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Lokouten        Chapitre 1       

 

Chapitre 1
Le monde de Dumria

 

 

Pendant les quelques jours qui suivirent la découverte de Dumria, ce furent les scientifiques de l'université Shédroup Ling à Lhassa, sous la direction de l'astronome Dawa Dhondup et du directeur Hervé Elzécher, qui ont échangé les premiers messages avec Dumria, en utilisant leur premier émetteur quantique de fortune: un simple projecteur vidéo numérique, illuminant la cour du monastère de Séra Djé, près de Lhassa. (Historiquement, le tout premier message fut envoyé à l'aide d'un laser lunaire du projet INTERSDAR; mais il n'avait été prêté que pour quelques secondes, le temps de pirater l'émetteur de la «conspiration anti-suicide», en tirant dessus depuis la Lune, juste pour indiquer aux Dumriens les coordonnées de Séra). Des textes en anglais ou des dessins sommaires furent envoyés et reçus. Avant toute publication, les scientifiques devaient tout d'abord s'assurer qu'ils n'étaient pas victimes de quelque monstrueux canular de la «conspiration anti-suicide». Il leur fallut aussi vérifier que la communication avec Dumria ne recelait pas quelque piège ou danger. Mais la fantastique nouvelle ne pouvait être tenue secrète bien longtemps, d'autant plus que l'étude de Dumria avait nécessité d'annuler toutes les réservations du tout nouveau télescope quantique de Shédroup Ling, et même de le déconnecter d'Internet, signalant ainsi aux yeux du monde entier que quelque chose de très important avait été découvert.

La publication officielle de la nouvelle, une semaine après la découverte, fut d'abord accueillie par un silence incrédule. Il devait y avoir à ce moment un grand tournoi international de sport, ou quelque chose de ce genre, et les médias mirent deux ou trois jours à réagir. On entendit même les habituelles imbécillités du 19eme siècle comme quoi la vie intelligente ne pouvait pas exister ailleurs que sur Terre. Mais les messages et les premières images de Dumria étaient déjà visibles sur le site Internet de Shédroup Ling, qui fut rapidement submergé de connexions.

A l'incrédulité succéda une surprise sans voix. Même les politiques les plus bavards ne surent comment accueillir l'événement. Toutefois on se doute que dans les coulisses des chancelleries et de l'ONU devaient se tenir des conciliabules peu avouables. Un chef d'état Européen alla même jusqu'à affirmer publiquement que c'était sûrement un canular stupide, car, d'après lui, il n'était pas possible qu'une civilisation ait pu évoluer sans aucune guerre. Mais, après s'être fait discrètement tirer l'oreille, il se rallia au dithyrambisme de ses collègues.

Mais les peuples du monde ne purent contenir leur joie et leur exultation, qui éclipsa même la finale du tournoi de foot. Cela fit dire que c'était la vie elle-même qui avait remporté la coupe. Dans tous les pays de gigantesques rassemblements se firent dans les rues, au slogan de «DUMRIA: PAIX», le tout premier message reçu d'outre espace. On brandissait des pancartes montrant les premières images de visages Dumriens, qui semblèrent étonnamment humains malgré les différences visibles. Beaucoup brandirent aussi vers le ciel des pancartes montrant des visages humains des différentes races du monde, avec ces mots: «TERRE: PAIX».

Mais ce sont les intellectuels et les artistes de tous bords qui exprimèrent le mieux la joie, tant affective qu'intellectuelle, d'enfin savoir que l'Humanité n'était pas seule dans l'Univers. Philosophes, religieux, scientifiques, penseurs, rivalisèrent de commentaires. Plusieurs organisèrent d'immenses manifestations dans les grandes villes du monde, où des millions de personnes, portant des panneaux enduits de la peinture fluorescente des émetteurs quantiques, s'assemblaient en formant ces mots gigantesques: «DUMRIA: BIENVENUE», afin que les observateurs dumriens sachent bien ce que pensaient les peuples de la Terre eux-mêmes, avant même leurs premiers contacts officiels avec les gouvernements de la Terre. Il y eut également d'immenses concerts, sur les cinq continents, où jouèrent gratuitement les formations et orchestres de tous les styles de musiques imaginables.

Le merveilleux événement contrastait étrangement avec les effroyables révélations à propos de la «conspiration anti-suicide» qui avait tenté de censurer la découverte de Dumria, qui avait falsifié des résultats scientifiques importants dans plusieurs domaines, avait lancé des sectes très dangereuses, tout en entretenant des commandos paramilitaires et des centres de détention d'otages ou de torture. Les polices de divers pays étaient en train de la démanteler complètement, grâce aux révélations d'un de leurs chefs repenti, Tégal. Ce repentir sincère et instantané avait été lui-même obtenu dans d'étranges conditions, suite à l'action spirituelle du Lama Sangyé Tcheugyal. Il fit énormément impression sur Terre, au point que certains fachistes en arrivèrent à renier publiquement leurs funestes idées.

 

Deux semaines après la découverte, et une semaine après la révélation publique, arrivèrent de Dumria les premiers messages officiellement adressés à l'ONU. Leur contenu était très simple: un résumé de leur histoire, une description de leurs déboires avec la «conspiration anti-suicide» et de la menace qu'elle avait fait peser sur leur monde, des formules de bienvenue et leur engagement à collaborer amicalement avec la Terre, et enfin leur demande pressante de communiquer avec les maîtres des divers courants spirituels de notre planète. Toutefois ces messages mentionnaient aussi pour la première fois un fait qui parut vraiment extraordinaire: Dumria n'avait pas de gouvernement! Même pas une sorte d'ONU ou de confédération, rien du tout. Mais alors comment font-ils pour prendre des décisions, répliquèrent, agacés, bon nombre de politiciens, effrayés de ce vide qui s'ouvrait soudain sous leurs propres pieds. Les messages suivants contenaient bon nombre d'explications sur ce point que les Dumriens sentaient délicat.

Sur Dumria, l'habitude était de former des groupes qui se chargeaient spontanément d'un sujet de réflexion ou de travail, et qui, au besoin, servaient d'interlocuteur à toute personne qui avait quelque chose à dire sur le sujet. Que ce groupe se soit chargé de gérer un petit maraîchage local ou une grande affaire planétaire ne changeait rien à son fonctionnement. Communiquer avec la Terre avait été l'occasion de former un de ces groupes, les terrosociologues, qui gérait l'émetteur quantique dumrien en orbite géostationnaire. Eh oui, ces émetteurs spatiaux, de gigantesques structures en orbite géostationnaires, n'étaient la propriété que d'une sorte de vaste club de scientifiques amateurs, qui avaient tout construit et mis en oeuvre sans rien demander à personne! Cette incroyable nouvelle fit planer un frisson d'angoisse existentielle sur toutes les complexes bureaucraties étatiques du monde! En conséquence, le seul interlocuteur de l'ONU sur Dumria n'était qu'un petit groupe d'exobiologistes amateurs, qui invitait les gouvernements de la Terre à s'adresser à eux comme si ils étaient le gouvernement de Dumria! Ils géreraient les affaires courantes, et en cas de grande décision ils solliciteraient l'avis de tous les autres Dumriens, à l'aide de leurs forums et services d'information Internet.

Le groupe de contact dumrien expliqua que d'autres traits de la vie dumrienne risquaient aussi de surprendre les Terriens, aussi ils ne dévoileraient que progressivement leurs coutumes, afin de ne pas provoquer un «choc culturel» préjudiciable à la Terre! En cela ils avaient d'ailleurs été vivement encouragés en secret par les ingénieurs de Shédroup Ling, qui s'étaient vite rendus compte que les modèles de sociétés dumriens saperaient à la base plus d'une «indispensable» structure sociale terrienne. Heureusement les ingénieurs de Shédroup Ling n'étaient pas seulement des scientifiques et des techniciens, mais aussi des êtres de spiritualité, parfaitement à même de comprendre les Dumriens. Ainsi il fut décidé que les révélations resteraient pendant plusieurs mois sous contrôle des exobiologistes dumriens, avant l'ouverture de l'Internet Dumrien au public terrien. Ce délai, de toutes façons nécessaire à l'installation d'émetteurs quantiques, laissait aussi le temps aux Dumriens de réserver tout de même des espaces privés sur leur réseau, où le public Terrien n'aurait pas accès.

L'absence de gouvernement dumrien provoqua déjà des commentaires aigres-doux; certains politiciens conclurent hâtivement que les Dumriens étaient «des sauvages sans organisation», qu'on pouvait «étudier», mais avec qui on ne pouvait pas avoir de dialogue «raisonnable». Les exobiologistes de la Terre leur répondirent discrètement mais fermement qu'on ne pouvait commencer la découverte d'une autre civilisation en la critiquant; il fallait d'abord la comprendre: les Dumriens avaient forcément développé des solutions viables à ce type de fonctionnement. Il est vrai que dans le domaine des sociétés non basées sur le pouvoir, les Terriens n'avaient fait qu'accumuler les échecs, au point que beaucoup d'entre eux pensaient qu'il est impossible de se passer de toute autorité centralisée. Aussi la réussite dumrienne était un gigantesque coup de pied au derrière à tous ceux qui prétendent commander quoi que ce soit sur Terre, assénée certes involontairement, mais très efficacement, juste là où ça fait mal!

Les exobiologistes terriens étudiant Dumria se rassemblèrent alors en un comité informel, d'abord au sein de Shédroup Ling, puis au sein de l'ONU; ils se chargèrent de conseiller les gouvernements et les penseurs terriens à propos de l'influence que Dumria pourrait avoir sur la Terre. Bien que ce groupe n'ait jamais eu aucun statut officiel, il devint vite indispensable à beaucoup de dirigeants traumatisés par la vision de la libre société dumrienne, et il fut la véritable origine de bien des recommandations et décisions endossées ensuite officiellement par l'ONU ou par de nombreux gouvernements. Ce ne fut que bien des années après qu'un petit malin fit remarquer que ce groupe avait fonctionné exactement comme les groupes de travail Dumriens...

 

Les tous premiers contacts se firent grâce à des télescopes quantiques, qui observaient des écrans fluorescents, où des caméras projetaient des images en noir et blanc, des textes, des tableaux de données. (L'émetteur dumrien en orbite, et l'émetteur terrien de la «conspiration anti-suicide», près du lac Koukounor au Tibet, réquisitionné par l'ONU). Du fait de la simultanéité quantique, cette communication était instantanée, bien que Dumria se tienne à des milliers d'années-lumière de la Terre. Mais ce système d'écrans avait un débit d'information bien trop faible. Devant l'énorme demande de chacun des deux mondes pour découvrir l'autre, il avait fallu développer rapidement des techniques permettant des débits d'information bien plus élevés.

La solution avait été dérivée du télescope quantique. Le récepteur comprenait toujours un cristal fluorescent, toujours isolé dans un caisson quantique, pointé vers l'autre planète. Il était plus petit qu'un télescope ordinaire, mais ce type de cristal permettait de capter des fréquences très élevées, et cela en continu. L'émetteur, lui aussi, était plus complexe que l'écran de cinéma fluorescent du début: des matrices de milliers de petits lasers à très grande vitesse de modulation, constituant autant de canaux en parallèle. Vu l'épaisseur du cristal récepteur, les ondes qu'il captait n'arrivaient pas toutes en même temps sur les détecteurs quantiques. Il fallait donc percer des trous dans le cristal, y placer des fils électriques créant un champ magnétique qui variait graduellement dans l'épaisseur du cristal. Ainsi ses différentes couches étaient sensibles à des longueurs d'ondes légèrement différentes, grâce à l'effet Zeeman (note 2). A l'émission, l'onde était traitée avec un système de prismes, chaque longueur d'onde parcourant un trajet de longueur différente, pour compenser l'épaisseur du cristal récepteur. Ainsi les différentes fréquences arrivaient-elles en même temps sur les détecteurs, autorisant un signal de très grande bande passante. Ce dispositif, une fois développé, commença à remplacer les câbles et autres satellites pour toutes les communications à distance, sur la Terre elle-même. Seul son coût très élevé freinait son expansion, le réservant encore pour les communications intercontinentales, et bien sûr pour la liaison interstellaire elle-même. Le plus étrange est que, le faisceau d'information étant totalement insensible aux obstacles matériels, ces engins n'avaient pas besoin d'être placés en orbite: au coeur des zones peuplées, pointés vers le sol, ils échangeaient des débits ahurissants de données en ligne droite à travers la Terre elle-même. Une retombée inattendue fut l'amélioration des mondes virtuels, grâce à une communication bien plus rapide.

A peine un an après le contact entre la Terre et Dumria, un premier faisceau de ce type opérait entre les deux planètes, sur plusieurs milliers d'années lumières de distance. Il fut rapidement décidé de relier les réseaux Internet des deux planètes, afin de permettre à chacun de leurs habitants d'aller observer les sites des deux mondes, en un gigantesque Hypernet galactique. Bien entendu les protocoles étaient différents, mais cela ne posa pas de problème. Les fondateurs d'Internet n'avaient certainement pas prévu une telle situation, mais le système robuste et versatile qu'ils avaient créé s'en accommodait étrangement bien. Il suffisait, pour les URLs dumriens, de remplacer le fameux http:// par le nom du système musical dumrien, deccg: suivi de l'URL proprement dite, dans le système de cette planète. Le seul coût, très modique, avait été de distribuer de petits fichiers informatiques permettant aux navigateurs d'utiliser indifféremment les deux protocoles. Cela se fit à l'occasion des mises à jour de routine, sans même que les utilisateurs s'en aperçoivent. Mais alors les deux systèmes d'URL se mélangeaient complètement, et par exemple une liste de liens comprenait indifféremment les deux sortes. Exactement comme cela avait été prévu par les fondateurs d'Internet, un siècle auparavant...

Les formats des fichiers sons et images n'étaient bien sûr pas les mêmes sur les deux planètes. Les nouveaux navigateurs furent bien sûr capables d'utiliser les deux formats, mais, comme les organes visuels et auditifs des deux mondes étaient différents, il fallait aussi faire une correction physiologique des couleurs et des sons, afin de donner un rendu subjectif aussi proche que possible de ce que percevait l'autre peuple. Pour les couleurs, les Dumriens avaient eux aussi trois couleurs fondamentales, juste un peu décalées vers l'ultraviolet, ce qui ne changeait pas grand-chose. Pour les sons, la gamme de fréquences était similaire, et la sensibilité aux harmonies identique. Par contre la perception des timbres était différente, ce qui nécessitait un traitement informatique complexe pour modifier la contribution de chaque harmonique. A ce prix les voix et les musiques dumriennes gardaient la plus grande partie de leur pouvoir évocateur. Le lien entre les timbres, les harmonies et les émotions était à peu près préservé. Les différences de langage posèrent davantage de problèmes: non seulement les sons et les lettres étaient différents, mais aussi les structures syntaxiques des phrases. Les Dumriens n'avaient pas de verbes, mais des noms d'action. Ils parlaient par relations entre objets, concepts ou sensations. Et tous ces mots étaient reliés par plusieurs variétés de conjonctions, plus de cent au total. Une phrase dumrienne ne ressemblait pas à la structure classique sujet-verbe-complément, mais plutôt à quelque poème surréaliste. Par exemple «je mange» se disait plutôt «moi et nourriture», avec une nuance de «et» indiquant l'absorption du second terme dans le premier. «Multiplier deux par cinq» donnait: «deux et cinq et multiplication». Les concepteurs de traducteurs automatiques eurent du souci à se faire. Mais ceux qui s'arrachèrent carrément les cheveux, ce furent les informaticiens réseaux. Toute l'informatique terrienne était organisée en octets, de huit bits. Mais l'informatique dumrienne était, elle, organisée en nonets, de neuf bits, ce qui faisait trois chiffres dans leur arithmétique en base huit (les Dumriens ayant huit doigts). De la Terre vers Dumria, cela ne posait pas de problème, il suffisait de rajouter un zéro. Mais de Dumria vers la Terre, c'était une catastrophe. Les paquets d'information devaient être scindés en groupes de huit octets avec un neuvième octet pour porter les bits supplémentaires: les noctets.... Beaucoup préférèrent rajouter un second octet, malgré la perte de bande passante. Avec les systèmes de compression de données, de toutes façons les résultats des deux méthodes se valaient.

Par contre les Dumriens refusèrent catégoriquement de dévoiler leurs systèmes informatiques, suivant en cela le conseil de tous les terriens sensés: Sur Dumria, personne ne s'était jamais amusé à créer de virus informatique, ni à pénétrer dans un système sans y être invité. Aussi les protections étaient relativement sommaires, simplement destinées à empêcher des erreurs ou des accidents. Face au risque certain de malveillance en provenance de la Terre, les Dumriens installèrent des filtres beaucoup plus sophistiqués, faisant même appel aux sociétés terriennes spécialistes de ce domaine. Mais leur seule protection réelle était que la Terre continue à tout ignorer du fonctionnement de leurs systèmes, et en particulier des langages qui font tourner les machines de communication. Il était généralement considéré que le problème inverse, de virus dumriens allant vers la Terre, ne se posait pas. Effectivement, il ne fut rien remarqué de cet ordre. Mais il se trouva quand même des rumeurs d'attaques par des «virus subtils» dumriens, et même des gens dénonçant la «conspiration dumrienne»...

Dès le début la demande du public des deux planètes fut telle qu'il fallut créer des proxys planétaires, un à chaque extrémité du faisceau. Ainsi les pages demandées ne voyageaient qu'une seule fois sur le faisceau interstellaire. Mais même comme cela, le premier faisceau fut immédiatement saturé, et il fallut rapidement le doubler. Au moment de cette histoire, on en comptait déjà 17, et plusieurs autres étaient en projet, dont un avec une énorme matrice d'un million de lasers, capable d'acheminer en une seconde un million de milliards de fois ce livre.

 

Face à une telle débauche de communications, il fut rapidement illusoire de cacher quoi que ce soit, en dehors de domaines strictement privés: tout ce qui se passait sur une des deux planètes était automatiquement connu sur l'autre. Et non seulement connu des gouvernants, mais aussi de chaque citoyen. Il devint vite évident que la société dumrienne différait énormément de la société terrienne. Et qu'elle avait brillamment réussi là où la société terrienne persistait lourdement dans des palliatifs, des compromis ou des coutumes antiques. En clair, même sans le vouloir, l'harmonie de Dumria montrait du doigt toutes nos imperfections et nos échecs. Ce qui ne fut pas facile à accepter pour tout le monde. Le choc culturel devait frapper là.

 

Les lecteurs de «Dumria» se rappelleront que Dumria avait développé, il y a trois mille ans, une science de la génétique bien plus avancée que la nôtre. Ceci leur avait permis de concevoir des enfants dont le système génétique et hormonal était complètement réécrit: une nouvelle génération de Dumriens apparut, dite «première version de cerveau», insensibles aux maladies et au vieillissement, beaucoup plus résistante aux accidents et aux conditions adverses, en bref virtuellement immortelle. Cette «version de cerveau» corrigeait aussi les troubles psychologiques ou psychiatriques, mais d'une manière rigide, en programmant les individus d'une manière certes heureuse, mais définitive. Cette situation avait résulté en un blocage de toute l'évolution psychologique et spirituelle de ce peuple. Pour corriger cela, ils développèrent des corps dotés de la «seconde version de cerveau», plus adaptative, laissant plus de liberté d'apprentissage et d'acquisition psychologique nouvelle. Mais elle ne pouvait remplacer la première version que très lentement, au fur et à mesure que les naissances remplaçaient les rares morts accidentelles. C'était bien le principal problème dumrien, et la découverte de ce problème tombait juste au moment où la science terrienne devenait elle aussi capable de créer des corps et des cerveaux bien plus performants que ceux qui avaient résultés de l'évolution naturelle: chauds les débats!

Une des caractéristiques les plus visibles de Dumria concernait l'absence de religion ou de toute connaissance spirituelle. Au lieu de cela les Dumriens s'étaient investis dans la création artistique, faisant de leur planète un palais des mille et une nuits, un jardin de fées à côté duquel les villes terriennes de béton paraissaient bien ternes et grises, sans parler des taudis que l'on trouvait encore dans maintes régions.

Cette absence de religion fut un sujet de colère chez certains, mais comment exprimer cette colère si justement la première demande des Dumriens fut d'être initiés à toutes les religions de la Terre? Quelle folle précipitation s'empara soudain de tout ce que notre planète comptait encore comme fanatiques, faux gourous et sectes! La communication en fut saturée et il fallut aux maîtres sérieux attendre quelques temps pour pouvoir répondre à la demande des Dumriens. Plusieurs sectes organisèrent même des émetteurs quantiques sauvages, espérant que leurs élucubrations deviendraient la règle sur Dumria, faute d'être crédibles sur Terre. Afin d'éviter toute dispute, les Dumriens reçurent tout le monde, mais ils ne donnèrent suite que pour les enseignements sérieux, et ceci de manière privée. Ils n'annoncèrent jamais de «choix dumrien», laissant à chaque habitant de leur planète son propre choix. Ils étaient effectivement très demandeurs d'aide spirituelle, mais seulement des enseignements tantriques qui seuls leur permettraient d'entamer le processus de «transition spirituelle» de leur planète. Les maîtres terriens ne s'étaient pas fait prier, et rapidement des universités, des centres de retraite et même des monastères s'ouvrirent un peu partout sur Dumria, travaillant à travers Internet ou directement avec des maîtres réincarnés sur Dumria Les Dumriens contactèrent aussi l'université internationale de Shédroup Ling et d'autres organisations similaires, pour qu'ils ouvrent des centres d'enseignement sur Dumria, ce qui fut aussi fait. Shédroup Ling ramena également tous les enseignements dumriens sur Terre, notamment l'art et la psychologie, ce qui fit dire qu'elle n'était plus seulement internationale, mais interstellaire. De fait son cursus comportait indifféremment des apports des deux mondes.

Une influence dumrienne complètement inattendue fur l'ouverture de... centres de soins palliatifs de style dumrien, sur Terre, tout spécialement conçus pour les gens qui souhaitaient se réincarner sur Dumria... et la réciproque dumrienne, pour ceux qui souhaitaient se réincarner sur Terre! C'était une religion entièrement nouvelle et inattendue, mais dont les deux côtés du miroir étaient visibles, le concret et l'au-delà. Le plus difficile était de savoir où le candidat au voyage renaissait effectivement, mais, au moment de ce récit on venait d'identifier sur Dumria l'ancien mari d'une veuve terrienne! Ce qui fit dire que cette famille était maintenant interplanétaire...

 

Mais le fait les plus difficiles à digérer pour certains «traditionalistes» était que Dumria n'avait presque pas connu la guerre. Seuls quelques groupes un peu sauvages avaient posé problème, avant les versions de cerveau, et encore les «guerres» dumriennes s'étaient réglées au pire à coups de bâton, ou avaient tourné en de vastes simulacres théâtraux, un peu comme chez les Papous. Il était difficile de contester les Dumriens dans leur admirable réussite à éviter les conflits, surtout après la trouble et dangereuse épreuve que leur avait fait subir la conspiration «anti-suicide». La réaction quasi-unanime des peuples terriens fut l'admiration et une sympathie sans faille pour le merveilleux peuple des étoiles. Mais un sérieux malaise étreignait beaucoup de politiciens «réalistes», renvoyés à leur propre échec, et condamnés à se taire sous peine de perdre tout crédit auprès de leurs peuples.

 

Mais l'aspect le plus extraordinaire de Dumria n'était même pas la paix et l'absence de gouvernement, mais leur incroyable attitude face au travail et à l'effort. Les Dumriens ne travaillent jamais: ils jouent! Un principe essentiel dans la civilisation dumrienne était de ne jamais s'imposer d'effort par devoir, mais de tout faire par jeu, par désir, par passion! Alors les Dumriens jouaient à cultiver leur nourriture, exactement comme chez nous les fanas de jardins cultivent eux-mêmes leurs légumes. Et les Dumriens jouaient à bâtir leurs incroyables maisons, pour le seul plaisir d'avoir des maisons incroyables. Et les Dumriens férus de voyages avaient développé leur immense métro planétaire souterrain, avec des couchettes, qui leur permettait de se déplacer n'importe où, sans fatigue inutile, quelle que soit la météo (parfois très dure chez eux). Et les Dumriens amateurs de science avaient bâtis les premiers laboratoires privés dans leurs maisons, ou les premiers télescopes au fond de leurs jardins. En cela ils n'avaient d'ailleurs pas agit autrement que les premiers scientifiques de la Terre, par exemple Lavoisier, dont le métier officiel était percepteur, mais dont l'Histoire se souvient comme d'un scientifique. Amateur et travaillant par pure passion, il n'en fonda pas moins la chimie moderne, transformant sa salle de séjour en laboratoire et sa femme en laborantine. Mais quand vint l'époque où la science demande de grandes organisations et de puissants laboratoires, les Dumriens avaient tout simplement formé des clubs d'amateurs plus grands. Les Dumriens étaient des gens apparemment paresseux, et de fait bien plus souvent occupés à chanter ou à faire l'amour qu'à des productions «utiles». Mais ils étaient en réalité capables de s'investir à corps perdu dans tout ce qui les passionnait, ou pour résoudre tout problème qui se posait à eux. Si ils ont avancés moins vite que la Terre, par contre ils l'avaient fait beaucoup plus en profondeur: près de cinquante pour cent des Dumriens étaient de niveau ingénieur ou professeur, un chiffre impensable sur Terre. Et plus de 99% étaient virtuoses d'au moins un art! Et leur sens du groupe leur avait permis de réussir en une sorte de jeu collectif, là où les Terriens n'avaient pu s'aventurer qu'au prix de l'aliénation de l'individu dans de vastes organisations sociales tenues uniquement par des contrats et des règlements. Là aussi l'admiration des Terriens envers Dumria ne fut pas sans quelques jaloux.

 

Les jeux dumriens, au contraire des jeux basés sur la concurrence ou sur un conflit, étaient des jeux de participation ou de simulation: il ne s'agissait pas de vaincre un adversaire, mais de partager avec les autres joueurs diverses expériences, intellectuelles, affectives, musicales... Ils étaient souvent une mise en scène, à partir de laquelle chacun exprimait sa créativité, incarnant un personnage imaginaire, ou bien se mettant lui-même en action, vivant ainsi sa vie et même incarnant en toute liberté ses rêves les plus fous. Il y avait rarement des spectateurs à ce théâtre: tout le plaisir était de vivre les situations, comme autrefois dans les Mystères chrétiens du Moyen Age. De plus, cet état d'esprit n'était pas du tout réservé à des lieux particuliers ni à des occasions spéciales: il infusait toute la vie des Dumriens, que ce soit dans le plaisir ou dans l'activité «utile», que ce soit dans les jardins, à l'atelier ou au laboratoire. Le jeu de rôle se continuait même en balayant ou en épluchant des patates. Les lieux de Dumria étaient même souvent la matérialisation de pays imaginaires, et il était parfois difficile de départager la fiction de la réalité... Un peu comme si, sur Terre, des cantons entiers se mettaient à reconstituer le Moyen Age, la Grèce antique, ou la Lothlorien.

Les Dumriens qui s'investirent dans des «nouvelles» religions comme le Christianisme le firent ainsi d'un manière qui auraient fait s'arracher les cheveux aux curés dogmatiques et pudibondards du 19eme siècle: en jouant. Pour eux, les Evangiles étaient un livret de théâtre, un manuel de jeu de rôle. D'un commun accord ils ne «jouèrent» pas Christ lui-même, par respect, mais ils se dirent tous apôtres. En réunion, ils pratiquaient une forme d'auto-théâtre très courant sur Dumria, souvent sans spectateurs, car tout le monde y joue un rôle, pour le plaisir de vivre la situation. Mais, surtout, et c'est là un des traits essentiels du jeu dumrien, chacun continuait à jouer à ce jeu partout où il allait, au travail, en voyage, et même avec des inconnus: «Bonjour, je suis un apôtre». Sur Terre, l'apôtre aurait tôt fait de se retrouver en hôpital psychiatrique; mais sur Dumria tout le monde trouvait ça parfaitement normal, tout au plus on demandait de quel jeu est l'apôtre. Chacun expliquait son jeu, et les autres le respectaient. Et parfois ils le rejoignaient, car il y avait à cette époque une sorte de ferveur spirituelle naïve sur Dumria

Bien entendu les dogmatiques et pudibondards répliquèrent, furieux, qu'il ne fallait pas singer les Evangiles. Mais les joueurs Chrétiens de Dumria répondirent qu'ils n'imitaient pas, qu'ils le faisaient vraiment. Là où la plupart des Terriens ne voient dans le jeu qu'un passe-temps sans finalité, ou qu'une imitation sans vie, les Dumriens s'investissent comme dans la réalité. Ainsi ils tentaient vraiment de vivre les valeurs chrétiennes, comme un disciple du temps de la Galilée l'aurait fait, et quand un nouvel adepte rejoignait leur groupe de jeu, ils le baptisaient vraiment. Ainsi le jeu allait bien plus loin que de simplement revêtir des habits d'époque: il était en fait LA réalité, la véritable réalité intérieure des joueurs, au sein d'une réalité matérielle qui demande beaucoup mais qui n'apporte pas grand chose d'elle même.

Ce sens du jeu avait chez les Dumriens des bases psychologiques profondes, datant de bien avant l'hominisation, et il était fortement lié avec leur pacifisme inné. Mais il avait aussi des bases philosophiques très solides, datant du temps où les Dumriens ignoraient pourtant tout de la spiritualité. Face à la mort inéluctable, ils avaient vite compris qu'il ne servait à rien de se prendre trop au sérieux. Il y avait certes des tâches à accomplir, comme se nourrir ou se loger; mais, face au néant qui, croyaient-ils, les attendait, toute construction égotique ou gesticulation pour la gloire leur apparaissait immensément futile. Leur personnalité? Leur rôle social? Pourquoi se donner du mal à les maintenir, ils seraient renvoyés au néant à peine le coeur arrêté. N'ayant ainsi rien à préserver, aucun «personnage» à défendre, ils se sentirent alors totalement libres de donner vie et corps à leurs rêves. Les administrations terriennes ne voient en nous qu'un employé, un professeur, un militaire, un numéro de sécurité sociale ou de compte en banque, et n'ont cure que nous nous sentions chevalier, moine ou troubadour. Les Dumriens, au contraire, voient bien un chevalier, un elfe, un ménestrel, ou, pourquoi pas, un Chrétien. Qui que ce soit d'ailleurs il fallait remplir son estomac de la même façon, et cela ne changeait rien que ce soit un chevalier, un ménestrel ou un apôtre qui conduise le tracteur. Pour les Dumriens, le jeu EST leur vie. C'est pour eux LA réalité, celle qu'ils se construisent. Les Dumriens, bien que se disant matérialistes depuis longtemps, étaient en fait bien plus spirituels que beaucoup de croyants terriens englués dans le matérialisme spirituel, ne voyant dans la prière qu'un moyen de satisfaire leurs visées matérielles et leurs désirs égocentriques. Aussi les dogmatismes et les pudibondards n'avaient plus rien à dire, et les vrais maîtres chrétiens de la Terre ne tarissaient pas d'éloge sur l'enthousiasme détaché des vrais-faux apôtres dumriens, fermant juste des yeux résignés sur la façon très dumrienne dont se concluaient les conversions, une fois au lit.

 

Bien sûr la plupart des Dumriens jouaient simultanément à plusieurs jeux. Ainsi dans un groupe de scientifiques ou de cultivateurs on voyait soudain débarquer un apôtre, qui faisait son travail de scientifique ou de jardinage tout en vivant ses valeurs évangéliques.

 

Et il arrivait très souvent que les Dumriens, par jeu, se montrent plus efficaces que les Terriens au travail. Ainsi le plan de base du nouveau système génétique dumrien avait-il été établi en deux jours et une nuit par un amateur, par plaisir, sans même qu'il ait pensé à le voir concrétisé un jour. Puis il avait déménagé, sans plus s'en occuper. Quelle ne fut pas sa surprise, des années après, d'apprendre la naissance du premier enfant conçu selon son système!

 

Les Dumriens, en avance sur la science terrienne dans plusieurs domaines, communiquèrent à la Terre les plans de nombreux appareils et procédés industriels. Ceci n'alla pas sans poser un problème de propriété intellectuelle. Après de rudes discussions, et malgré le désaccord initial des Dumriens, on leur alloua une assez coquette somme d'argent. Mais quelle signification pouvait avoir cet argent pour eux, si ils étaient à des milliers d'années-lumière de tout ce qu'ils pouvaient acheter? La somme initiale, d'abord investie dans les entreprises terriennes les plus avancées socialement ou écologiquement, eco-business ou commerce équitable, devint vite une banque florissante, qui permit à Dumria d'avoir plus qu'une ambassade sur Terre: d'y entreprendre des activités culturelles ou spirituelles. Ils firent même construire un incroyable palais dans un magnifique écrin de montagnes et de mélèzes perdu au coeur du Saskatchewan, un pays qui leur rappelait fortement Dumria, et où opéraient des Terriens largement payés et soigneusement sélectionnés, qui se mirent à y vivre et à y travailler «à la dumrienne»: en chantant et en dansant, vêtus d'extravagantes robes colorées! Tout cela fit bien rire les esprits forts, qui surnommèrent ce lieu la banque Disney, ou la banque Chantilly. Mais ils ne rirent pas longtemps, comme on le verra un peu plus loin.

 

Le corps physique des Dumriens était, malgré une grande ressemblance avec le corps terrien, organisé assez différemment. Il était ce qu'aurait donné sur Terre l'évolution des reptiles si ils avaient pu acquérir un cerveau suffisamment souple ou évolutif pour héberger sentiments et intelligence. Sur Terre ont effectivement existé sporadiquement des dinosaures bipèdes, mais ces expériences n'avaient eu aucune suite, faute d'avoir pu développer un cerveau suffisamment adaptatif. Et ce sont les mammifères à sang chaud, au cerveau plus rapide et puissant, qui avaient gagné à la course. Sur Dumria, vu les larges variations de température, il y avait eu une pression évolutive bien plus forte en faveur des êtres à sang chaud, seuls capables de supporter les rudes hivers, et seuls capables d'héberger un cerveau puissant. Ainsi l'évolution avait pris un chemin différent de la Terre, et l'intelligence, les sentiments et l'humanisation s'étaient développés sur des créatures qui étaient en fait plus proches physiquement de nos dinosaures que de nos mammifères. Le résultat avait pourtant remarquablement convergé avec celui de la Terre, et beaucoup de Dumriens auraient pu circuler incognito sur notre planète. Toutefois leurs organes sexuels et reproducteurs étaient différents des nôtres. Notamment les femmes dumriennes n'ont pas de seins, rien du tout, pas même de tétons, pour orner des pectoraux pourtant remarquablement humains. La grande beauté des Dumriens n'était pas le résultat de leur évolution naturelle, mais celui de leur maîtrise de la génétique, qui leur avait permis de développer des corps parfaits, d'une beauté angélique. Il y avait toutefois une différence assez visible: si les Dumriens avaient, comme les Terriens, la peau nue, rose ou bleutée, par contre ils n'avaient pas de cheveux, mais à la place... des écailles, ressemblant à ce cuir dit «crocodile», de fort jolies écailles au demeurant, nacrées ou colorées, qui formaient des motifs très variés sur leurs têtes et sur leurs omoplates. Certains Dumriens avaient des rouflaquettes de cuir, et d'autres des écailles parfois jusqu'au bas du dos! C'était très beau, comme certains lézards mordorés, mais assez déroutant pour des yeux terriens. Pour cette raison, les images télévisées venant de Dumria furent longtemps brouillées au niveau du crâne, afin de donner l'illusion de cheveux courts. Certains Dumriens laissèrent entendre qu'ils brouillaient eux aussi les images des cheveux longs terriens de la même façon, pour une raison qu'ils n'avouèrent jamais, mais qui les faisait beaucoup rire.

Le point le plus délicat à publier a propos des Dumriens fut toutefois leur incroyable sexualité. Non seulement ils y passaient plusieurs heures par jour, mais en plus leurs corps et leurs psychismes artificiels avaient été conçus pour assumer sans trouble toutes sortes de choses déconseillées voire formellement interdites sur Terre. Dès les premiers jours les scientifiques de Shédroup Ling, notamment Dawa Dhondup, avaient averti Dumria des graves problèmes que cela pouvait poser sur Terre, et les exobiologistes dumriens durent demander à leurs complanétriotes de retirer toute image à caractère sexuel de leurs sites Internet visibles depuis la Terre. Comme il y en avait à peu près sur toutes les pages, il leur fut plus facile de proposer à la Terre un protocole de transfert modifié, afin que seules les pages et les images «Terre-acceptables» puissent arriver sur notre globe. Mais, comme on s'en sera douté, il fut impossible de tout cacher, et cela fut une des principales sources de problèmes par la suite.

 

Au moment de ce récit, seize ans après le premier contact, l'enthousiasme du début s'était calmé, ainsi que l'adulation naïve des premiers supporters, pour faire place à une sorte d'admiration: la première humanité du Cosmos avait beaucoup à nous apprendre. La fièvre de découverte était devenue une étude approfondie, tant par les scientifiques que par de nombreux penseurs et philosophes. Dumria était un inépuisable sujet d'étude philosophique, social, économique, psychologique... Elle entrait même déjà dans les manuels scolaires pour enfants:

 

Les civilisations extraterrestres.

C'est en 2086 qu'on a découvert la première civilisation extraterrestre: Dumria. Grâce à eux, nous avons appris des progrès scientifiques importants. Ils sont aussi un très bon exemple pour notre vie en société. Ils nous aident beaucoup pour la morale et pour la paix. Nous leur avons appris les religions.

 

Certains commencèrent à parler d'adapter à la Terre la maîtrise psychologique des Dumriens. Car ce fut rapidement une évidence: rien ne séparait vraiment le psychisme Terrien du psychisme Dumrien, et tout ce qu'ils avaient réussi dans ce domaine était également possible sur Terre. A la condition impérative toutefois de faire les efforts nécessaires: trop de terriens étaient encore névrosés, ou simplement ignorants, affublés de défauts comme l'égocentrisme, l'avidité, la haine, l'esprit de clan, la rigidité idéologique, et des générations seraient probablement nécessaires pour vraiment remédier à cet état de fait. Les réalisations sociales dumriennes étaient impossibles à transposer sans réaliser au préalable cette purification des défauts psychologiques, qui était de toute façon la toute première étape pour le processus de transition spirituelle de la Terre. De quelque point de vue que l'on se place, c'était toujours par là qu'il fallait commencer. Ce fait, pourtant connu en principe depuis Freud, passait seulement à ce moment du statut de simple connaissance théorique à celui de ressenti profond et partagé par une grande majorité. Le contact avec Dumria était donc globalement positif, malgré les incidents que nous verrons un peu plus loin.

Lokouten        Chapitre 1       

 

 

 

 

 

 

Scénario, dessins, couleurs, réalisation: Richard Trigaux (Sauf indication contraire).

 

 

 

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