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Epistémologie Generale        Chapitre III-6       

 

Chapitre III-6
La Théorie de l'Autogénération logique
Les modes d'existence

 

 

(Permalien)(Etait le chapitre 25 dans la version 1)

La Théorie de l'Autogénération logique

(Permalien) En conclusion au chapitre précédent, nous postulerons les points suivants, qui seront notre hypothèse par la suite, et une des principales idées de ce livre.

Il est à noter que aucun postulat ne peut être «démontré» de manière absolue, comme on pourrait démontrer un théorème mathématique. Toutefois nous pouvons choisir de nouveaux postulats qui tiennent mieux compte des faits connus. En physique, ces nouveaux postulats ne changeront pas les résultats connus, mais nous verrons que dans d'autres domaines ils expliquent bien plus de choses que le postulat matérialiste.

 

1) La matière et tous ses comportements sont simplement les résultats de relations logiques et mathématiques, dont le jeu suffit à créer toute la complexité du monde matériel. Il n'ont pas plus d'existence que des interactions logiques. Il n'est nul besoin de supposer que ni la matière, ni l'espace, ni le temps sont générés par «quelque chose» de particulier que l'on n'aurait pas encore trouvé, et sans lequel l'existence resterait un mystère.

On remarquera que la science moderne a éliminé l'idée d'un «Dieu créateur» de l'univers... seulement pour le remplacer par une «matière créatrice»! Le concept a changé, mais nous sommes toujours dans le même paradigme d'une cause mystérieuse et toute-puissante, qui n'est toujours pas une explication. Ou encore il y a effectivement une déification de la matière, au moins implicite, et parfois même explicite. Dans ces conditions, quoi d'étonnant à ce que certains religieux assimilent la matière à satan?

Il est important de tenir ce nouveau paradigme présent à l'esprit, car, dans toute la suite, on comprendra implicitement les choses de cette façon, et nous parlerons par exemple de faits réels tels que la matière ou la conscience comme ETANT des relations logiques, au contraire des parties précédentes où nous faisions une claire distinction entre la réalité matérielle et les constructions logiques que notre esprit crée pour la comprendre. Maintenant ces relations logiques sont la base même de la réalité matérielle.

 

2) Notre univers matériel n'a aucun statut existentiel particulier; d'autres univers peuvent exister, au sens logique et mathématique du mot, tel que défini au chapitre III-3. Ces univers peuvent avoir des lois physiques analogues au nôtre, ou différentes. Les éventuels êtres vivants peuplant de tels univers peuvent y avoir des sens analogues aux nôtres, ou différents.

 

3) Toute structure analogue au cerveau humain, ou au moins disposant des mêmes fonctionnalités, existant dans quelque univers que ce soit, peut supporter la conscience et l'intégralité des expériences de conscience, exactement de la même façon que notre cerveau le fait dans notre univers. Ceci est vrai aussi bien dans l'hypothèse de réduction matérielle qu'avec l'hypothèse d'une âme ou autre principe conscient immatériel dont ce cerveau serait investi.

 

4) Des organes des sens, qui sont des structures existant dans un univers donné, peuvent parfaitement produire des expériences sensorielles, en rapport avec des phénomènes de cet univers particulier, exactement comme ils le font dans notre propre univers. Il en découle qu'une conscience connectée à un univers donné par des organes sensoriels situés dans cet univers, éprouve une sensation de réalité concrète pour cet univers, et pour celui-là seulement. On peut donc dire que tout univers existant mathématiquement (selon la définition donné à la fin du chapitre III-3) existe aussi concrètement pour ses éventuels occupants, dans le sens où nous disons habituellement que notre univers existe concrètement (que nous en éprouvons une sensation d'existence concrète).

 

5) Tout observateur disposant d'organes sensoriels ou d'instruments scientifiques, qui sont des structures existant dans un univers donné, peut observer cet univers et en découvrir les lois, au sens qu'ont ces mots dans la physique moderne. Il peut également y vivre et en jouir, au sens qu'ont ces mots dans notre vie courante. Par contre tout observateur ne disposant que d'organes sensoriels ou d'instruments scientifiques existant dans son propre univers, ne peut absolument pas les utiliser pour explorer d'autres univers. Ces autres univers lui paraissent alors «abstraits», et il ne peut tirer aucune conclusion sur leur existence, leur non-existence, leur contenu ni leurs propriétés. (Au moins une de mes affirmations qui est confirmée par l'expérience!)

Ceci constitue une réfutation totale des idéologies positivistes et autres doctrines similairement pessimistes et limitatives. (Et en plus une bonne blague: des positivistes ou des matérialistes existant dans des univers différents se renient mutuellement! Bah, laissons-les se débrouiller. Mais qu'ils ne traînent pas trop, tout de même, car on a encore plusieurs chapitres à étudier)

Cette notion d'existence concrète définie aux alinéas précédents est toutefois subjective, en ce sens que les habitants d'un univers ne l'éprouvent que pour cet univers. L'erreur de la science moderne est de confondre cette sensation d'existence concrète, relative à un seul univers, avec une illusoire existence absolue de notre seul univers «matériel», de la seule «matière».

 

6) Dans les espaces mathématiques (Théorie des Ensembles, structure d'«espace» des ensembles de nombres, jeux mathématiques d'images fractales note 21...) à partir d'une «graine» initiale que l'on est libre de choisir, tout le contenu est ensuite complètement déterminé logiquement. Il en va exactement de même dans un univers physique, pour les mêmes raisons logiques: à partir d'un point de départ (singularité du Big Bang) où ont lieu des choix arbitraires (position des premières particules, paramètres libres des lois physiques...) la suite est complètement déterminée, étape par étape (dans certaines limites: hasard quantique, dépendance sensitive aux conditions initiales note 52). Nous appellerons maintenant processus d'autogénération logique© (note 93 sur l’usage de ©) cette façon qu'à la réalité de se générer étape par étape, selon des lois logiques, pour former une série d'éléments ou de contenu, l'histoire de cet univers.

«Série» est ici à prendre au sens mathématique. Une série par itération est un processus d'autogénération logique. Les processus d'autogénération logiques sont des séries par itération.

Ce déterminisme logique est à l'origine de cette sensation que notre univers physique existe de manière logique et déterminée, selon ce que l'on appelle les lois de la physique, auxquelles il obéit avec une très grande exactitude et répétabilité. Il ne fait pas ce qu'il veut. Il n'obéit pas à nos désirs personnels. Nous dirons qu'il est stable et déterminé. Un objet matériel, une fois créé, continue d'exister même si on ne pense pas à lui, même si il n'a pas de relations avec d'autres objets, tant qu'aucune cause interne ou externe ne vient pas le modifier ou le détruire. Les objets matériels ne sont pas comme les objets des rêves: on ne les voit pas apparaître, disparaître ou changer au hasard ou selon notre humeur. Les objets physiques obéissent à des principes de conservation, de l'énergie, de la vitesse, du nombre baryonique... dont l'origine est le fait que chaque étape du système d'autogénération est logiquement contrainte de reproduire les lois et les quantités de l'étape précédente. Si ils ne le faisaient pas, alors on ne serait pas dans un système d'autogénération, et la réalité physique ne serait pas déterminée. Les objets physiques ne sont pas comme les objets dans un rêve, ils n'apparaissent pas, ni ne disparaissent sans cause, selon notre bon vouloir.

Cette propriété fondamentale de notre univers physique paraît si évidente que personne ne s'était jamais demandé pourquoi il en est ainsi. Ni n'avais jamais remarqué qu'on n'en avait aucune explication. En voici donc une explication possible, et une prédiction prouvée de ma théorie.

Ça c'est de la métaphysique.

 

7) Plus généralement, nous assimilerons la notion d'existence physique à celle d'existence mathématique, vue au chapitre III-3: simple conséquence logique d'une suite de relations et d'implications logiques. Nous assimilerons aussi le type d'existence que nous verrons au chapitre III-8 (univers psychiques©) à la même notion d'existence mathématique. Il s'agit tout simplement de la façon dont la réalité existe, d'une manière aussi générale que l'on peut envisager. Nous pensions que les systèmes logiques existaient au sens défini au chapitre III-3, l'existence mathématique, tandis que notre univers aurait été le seul à exister «concrètement». Nous devons maintenant penser à notre univers comme à un système logique parmi d'autres, pas plus «concret» ni plus «existant» que n'importe quel autre.

 

8) Si on se pose la question: «Tel objet existe t-il?», on est obligé de se demander de quoi il est la conséquence logique, et de remonter ainsi aux axiomes et autres absurdités fondatrices qui l'ont généré (relations logiques, Big Bang ou autre). Si on considère ces axiomes comme vrais, alors l'objet qui en est une conséquence logique existe. Mais on ne peut démontrer aucun axiome de manière absolue, et à fortiori aucune absurdité fondatrice. Alors on peut seulement dire qu'un objet n'existe que relativement à des axiomes et des choix fondateurs donnés. Ceci n'est pas seulement qu'une spéculation des mathématiques: même notre perception matérielle, notre «observation scientifique» est entachée de cette erreur, de cette subjectivité: l'observateur étant la conséquence des mêmes causes que l'univers qui le contient, il en vérifie forcément l'existence, mais seulement de lui. Et le fait que l'on puisse observer l'univers dans lequel on vit n'est même pas une preuve de son existence absolue! C'est pour cela que l'on ne peut jamais parler d'existence absolue, mais seulement d'existence relativement à tel ou tel système logique ou Big Bang. A la limite, se demander si un univers «existe concrètement» revient à se demander si une conscience peut le percevoir, à l'aide d'organes des sens appropriés. Cette condition n'est pas nécessaire pour l'existence mathématique.

 

9) L'idée d'une contradiction fondatrice peut sembler accessoire, utile seulement à corriger quelques inconsistances logiques. Mais en fait son importance est fondamentale: Comme aucun axiome ne peut être basé de manière absolue, aucun système logique ne peut démarrer seul, il a toujours besoin d'une cause initiale qui ne peut être autrement que mystérieuse. La contradiction fondatrice, en démarrant le processus d'autogénération sans cause externe, rend possible une grande liberté d'existence pour différents univers, différentes réalités, et nous verrons aux chapitre IV-6 et chapitre IV-9 que cela a d'importantes conséquences même en physique.

 

(A partir d'ici, la numérotation change par rapport à la Version 1)

 

10) L'existence relative est relative à des conditions initiales données (axiomes, Big Bang...) qui ne dépendent pas de l'observateur (sauf dans le cas où il crée un univers). Il est par contre faux et malhonnête de dire que l'existence est relative à des personnes, des modes ou des opinions. C'est hélas un procédé de manipulation mentale souvent employé dans certaines sectes (qui se réclament parfois du Nouvel Age), et que l'on retrouve aussi dans certains «débats» sur la validité de la science.

Dénonçons en particulier l'idée comme quoi les théories scientifiques s'imposeraient ou disparaîtraient en fonction de rapports de force ou selon des besoins politiques. La science n'est pas une idéologie, mais un processus de recherche d'une vérité indépendante de nos opinions, attachements, intérêts ou idéologies. Elle avance toutefois par essais et erreurs, ce qui explique les remises en cause de théories par d'autres théories, quand ces autres théories se montrent plus proches de la vérité.

Si cette vue idéale est vraie pour l'ensemble de la science, il existe toutefois de nombreuses occasions où la science a été instrumentalisée ou falsifiée, à des fins de contrôle idéologique, ou pour justifier des pratiques criminelles: Lysenkisme, béhaviourisme, l'industrie pharmaceutique et ses nombreux «accidents», les petites doses de radiation qui seraient inoffensives, les barjots climatosceptiques, la zététique, etc. Toutefois il ne s'agit pas de «remise en cause d'une science sclérosée», mais bien de falsifications délibérées, dont la place est au tribunal, pas au labo.

 

11) On remarque enfin que l'existence et l'implication logique sont fortement reliées. Nous avions vu aux chapitre I-2 et Chapitre I-7 qu'un type ou un autre de logique «émane» d'objets qui ont telles ou telles propriétés. Ainsi, selon les objets d'origine, on aura affaire plutôt à un «univers» Aristotélicien (Théorie des Ensembles, espace des nombres...) ou à une logique plus complexe, comme pour nos lois physiques probabilistes, celles qui s'appliquent à nos particules. Ainsi les différences entre les univers proviennent en partie des lois d'autogénération (lois mathématiques ou lois physiques) et en partie du type de logique propre aux objets qui forment ces univers.

 

12) Nous voici donc avec une description fort générale de la notion d'existence, avec deux principaux modes: celui des espaces mathématiques, et celui des univers physiques. On peut toutefois envisager un troisième mode d'existence: les univers psychiques©, (note 93 sur l’usage de ©), et plus généralement la conscience. Nous découvrirons ce troisième mode d'existence au chapitre III-8, et nous l'étudierons dans la cinquième partie sur la conscience. Comme on le devine aisément, de tels univers ne sont pas formés de «matière», mais directement d'objets de l'expérience de conscience: images, sons, sensations, émotions, pensées, etc. reliés par des lois d'autogénération et des logiques propres à ce type d'objets. Les rêves sont un exemple simple de ce troisième mode, et nous pouvons voir ces lois à l'oeuvre dans la génération de leurs scénarios. Voir le chapitre V-8.

Peut-être existe t-il d'autres modes, mais il est alors assez difficile d'imaginer en quoi ils consistent...

 

Ajouté en Octobre 2021: Depuis 1999 que j'ai publié la Théorie de l'Autogénération logique, les physiciens devraient tous la connaître. En fait, certains commencent à en  redécouvrir indépendamment  les bases eux même, sous mon regard amusé, avec la «Causal Sets Theory», où l'espace-temps n'est plus continu comme dans la Relativité ou la Théorie des Champs Quantiques, mais formé d'éléments discontinus, dont l'enchaînement produit l'écoulement du temps. On a même la référence à la Théorie des Ensembles. Ce ne sont toutefois pas encore des «nibs», mais toujours «quelque chose» d'élémentaire. On doit cette théorie à Bruno Bento, de l'Université de Liverpool. Voir articles sur Science Alert et sur Arxiv.

Et bien sûr je demande l'antécédence pour 1999. Après 20 ans il n'y a pas d'ambiguïté. Même pas le même millénaire, lol

La métaphysique bouddhiste

(Permalien) Le Bouddhisme est le seul courant spirituel qui ait développé une métaphysique qui ne repose pas sur l'affirmation a priori de l'existence de tel ou tel objet ou entité. A ce titre, on peut en parler dans le cadre d'une réflexion scientifique.

Le centre de la doctrine bouddhiste est la notion de vacuité: Les choses n'existent pas de manière absolue, mais en interdépendance les unes les autres, selon la loi de cause à effet (ce que l'on appelle implication logique, ou le processus d'autogénération). Puisque rien n'existe de manière absolue, comment les choses existent-elles? De manière relative, répondent les maîtres Bouddhistes. Pour comprendre cela, il faut voir plus précisément que, puisque aucun objet ne peut être sa propre cause logique, alors aucun objet ne peut exister absolument, de lui même, sans cause. Les objets que nous pouvons voir (objets physiques, mathématiques, spirituels...) n'existent que comme la conséquence logique d'autres objets. Pour que des objets puissent exister, il faut alors que chacun soit la cause de l'autre. Ainsi chacun n'existe que relativement à un autre, et on dit qu'ils ont une existence relative, ou qu'ils sont interdépendants. Tous les objets générés à la suite n'existent également que relativement aux premiers.

Toutefois la métaphysique Bouddhiste élude la nécessité d'un commencement (création divine, ou Big Bang), en assumant que l'univers et la Terre existent depuis un temps infini. La raison est qu'un commencement nécessiterait une cause absolue, que précisément le Bouddhisme rejette. Mais la science moderne a montré que l'univers évolue, qu'il est apparu lors d'un évènement appelé le Big Bang, avant lequel le temps lui-même n'existait pas. Mais la notion de paradoxe fondateur résout ce problème et réconcilie les deux vues, car il a la capacité de démarrer quelque chose sans cause absolue ou préexistante, avec une exception unique et bien délimitée à la loi de cause à effet. Avec cette adaptation, on peut dire que la métaphysique Bouddhiste est un antécédent à ce livre. Toutefois dans ce livre nous comparons notre vision avec celle de la physique moderne, qu'elle doit expliquer exactement.

 

(On notera que la seule compréhension intellectuelle du concept bouddhiste de vacuité n'est en aucun cas suffisant pour obtenir la réalisation spirituelle de la vacuité, ou état d'Arhat. Des années de méditation précises sont nécessaires pour cela.)

 

 

 

 

 

 

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