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Epistémologie Generale        Chapitre VI-3       

 

VI-3 Outils pour la compréhension de l'éthique

 

(Permalien)

Il va nous falloir appliquer les trois fondements précédents à des situations réelles. Mais pour pouvoir vraiment appréhender ces situations, nous avons besoin d'un certains nombre d'outils intellectuels, que nous allons présenter dans ce chapitre. Ces outils ne sont pas des règles éthiques en eux-mêmes, mais ils clarifient la façon dont nous devons appliquer ces règles à des personnes réelles, qui seront toujours plus variées et imprévues que dans n'importe quelle théorie. Il ne faudrait toutefois pas en déduire que l'on pourrait se passer de ces outils: leur incompréhension est précisément ce qui a toujours fait tourner les merveilleux idéaux en dictature: idéal chrétien en inquisition, idéal socialiste en dictature soviétique, idéal hippie en drogue, etc. Et si je consacre un chapitre entier à ces outils, c'est parce que mon intention n'est certainement pas de rajouter l'Epistémologie Générale à cette liste, mais bien d'expliquer scientifiquement comment éviter d'y retomber une fois de plus.

Mais ce n'est pas moi qui fera ce travail: c'est à vous de comprendre et d'utiliser correctement ces outils.

 

Ainsi, le chapitre précédent était le moteur, celui-ci est la boîte de vitesse, et les suivants les roues. On a toujours besoin des trois ensemble, aucun ne peut fonctionner seul.

 

Ce chapitre ne figure dans aucun traité d'éthique ou de politique. C'est la raison précise pour laquelle aucun n'a su produire la société idéale dont nous rêvons tous.

Chap VI-3-A: Type de logique

(Permalien) Ce n'est pas pour faire intello que j'ai consacré toute la première partie de ce livre aux logiques non-Aristotéliciennes: beaucoup de règles éthiques sont non-Aristotéliciennes de diverses façons. L'ignorance de ce fait est probablement ce qui a provoqué le plus de souffrance dans l'Histoire. Dans ces conditions, c'est ignorer les logiques non-Aristotéliciennes qui est stupide, réac, irrationnel. Et au 21eme siècle, cette ignorance a un nom bien connu: l'extrémisme. C'est donc au minimum une faute lourde, et souvent un crime. Et, en notre merveilleuse époque où il suffit d'aller à l'épicier du coin pour trouver des cours de Taï-chi ou de Yoga, personne n'a plus aucune excuse. On peut même dire que «ignorer» les logiques non-Aristotélicienne est une préméditation des crimes commis.

 

Ceci fait qu'il est impossible de créer un système Aristotélicien de règles ou de lois qui serait toujours parfaitement juste. Et en effet, la quasi-totalité des systèmes d'éthique ou de lois créés jusqu'à aujourd'hui étaient en «tout ou rien», interdisant ou autorisant sans nuance. Les plus évolués introduisent bien la notion de cas particulier où une règle généralement utile devient dangereuse. Toutefois on en reste généralement à une analyse Aristotélicienne de plus en plus complexe, forcément sujette à diverses erreurs de raisonnement ou d'appréciation des situations (chapitre I-9)(chapitre V-7 sur l'entropie).

 

Nous introduisons donc ici deux idées force:

1) Que certaines règles d'éthique scientifique
sont une non-dualité entre deux termes
qui poussent dans deux directions opposées d'égale valeur morale.

(Permalien) (au lieu d'être une affirmation Aristotélicienne en tout ou rien, disant qu'une chose est toujours bonne, ou qu'elle est toujours mauvaise. Voir chapitre I-3).

Dans cette situation, ni l'un ni l'autre terme est intrinsèquement bon ou intrinsèquement mauvais, c'est leur déséquilibre qui mène à des conséquences fâcheuses.

On notera que seule la méditation, et non pas l'analyse intellectuelle, permet d'appréhender correctement les non-dualités. De là la nécessité d'un entraînement à la méditation pour les législateurs, politiciens et magistrats, et la faute lourde de ne pas le faire.

Attention que cette règle se tempère elle-même: Il y a une manipulation mentale courante qui prétend mensongèrement que tout serait une affaire d'équilibre. En réalité il y a AUSSI des choses qui sont toujours intrinsèquement bonnes ou toujours intrinsèquement mauvaises, sans nuances ni non-dualité, voir chapitre I-5 sur les fautes de raisonnement dans le diagramme quadripolaire.

Ajouté en Mai 2022: Dans les situations où les deux valeurs opposées se chevauchent, sans laisser d'espace sûr entre elles, alors la suppression du dualisme ne suffit pas à éviter le mal. Il faut alors une solution d'échappement originale pour sortir de la zone de chevauchement. Par exemple:

L'avortement est une opposition entre les droits des femmes et les droits des enfants, qui se chevauchent. La seule solution est d'éviter de se retrouver dans la zone de chevauchement, avec une contraception par défaut pour tous (chap VI-5).

L'immigration, qui voit une lutte acharnée entre des vrais racistes et des faux démocrates manipulés par les trafiquants d'êtres humains. La façon de sortir de la zone de chevauchement ici est avec une économie mondiale plus sensée, évitant les pays pauvres, en commençant par la mise en place d'une monnaie mondiale unique, chapitre VI-8.

Ces problèmes sont de vraies plaies à nos sociétés, que les naïfs et les dualistes ne savent pas appréhender. Mais nous comprenons surtout pourquoi les sociopathes sont toujours en train de gratter ces plaies: ils sont sûrs de toujours mettre en colère ou de faire mal, tout en focalisant à tous les coups l'attention sur leur égo. Nous comprenons aussi pourquoi les mêmes bloquent aussi les solutions ci-dessus: elles les priveraient d'un moyen de nous troller.

2) Qu'une chose puisse être considérée comme déconseillée,
voire malsaine, mais sans que l'on ait le droit de la punir,
de l'interdire, ou d'exercer des ségrégations contre ses adeptes.

(Permalien) (Moralement à éviter, mais pas illégal. Voici bien une application très utile du principe de séparation des pouvoirs entre la science et la justice).

En clair, le jugement moral lui-même peut être nuancé, voire non-duel! (Une idée dont je réclame la paternité, à partir de janvier 2015).

On peut trouver de nombreux exemples: sexualité extrême (chapitre VI-5) argent (chapitre VI-8), sports dangereux, etc. Dans ces conditions, seule la propagande pour ces choses pourrait être interdite et punissable.

Cette façon de définir une règle d'éthique s'oppose totalement à une interprétation courante dans la plupart des religions et régimes politiques, qui dit non seulement qu'une chose est mauvaise, mais qu'en plus les gens qui l'ont faite sont aussi intrinsèquement et irrémédiablement mauvais. Par exemple une femme violée deviendrait «impure», et devrait être punie pour relation sexuelle hors mariage. On reconnaît là une certaine interprétation de la loi Coranique, mais on retrouve exactement le même raisonnement vicieux un peu partout: prédétermination Calviniste, «vertu» catholique, mépris capitaliste pour les chômeurs (que pourtant ils créent eux-mêmes) et même le marxisme, qui considère les gens comme «mauvais» à cause de la situation de leurs parents.

Bien au contraire, nous reconnaissons, dans certaines situations, le droit des gens à rechercher la satisfaction d'un goût sans nuire à personne, et même d'être protégés par la loi des discriminations, stigmatisations ou rétorsions, même si leur comportement est dangereux pour eux, ou à éviter.

 

Toutefois cette liberté est aussi une non-dualité, c'est à dire qu'elle n'est pas simplement l'absence d'interdiction, ni une approbation ni une bénédiction. Ainsi un maître spirituel qui déconseillerait les sexualités alternatives ne peut pas être condamné pour discrimination, car effectivement ces comportements peuvent être dommageables à la pratique spirituelle (chapitre VI-5) ou à la vie de famille. Ainsi nous conservons le droit de déconseiller certaines choses dans la vie. Et de le dire sans automatiquement avoir des idiots qui disent qu'on les censure, ou qu'on est machinphobe.

 

Il y a aussi des limites, par exemple dans le cas des sports dangereux ou des paris stupides: se mettre délibérément en danger, et surtout inciter les autres à se mettre en danger.

Non-dualités et visions non-conceptuelles

(Permalien) Ce n'est pas pour faire beau que j'ai consacré toute une partie de ce livre (la première) à expliquer que les choses ne sont pas toujours en noir et blanc, en tout ou rien. Ainsi nous trouverons en éthique de nombreuses non-dualités entre couples de valeur apparemment opposées (l'actualité en ce Janvier 2015 pointe à la liberté d'expression, dont «tout le monde» a compris à cette occasion qu'elle est indissociablement liée à son «opposé» le respect d'autrui). Pire, l'ensemble de la théorie que je propose ne peut être réellement compris qu'avec un esprit non-conceptuel. Pour ceux qui ne maîtrisent pas un tel esprit, mon système peut leur paraître incompréhensible, absurde, ou s'expliquer de différentes manières apparemment contradictoires (chapitre I-9). Toute la difficulté est alors pour les gens maîtrisant l'esprit non-conceptuel, d'expliquer les choses de manière simple et appropriée à leur interlocuteur attaché à telle ou telle opinion ou concept Aristotélicien.

(Comme je ne peux pas connaître à l'avance les opinions de tel ou tel de mes lecteurs, mon seul conseil est que vous les jetiez toutes en vrac dans le bac à l'entrée du labo. Vous pourrez les récupérer après, mais elles risquent de vous paraître usées, ha ha ha!)

Les non-dualités les plus courantes

(Permalien) Afin de pouvoir appréhender les non-dualités vues au chapitre I-3, nous avons introduit la notion de diagramme quadripolaire, qui sépare clairement les cas où les extrêmes sont en conflit, des cas où ils sont en compromis, ou des cas où ils sont harmonisés. Ceci évite les confusions verticales entre ces cas. De telles confusions verticales sont la cause la plus courante de la récupération de systèmes éthiques ou politiques valables en systèmes de dictature. Par exemple l'émancipation des femmes est souvent transformée en haine des hommes. Dans le diagramme quadripolaire, tous deux sont du même côté Yin, mais l'émancipation est en haut (constructive) tandis que la haine destructrice est en bas. On ne peut donc plus les confondre! On réalise sur cet exemple que la compréhension d'un tel outil intellectuel puissant est cruciale pour le bon fonctionnement de la société, vu qu'on y trouve plusieurs diagrammes quadripolaires gérant des aspects importants de la vie:

 

-Progrès et tradition, habituellement caricaturé en gauche et droite.

Quand cette non-dualité n'est pas comprise, on obtient l'extrémisme révolutionnaire ou réactionnaire, ou bien l'intégrisme religieux ou athée.

La compréhension de cette non-dualité mène à accepter le changement nécessaire, de manière calme et sans détruire ce que le passé a apporté de bon.

 

-Liberté et discipline.

Quand cette non-dualité n'est pas comprise, on obtient la pagaille ou les régimes autoritaires ou laxistes.

La compréhension de cette non-dualité met la discipline au service du but que nous nous sommes librement donnés.

 

-Les relations hommes-femmes.

Quand cette non-dualité n'est pas comprise, on obtient la misogynie ou la misandrie (qui sont l'exemple parfait de situations réciproques aussi mauvaises l'une que l'autre, chapitre I-5).

Aussi chacun accomplit le rôle que la nature lui a dévolu vis à vis de la grossesse et des enfants (chapitre VI-6) (Fondement 3 de l'éthique scientifique, application du principe d'égalité à des gens différents).

Quand cette non-dualité est comprise, alors en tant qu'êtres conscients hommes et femmes ont les mêmes droits, devoirs, statuts et reconnaissance sociale. Mais il est inutile de se cacher la réalité: une femme n'est pas un homme, et un homme n'est pas une femme. Ils ont chacun des besoins et des responsabilités différents, quand nous arrivons aux rôles différents que la nature leur a assigné, en ce qui concerne la grossesse et les enfants (chapitre xxx). Ceci est l'application de la troisième Fondation de l'éthique scientifique, à des personnes de capacités ou aspirations différentes.

 

-L'accusation et la défense.

Quand cette non-dualité n'est pas comprise, chacune des deux parties ne retient que les éléments qui l'arrangent, et «oublie» les autres: justice de goulag, justice complice, ou justice «à l'américaine» complètement coupée de toute justice. J'ai déjà cité l'affaire Florence Cassez (chapitre V-12), où l'affirmation de sa culpabilité est devenue une ligne politique, indépendamment de toute vérification des faits. Dans l'autre sens, les coupables de l'affaire du talc Morhange en 1972 (36 morts, une centaine d'handicapés, par un produit inutile dont la toxicité était à l'époque déjà bien démontrée) ont été discrètement amnistiés par leurs copains politiques «de gauche».

Quand cette non-dualité est comprise, la prise en compte tant des éléments à charge que des éléments à décharge aboutit à un jugement équilibré. Que ce soit une non-dualité, et non pas une moyenne ou un compromis, peut aussi mener, dans certains cas, à des jugements extrêmes (peine maximale ou blanchiment complet), mais c'est alors sur la base d'éléments de preuve, ou d'éléments humains (prise en compte de la souffrance).

 

-La liberté et la responsabilité. Nous avons vu que la liberté est une valeur importante, qui se déduit directement du premier fondement (chapitre VI-2). Toutefois le second fondement sur l'égalité amène à respecter les autres:

-Nos actions ne doivent pas nuire à autrui. Par exemple la liberté d'expression ne peut se faire que dans le respect.

-Le droit des autres nous oblige à accomplir certaines actions: production, aide médicale, éducation, etc.

Faute de comprendre cette non-dualité, les anarchistes ne savent que lancer éternellement les mêmes cocktails Molotov, et les libertariens n'ont toujours pas fait leur stage d'un an avec seulement un minimum social comme ressource.

 

Il y a d'autres non-dualités secondaires, ou bien qui peuvent se ramener aux précédentes. Nous avons étudiés les non-dualités en détails au chapitre I-4, et vu les erreurs qui découlent de leur incompréhension au chapitre chapitre I-5.

 

Il est franchement minable que l'incompréhension d'un principe logique simple mène à des guerres, des dictatures, des révolutions aussi sanglantes qu'illusoires, des réactions catastrophiques, ou des millénaires de sexisme et d'oppression. C'est donc un devoir impérieux que d'enseigner les logiques non-Aristotéliciennes à l'école, dans les médias, etc.

Ceux qui refusent de faire cela endossent en toute connaissance de cause la responsabilité des crimes commis. Tout comme on est responsable des crimes commis sous drogue.

Toutefois, dans la plupart des cas, ce qui empêche la compréhension de la non-dualité n'est pas tant un manque d'intelligence, que l'attachement névrotique (chapitre V-12) à un des deux termes, au hasard. D'où la nécessité d'enseigner aussi à l'école les bases de psychoéducation (chapitre V-15), méditation et de spiritualité.

Règles formelles ou idéal informel

(Permalien) Des règles formelles expriment directement et clairement un principe moral ou légal. Par exemple «tu ne tueras point». Cela semble avoir l'avantage de la clarté: la conduite à tenir y est directement explicitée, sans ambiguïté ni complications. Malheureusement cette clarté elle-même est illusoire: les situations réelles sont souvent, justement, ambiguës et plus complexes. Dans l'exemple ci-dessus, la légitime défense, l'euthanasie, etc. sont autant d'occasions où la règle simple peut se révéler contre-productive, produisant davantage de souffrance, voire de morts, qu'elle n'en évite.

Ajouter une description succincte des cas permis ne résout pas les problèmes. Par exemple la notion musulmane simple de Jihad (légitime défense de la communauté religieuse) a été régulièrement détournée en guerre de conquête, voire récemment (2015) en simple scénario de jeu vidéo gore. En anglais moderne, la notion de «self defence» ne vaut guère mieux, souvent assimilée à un droit à s'armer, voire un droit à tuer préventivement. En français, l'expression «légitime défense» est plus précise, mais n'échappe pas à certains détournements, comme d'exécuter un arabe parce qu'on «se sent menacé».

Tenir compte de tous ces cas devient alors très compliqué. C'est la raison pour laquelle le droit démocratique moderne est si complexe. En vain, car les lois deviennent alors impossibles à connaître toutes, et même impossible à maintenir ou à débuguer. Ceci est particulièrement visible dans le droit des affaires, où sans un bon avocat on est la proie de toutes sortes de prédateurs juridiques habiles à exploiter les arcanes les plus secrètes de la loi (par exemple les fausses prétentions de copyright, ou les faux procès en concurrence contre l'écologie).

 

Un idéal informel a l'avantage d'exprimer la conduite à tenir de manière beaucoup plus appréhendable, et surtout de permettre de dériver tous les cas. Expliciter un idéal peut être fait beaucoup plus facilement, par des romans ou des films. Un assez bon exemple est l'idéal elfique, tel qu'il a été décrit par J R R Tolkien dans «le Seigneur des Anneaux». Mais d'autres ont été définis avant ou après, comme l'idéal socialiste ou l'idéal écologiste. L'idéal elfique s'est assez bien transmis dans certains milieux, mais seul le jugement de ses adeptes le protège contre les distorsions (bandes dessinées d'extrême droite présentant des elfes noirs et sinistres, jeux vidéo présentant des elfes orgueilleux, etc.). Par contre l'idéal socialiste du 19eme siècle a été grossièrement détourné par les Marxistes, au point que peu s'en souviennent aujourd'hui, et l'idéal écolo des années 1970 est en train de suivre le même chemin. Ainsi rien ne garantit qu'un idéal se transmette et prospère si il n'y a pas des gens qui le vivent réellement, et le maintiennent au fil des générations. Les gens le respectent alors, même si ils n'y adhèrent pas. Ainsi les peuples respectaient les cathares, ou le bouddhisme au Tibet.

 

Rester dans l'informel a aussi de sérieux avantages dans des sociétés répressives. Par exemple en France, se dire «elfe» nous ferait considérer comme «secte», avec des conséquences dramatiques: refus d'embauche, dénigrement dans les médias, isolation des voisins, retrait des enfants, etc. Edicter des règles, créer des organisations, avoir des comptes en banque, etc. «justifierait» encore plus cette paranoïa. Rester dans l'informel, dans le privé, permet alors à l'idéal de prospérer à l'abri de la répression, et surtout à l'abri de la récupération (Utilisation des mêmes mots pour désigner autre chose. Par exemple en France en 2014 on a eu les ZADistes, en théorie non-violents, amalgamés avec les groupes d'extrême droite violents se donnant le même nom). Toutefois ces précautions ne sont pas un obstacle pour des réseaux d'amis et d'entraide prospérer, tant qu'ils se gardent de toute manifestation visible aux yeux des médias.

 

Ainsi, on peut jouer sur les deux tableaux, selon la situation, et tirer avantage de l'un ou de l'autre, du formel ou de l'informel. Ce qui implique de comprendre les deux (et aux juges de reconnaître dans quel cas nous sommes). Mais le plus efficace est tout de même un gouvernement qui offre à son peuple de vivre l'idéal, par la loi ET par l'exemple. On verra ce dernier point un peu plus loin: la transition.

Règles aristotéliciennes et vision non-duelle

(Permalien) De nombreuses règles d'éthique ou lois doivent appréhender des non-dualités.

Toutefois, on a vu au chapitre I-9 qu'une proposition non-Aristotélicienne ne peut pas être réduite à une proposition Aristotélicienne unique, ni même à un système conceptuel simple. Par exemple, une loi définissant les limites de la liberté d'expression contiendrait un tas de «mais si toutefois par contre», qui lui retirerait toute simplicité. Par contre, on peut exprimer cette loi dans plusieurs systèmes conceptuels différents, et même incompatibles, par exemple chrétien ou humaniste.

L'apprentissage de la méditation de base permet d'appréhender facilement les non-dualités. Aujourd'hui, on peut qualifier les gouvernements qui ne le font pas d'arriérés. Les peuples aussi, mais ils ont au moins l'excuse d'être victimes de la propagande des médias contre la spiritualité.

La moindre des choses donc est que les gouvernements, les législateurs et les juges soient capables d'appréhender les non-dualités, et pour cela qu'ils soient formés à la méditation. Les magistrats sont déjà sensés satisfaire à cette condition, puisque le tribunal est déjà une non-dualité entre l'accusation et la défense. Ainsi un magistrat qui ne «comprend pas» les non-dualités est en faute professionnelle lourde.

lois automatiques ou guides sages

(Permalien) Il y a deux approches opposées sur l'éthique et la loi:

-Les règles ou lois sont écrites, et chacun est sensé les comprendre suffisamment pour les appliquer correctement. Les lois écrites permettent plus d'autonomie aux gens, mais elles finissent toujours par tomber sur des cas non prévus, ou si les gens ne comprennent pas les non-dualités.

-Les règles ou lois ne sont pas écrites (ou non-conceptuelles, ou implicites), mais la société dispose de suffisamment de guides psychoéduqués, capables d'indiquer la conduite à tenir dans chaque situation, y compris imprévue. Mais il n'y a pas toujours de tels guides! Ou pire, il y a des imposteurs (cas fréquents dans les religions, ou dans le marxisme).

Là aussi, chacune des deux approches a ses avantages et inconvénients spécifiques, ce qui fait qu'en pratique on appliquera un mélange des deux.

L'état de droit actuel, qui nie la spiritualité et la logique non-Aristotélicienne, se base sur des lois écrites exclusivement Aristotéliciennes, ce qui les rend souvent complexes, malaisées à appréhender, ou difficile à entretenir comme à débuguer. Toutefois il n'a pas pu faire totalement l'économie du «guide sage»: le juge. L'ennui est que ce dernier n'intervient qu'après coup, quand la cagade est faite. Et puis, ils ne sont pas tous sages... ce qui peut avoir des conséquences horribles, comme pour l'affaire Outreau.

Au contraire, de nombreuses sociétés traditionnelles étaient basées sur des guides sages: les traditions, les conseils, etc. Cela est plus souple, concernant des cas spécifiques, les actions effectuées sous la menace ou de la souffrance, etc. Cependant, cette approche n'offre aucun contrôle contre les préjugés des guides, ni contre les traditions néfastes.

 

Donc, là encore, les guides psychoéduqués sauvent l'affaire, grâce à leur appréciation humaine des situations et leur insensibilité aux préjugés personnels. Mais cela ne suffit pas: ils ne peuvent agir que si ils basent leurs décisions sur une éthique scientifique, comme celle que nous proposons ici. Une telle éthique scientifique permet de poser des règles générales sans que ces règles deviennent des traditions néfastes ou des préjugés.

Autorité ou responsabilité

(Permalien) Il y a là aussi deux approches opposées:

-Les règles sont impératives (lois), et tout manquement entraîne une sanction. Ce système est sûr... surtout du point de vue de ceux qui ont le pouvoir, ou qui en profitent. Même si on ne verse pas dans la dictature, l'inconvénient évident est que les personnes ne peuvent pas prendre les bonnes décisions, si la loi est trop rigide pour permettre les nécessaires écarts. Même dans les démocraties actuelles beaucoup se plaignent d'une impression de carcan. Quand on voit édicter des lois sur la façon de s'habiller, on les comprend.

-Les règles ne sont que des lignes de conduite, sans sanction si une personne fait un écart. La responsabilité de les respecter revient alors aux personnes. L'avantage est plus de souplesse, en évitant beaucoup de situations que les règles Aristotéliciennes ne peuvent pas toutes prévoir. L'inconvénient évident est que ce système ne fonctionne que si toutes les personnes sont psychoéduquées, ou au minimum honnête, avec suffisamment de libre-arbitre et de capacité de méditation. Qu'un seul égocentrique, immoral ou sociopathe se présente nécessite de revenir aux lois impératives.

 

Le second cas aurait dû être réalisé dans les communautés hippies, libertaires, Nouvel Age ou écolos, mais cela a régulièrement mené à des échecs, par manque de spiritualité efficace (La simple croyance, même en l'ère du verseau fleurie ou en des gentils extraterrestres, ne constitue pas du tout une spiritualité efficace!! Quant aux écolos «style Charlie Hebdo» qui refusent la spiritualité, ils n'ont... même pas osé essayer, en fait, car ils se seraient rendus ridicules.) Les anarchistes sont encore plus masochistes: ils se réclament d'un idéal libertaire, tout en rejetant les moyens spirituels de le réaliser! En ces temps de renouveau spirituel, cette «erreur» devient inexcusable, et on est obligé de les classer dans l'extrême droite, avec leurs copains les libertariens et les maoïstes, qui eux ne cachent pas leur orientation.

 

La notion de responsabilité va plus loin que de simplement faire des choix: il faut assumer ensuite les conséquences de ces choix. On verra par exemple au chapitre VI-5 sur la sexualité, qu'il faut éviter ostentation et prosélytisme. La raison en est, justement, de respecter la liberté des autres: éviter de leur faire éprouver de désir pour des pratiques qu'ils ne souhaitent pas forcément.

Mais plus généralement la responsabilité implique d'accomplir des actions, pour éviter diverses souffrances: participer à la production économique, à la transmission d'enseignements spirituels, éduquer les enfants, assister des personnes qui en ont besoin, etc. C'est ainsi tout le fonctionnement de la société qui repose sur notre responsabilité. Si on se défausse, alors des lois impératives sont le seul moyen de maintenir une société organisée. C'est la raison d'exister d'organismes comme la Sécurité Sociale, la santé, les retraites, les écoles, etc. On pourrait même dire qu'une société libre, non-capitaliste, n'existera que quand les gens prendront suffisamment d'initiatives dans ce sens, et seront capables de les maintenir sans se laisser désarçonner par leurs problèmes psychologiques. Par contre ils n'ont besoin d'aucune autorisation pour se faire! Un exemple d'une telle initiative est le logiciel Linux. Toutefois leur succès est restreint par l'incapacité psychologique de ses développeurs d'accepter la discipline nécessaire à un grand projet, tout en se maintenant à portée de la majorité des utilisateurs. Pour cette raison Linux stagne au même petit pourcentage de machines, alors qu'il était sensé éliminer le capitaliste Microsoft.

Dans d'autres cas, la notion de responsabilité implique la réparation de préjudices. Les personnes qui le font sans y être contraints par des lois ni des jugements sont hautement respectables.

Egalement, élus, religieux, maîtres spirituels, penseurs, etc. se doivent de montrer l'exemple. Les médias sont impitoyables envers les fautifs, qui voient leurs idées moquées et rabaissées.

 

Ethique en logique floue

(Permalien) Un exemple d'utilisation de la logique floue (chapter I-3) en éthique serait l'affirmation «on ne doit pas tuer». En effet, la règle Aristotélicienne claire et nette, s'adressant à une situation Aristotélicienne théoriquement pure, se tempère pourtant dans la réalité non-Aristotélicienne d'une importante exception: la légitime défense. Ainsi, à partir de quel moment passe t-on du meurtre à la légitime défense? Toute une graduation est possible:

-On est attaqué gratuitement

-On a provoqué l'attaque (insultes, menaces, harcèlement moral, etc.)

-On a entamé une rixe (combat mutuellement consenti)

-On a agressé, sans intention de tuer

-On a utilisé une arme mortelle de manière disproportionnée

-On a tué délibérément une personne qui ne nous a rien fait

Dans ces conditions, décrire la situation de manière Aristotélicienne devient vite très compliqué, en fonction de tous les cas et exceptions possibles. Comme on l'a vu au chapitre I-9, une affirmation simple de type de logique supérieur peut remplacer un échafaudage légal compliqué, d'autant plus branlant que diverses erreurs logiques ou factuelles peuvent s'y produire. Toutefois crime et honnêteté ne forment pas une non-dualité! Il s'agit bien de deux choses opposées, antithétiques et incompatibles. La logique floue est alors la plus élevée disponible dans ce cas. Elle fonctionne comme la logique Aristotélicienne, mais en remplaçant le oui-non par des valeurs graduées. Ce qui lui permet de nuancer les responsabilités. C'est ce qu'un tribunal est sensé faire.

Une application utile serait de repérer par exemple les sociopathes: habituellement ils s'arrangent pour ne pas porter la responsabilité pénale de leurs crimes. Par exemple, ils provoquent une autre personne, qui est alors celle qui est punie. Cette petite part de culpabilité n'est pas retenue contre eux par les jugements Aristotéliciens, et ils sortent «innocents» du tribunal. Toutefois la logique floue permet de tenir compte de ce «un peu» coupable: un sociopathe va les accumuler, mais pas une personne normale.

Chap VI-3-B: La transition

(Permalien) L'histoire humaine nous a habitué à la notion de révolution. Sans renier l'idée, il faut tout de même reconnaître que pratiquement toutes les révolutions ont été suivies par une réaction (retour presque complet au statut antérieur) et souvent accompagnées d'excès (destruction de choses valables: Révolution Française, révolution bolchevique, Tibet). Mais l'absence de révolution, s'il est plus confortable, produit le même résultat: stagnation, voir lent glissement en arrière, comme en Europe dans les années 2000-2010. L'idée ici est de trouver une méthode plus valable, qui produise des avancées réelles, même moins ambitieuses.

En fait, ce qui produit ces retours en arrière douloureux et ces stagnations désespérantes est la névrose naturelle des gens, qui produit souvent des attachements à des coutumes néfastes et à des concepts erronés: les gens ne comprennent pas leur propre intérêt, et ils ne font pas l'effort d'étudier d'autres visions. Pire, ils développent de la haine contre les idées libératrices, comme dans une maladie auto-immune qui détruit notre propre corps. On en voit de nombreux exemples: intégrisme athée, haine des «hippies», anti-Darwinisme, anti-écologie...

 

Dans ces conditions, une minorité psychoéduquée voit ses possibilité très restreintes: toute organisation visible est aussitôt bizutée, toute marque visible (vêtements, langage...) est aussitôt pointée du doigt. Et bien entendu passer outre la loi, même à bon escient, est immédiatement utilisé contre le bien. Les psychoéduqués doivent alors être discrets et se fondre dans la masse. Ils peuvent toujours faire passer des idées, occasionnellement, aux gens qu'ils rencontrent. Mais d'une manière générale, une telle situation a un très faible rendement.

Il est alors très clair qu'un gouvernement psychoéduqué est indispensable à enfin engager la société dans la bonne direction.

 

S'opposer à un gouvernement psychoéduqué est aussi bizarre, idiot et dangereux que de souhaiter un gouvernement de malades psychiatriques. La moindre des choses que l'on puisse attendre des politiciens est qu'ils soient psychologiquement normaux, pas des mecs bizarres.

Solutions pour les gouvernements démarrer une société harmonieuse

(Permalien) En admettant qu'un pouvoir quel qu'il soit tente de construire une société harmonieuse à partir des principes de l'éthique scientifique, il leur faudra résoudre les difficultés ci-dessus, en particulier la réaction «auto-immune» des névrotiques, qui a si souvent saboté le progrès social.

Une des techniques possibles est d'offrir une transition progressive.

Le principe est d'utiliser les concepts et coutumes auxquels les gens sont attachés, pour représenter l'idéal non-conceptuel.

En effet, une des propriétés les plus puissantes de la logique non-Aristotélicienne est de pouvoir représenter une vue non-conceptuelle avec presque n'importe quel concept (chapitre I-9).

Pour qui n'a pas lu la première partie de ce livre sur la logique, ce qui précède peut paraître abscons et incompréhensible (il leur faut donc redoubler la classe!). En effet cette méthode est rarement employée, mais les rares exemples que j'ai pu voir montrent sa puissance:

Une amie qui a fait de l'humanitaire au Burkina Fasso a réussi a empêcher des mutilations sexuelles, tout en conservant le rituel de passage, au lieu de tout rejeter. Ce sont les burkinabés eux-mêmes qui ont trouvé cette solution, après lui avoir fait épuiser tous ses arguments dans un long palabre avec les conseils de village. Ils ont utilisé un couteau rituel en bois émoussé, faisant le geste sans toutefois blesser.

Une autre histoire similaire dont je ne me rappelle plus la source, a été un parc naturel, ravagé par des braconniers. Au lieu de les punir, on leur a donné des fonctions de guides touristiques, où finalement ils gagnaient plus, et avaient donc intérêt à cesser leur braconnage.

En France des juges des enfants sont arrivés à stopper des formes de délinquances chez des enfants Africains, en organisant des palabres avec les familles dans leur prétoire, avec tam tam et tout. Une scène assez surréaliste, mais qui leur a permis de comprendre que ces enfants avaient en fait des responsabilités importantes dans leur société africaine, alors que les lois françaises ne leur accordaient qu'un statut de mineur irresponsable. Ainsi le juge a pu expliquer à l'enfant qu'il n'était pas spécialement visé par ces lois.

Ces exemples ont sûrement nécessité beaucoup d'humilité de la part de ceux qui les ont accomplis. Mais ce n'est pas cher payer pour avoir évité des souffrances ou des blessures réelles.

C'est la même méthode qui a permis aux grands maîtres de notre époque de réussir à faire passer des concepts importants. Par exemple Gandhi a adopté la cause de l'indépendance de l'Inde. Dans l'absolu, une telle cause n'a pas d'importance. Mais les Hindous étaient très en colère contre les politiques coloniales anglaises. Ainsi, en organisant un mouvement pour l'indépendance, Gandhi bénéficiait d'un large soutient. De plus, en Inde, de se placer dans le domaine spirituel au lieu de politique, le faisait considérer comme un gourou, ce qui lui attirait le respect de toutes les classes sociales (en France Gandhi aurait été accusé de secte et de pédophilie). Ainsi Gandhi a pu faire passer des concepts et méthodes réellement importants: la non-violence (Ahimsa, végétarisme), mais aussi la désobéissance civile (Satyagraha) et d'importants concepts économiques comme l'autosuffisance, le principe de localité (chapitre V-8) et la simplicité, à la base des conceptions économiques des écologistes actuels. En France, son disciple Lanza del Vasto a créé la seule communauté stable, alors que les communautés «hippies» ou marxistes se déchiraient sur des choses triviales comme les tours de vaisselle.

Mandela, comme montré dans le film «Invictus», s'est servi du rugby, comme moyen pour créer un sentiment d'appartenance à une communauté unique, et réconcilier les Blancs et les Noirs séparés par des décennies de haine raciale et d'injustice, et éviter une simple inversion des ségrégations.

Bon, d'ac, on comprend pourquoi les marchands de concepts ou d'idéologie ne PEUVENT PAS utiliser cette méthode, car elle mettrait en évidence leurs propres limitations mentales!! Bon, en faits ils savent très bien changer de système conceptuel ou de paradigme, mais utiliser cette méthode de façon à induire les gens en erreur, cela s'appelle de la manipulation mentale.

 

On verra un exemple détaillé de l'utilisation de cette méthode dans le chapitre VI-8 sur l'économie: on propose divers structures économiques qui s'éloignent de l'économie égocentrique, tout en préservant les garanties auxquelles les gens sont encore attachés.

 

En général, une transition nécessitera d'établir des règles et des lois Aristotéliciennes, qui seront supprimés plus tard quand les gens n'en ont plus besoin.

 

Un pouvoir psychoéduqué a tout intérêt à montrer un intérêt prioritaire envers ce qui préoccupe les gens: économie, emploi, santé, sécurité. Mais le gros des efforts doit aller aux problèmes réels: écologie, social, bonheur, psychoéducation, nature, mystères...

 

Une situation délicate est quand une fraction de la population est psychoéduquée, et pas le reste. La tentation est alors d'exonérer les psychoéduqués des lois et obligations généraux. Le résultat net toutefois sera de provoquer un ressentiment contre eux, qui ruinera le travail ultérieur. Pire, si le pouvoir dégénère (ce qui peut arriver très vite), alors on va se retrouver avec une classe sociale de privilégiés (c'est exactement comme ça qu'est apparue la nomenklatura soviétique). La solution est plus subtile: par exemple, les psychoéduqués peuvent utiliser des structures coopératives, où leur intérêt spirituel est favorisé, mais leur intérêt égocentrique est défavorisé (pas trop tout de même, ils ont aussi des besoins humains de reconnaissance sociale, de manger, d'avoir des loisirs, etc.). Les personnes qui sont encore attachées à leur intérêt égocentrique éviteront alors ces structures, leur préférant des entreprises plus classiques, où par contre leur motivation égocentrique les fera exceller. Ainsi, chacun peut trouver spontanément une place où il se sent bien, sans gêner les autres, et tout le monde prend un rôle utile dans la construction collective. Cette méthode permet même de stratifier la société sans prendre trop de risques: l'humanitaire au psychoéduqué, le luxe aux entreprises.

Cette méthode est celle que l'on verra en détails au chapitre VI-8 sur l'économie.

 

Et bien entendu, tout cela s'accompagne d'éducation spirituelle ou psychologique, en particulier des enfants à l'école, afin que le pourcentage de psychoéduqués augmente. Sinon la transition va devenir permanente...

 

 

Chap VI-3-C: Les dépendances

Les relations de dépendance

(Permalien) Une situation de dépendance est quand une personne dépend de l'action d'une autre pour sa survie, son bonheur ou son expression. On ne peut pas toujours empêcher que cela arrive, aussi il est important d'apporter des solutions viables à ces situations, car elles conditionnent de très nombreuses structures sociales et activités.

 

Tout d'abord, il a été inventé de nombreuses relations de dépendances artificielles (pour éviter toute confusion ou citation tronquée sur mon propos, elles sont rayées):

- Le statut social

- L'esclavage

- L'emploi

- La propriété

- L'argent

- L'obéissance (à un seigneur, un parti, une armée, un patron, un patriarche ou matriarche, un prêtre, etc.)

- Les gouvernements

- La manipulation mentale

- etc.

Pour que ces dépendances artificielles existent, il faut que les gens les produisent par des actions (ou de l'inaction), et pour cela qu'ils croient en leur existence ou en leur nécessité. Le plus souvent, il a été créé des concepts spécifiques pour qu'ils s'implantent dans nos systèmes de pensée: argent, statuts sociaux, contrats, propriété, etc. Et, les concepts étant une création de notre esprit, les créer est aussi une action! La création de lois est aussi une action. En effet, souvent, des lois sont promulguées, écrites ou implicites (omerta, «honneur»), afin d'obliger les gens à créer ou subir la dépendance. Dans ce cas, simplement retirer le concept ou la loi élimine la dépendance.

Ces dépendances artificielles s'opposent au premier fondement de l'éthique: la liberté. La plupart du temps, ce ne sont que de simples instruments égotiques pour disposer des autres (que ce soit pour leur faire faire des choses, ou pour les faire être quelque chose). Pour cette raison, elles n'ont aucune légitimité scientifique, et les gens qui les créent ou les maintiennent prennent la responsabilité des souffrances produites.

Toutefois on verra dans la partie suivante de ce chapitre «le travail avec les névroses», et tout au long de cette partie, qu'on ne peut pas toujours les supprimer immédiatement: en effet, elles servent souvent de concepts de base aux personnes névrosées pour organiser leur vie. Lorsque cela se produit , nous pouvons seulement essayer de compenser les effets . Mais ce n'est que quand les gens développent progressivement la psychoéducation qu'ils peuvent progressivement abandonner leurs dépendances artificielles, pour ne garder que celles dont ils ont besoin, et seulement tant qu'ils en ont encore besoin. Lesquelles est finalement leur choix. C'est la méthode que nous proposons pour la transition vers la Vraie Economie, voir chapitre VI-8.

Les dépendances naturelles

(Permalien) A côté de ces dépendances artificielles, il existe de nombreuses situations où des personnes sont naturellement dépendantes d'autres, pour leur survie, pour leur bonheur, ou pour leurs projets:

- Les enfants dépendent des parents

- Des membres d'un couple dépendent l'un de l'autre

- Tout le monde dépend d'une communauté (tribu) pour la compagnie et la reconnaissance sociale.

- Tout le monde dépend d'agriculteurs pour manger, d'ouvriers pour leurs fabrications, de médecins, etc.

- Tout le monde dépend d'un lieu de vie (maison, terrain, village, paysage...)

- Tout le monde dépend de l'écologie.

- Handicapés, malades, vieux, dépendent de leur famille ou de la société

- Dans un travail d'équipe, les gens dépendent les uns des autres.

- Les grands projets (science, exploration spatiale) dépendent des peuples.

Ces dépendances naturelles sont des situations qui se produisent naturellement, sans nos actions. Alors que les dépendances artificielles ont besoin de notre action pour exister ou pour se maintenir.

Selon le Second Fondement de l'éthique, il ne devrait pas y avoir de dépendance du tout. C'est la raison pour laquelle une part importante des efforts de progrès social est consacrée à éradiquer les dépendances artificielles, tandis que le progrès technologique tend à diminuer les dépendances naturelles. Le troisième fondement de l'éthique s'applique à cette situation: quand une personne est dépendante d'une autre, il faut éliminer la dépendance, ou si on ne le peut, en compenser les effets de manière à rétablir bonheur et liberté pour la personne dépendante.

 

Mais dans la foulée il est aussi apparu l'illusion comme quoi il n'y aurait pas de dépendances naturelles du tout, chez les intellos «de gauche» ou dans le «politiquement correct». Ces idéologies n'étant ni scientifiques, ni spirituelles, elles n'engagent personne, même pas leurs adeptes. Ne pas tenir compte d'une dépendance naturelle qui existe peut résulter en un manque de compensation, ce qui est aussi mauvais que la création d'une dépendance artificielle.

Je dirais même que ce déni de la réalité du monde est plutôt fou. C'est aussi idiot que de marcher au milieu de la rue, en pleine circulation routière, en tapant des SMS sur son téléphone portable! Les inégalités ou dépendances naturelles existent, qu'on les accepte ou qu'on les regrette, et il faut faire avec (Fondement 3). C'est de refuser d'en tenir compte qui mène à des conséquences nuisibles, tandis que en tenir compte permet d'atténuer leurs effets, par différentes méthodes correctives, par exemple l'aide aux handicapés.

Dans ma carrière de militant pour un monde meilleur, j'ai ainsi vu passer des choses ahurissantes. Par exemple, une femme enceinte, malade, affamée par un régime mal compris, s'entendre dire qu'elle devait «s'assumer». Inutile de dire qu'elle a tout abandonné. On a ici typiquement l'application aveugle d'un principe d'égalité, qui a aboutit à renforcer artificiellement une inégalité naturelle. Oh, et aujourd'hui on comprendra aussi que la personne qui a dit ça avait un énorme problème d'égo, s'occupant surtout de «sa» liberté et ne «s'abaissant» pas à donner du temps aux autres.

Les différentes catégories d'êtres

(Permalien) Le second principe de l'éthique affirme que l'on n'a pas le droit de classer les personnes en catégories. En cela il confirme de nombreuses conceptions religieuses, sociales ou politiques.

Ces catégories sont artificielles si elles sont établies par nos concepts, haine/attachement, actions, sans correspondre à aucune loi ou situation de la nature (pour éviter toute confusion ou citation tronquée sur mon propos, elles sont rayées):

- La noblesse

- L'hérédité

- La richesse

- Le statut social

- La caste

- La race (Les races existent naturellement, mais l'idée de considérer différemment les gens selon leur race est artificielle)

- les gènes (Les gènes existent naturellement, mais l'idée de considérer différemment les gens selon leurs gènes est artificielle)

- Le sexe (à l'exception des besoins physiques et émotionnels de la procréation et des enfants)

- Le nom

- L'aînesse

- La naissance «légitime» ou «illégitime» (Cette notion n'a même pas de sens, et depuis jeune enfant je tiens ses partisans pour fous).

- La nationalité (à l'exception du principe de localité que nous verrons au chapitre VI-8).

- L'âge (à l'exception des capacités différentes, voir plus loin)

- La force, le rapport de force

- etc.

Pour que ces catégories artificielles «existent», il faut que les gens aient créé des concepts spécifiques, parfois des lois. Puis il faut qu'ils croient que ces lois et concepts «existent» naturellement, et qu'elles les «forcent» à agir différemment pour des personnes de différentes catégories (Et bien sûr ce n'est jamais pour aider, c'est toujours pour une ségrégation, c'est bien le but de ces petits jeux sadomaso, hein?).

Ces catégories artificielles s'opposent au second fondement de l'éthique: l'égalité. Pour cette raison, elles n'ont aucune légitimité. Elles ne peuvent donc pas être légalisées, et les gens qui les créent ou les maintiennent prennent la responsabilité des souffrances produites.

Catégories naturelles

(Permalien) («Naturel» signifie ici que ces catégories existent sans nos actions ou opinions)

Mais là aussi il y a des différences réelles et irréductibles entre les gens:

- Les malades psychiatriques on un libre arbitre faible ou nul. Ceci les exonère de la responsabilité de leurs actes. Mais le danger qu'ils présentent pour eux-mêmes et pour les autres peut justifier des restrictions à leur liberté. Toutefois, ces personnes n'étant pas en faute, ces restrictions appellent justement à compensation, selon le troisième fondement de l'éthique. Cela sera d'offrir un cadre de vie agréable et respectueux, adapté à leur plus faibles capacités, et de leur offrir des opportunités d'activité ou d'expression.

- Pour les sociopathes, ces restrictions sont plus de l'ordre des droits civiques, comme de ne pas avoir de postes de responsabilité. Il est également logique qu'ils subissent des restrictions à leurs droits familiaux, puisqu'ils trahissent régulièrement leurs époux et enfants. Toutefois, ils ne sont pas déments, de sorte que l'on peut toujours les considérer comme responsable de leurs actes. Les différences de degrés entre sociopathes font qu'on ne peut pas en faire une catégorie unique. Je sais, ils auraient bien aimés être reconnus et distingués, mais...

- Les personnes inculpées ou emprisonnées ont des restrictions, mais elles ont des droits et protections spécifiques. Nous verrons cela plus en détails au chapitre VI-4. Bon, si quelqu'un n'est pas d'accord, il est facile de ne pas être dans cette catégorie.

- Les enfants ont une moindre capacités de jugement, ou à supporter certaines situations. Cette infériorité de fait justifie aussi des restrictions à leurs déplacements ou à leurs activités. Toutefois, ces personnes n'étant pas en faute, ces restrictions appellent aussi à compensation, afin de rétablir leurs droits au mieux. Ainsi, les restrictions imposées aux enfants s'accompagnent aussi d'exonérations de responsabilité, ou de protections spéciales. Les enfants ont davantage besoin d'énergie et de reconnaissance sociale (chapitre V-17). Mais surtout, ils ont des besoins vitaux spécifique à leur âge: affection d'un père et d'une mère, éducation, ouverture au monde. Une part importante des ressources humaines et matérielles de la société leur sera donc consacrée. Le but étant qu'ils aient une vie riche en expériences et opportunités, y compris ceux qui seraient placés dans les centres

De sorte que les les enfants ne sont pas «égaux» aux adultes, dans ce sens qu'ils ont moins de capacités et davantage de droits. Mais ils n'en sont pas pour autant inférieurs! (faire des discriminations contre les enfants est particulièrement sadomazo, vu que c'est eux qui feront les adultes de demain, voire s'occuperont de nous quand nous seront vieux)

- Normalement, la responsabilité de compenser pour la manque de capacité des enfants, échoit aux parents. Les parents ont aussi davantage de besoins, en particulier les femmes enceintes ou allaitantes. Pour ces raisons, les parents ont besoin d'aides matérielles spécifiques, et parfois de conseils ou des dons d'énergie (reconnaissance sociale, voir chapitre V-17)

- Les vieux, malades ou handicapés physiques ont une moindre capacité à se prendre en charge. Là aussi, la famille, ou à défaut la société, devra compenser ce manque. A cas où il est nécessaire de les admettre dans des établissements adaptés, ils ont alors également droit à un cadre de vie agréable et respectueux, adapté à leur plus faibles capacités, avec des opportunités normales d'activité ou d'expression.

- Les handicapés mentaux manquent de compréhension du monde ou de capacité à organiser leurs vies. Selon le degré d'incapacité, ils ont besoin de conseils, ou des lieux de vie adaptés à leurs capacités inférieures, avec des opportunités adaptées d'activité ou d'expression.

 

 

 

Ces différences naturelles ne correspondent pas toujours à des capacités moindres. D'autres cas pointent à des capacités différentes:

- Hommes et femmes, en ce qui concerne la procréation et les jeunes enfants (allaitement, tendresse maternelle). Je ne vois pas en quoi nier ces différences rétablirait une impossible identité entre les deux. Nous avons naturellement des corps différents, et des rôles différents dans les domaines de la procréation et de l'enfance. La véritable égalité est ici d'accepter ces choses, et de vivre avec joyeusement, en complémentarité. Disons que hommes et femmes sont égaux en droit, mais pas identiques.

- On trouve une situation similaire avec les capacités différentes dans l'activité, par exemple intellectuel et manuel. Tous deux sont aussi utiles et admirables. Ils sont complémentaires, car chacun est impuissant sans l'autre. Ainsi les discriminations à ce propos sont particulièrement idiotes: à travail égal salaire égal.

 

 

D'autres différences pointent cette fois à des supériorités:

- Les personnes détentrices de talents, d'un métier, de connaissances, d'expérience, de maîtrise spirituelle. Dans un état de droit (niveau moyen du compromis, dans un diagramme quadripolaire), les gens peuvent chercher à leur procurer des faveurs, pour les encourager (salaire plus élevé, davantage de reconnaissance sociale...). Mais dans une société psychoéduquée (niveau supérieur de la non-dualité) on considérera plutôt que tout le monde est spécial et mérite une attention particulière.

- Dans certains cas, comme les enfants surdoués, leur donner une vie spéciale peut même être contre-productif: Ils ont juste besoin d'une vie normale, comme tout le monde, avec des copains et des aventures, au lieu d'être enfermés dans des écoles spéciales.

 

 

-On étudiera enfin les animaux et la nature au chapitre VI-7. Disons rapidement que l'incapacité de ces catégories à se défendre ne signifie nullement que les Humains ont tous les droits sur eux. Détruire l'écologie est même totalement masochiste, vu les moyens dont elle dispose pour nous éliminer. C'est commencé, sortez la tête du sable.

 

la prise en charge

(Permalien) La prise en charge est le fait d'assurer tout ou partie des besoins d'une personne, de la décharger de ce souci ou de ce travail. Cela peut aussi inclure des prises de décision la concernant. L'exemple le plus connu est la prise en charge des enfants par les parents. Mais on a aussi la prise en charge des malades, handicapés, vieux, etc.

 

La prise en charge a souvent été utilisée comme une occasion d'exercer un pouvoir sur le bénéficiaire: formater idéologiquement les enfants, profiter de la faiblesse des malades, etc. Certains pouvoirs politiques ou religieux l'utilisent aussi pour assujettir les citoyens (dictatures, sectes) en prenant des décisions à leur place, souvent contre leur volonté ou contre leur intérêt.

 

En réalité, la prise en charge peut être nécessaire (Troisième Fondement) pour contrebalancer une infériorité de fait (enfance, maladie, handicap, touble psychiatrique...). mais le troisième fondement spécifie bien «rétablir un accès égal pour tous au premier fondement de l'éthique». Dans ces conditions, la prise en charge ne doit jamais être une occasion d'exercer un pouvoir égocentrique, mais au contraire une responsabilité, voire un service que l'on rend à la personne, et même de l'abnégation, pour qu'elle puisse tout de même accomplir quelque chose de ses propres buts profonds.

 

Mais la prise en charge n'est pas seulement de la charité: c'est aussi un fonctionnement économique très commun. En économie, la prise en charge peut désigner le fait d'assurer une activité, voire des décisions, pour un grand nombre de personnes, qui ne peuvent pas forcément donner leur opinion. Par exemple on peut définir des normes techniques ou mettre au point des systèmes. Toutefois on ne peut aller jusqu'à prendre des décisions concernant les buts fondamentaux de ces personnes. C'est ce que font pourtant des entreprises comme Linden Lab (Second Life), etc.

 

En économie, on parle aussi de prendre en charge des personnes privées de resources (chômeurs, parents isolés) ou de droits (réfugiés climatiques, migrants, etc.). C'est bien, quand ces choses arrivent. Mais un système qui génère des sans resources ou des sans droits est clairement un système pervers à interdire d'urgence.

 

 

Chap VI-3-D: Le travail avec les névroses

Névroses, volonté, responsabilité

(Permalien) Nous avons étudié plus en détails au chapitre V-12 que le fonctionnement même du cerveau humain fait que nous sommes tous atteints de névrose. La névrose est un trouble psychologique qui nous fait éprouver des désirs ou sentiments inappropriés à la situation, comme par exemple le racisme.

Je précise bien ici que c'est un trouble psychologique, pas psychiatrique, ni génétique ni congénital. La différence est énorme, car tout le monde peut se guérir d'un trouble psychologique par des méthodes simples et conviviales, (note 60) alors que les autres troubles nécessitent un traitement médical.

Pire, les névroses nous font éprouver de véritables «hallucinations»: les opinions, qui sont des croyances sur tel ou tel aspect de la réalité. Ces opinions s'entretiennent elles-mêmes, parce que nous ne voyons que les arguments «agréables» qui vont dans le sens de la névrose. Les faits qui vont à l'encontre sont ressentis comme «désagréables» ou «dérangeants», voire même ils sont automatiquement éliminés par le cerveau avant même que nous prenions conscience de leur existence. Par exemple un raciste ne «voit» que les arguments contre la race détestée. Parfois même on voit les faits révélateurs, mais le raisonnement vers la conclusion ne se fait pas: Haroun Tazieff citait des «blancs» lors de l'accident du Gouffre de la Pierre Saint Martin, où un de ses coéquipiers est mort: sa conscience n'avait simplement pas tenu compte des indices pourtant bien visibles de l'accident en préparation! Les opinions sont des concepts, mais une variante est le sentiment (dans le sens se jugement), quand nous ressentons attraction ou répulsion pour un élément objectif de la réalité: on dit alors que quelque chose «est» attrayant ou dégoûtant. Souvent, les gens prennent des décisions sur des sentiments, sans lien réel avec les véritables enjeux.

Cette situation fait que la plupart des gens n'arrivent pas à trouver la vérité par eux-même. Au lieu de cela, ils sont soumis à des «opinions» ou à des «sentiments» qu'ils n'ont même pas choisis, ramassés au hasard de rencontres plaisantes ou déplaisantes, mais qu'ils considèrent pourtant comme «leur personnalité», voire sacrés. De la vient, on l'aura compris, l'abondance du mal et des actions négatives, que la plupart des gens commettent en pensant être «logiques», «rationnels», «de bonne moralité» «dans leur droit», «cool», et même «libres»!

Des personnes névrotiques se comportent au hasard, sont punies ou punissent au hasard, sont contentes ou souffrent au hasard, tout en ayant l'impression de mener une vie logique et ordonnée et de maîtriser leurs pensées. Souvent elles s'infligent des souffrances effroyables, tout en pensant qu'elles ont «raison» (guerre, pudibonderie, austérité économique...) ou que ce sont «les autres» qui sont «mauvais» (racisme, extrémisme). On peut éprouver de la compassion pour une existence aussi misérable, mais il n'y a malheureusement pas grand chose à faire: si on essaie d'aider ces gens, on se fait traiter de secte. Alors peu s’attellent à une tâche aussi peu productive...

 

 

Lois et gouvernements sont ce qui ont permis à des sociétés humaines stables d'exister tout de même: la crainte de la punition est souvent un sentiment plus fort que le désir névrotique de commettre une action interdite.

Toutefois ce procédé a vite trouvé ses limites: les gouvernants quels qu'ils soient (seigneurs, prêtres, soviets, élus démocratiques, télévision, modérateur de forum...) étant tout autant névrosés et incapables de se contrôler que la moyenne, l'Histoire n'est qu'une succession de régimes tous plus fantaisistes et cruels les uns que les autres. Et de ce point de vue, nos régimes suicidaires (climat, nucléaire, pesticides) sont aussi cruels que les inquisitions ou les piles de tête coupées d'autrefois. Juste qu'ils n'osent plus le montrer en face (vivisection, abattoirs, etc cachés au public)

Donc clairement nos sociétés organisées ne sont que des palliatifs, maintenant un ordre social superficiel, sans apporter de solutions réelles.

 

 

Cette situation serait sans issue, si il n'existait pas de libre arbitre (chapitre V-3) pour libérer nos raisonnements et notre sensibilité des névroses, et trouver la vérité. C'est ce que philosophes et moralistes ont fait depuis des siècles, et qui a tout de même permis un progrès constant des conceptions morales, et du droit qui en découle. Nos sociétés actuelles (2012) en profitent largement, même si maintenir justice et vérité est toujours un combat constant contre les névroses et les égos.

 

Mais il y a beaucoup mieux: les pratiques spirituelles qui se répandent aujourd'hui permettent de contrôler nos névroses. (Les pratiques psychologiques aussi, si on leur donne un but clair). Par exemple une névrose de racisme est ridiculement facile à corriger, une fois que l'on sait comment faire. (A moins que je soie une réincarnation de son HyperSainteté le Grand Dalaï-Contrôleur Galactique des Planètes Schtroumpfantes, ce dont je n'ai pas été informé).

Ceci mène à la possibilité de personnes psychoéduquées (chapitre V-12), capables de contrôler leurs névroses. De telles personnes sont alors capables de se comporter de manière juste, sans y être incitées par des gouvernements ou encadrées par des lois. Une société fonctionnant de cette façon est alors une société psychoéduquée (chapitre VI-14). On est encore loin d'une société totalement psychoéduquée, qui ne nécessiterait plus de gouvernements ni de lois. Mais déjà, que la démocratie survive démontre une certaine psychoéducation: ne pas sortir le gourdin à chaque fois qu'on rencontre des personnes d'opinions différentes.

 

Mais déjà aujourd'hui, avec la disponibilité de pratiques spirituelles efficaces, la possibilité de la psychoéducation (et même sa facilité, pour les névroses courantes) engage la responsabilité de la majorité névrosée. Exactement comme une personne agissant sous drogue est responsable de ses actes (rien ne l'obligeait à se droguer), une personne agissant sous névrose est responsable de ses actes, car rien ne l'empêchait de développer son libre arbitre, ou de contrôler ses névroses (j'ai trouvé ça tout seul, sans aucune aide, alors...). Seul un handicap mental ou un trouble psychiatrique peuvent exonérer cette responsabilité, car dans ce cas la personne n'a pas son libre-arbitre, ou ne peut pas comprendre les situations (chapitre V-3).

Idéaux avancés sur peuples névrotiques.

(Permalien) Les religions ou les gouvernements qui ont tenté d'imposer des idéaux valables ont presque tous échoué. Certains ont pu se maintenir en place longtemps, par la force ou par le conformisme social, mais peu ont réellement réussi à faire évoluer les gens, ou à maintenir une société heureuse plus longtemps que leur génération.

La raison en est, comme on l'a vu dans le sous-chapitre précédent, les névroses des gens, qui leur font préférer des «opinions» arbitraires, au lieu d'une vérité, même approximative. Ils rejettent alors le pouvoir bénéfique, ou bien ce pouvoir dégénère lui-même, ce qui bien sûr le fait travailler à l'encontre du but affiché (soviets).

 

Si on a une élite psychoéduquée, on peut penser qu'elle peut aider la majorité névrotique. Bon, si les psychoéduqués n'ont pas le pouvoir politique, c'est déjà mal barré: les pouvoirs névrotiques voient toujours les psychoéduqués comme une menace, et ils font tout pour les contrecarrer, même à l'encontre de l'intérêt du pays. C'est ce qu'on a vu par exemple avec le changement climatique: les nouveaux seigneurs de la finance et leur clergé médiatique ont tout fait pour le nier, même si ils gagneraient davantage d'argent en construisant des centrales thermochimiques ou aérothermiques.

 

Si cette élite psychoéduquée est au pouvoir, on pourrait penser qu'elle peut réellement changer les choses. Mais elle ne peut pas forcer les gens. Si elle le faisait, elle se rendrait vite compte que le pouvoir n'est qu'une convention, une concession que les gouvernés font aux gouvernants: en clair les gens se révolteraient, ou, si ils ne le peuvent, ils résisteraient passivement (C'est ce qui explique le mauvais rendement de l'économie soviétique, sauf pour quelques domaines où les ouvriers étaient motivés, comme l'armement ou l'espace).

 

Ainsi, même si les psychoéduqués ont le pouvoir (politique, religieux, médiatique, psychologique, informatique...) il ne leur est pas facile de transmettre leur sagesse. Il leur faut d'abord s'exprimer en utilisant les concepts du peuple, afin de ne pas provoquer de névrose de rejet. Cette étape est relativement facile, mais peu productive. Les difficultés arrivent quand il s'agit de faire passer les nuances, sans que cela soit ressenti comme une concession à «l'ennemi» imaginaire que les névrosés ont toujours. En fait, à ce stade, on ne peut avancer que pas à pas, et souvent personne par personne. Et on marche sur des œufs, car à tout moment un névrosé offusqué peut en rameuter d'autres, et provoquer une contre-révolution.

 

Si les psychoéduqués ont la possibilité de faire des lois, ces lois peuvent alors représenter la sagesse. Toutefois il est malaisé de transcrire des non-dualités en propositions Aristotéliciennes, sans leur faire perdre leur puissance. La plupart du temps, on obtient un texte tout en «mais-si-au-cas-où», et une personne névrosée s'accrochera immédiatement à l'un des deux termes d'une non-dualité, tout en ignorant l'autre.

On verra tout de même, tout au long de cette partie, comment l'éthique scientifique non-Aristotélicienne peut se traduire en lois Aristotéliciennes. Par exemple on peut souvent proposer des concepts simples mais puissants qui induisent la compréhension du concept non-Aristotélicien sous-jacent. Nous en verrons plusieurs dans cette partie, en particulier dans le chapitre VI-8 sur l'économie.

 

En fait, la direction de personnes non-psychoéduquées par des personnes psychoéduquées est un patient travail pas à pas, nécessitant une présence constante et des décisions à chaque instant.

 

L'efficacité d'un tel travail dépend étroitement de la confiance que les non-psychoéduqués placeront dans les psychoéduqués. Ces derniers devront donc démontrer concrètement la valeur de leur sagesse, dès le début et tout le temps par la suite. Détruire cette confiance de la population dans son élite est le but des cabales que l'on voit si souvent (fausses accusations de secte, de pédophilie, etc.)

Dans le tantrisme, cette relation de confiance s'appelle le Samaya, et justement elle dépend étroitement de l'image du maître, qui doit donc faire preuve d'une éthique irréprochable, en plus de démontrer les résultats effectifs de son enseignement. Ce n'est qu'à cette condition que les disciples névrosés acceptent de se soumettre à des ascèses longues et éprouvantes, et en particulier qu'ils acceptent de renoncer à leurs opinions/attachements erronés. Les religions dont les responsables ont failli à leurs obligations éthiques ont toutes périclité ou dégénéré en simple pouvoir temporel.

On peut s'attendre à un fonctionnement similaire dans toute situation où des personnes psychoéduquées tentent de diriger ou d'éduquer des personnes névrosées.

 

Alors la solution la plus simple serait tout de même que les méthodes de psychoéducation soient enseignées à l'école: les gens feraient alors le travail eux-mêmes, sans qu'on ait besoin de les guider ou de les contrôler. Ils pourraient même développer leur libre-arbitre, et se faisant dépasser rapidement leurs maîtres.

Les choses seraient tellement plus faciles si les gouvernements écoutaient les scientifiques et les spirituels, au lieu de «partis politiques» et de «syndicats» ignorants et stupides.

Que les médias, les intellectuels et les artistes montrent cinquante nuances de bonheur, au lieu de grisailles et de saletés.

Que les électeurs votent pour les candidats valables, au lieu d'obéir à la télévision.

Bref, que tout le monde pédale sur le vélo, et dans le bon sens.

 

Parce qu'il est pas vraiment possible de forcer les gens à évoluer et à devenir intelligents. Mais heureusement il y a beaucoup d'autres méthodes, comme l'information, montrer le bon exemple, qui commencent à fonctionner (Février 2016) et à donner des résultats visibles.

 

Et c'est possible. Il y a des exemples partiels, parfois à des niveaux gouvernementaux. On pense bien sûr à ce qui a été fait dans certains pays bouddhistes (Bhoutan, Sri Lanka, etc.) mais cela serait encore limiter la chose à une seule religion. Incluons donc ici un exemple tout à fait différent, histoire de montrer que les choses ne sont absolument pas liées à quelque ensemble de concepts, de finalités ou de culture: la «méthode française», où des militaires entraînés dans un minimum de discipline morale, montrant leur souci du peuple et des victimes, s'avèrent en finale infiniment plus psychoéduqués que les barjots terroristes qu'ils combattent. Ils ont démontré la puissance des idées que j'expose ici, au point que l'Armée Indienne a adopté la même méthode, et ils ont réussi à mettre fin à des décennies de guérilla au Cachemire. Bon, avec un tel exemple, je suis définitivement grillé auprès de mes anciennes fréquentations gauchistes ou anarchistes, ha ha ha ha! Désolé les gars, l'armée a évolué spirituellement, mais pas vous.

 

Tout ça est bien, mais Il y a beaucoup mieux, beaucoup plus efficace.

Les prières de groupe inter-religieuses à des fins positives.

Pourquoi inter-religieuses? (La spiritualité non confessionnelle ou indépendante fonctionne aussi). Parce que nous le faisons pour tout le monde, pas seulement pour un ensemble ou une catégorie de personnes. De cette façon, nous créons un esprit collectif, (chapitre V-20), qui commence à fonctionner.

Bon, ne vous attendez pas à des miracles: nous ne sommes encore qu'en première vitesse. Mais le processus est lancé. Rien ne peut l'arrêter désormais. Demandez tout, y compris la totale: civilisation elfique magique! (chapitre VI-16)

 

Chap VI-3-E: Divers

Méritocratie ou égalité

(Permalien) Les deux nécessités, égalité des ressources, et confier les postes aux compétents, peuvent entrer en contradiction.

Tout dépend ce que l'on entend par mérite:

-exercer une fonction est une responsabilité, un service que l'on accomplit pour la société. Et pour que cela soit efficace, il faut confier la responsabilité au compétent.

-Une fonction ne peut donc pas être donnée à des gens incompétents ou malhonnêtes, même si ils l'ont «méritée» par des études, l'ancienneté, etc. Si on veut «récompenser» quelqu'un d'incompétent, par exemple pour des services rendus à la société, alors il faut le faire autrement, par exemple en lui offrant des avantages ou des bénéfices. Mais pas en lui offrant une fonction où il nuirait à la société! C'est pour éviter ce genre de choses qu'on a renversé l'ancien régime féodal, d'ac?

 

La seule vraie méritocratie est celle de la compétence, des connaissances, de l'honnêteté.

En principe les salaires devraient être égaux pour tous, à travail égal. Toutefois certaines fonctions demandent davantage d'études: dans une société névrotique ou égocentrique, cela peut nécessiter des salaires plus élevés pour inciter les gens à étudier. Mais des personnes psychoéduquées n'ont que faire de telles incitations.

Séparation des pouvoirs

(Permalien) Dans une société névrotique comme les sociétés humaines actuelles, la capacité de définir l'éthique offre un pouvoir. C'est ce qui s'est passé avec certaines religions, autrefois référence en éthique, qui ont largement abusé de cette position pour imposer leurs conceptions pudibondes et masochistes, tout en s'offrant des résidences somptueuses. Ce qui explique le rejet de celles-ci par un nombre croissant de personnes au fil des siècles, au point d'arriver aujourd'hui à un rejet raciste des religions. Une science éthique doit en théorie éliminer ce problème, en offrant une définition objective de l'éthique. Toutefois, la tentation apparaît alors pour le scientifique lui-même d'édulcorer ses résultats en fonction d'un intérêt personnel. C'est d'ailleurs ce qui est arrivé avec la technocratie ou la vivisection («théorie» behaviouriste ad-hoc déniant la sensibilité animale, théories «sociologiques» «expliquant» les revendications écologiques par des problèmes psychologiques, voir chap II-7).

La réponse traditionnelle de l'état de droit est la séparation des pouvoirs, ici entre le pouvoir scientifique (de trouver les principes de l'éthique) et les pouvoirs législatifs et judiciaires (qui vont traduire ces principes éthiques en lois et jugements). Cette séparation n'existait pas dans les anciens gouvernements religieux, d'où les abus qu'on y a souvent observé.

Bon, ce n'est qu'une recette parmi tant d'autres, pour éviter aux personnes névrotiques de retomber encore et encore dans leurs ornières. Mais ce n'est pas une panacée: aujourd'hui la séparation abyssale entre le pouvoir religieux et le pouvoir politique aboutit en fait à l'excès inverse: l'exclusion de toute spiritualité de la société (cynisme des médias, non-violence interdite à l'école, chasse aux «signes ostentatoires», décisions sociales anti-humaines, etc.) forçant celle-ci à se réfugier dans le privé et dans le secret. Un mauvais calcul, certainement, car ainsi la spiritualité est bien plus puissante, à l'abri des moqueries des médias. On en reparlera, le temps venu.

 

 

 

 

 

 

Epistémologie Generale        Chapitre VI-3       

 

 

 

 

 

 

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