le nôtre, et c'est notre monde qui lui paraîtrait «abstrait» (note 41) à son tour.

 

Pourquoi en est-il ainsi? Parce que chacun, dans son propre univers, dispose d'organes des sens qui sont des structures existant dans un univers donné, et qui ne peuvent donc réagir qu'à la «matière» (quelle qu'elle soit) qui est contenue dans leur propre univers. Il en va ainsi pour tous les organes des sens et la perception de la réalité «concrète». Il en va également ainsi pour la conscience, quelle que soit son origine. Il en va encore de même avec les instruments de mesure scientifique, qui ne perçoivent notre univers que parce que eux aussi sont formés de particules justement de cet univers-là. Tous sont atteints du même biais physique© (note 93 sur l’usage de ©). Eh oui, tout comme nos esprits ont leur biais psychologique (pour le moment, car on peut le supprimer), nos organes des sens et nos instruments scientifiques sont atteints d'un biais physique (qui, lui, est inhérent à son appartenance à un univers donné, on ne peut donc le supprimer). Ceci fait que la physique, qui se considère volontiers comme la plus exacte et objective des sciences, est en fait quelque chose d'effroyablement subjectif: la subjectivité d'univers! Une incroyable illusion, l'universocentrisme©, fait croire que notre univers est le seul à exister! Et ceci simplement parce que nous avons des organes des sens seulement dans ce seul univers! Alors les autres univers sont simplement inaccessibles à nos perceptions, comme l'est un objet situé derrière l'horizon. On ne peut savoir si un objet situé derrière l'horizon existe ou non. Mais il serait complètement idiot d'affirmer que les pays situés au delà de l'horizon n'existent pas! Vous auriez l'air fin de dire ça, avec votre rasoir d'Occam à la main, hihihi!

 

Cette illusion n'a heureusement pas empêché de faire de la physique exacte dans notre univers, mais elle a masqué à la science matérialiste le fait que peuvent exister à l'infini d'autres univers, issus de causes complètement différentes, et même des univers auto-existants comme cet exemple de nibs que nous avons étudiés, issus d'un paradoxe. Il y a toutefois une certaine reconnaissance scientifique des univers alternatifs aujourd'hui, par exemple à propos du vide quantique qui créerait beaucoup d'autres univers dans d'autres Big Bangs. Les scientifiques s'accordent pour dire que ces univers seraient abstraits et intestables pour nous, tout en apparaissant concret à leurs habitants. Toutefois ces univers seraient toujours «matériels» ce qui limite cette reconnaissance.

 

Soudain le positiviste (chapitre II-7) se lève avec virulence pour déclarer: «Ces mondes n'existent pas, puisque nous ne pouvons les observer avec nos sens matériels». Cette affirmation est précisément le coeur de l'erreur de la science moderne: avoir confondu «réel» avec «matériellement observable» (ou «existant» avec «matériel»). Ces deux notions ne se trouvent coïncider qu'en physique, science de la matière. C'est c'est pour ça que la science moderne n'est vraiment bonne que dans ce domaine, et mauvaise ou nulle dans tous les autres.

Le scientiste ( chapitre II-6) est furieux. Après avoir gratifié le scientifique d'un théâtral «Traîîître!», il s'en va en proférant des imprécations contre ces «espaces virtuels», qui ne sont que des «constructions mathématiques abstraites (note 41)», des «illusions», des «rêves», de la «science hippie».

Devant le groupe des élèves estomaqués par cette violence aussi inattendue qu'incongrue, le scientifique, après une hésitation, emboîte le pas au scientiste: Il ne peut rester, s'excuse t-il, car on lui a coupé ses crédits! (Ça c'est un coup des politiques. Si on veut vraiment faire de la science, il faudra bien un jour aller faire le ménage de ce côté là aussi. Car le scientisme est aussi, et peut-être surtout, une idéologie politique).

Le positiviste et le béhavioriste hurlent de rage et tentent de s'emparer de barres de fer, mais c'est trop tard: le combat philosophique est perdu, et maintenant l'imposant tuyau qui mène au gros hacheur de préjugés trépide et oscille soudain sous les coups d'une lourde masse: la notion d'existence matérielle absolue, dont nous vous avions promis l'exécution au chapitre II-5, c'est elle, la voilà, et nous allons tenir notre promesse sans plus tarder.

A ma droite trente tonnes de carbure de tungstène affûté et 20 Gigaflops de hargne logicielle, à ma gauche 500 millions d'années d'habitude et de stupidité, gravées dans nos cerveaux.

La bête se débat et tente de freiner sa descente, mais en vain, des griffes d'acier, des vérins analytiques la poussent inexorablement. Puis le broyeur démarre dans un hurlement de moteur surchargé, et impitoyablement les lourds couperets commencent à trancher en une danse mécanique sauvage, qu'accompagnent les effroyables déités tantriques peintes sur les murs, yeux luisants et bouches écumantes de joie féroce, en un fracas trépidant de détonations, de hurlements, d'écrasements, de mantras terrifiants, de lueurs rouges fulminant sur fond noir, sans la moindre trace de pitié pour les ratiocinations nulles et les excuses minables proférées par le monstre. Ce n'est pas facile, car les préjugés ont la vie dure. Mais le puissant ordinateur examine froidement ses mouvements, évalue ses réflexes et ses tactiques, pour les déjouer aussitôt avec une implacable détermination, à la fois glacée et ivre de rage. Un klaxon rauque se déclenche quand une horde d'idées fausses surgit soudain sur le tapis roulant, des gros biais scientifiques gluants de crasse et des erreurs de perspective, en nombre tel qu'elles débordent du système, et tombent sur le sol avec des splatchs écoeurants, se précipitant aussitôt vers les esprits faibles qui sont leur seule chance de salut dans cet enfer. Mais un lourd pont roulant s'ébranle, duquel pend une cisaille de plusieurs tonnes, qui, avec une agilité étonnante, en un tournemain règle leur sort aux récalcitrants.

Le professeur fait sortir tout le monde, car cela devient dangereux. Il ne fait pas allusion à la monstrueuse cisaille qui passe à vingt centimètres de sa tête, mais aux esprits faibles qui pourraient se trouver parmi ses élèves.

 

Nous nous retrouvons tous sur la pelouse du parc, par un bel après-midi. Le soleil fait s'exprimer le parfum des arbres et des fleurs, et il n'y a plus d'autre son que le pépiement des oiseaux et des étudiants qui récitent des textes dans une maisonnette voisine. Une immense sérénité semble s'être étendue sur le campus, depuis que la bête n'est plus. Le ciel, les oiseaux et même le vent semblent porter une allégresse nouvelle, chaude et palpable depuis que l'on sait qu'ils ne cachent plus la dictature implacable d'une quelconque «réalité matérielle» absolue.

Enfin presque, car plusieurs élèves pleurent à chaudes larmes, ou restent pâles et prostrés. Il est vrai que réaliser que tout ce à quoi l'on croit n'est qu'une sorte d'illusion, de rêve, peut être très choquant pour certaines personnes, qui ont l'impression de perdre tout repère, toute signification de l'existence. Il n'y a pourtant pas de quoi, et ce serait même plutôt drôle. Personnellement je l'ai ressenti comme une fantastique liberté, de réaliser qu'une infinité de mondes et de modes d'existence peuvent exister, sans plus dépendre de la tyrannie absolue ni des interdits définitifs d'une «matière» toute puissante. Aussi le professeur et quelques élèves plus expérimentés s'emploient à consoler ceux qui se sentent perdus, caressant tendrement une fleur, donnant à humer son parfum, faisant signe d'écouter les oiseaux. Car la vie ne s'est pas arrêté: on peut toujours voir, entendre, toucher... et en profiter!

Ici a débuté une très émouvante discussion sur le sens de la vie, que nous évoquerons un peu plus loin, dans la sixième partie sur la société. Parce que, en perdant son absurde existence absolue, notre univers gagne en signification. En effet, cette libération ouvre de fantastiques possibilités de vie dans d'autres mondes. Ne serait-ce pas cela qui est aperçu par les expérienceurs de NDE ou de RR3? Est-il possible d'être définitivement heureux dans d'autres mondes après notre mort? En tous cas nous avons maintenant un cadre théorique rationnel pour l'étude de ces phénomènes, ainsi que pour l'établissement d'une éthique qui soit basée sur la conscience et ses besoins. Tout cela sera étudié dans les cinquième, sixième et septième parties.

Un élève assez remonté rouspète après le positiviste qu'il traite de fachiste et d'universocentriste crasse, de nouvel inquisiteur.

«Nyik Nyik Nyik, sans bûcher, ironise un autre.

-Mais avec toujours la main mise sur l'expression philosophique, la recherche scientifique et les choix de société», répond un troisième.

En effet, si le matérialisme a définitivement perdu le combat philosophique, par contre il reste puissant et dangereux sur le plan politique et idéologique, d'autant plus qu'il monopolise encore tous les pouvoirs financiers, économiques et administratifs.

 

Le moine mongol s'est lui engagé avec quelques autres dans une longue discussion sur la vacuité bouddhiste, dont la définition la plus précise et la plus concise lui a été donnée par Sa Sainteté Sakya Trinzin (Note 40): «la non-dualité entre le fait que les choses n'ont pas d'existence propre et le fait qu'elles nous apparaissent». Notre moine précise: «Les sages Indiens qui ont créé la philosophie Bouddhiste il y a bien des siècles, sont arrivés exactement à la même conclusion que la science moderne: notre univers n'a pas d'existence absolue, en soi, inhérente, pas de cause ultime. Il n'est qu'apparence, illusion, tout en ayant l'air réel, au sens concret où nous entendons ce mot.» Quelqu'un répond: «Et en plus si l'existence même de notre univers ne tient qu'à une absurdité fondatrice, alors c'est un formidable pied de nez cosmique!»

 

Et Dieu? Nous ne pouvons encore rien conclure à ce sujet pour le moment. Nous le verrons au chapitre V-6. Mais si Il existe vraiment, alors Il ne se laissera sûrement pas détruire par un simple hacheur de préjugés, fut-il tibétain.

 

 

Épistémologie Générale: III La métaphysique

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